J'ai entendu chanter les revenants.
Je me suis assis au coin du feu et j'ai écouté.
J'ai écouté
Jesmyn Ward me conter l'histoire de Jojo, ce jeune ado de 13 ans qui essaye de comprendre ce monde dans lequel il vit, s'inspire des conseils de Riv, ce grand-père noir qui semble porter un lourd secret, s'émeut au chevet de sa grand-mère mourante, se la joue grand frère et presque père de Kayla, cette petite soeur pour laquelle il semble être un Dieu, se détache de Léonie, leur mère, qui n'assume pas, refuse sa maternité et préfère se shooter pendant que Michael, le père croupi dans l'une des pires prisons du comté.
Michael Le blanc qui a fait des enfants à une femme noire ce que sa famille, son père surtout, n'est pas prête à accepter.
Et puis il y a...ces voix, ces revenants.
Ils sont bien là eux.
Qui sont-ils ceux qui hantent l'esprit des vivants ?
Que cherchent-ils ?
Jesmyn a choisit deux de ces protagonistes pour être leur porte parole, c'est à leurs oreilles qu'ils chantent, et c'est sur eux qu'ils comptent pour partir en paix.
Le chant des revenants, c'est un blues bien sûr, c'est grave, ça vient des tripes, ça parle de la vie, de la misère, de la violence, d'une certaine Amérique.
Fermez les yeux, vous entendez la guitare ?
Laissez-vous porter par cette magnifique écriture, les larmes sont l'encre de
Jesmyn Ward et tel un fantôme, Jojo, hantera longtemps vos pensées de lecteurs.