Hal tourna les pages, se faisant l'effet d'une voyageuse dans le temps qui retourne vers le passé sur la pointe des pieds. (p 167)
- Arrête, murmura-t-elle.
C'était un truc que lui avait appris sa mère quand elle était petite - lorsque les cauchemars devenaient trop réalistes, parfois, parler tout haut suffisait à briser le sortilège, à faire taire les voix dans votre propre tête. (p 155)
" Il est où ton papa ?", " Il fait quoi comme métier ? ". Des questions que posaient tous les enfants dans la cour d'école, pour essayer de se faire une idée. (...)
Les adultes, en général, menaient leur enquête en thermes plus vagues - " Tu as de la famille dans la région ? " ou " Tes parents sont par là " - , mais cela revenait au même . Qui est tu ? Pourquoi ne le sais-tu pas ?
C'étaient les plus faciles de tous. Ceux qui prenaient rendez-vous - ils donnaient leurs véritables noms et numéros de téléphone, si bien qu'elle pouvait les chercher sur Google, sur Facebook. Même les clients qui arrivaient à l'improviste lui laissaient tant d'indices - Hal pouvait deviner leur âge, leur situation de famille ; elle remarquait les chaussures élégantes, mais usées, qui dénotaient un revers de fortune, le sac à main griffé neuf qui indiquait l'inverse. Dans la lumière tamisée de son stand, elle pouvait tout de même voir la marque blanche d'une alliance retirée récemment ou le tremblement de quelqu'un qui n'avait pas encore bu son premier verre du matin.
L'histoire, c'était ce qu'elle voulait étudier, je me rappelle. Elle me disait : " Dans l'histoire, il y a tout ce qu'on a besoin d'apprendre pour affronter le présent, Lizzie.
Elle avait découvert que les vérités les plus importantes résidaient souvent dans ce que les gens ne disaient pas et appris à détecter les secrets qu'ils cachaient au vu et au su de tous ; dans leur attitude, leurs vêtements, et les expressions qui passaient fugacement sur leurs visages quand ils pensaient que tout le monde avait le dos tourné.
On ne peut pas prédire l'avenir, Hal, lui avait rappelé sa mère à maintes reprises. On ne peut pas influencer le destin, ou changer ce qui n'est pas en notre pouvoir. Mais on peut décider de ce qu'on fait avec les cartes qui nous échoient.
Si quelqu'un mérite un petit coup de pouce du destin, c'est bien toi ma bichette. Prends l'argent qu'ils te donnent et pars sans demander ton reste, c'est ce que je te conseille. Prends l'oseille et tire-toi.
Comment une seule famille, une seule personne pouvait-elle posséder autant ? Non seulement les terres de Trespassen House auraient pu abriter tout l'immeuble de Hal, mais on aurait pu y loger l'intégralité de sa rue, et sans doute la rue adjacente.
C'était terrifiant, tout ce qu'on pouvait trouver sur Internet.