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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pauvre petite Tora d'une douzaine d'années à peine. Quelle vie sur cette île norvégienne dans les années 60, entre une mère triste et un beau-père ignoble !
Et ce péril qui pèse sur ses épaules, sournois, obsédant, indéfinissable.
Est-il du aux conditions inavouables de sa naissance ? à la menace de son beau-père ?
Je me suis laissée emportée dans cette tragédie.
C'est sombre, c'est triste, on se sent impuissant mais c'est superbement écrit.
J'étais complètement absorbée par les lieux, par l'époque, par le mode de vie, par les personnages……
Pour faire bref, j'ai beaucoup aimé ce livre que je voulais lire depuis longtemps.
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Dans ce premier volet de la trilogie nous faisons connaissance avec Tora,son cadre de vie,sa famille. Si j'ai tout d'abord trouvé un peu long la mise en place "du décor" j'ai ensuite pris toute la mesure de la finesse d'écriture d'Herbjorg Wassmo qui nous permet de nous imprégner tout autant du monde intérieur de la jeune Tora que du contexte dans lequel elle vit. Son existence douloureuse est partagée entre la peur " du péril" engendré par son beau-père dont l'infirmité est bien moins son bras paralysé que sa cruauté, sa mère,femme soumise incapable de la protéger, et sa honte d'être l'enfant d'un " boche"...Mais elle a tout de même un peu de lumière et d'espoir de connaître un monde moins dur grâce à la tendresse de sa tante Rakel et son oncle Simon auprès desquels elle trouve un réconfort. Et puis, il y a Frits,jeune garçon muet et qui pourtant lui communique une conivance qui l'a trouble. Tora va aussi trouver une sorte de résilience en s'inventant une grand mère allemande, chaleureuse,aimante. Nous quittons Tora après l'incendie de l'entrepôt de son oncle et un conflit intérieur cornélien : soulagement et sentiment de libération en voyant son beau père emmené par la police et parallèlement souffrance de constater que sa mère semble ne plus la voir , emportée elle même mentalement par cet homme. L'univers de ce petit monde de pêcheurs, la rudesse du climat norvégien, la pauvreté ambiante contribue à alourdir encore le calvaire de cette toute jeune fille. C'est avec plaisir que je vais retrouver Tora dans le deuxième tome de cette histoire.
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Quelque part au nord de la Norvège, sur une île écartée et déshéritée - à telle enseigne qu'on dit que les choses du continent y mettent cinq ans à y parvenir, vit une population de gens de mer modestes. On survit à force de travail acharné, d'économie et de vie en communauté. Les démons de l'occupation allemande sont encore bien présents dans les esprits. Tora vit dans cet environnement. C'est une jeune fille bien courageuse, qui mène une existence d'angoisse et de blessures quotidiennes. A commencer par celle de sa naissance, que ses camarades et son abjecte beau-père, mutilé de guerre, ne se font pas faute de lui rappeler : elle est le fruit des amours de sa mère avec un soldat allemand. Pire, une fois que cette dernière part à son travail d'ouvrière dans une usine de conditionnement de poisson, Tora terrorisée, se trouve sous la coupe d'un homme, bon à rien, violent et alcoolique, qui lui vole son enfance. L'enfant, qui ne conçoit pas de se confier à quiconque, vit avec ce silence délétère, trouvant seulement un certain réconfort durant les rares visites auprès de sa tante et son mari, dont la réussite attire bien des envieux.

La Véranda aveugle met en scène, avec pudeur et délicatesse, par le biais d'un style minimaliste et sobre, le poids énorme des non-dits dans une société de gens frustes et taiseux, dans l'immédiat après-guerre.
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Un chat écorché. C'est ainsi que se voit la jeune Tora, presque mutique, qui subit régulièrement la violence physique des adultes et les insultes des enfants. La honte l'empêche de se confier aux seules personnes en qui elle a confiance : sa chère tante Rakel et son institutrice qui a décelé en elle une élève douée et avide d'apprendre.
Lorsqu'il lui est trop difficile d'affronter la réalité, elle se réfugie dans son monde imaginaire et dans la lecture. En effet, dans les années 1950, les traumatismes et les déviances sexuelles sont tabou et ne se soignent pas. C'est alors que les conséquences d'une catastrophe vont sauver Tora de ce qu'elle nomme « le péril ». Mais pour combien de temps ?

En brossant par petites touches le portrait des protagonistes qui habitent la maison à la véranda aveugle, l'auteure dépeint une communauté de pêcheurs appauvris par le chômage, aigris par la boisson et la médisance. Néanmoins, dans ce lieu âpre et austère qui marque durablement les corps et les esprits surgissent de temps à autre des moments de paix et de beauté : la cuisson de pâtisseries, le retour du printemps, la découverte d'un roman ou encore une nouvelle amitié.

Admirable roman d'apprentissage et premier volet d'une trilogie dont la large palette d'émotions préfigure le livre de Dina.
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J'aime beaucoup l'oeuvre d'Herbjorg Wassmo, la Trilogie de Dina hantera longtemps ma mémoire. A chaque fois que je commence un de ses romans, je suis immédiatement emportée, subjuguée. Nous sommes après-guerre dans un petit village norvégien retiré. Nous découvrons la vie quotidienne d'une petite fille sensible et intelligente, Tora. Il n'y a pas ou peu de larmes dans la vie de Tora mais beaucoup de misère financière, culturelle, intellectuelle et de non-dits. Sa vie de très jeune fille débute par un viol et nous assistons à toute la violence qui va en résulter. Tout l'art de l'auteur est de donner au lecteur cette sensation de marcher sur un fil, dans une tension permanente accentué par une grande peur de l'homme. C'est glaçant, minéral et fabuleusement écrit.
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Dans une petite île du nord de la Norvège, au milieu des années 50, Tora, une jeune fille d'une douzaine d'années, née d'une mère autochtone et d'un soldat allemand tente de construire son identité malgré la pauvreté, l'ignorance de ses origines et les souffrances sexuelles et psychologioques infligées par son beau-père.
La jeune narratrice ne vit que pour les livres et pour ces moments où, seule, elle fait marcher son imagination pour oublier ce qui la hante, l'effraie et l'obsède.

Elle fait la chronique de cette petite île norvégienne où le rude climat est l'objet de toute les attentions, évoque la grande maison où elle vit, la vie de ses nombreux habitants et l'importance de certaines personnes dans sa vie : bien sur sa mère Ingrid mais aussi sa tante très indépendante, son amie Soleil, son institutrice Gunn et son nouvel ami, un jeune homme sourd et muet qui lui fait découvrir les joies de la musique et d'un nouveau foyer où la peur est absente.


Herbjorg Wassmo possède le don de faire des portraits de femmes magnifiques (la trilogie de Dina), des portraits réalistes et difficiles de jeune filles en devenir dans lesquelles elle n'hésite pas à décrire la violence physique et les souffrances psychologiques de ces personnages. Un véritable témoin de la condition féminine.
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[...] le récit égraine lentement d'une façon douce et mélodieuse des morceaux de vie rude de tout ce petit monde.
Il n'y a pas beaucoup d'action (on attend continuellement que Tora se rebelle face au "péril") mais l'écriture est remarquablement belle.
Tout est dit d'une manière délicate. Même la violence et l'enfance meurtrie sont décrites délicatement.
L'évocation de l'éveil de Tora à la sensualité, le début de sa puberté, sont écrits très justement.
La narration est bien équilibrée, entre les descriptions des lieux, des personnages et les dialogues quand il en faut. [...]
Lien : http://linecesurinternet.blo..
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Il y a dans "La véranda aveugle" une sorte de tour de passe-passe que j'ai encore du mal à m'expliquer, je crois. Voilà un texte qui prend un peu à froid par son aspect vaguement décousu, qui paraît même au départ un peu maladroit, jusqu'à ce que l'on comprenne que l'auteure nous place ainsi à hauteur de son héroïne et instille à son texte une forme de spontanéité qui finalement renforce sa véracité et son intensité.
Quand j'évoque la "hauteur" de l'héroïne, il est important de préciser qu'elle n'est guère élevée… Tora oscille entre la fin de l'enfance et le début de l'adolescence. Elle vit sur une petite île norvégienne au nord du cercle polaire, perdue au milieu du froid et de l'obscurité. La vie y est rude et austère, rythmée par les saisons de pêche, soumise aux calamités naturelles. On y mange peu de viande, et certaines familles nombreuses en sont réduites à envoyer leurs enfants à l'école par roulement, faute de pouvoir offrir une paire de chaussures à chacun. Nous sommes à une époque d'avant les réseaux sociaux et les téléphones portables, l'île semble à l'autre bout du monde, et tout y arrive avec cinq ans de retard.

Tora habite avec sa mère Ingrid et son beau-père Henrik dans la maison des Mille, orgueilleux bâtiment de trois étages en bois construit au début du siècle, désormais décrépit et plein de courants d'air, qui "abrite en grand nombre vermines humaines et détritus". C'est Ingrid qui assure le maigre revenu du foyer, s'échinant à l'atelier frigorique jusqu'à des heures indues, s'y imprégnant d'une odeur de poisson qui ne la quitte pas. Hendrik, tirant prétexte de son épaule invalide -"bousillée" à la guerre-, passe plus de temps à boire qu'à travailler, rentrant parfois tellement saoul que Tora doit l'aider à se mettre au lit.

Tora, donc, est petite. C'est du moins ainsi qu'elle se ressent, ayant l'impression de vivre au ras du sol, environnée d'adultes grands et menaçants, qui ne l'entendent pas, et la considèrent comme quantité négligeable. Elle a pris l'habitude de se faire encore plus petite, espérant ne pas se faire remarquer, et faire oublier qu'elle est une "fille de boche", ainsi que certains de ses camarades ne manquent pas de lui rappeler. Elle ne sait d'ailleurs pas vraiment ce que cela signifie, n'ayant pas connu son père, sujet hautement tabou parmi ses proches, comme l'est celui de la guerre, les deux semblant inextricablement liés.

Et puis, Tora vit dans l'idée permanente du péril, attentive à tous les signes qui l'annoncent : une humeur, une manière de rire, le poids d'un pas dans l'escalier… le péril, comme une entité malveillante et dominatrice, se rappelle à elle dans les moindres détails du quotidien -voir les vêtements de son beau-père côtoyer les siens sur la patère, ou leurs deux assiettes posées l'une sur l'autre après le repas-, détermine la couleur de ses journées, la posture de son corps, son état mental. Car c'est bien Henrik qui en est à l'origine, de ce péril, Henrik et sa brutalité envahissante dont la manifestation est pourtant à peine évoquée, l'auteure, plutôt que de la mettre en scène, exprimant le traumatisme que les souvenirs (des coups et du reste), ont ancré dans le corps et l'esprit. Elle nous place dans l'angoisse permanente de l'expectative, en détaille les effets physiologiques : sensations de dilatation, battements de coeur… Bien qu'écrit à la troisième personne, les émotions et les réflexions de Tora sont livrées comme une matière brute, sous forme de fragments.

Cassée de l'intérieur, pétrie de honte, de crainte et de culpabilité, elle doit par ailleurs affronter les incompréhensibles transformations de son corps aux odeurs nouvellement puissantes, de ses seins qui poussent. Tout cela en ménageant sa mère, fatiguée en permanence, qui ne sait plus trouver des raisons d'être fière d'elle-même. Il faut dire que si la vie est rude en général pour les habitants de cette île perdue, elle est particulièrement éprouvante pour les femmes, qui souvent cumulent travail à l'extérieur et corvées à la maison, s'occupant des enfants, dont on estime que "c'est leur affaire", maintenant au prix de leur santé et de leur bonheur, la cohérence et l'ordre de la cellule familiale.

Les petites filles intègrent précocement cet ordre des choses. Ainsi Soleil -prénom qui sonne comme une dérision- l'amie de Tora, aînée d'une nombreuse fratrie vivant dans la maison des Mille, qui assume la tenue du foyer depuis que sa mère dépressive ne peut plus se lever, déjà prisonnière, à quatorze ans, d'un système dont elle a très peu de chances de sortir.

Une autre manière de vivre, et surtout de considérer l'existence, semble pourtant possible, comme le démontrent quelques figures lumineuses auxquelles Tora se raccroche : sa tante Rakel, débordante de vie, d'amour et d'optimisme, la jolie institutrice Gunn, qui a quitté la douceur de son sud natal pour se perdre dans ces contrées hostiles où elle affiche une inaltérable gaité, ou encore la gentille mère de Frits, le garçon muet dont Tora devient l'amie, et qui habite un foyer d'où tout péril est absent…

Sans doute n'est-ce finalement pas quelque magie, mais une extraordinaire habileté associée à une grande puissance d'évocation, qui permettent à Herbjørg Wassmo, avec ce texte que l'on dirait spontanément jailli de sa plume, de traduire avec autant de justesse le calvaire intérieur de son héroïne, mais aussi la force, discrète mais bien présente, qui lui permettra, peut-être, de se révolter…

Et sans doute est-ce aussi parce que "La véranda aveugle" est fortement inspiré de sa propre expérience…

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Premier tome de la trilogie Tora
Sur ces petites îles paumées de Norvège, il n'y a pas que des aurores boréales, il y a aussi des gens frustres qui se battent pour survivre. C'était dans les années 50, avant la manne du pétrole.
On suit Tora, une petite fille née d' amours interdites,qui devient adolescente dans un taudis communautaire entre une mère usée et un beau-père abusif et qui rêve pour oublier la réalité trop dure.
Une écriture poétique, pour une histoire très dure, Wassmo n'a pas son pareil pour décrire les non dits, les ambiances, les rapports entre des personnages enfermés dans le silence et l'incapacité de communiquer.
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