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Coffin Bound tome 2 sur 2

Dani (Illustrateur)
EAN : 9781534317758
144 pages
Image Comics (08/12/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
Taqa wants nothing in the world other than God- the holy oblivion found in a syringe. But with the city planning to ban the sacred narcotic, it falls to her to prove the existence of the divine by courting death- and the array of deadly assassins who she's set on her own tail. Worship with us on an existential road trip through the tangle of a self-destructive life.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Coffin Bound Volume 1: Happy Ashes (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2020, écrits par Dan Waters, dessinés et encrés par Dani, mis en couleurs par Brad Simpson, la même équipe que pour le tome 1. le tome commence avec une courte introduction de 4 paragraphes, rédigée par le scénariste observant qu'une histoire est toujours plus que la somme de ses composantes. Il se termine avec 18 pages de sketchs et de commentaires des auteurs sur leurs intentions et leur processus de création. Chacun des 4 chapitres s'ouvre avec une citation de Søren Kierkegaard (1813-1855) extraite de (1843).

La foi n'est pas l'inclination immédiate du coeur, mais le paradoxe de l'existence. Les ténèbres se dissipent progressivement, alors que deux syllabes distinctes se font entendre : Ta, suivi par Qa. Taqa reprend connaissance, réveillée par Liz, dans la rue devant une église. Elle indique à sa copine qu'elle était en train de parler à Dieu et elle ramasse la seringue à ses côtés. Liz lui fait observer que la police est arrivée et qu'elle est en train de tabasser les adorateurs qui fréquentent le lieu de culte. Elles avancent pour empêcher un policier d'abattre sa matraque sur un fidèle, mais Taqa se fait envoyer dans le décor. le policier pénètre ensuite dans l'église pour casser, avec sa matraque. le père Palava arrive et se place devant lui. le policier finit par renoncer à frapper, tout en indiquant que la loi interdisant le culte va bientôt passer, d'ici quelques semaines, quelques mois tout au plus. Taqa demande au père Palava s'il lui reste un peu de dieu, s'il peut lui en donner un peu. Il va chercher dans un livre évidé et il lui remet un sachet de poudre. Il a entendu parler d'elle : il sait qu'elle a vu le Vautour. Elle lui demande ce que ça peut lui faire.

Le père Palava explique que beaucoup de gens refuse d'accueillir dieu dans leur coeur ou dans leurs veines. Ce rejet de dieu va conduire les autorités à passer une loi interdisant son culte. Il ajoute que montrer le Vautour permettrait d'apporter la preuve de l'existence de dieu car le Vautour constitue un schisme dans le monde matériel, qui ne devrait pas pouvoir exister et qui persiste malgré tout. Taqa ajoute qu'il est le présage de la mort. le prêtre acquiesce et demande ce qui pourrait être plus proche de dieu que ça. Dieu est un état d'extase, un sentiment soudain de néant. Palava est convaincu que dieu parle aux humains, même lorsqu'il est absent du monde matériel. Il estime que l'impossibilité de l'existence du Vautour est une preuve tangible de l'existence de dieu et qu'il appartient à Taqa de le trouver. Il ajoute que si elle y parvient, elle aura prouvé l'existence de dieu, et que l'Église pourra lui assurer un approvisionnement continu en dieu.

La couverture de ce deuxième tome annonce une histoire sortant tout autant de l'ordinaire que la première. le lecteur comprend qu'elle se déroule dans le même futur proche que la première, avec une civilisation qui semble s'être dégradée, des immeubles en ruine, des habitants peu nombreux dans les rues et dans les immeubles, des tenues vestimentaires un peu décalées, et la présence du Vautour. À la moitié de l'épisode 5, Taqa rejoint Doll, les deux jeunes femmes étant apparues dans le premier tome. Pour autant il est possible de lire celui-ci sans se rappeler de ce qui leur est arrivé avant. Comme dans le premier tome, la trame et la dynamique de l'intrigue sont claires : Taqa est à la recherche du Vautour et ce dernier étant un passeur vers la mort, elle doit se mettre en danger. le lecteur suit donc cette jeune femme s'injectant un produit psychotrope dans les veines pour communier avec dieu. Pour pouvoir atteindre son objectif, elle décide de placer une annonce dans le journal : sans préciser son nom, elle recherche un tueur pour assassiner Taqa. Il y a peu de personnages dans l'histoire en plus de Taqa, Liz, Doll et Palava Liz rencontre un jeune boxeur qui encaisse beaucoup, dénommé Tatter. Il y a quelques assassins, Vautour apparaît, ainsi qu'une autre entité anthropomorphe de nature métaphorique.

Le lecteur retrouve les dessins très particuliers de Dani. Elle détoure les formes avec un trait encré souvent fin, pas forcément régulier, avec des cassures, des formes ondulantes ou au contraire acérées. Cela apporte une sensation de monde difficile à cerner entre éléments au contour très précis, et éléments au contour moins clair quand le trait se fait plus épais, ou que la forme est mangée par un aplat de noir en périphérie. Ainsi elle donne bien une impression de monde en déliquescence même s'il n'est pas encore parti en morceaux, de zones d'ombre dans lesquelles peuvent se tapir des individus malveillants, des horreurs d'un autre monde. Elle adapte le niveau de détails du dessin en fonction de la nature de la séquence, de la nature du décor, de l'ambiance recherchée, de la présence ou non d'un élément surnaturel. le lecteur peut voir la façade de l'église, les bancs brisés à l'intérieur, la cage d'escalier de l'appartement de Taqa & Doll avec sa rambarde brisée par endroit, les rues souvent désertes et malpropres, la salle d'entraînement des boxeurs, le matelas à même le sol dans la chambre de Taqa, la clinique de sang avec toutes ses poches, etc. À d'autres moments, l'artiste se contente d'esquisser les personnages et de dessiner les décors en fil de fer, ou de ne pas les représenter, en particulier lors de la séquence de dédoublement de la perception en noir & blanc, dans l'épisode 7.

Comme dans le tome précédent, l'interaction et la complémentarité entre dessins encrés et couleurs donnent l'impression que les deux ont été faits par un unique et même artiste. Cela commence dès la première page avec ce noir qui semble avoir été appliqué à grands coups de pinceau, et la couleur qui apparaît diffuse dans les interstices laissés entre deux traces. S'il n'y prête pas plus attention que ça, le lecteur ne reprend conscience de la complémentarité entre dessins et couleurs dans l'épisode suivant, lors d'une séance sous la pluie : Brad Simpson vient habiller de bleu les espaces négatifs laissés par Dani, avec une évidence incroyable, pour un effet de pluie lourde sans être diluvienne, détrempant tout. Dans l'épisode 7, l'interaction est à la fois plus évidente (des tâches de rouge dans les pages en noir & blanc) et plus subtile (avec quelques nuances de gris légères). Cette complémentarité n'est jamais démonstrative, mais totalement organique, la couleur transformant certaines cases au dessin esquissé en un élément narratif complexe, les traits encrés ayant été pensés pour laisser de la place aux couleurs. le tout génère une ambiance particulière pour chaque scène, ajoutant à l'étrangeté de la faible densité de population dans une zone aussi urbaine, jouant parfois à la frontière de l'expressionnisme pour un ressenti de lecture beaucoup plus riche qu'une simple description factuelle de ce qui est en train de se passer.

Le premier tome était très marquant du fait d'automutilations atteignant un niveau gore pour un effet écoeurant. le lecteur ne retrouve pas cet artifice choc dans cette histoire. le scénariste joue sur deux autres formes d'horreur. La première est explicitée par le prêtre : la religion est un littéralement une drogue que l'on s'injecte dans les veines. Il ne s'agit pas d'un chapitre à thèse, mais d'un rapprochement à prendre au premier degré, sans développement philosophique ou spirituel par la suite. C'est une image frappante qui permet de comprendre l'état d'esprit de la croyante qu'est Taqa. La deuxième forme d'horreur réside dans le fait que Taqa passe un contrat d'assassinat sur sa propre tête : il s'agit d'un acte suicidaire, provoqué par la peur de perdre la source de son plaisir qu'est dieu. L'intrigue directrice se suit facilement, et le scénariste y entrelace les éléments métaphoriques. EarthEater apparaît le temps de 2 pages, sans que le lecteur ne puisse saisir la métaphore qu'il incarne dans ce chapitre. La nature du Vautour est explicitée par le prêtre : le présage de la mort. Doll cherche à saisir l'instant précis où la vie disparaît en photographiant le processus de pourriture de fruits. le boxeur cherche à ressentir la vie plus pleinement en se confrontant à la douleur. Taqa décide d'aller jusqu'au bout de sa démarche en s'injectant une grande quantité de dieu dans les veines, une métaphore du fait qu'elle se donne complètement à la religion, que celle-ci prend possession de son corps. L'épisode 7 constitue une expérience de lecture déroutante avec l'intervention d'un autre personnage cette fois-ci allégorique dont le nom explicite la nature de ladite allégorie. Les auteurs jouent sur la forme en passant en noir & blanc (avec un peu de rouge et un peu de gris) pour décrire l'état mental altéré de Taqa. le dernier épisode amène Doll à chercher un sens à la mort.

D'une certaine manière, le premier tome était explicite dans la nature de son ambition et sur son thème principal, à la fois dans le récit, à la fois dans les dessins. Dans un premier temps, le lecteur éprouve la sensation que ce deuxième chapitre est moins intense et moins clair dans son intention. Il y a à la fois le mystère du Vautour, la prise de drogue assimilée à l'effet de la religion et des éléments qui semblent hétéroclite. Même s'il ne capte pas tout, le lecteur est vite accaparé par la personnalité de la narration visuelle, à la fois facile d'accès, à la fois recelant des trésors d'interaction entre encrage et couleurs, entre images et histoire. Une fois la dernière page lue, il lui faut repenser au fil conducteur entre ces éléments hétérogènes pour voir se dessiner une réflexion sur la mort, et par voie de conséquence sur la manière de mener sa vie.
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