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L'objet-livre édité par Cheyne est une petite merveille de couleur, de reliefs cartonnés et de choix typographiques. Une dizaine de lignes forment à chaque page du récit un micro-poème en prose. le tout forme un magnifique roman en trois temps retraçant la vie de deux enfants, deux jumeaux, Césarine et Fabien, qui grandiront dans un monde qui visiblement ne veut pas d'eux dès la naissance et pour le reste de leur vie.

Césarine de nuit est très déroutant. Antoine Wauters manie une écriture extrêmement douce et poétique pour signifier la violence inconcevable de la vie de rue, la prostitution, l'asile psychiatrique, la torture, imposés à de jeunes enfants, devenus adolescents et adultes. le flou est de mise. Si les raisons de cette déchéance sociale sont rapidement ébauchées, l'injustice croissante frappant leur amour fraternel ne souffre aucune justification. le lecteur, jusqu'à la dernière page, reste spectateur sonné par le paradoxe du ton adopté et du sujet désespéré.
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«La nuit point. Césarine ouvre l'oeil. Où elle dort à demi et touche quelques objets : chaque pierre petite, piétinée par oubli, un peu de sève, un minuscule chardon. Dans le cru, la crudité de l'aube, la lumière blanche qui la tient au plus près, sa voix lève laines, lins rêveurs, souvenirs muets. Césarine de nuit, soeur coeur du tendrement laissé, de l'assis rendant l'âme, de Fabien l'aigrelet.»

«Césarine de nuit» nous plonge dans l'atmosphère inquiétante d'un conte sombre pour enfants, où Césarine, petite Cendrillon vivace comme un lutin quand elle trotte et bondit dans la campagne avec son frère, devient petit Poucet lorsque ses parents l'abandonnent un jour avec Fabien, ce jumeau aussi singulier qu'elle.

Cet abandon, à moins que ce ne soit uniquement leur différence, fera de Césarine et de Fabien des êtres inadaptés, vivant dans la rue et la crasse sous un toit de tôle, Fabien aimant Césarine et lisant Césaire et Artaud, avant d'être tous deux successivement capturés, enfermés dans une cellule d'hôpital ou d'asile, loin des yeux d'une société qui rejette tous ceux qui sont hors du moule.

«Après le vent, la cage. Et Fabien des barreaux. Après la valse des neiges et les rêves en joues libres, Césarine des loques, des ourlets, et des balades en ville gentiment promenée. Mords-toi les doigts. Mords-toi les dents, la queue, le têtard à douze membres, rogne-toi les ongles, polis. Après la berge, les fouets d'un vent rouge. Mort de Fabien léger. Naissance de Fabien cuit. du jumeau écroué.»

Ce récit poétique à la chronologie chamboulée n'a ni la linéarité ni la fin heureuse du conte. Les blocs de texte qui le constituent, histoires d'une dizaine de lignes, sont durs et enfermant comme des cellules, d'où s'échappent parfois des bulles douces ou crues de rêves ou de souvenirs, issues de leur enfance au plus près de la terre, si loin des quatre murs.

«On les découvre dans leur premier mouvement, la primesautière enfance, sauvageons de toujours, longs d'haleine et de jeu. Césarine et Fabien, comme chienne et chien, comme enfants des ravines trotteurs et bien crottés, fuyant la suffocante fermette des petits parents pingres, dans les box, occupés à gaver les oies, nourrir les porcs et se vautrer et se pourlécher de longues heures vraiment, dans le crottin et la paille, la plupart du temps en gloussant.»

De l'innocence du lait à la violence du rejet et de l'enfermement. Magnifique.
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J'avais beaucoup aimé Nos mères, et je me réjouissais de retrouver Antoine Wauters pour cette lecture commune de Césarine de nuit, mais la magie n'a absolument pas fonctionné ici. Mon billet sera court, à l'instar de mon ressenti…

Si je n'avais pas lu la quatrième de couverture, je ne suis pas sûre que j'aurais tout compris du sujet : maltraitance, abandon, formatage de Césarine et Fabien par l'institution, dépersonnalisation… Déjà j'aurais dû me méfier parce que ces sujets me font peur en littérature, on en entend déjà assez sur la maltraitance d'enfants dans la réalité, qui dépasse souvent la fiction. Mais ici, je ne comprends pas l'association entre un thème aussi dur et la forme de prose poétique qu'a choisie Antoine Wauters : le travail sur la forme, sur l'écriture est évident, très recherché (puisque voulu par l'auteur), mais je ne l'ai ni goûtée ni comprise, pas plus que ces petites digressions constantes pour le plaisir des associations de mots et d'idées. Il y a aussi des références à Artaud et Césaire, annoncées en quatrième de couv', que je n'ai pas saisies par manque de culture.

Je sais qu'Antoine Wauters est avant tout poète, alors je suis sans doute ignare, insensible, ou ce n'était pas le bon moment : bref, je suis restée totalement hermétique à ce texte ! (Désolée pour ce billet lapidaire…)
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Une publication qui remue et ne laisse pas indifférent.


Césarine et Fabien sont jumeaux, un jour à l'image du "Petit Poucet", leurs parents les abandonnent. On ne veut plus d'eux. Ils ont douze ans à l'époque, ils sont en manque d'amour, c'est le rejet total. Ils sont fusionnels et ensemble ils vont essayer de survivre sous les ponts, sous les tôles.
Ils seront enfermés. Césarine a frappé un homme de colère. Ils sont séparés, ils se chercheront...

C'est violent, un récit à la chronologie perturbée, cela déstabilise. C'est un texte dur avec des "mots doux" dit Antoine Wauters.

Un poème, un conte mais un conte cruel qui nous parle de l'abandon mais surtout d'une révolte de notre société intolérante prête à tout pour que l'on rentre dans les balises. Une société qui refuse la différence.

Elle rêve d'amour, lui des mots, outil d'évasion, de liberté.

Un texte lumineux. Une forme inhabituelle, j'ai eu un peu de mal à "rentrer dedans" à trouver le fil d'Ariane mais une fois dedans, je n'ai plus su le lâcher.

J'ai apprécié cette lecture commune dans le cadre du mois belge.

Découvrez les avis de Lili des Bellons, Moglub,Anne L, Anne
Ma note 8/10
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Césarine et Fabien, jumeaux orphelins, n'ont rien de ce qui peut les rendre acceptables au monde qui les entourent. Ils seront séparés. Elle sera « placée », lui « enfermé ». Car cet autre différent, rieur, enjoué, amoral car inéduqué, n'a de place qu'à part. Derrière les grilles où l'époque expurge la différence, peut-être par crainte d'y apercevoir ce qui peut saper ses propres fondements.
Privé des mots, qu'on ne lui a jamais appris, ne reste à l'inadéquat que l'écart, la retraite ou la violence pour s'exprimer.
Elle a mordu, frappé, cogné à vide en laissant dire à sa colère tout ce qu'elle, fille de rien, ne peut dire.
Le dire, c'est le rôle du poète. Et Antoine Wauters s'y emploie sublimement. Convoquant Césaire, Artaud, il parvient à saisir ce scandale de l'enfermement auquel on réduit le « fou ». Qui ne l'est (non, le paraît) que parce qu'il est autre. Un autre que l'on cherche à normer, à aliéner, quitte à le briser.
Assis non, couchés non, debout oui, marchant non, courant oui, rêvant non, dormant non, courant oui. Et lavant pour les filles, ponçant pour les garçons. Et ponçant pour les filles, cousant pour les garçons. Il sont camisolés de fleurs qui sont des ferrailles et des murs bien plaqués.
Et les mots, dont parfois les plus doux d'entre eux, sont enserrés dans des paragraphes étroits, carrés, formant cellules. Comme ces autres que l'on enferme.
Antoine Wauters, Césarine de nuit, 2012, Cheyne.
Lien : http://www.librairie-ptyx.be..
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A chaque page, un coup de poignard. Ecriture efficace, émotion garantie. Coeur sensible s'abstenir.
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Césarine et Fabien, jumeaux orphelins, n'ont rien de ce qui peut les rendre acceptables au monde qui les entourent. Ils seront séparés. Elle sera « placée », lui « enfermé ». Car cet autre différent, rieur, enjoué, amoral car inéduqué, n'a de place qu'à part. Derrière les grilles où l'époque expurge la différence, peut-être par crainte d'y apercevoir ce qui peut saper ses propres fondements.
Privé des mots, qu'on ne lui a jamais appris, ne reste à l'inadéquat que l'écart, la retraite ou la violence pour s'exprimer.
Elle a mordu, frappé, cogné à vide en laissant dire à sa colère tout ce qu'elle, fille de rien, ne peut dire.
Le dire, c'est le rôle du poète. Et Antoine Wauters s'y emploie sublimement. Convoquant Césaire, Artaud, il parvient à saisir ce scandale de l'enfermement auquel on réduit le « fou ». Qui ne l'est (non, le paraît) que parce qu'il est autre. Un autre que l'on cherche à normer, à aliéner, quitte à le briser.
Assis non, couchés non, debout oui, marchant non, courant oui, rêvant non, dormant non, courant oui. Et lavant pour les filles, ponçant pour les garçons. Et ponçant pour les filles, cousant pour les garçons. Il sont camisolés de fleurs qui sont des ferrailles et des murs bien plaqués.
Et les mots, dont parfois les plus doux d'entre eux, sont enserrés dans des paragraphes étroits, carrés, formant cellules. Comme ces autres que l'on enferme.
Antoine Wauters, Césarine de nuit, 2012, Cheyne.
Lien : http://www.librairie-ptyx.be..
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