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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un cri, un long , un très long cri le plus souvent silencieux.
Au Proche-Orient sûrement,Jean Charbel est un enfant de la guerre . Son père est mort tué par la milice adverse, le grand-père se meurt et sa mère, désespérée, arpente la terrasse , pieds nus la nuit, la cigarette à la main en chantant Marie Keyrouz. Jean lui est confiné, assigné à résidence dans le grenier de leur maison jaune au sommet de la colline. Fou de solitude , de chagrin , il s'invente un monde imaginaire peuplé de frères de soeurs , d'amoureuse, tout pour résister , ne pas voler en morceaux .Un monde chaleureux , fraternel, amical, un monde à qui parler . La guerre reprend , s'était-elle arrêtée ,?placé dans un orphelinat, il va bientôt quitter son pays et partir en Europe pour y être adopté .Il arrive chez Sophie et Manuele . Sophie qui ne le touche pas, qui s'efforce d'aimer cet enfant , qui cherche à sortir de sa dépression ,une seconde mère à qui Jean ne va pas tarder à accorder attention et affection.
Cette lecture m'a bouleversée .J'ai découvert le talent d'Antoine Wauters .L'écriture est superbe Ce texte souvent dur voir cruel.est , malgré la noirceur de certains passages , un chant d'amour et d'espoir . La poésie affleure à chaque ligne , on n'a qu'une seule envie lire ces mots à haute voix pour en entendre la musique .Vraiment Mr Wauters de la belle ouvrage de la très belle ouvrage
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«Enfant, quand je faisais référence à toi dans les histoires que j'inventais pour me tenir compagnie, je ne disais jamais maman, ni ma mère, mais bien plutôt nos mères. Comme si j'étais plusieurs enfants et toi plusieurs mères à la fois, et comme si tout ce que je souhaitais finalement c'était ça : diluer nos souffrances en fragmentant nos vies.»

C'est au Proche-Orient, sans doute au Liban, au milieu de la guerre. le père a été tué, le grand-père dépérit, et la mère fait ce qu'elle peut, pour vivre malgré cette perte, malgré le désespoir et le chaos. Pour protéger son fils Jean, pour pouvoir travailler, au loin dans la grande ville sur les bords de la Méditerranée, elle l'enferme au grenier, dans cette maison de village au sommet d'une montagne.

Alors l'enfant se parle et se raccroche aux mots, il s'invente une fratrie pour garder la raison, se dédouble en Charbel, en Moukhtar, Tarek, Pierre et Abdel Salam, cependant que sa mère le recouvre d'amour, de baisers, de folie et de nuit noire. Et l'enfant créateur, bien plus fort que l'adulte, imagine aussi Luc, une petite fille triste et magnifique, pour surmonter la douleur et partager l'amour.

«Nos mères ont des soucis terribles, le coeur brisé en deux parties de deuil, broyé, envolé dans les odeurs pistache propres à ce pays dont les habitants disent qu'il est le plus beau du monde, et la guerre n'y change rien. Elles ont le coeur perdu, nos mères, dans les odeurs de pain au sésame et au thym, dans les essences de rose et la fleur d'oranger, écrasé leur bon coeur, en bouillie, en tas, déclassé sous le balcon de couleur des maisons de la ville.»

Finalement l'enfant sortira du grenier, et la démultiplication de la mère deviendra réelle lorsqu'il partira en Europe, pour y être adopté.

«Nos mères» est un texte qu'on a envie de lire à voix haute, au-delà de barrières, devenues sans objet, entre roman, poésie et théâtre, pour entendre cette écriture radicale d'une force incroyable, son mouvement et ses voix qui affluent comme des vagues de mots. Et d'une mère à l'autre, Antoine Wauters arrive à transmettre l'indicible, l'obsession de la guerre, la dévastation intime et la force d'un enfant.
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En ce moment j'ai une chance énorme: celle de lire des textes percutants et marquants. A peine remise du choc émotionnel causé par "Nous étions une histoire", je me lance dans ce superbe roman écrit par un jeune belge (héhé on ne va pas se priver de le signaler tout de même).

Ecrit exclusivement sur un mode narratif, ce texte aussi beau que cruel nous emporte dans l'histoire de Jean, de ses souvenirs, de son vécu. En lisant ce roman, j'ai eu l'impression de voyager à la suite de cet enfant, de cet ado. Porté par sa propre force et par sa propre vie, Jean évolue, traverse les épreuves, traverse sa vie et se relève avec la force et le courage propre aux enfants.

"Nos mères", c'est aussi un hommage aux femmes, aux mères, à leurs forces mais dans le respect de leurs faiblesses. C'est la plume touchante d'un auteur qui s'est laissé porter en restant authentique,c'est aussi une ode à la vie qui doit être vécue quelle qu'elle soit.

C'est un texte puissant et percutant, qui se lit le coeur au bord des yeux tant l'émotion passe grâce au choix tellement subtil des mots utilisés. Mon seul regret? Ne pas l'avoir lu avant (et avoir raté l'auteur à la Foire du Livre de Bruxelles).

Un autre coup de coeur vous l'aurez compris ...
Lien : http://desmotssurdespages.ov..
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Attention chef d'oeuvre

Un petit garçon caché dans un grenier, quelque part dans un pays du Moyen Orient en guerre. Entre son grand-père qui se meurt dans la chambre du dessous et sa mère qui a perdu son mari et craint maintenant de perdre son fils, il faut continuer à vivre. Alors, l'enfant se remémore la caresse du khamsin sur la peau, la plantation de bananiers que l'on admire de la terrasse, les gâteaux au miel et au thym, … Et il s'invente des frères « tout le jour, tout le temps et plus encore si les souvenirs frappent à la porte avec leur voix scélérate de bourreaux aux mains sanguinolentes ».
Quelques mois plus tard, l'enfant arrive en Europe, adopté par une femme blessée par un père brutal, « tout le monde meurt quand il crie », et indifférent, parce que « c'est une fille, tout ce qu'elle fait ne compte pas ».
C'est un hommage à l'enfance, bafouée par la violence des guerres là-bas, par la violence des pères ici. C'est un hommage aux mères, « ces femmes qui se doutent que nous cachons mille choses au fond de nous, totalement dérobées à leur regard, dans une sorte de caisson fragile scellé par un cadenas ». Sans mièvrerie, sans sentimentalisme, « et nous les aimons et les haïssons et elles nous aiment, non elles nous adorent ». C'est un hommage aux mots, ces mots, qui «quand ils ne sont pas dits, nous tuent à petit feu. »
C'est un roman tendre et violent. Ecrit dans une langue sensuelle, magnifique. Déroutant au début mais on se laisse charmer après 20 pages …
Un grand écrivain est né. Dommage qu'on n'en ait pratiquement pas parlé dans les médias francophones, dommage que ce roman ne soit connu que dans notre petite Belgique francophone.
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La rencontre avec Antoine Wauters s'est d'abord faite lors d'une lecture à Rennes où déjà il m'avait entraîné sans prévenir dans son univers de puissantes émotions. C'est seulement quelques mois plus tard que je me plonge dans "Nos mères". Là encore je suis marquée par la force de ses mots. C'est d'abord un long chant tragique, un peu comme une gwerz bretonne, mais qui se passerait dans un pays chaud et lointain. La guerre à hauteur d'enfant, perçue à travers sa mère, appelée "nos mères"". Aux pensées de l'enfant, répondent les mots de la mère, toujours un peu ailleurs, malgré la scansion des "Mon amour. Ma brebis". Puis on suit cet enfant, transplanté en Europe auprès d'une mère adoptive, elle-aussi dépassée par une douleur qui la ronge. Avant de finir avec l'enfance de cette mère malmenée par son père. Je trouve ce texte beau, d'une sensibilité à fleur de peau, déchirant souvent, mais en dentelle. Une ode à la sensibilité des enfants et aux douleurs des mères.
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Un petit bijou qui m'a parlé en plein coeur. Les mots d' Antoine Wauters pour dire l'indicible, l'inhumanité de la guerre sont d'une force immense ; ils cognent, frappent, émeuvent au plus haut point, avec violence et tendresse à la fois. Des mots auxquels se raccrochent Charbel en s'inventant des histoires, en s'imaginant entouré des frères et soeurs, pour annihiler tant bien que mal peines et douleurs, surmonter ses peurs. Des mots qui « quand ils ne sont pas dits, nous tuent à petit feu. »

« Nous mentons.
C'est vrai.
Mais c'est de vivre dans la même éclipse de lumière qui en est la cause, c'est de n'avoir nulle part où aller, sinon ces pures chimères. »
Un très bel hommage aux mères...

« Nos mères ont des soucis terribles, le coeur brisé en deux parties de deuil, broyé, envolé dans les odeurs pistache propres à ce pays dont les habitants disent qu'il est le plus beau du monde, et la guerre n'y change rien. Elles ont le coeur perdu, nos mères, dans les odeurs de pain au sésame et au thym, dans les essences de rose et la fleur d'oranger, écrasé leur bon coeur, en bouillie, en tas, déclassé sous le balcon de couleur des maisons de la ville.
Mon amour.
Ma vie.
Mon mari.
Sans cesse.
Arrêté.
Dépecé.
Atrocement mutilé par les miliciens puis jeté aux chiens de l'oubli.
Sans cesse.
Mon amour, mon mari. »

Une sublime lecture, dense, qui s'apprivoise, qui bouleverse - à accompagner de toutes les notes de Verdi, et du Joueur de vielle de Franz Schubert.
Merci Antoine Wauters pour cette belle parenthèse !
« [...]
Toutes les mères nous enferment dans un cocon, à double tour, puis elles jettent les clés. Voulant nous protéger, elles nous font vivre dans un monde stérile à l'intérieur duquel la violence ne doit pas pénétrer, mais pénètre quand même, ça va sans dire, en transparence de leurs grands yeux toujours recrus d'horreurs. Mine de rien, elles nous mettent des mots doux à la bouche, pour que jamais on ne puisse venir hurler nos rages à leur visage. Et pourtant, ces geôlières, nous les aimons, les adorons, et l'amour qu'elles nous donnent n'est jamais assez grand.
[...] »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Enfant, quand je faisais référence à toi dans les histoires que j'inventais pour me tenir compagnie, je ne disais jamais maman, ni ma mère, mais bien plutôt nos mères. Comme si j'étais plusieurs enfants et toi plusieurs mères à la fois, et comme si tout ce que je souhaitais finalement c'était ça : diluer nos souffrances en fragmentant nos vies. Jean Charbel

L'introduction de ce premier roman de mon compatriote Antoine Wauters vous plante le décor.

Ce récit se divise en 3 parties.

Première partie :

Nous sommes dans un pays du Moyen Orient déchiré par une guerre civile, au bord de la Méditerranée. Jean Charbel est enfant, il a perdu son père lors des combats. Il vit avec sa mère et son vieux grand-père , cloîtré au second étage de leur maison jaune. Sa mère doit travailler pour les faire vivre et elle protège son fils comme elle peut, en l'enfermant pour lui cacher les horreurs de la guerre et sa tristesse.
Ils se mentent. Elle l'aime, le couvre de baisers, l'étouffe de son amour et l'enferme à nouveau pour cacher sa détresse. C'est un paradoxe mais c'est ainsi en apparence, tout va bien, l'un prend soin de l'autre à sa façon.

Jean pour survivre dans cette solitude, dans cet enfermement va s'inventer des personnages imaginaires, une fratrie, une amoureuse afin de pouvoir tenir, s'évader. Il sourira pour dire que tout va bien c'est sa façon d'aider sa mère à supporter le deuil de son mari, la situation difficile, sa dépression. Son imaginaire va le sauver.

Seconde partie :

Contraste énorme , Jean arrive dans un pays d'Europe, une contrée boisée où tout est calme en apparence. Une apparence relative car il fera la rencontre d'une nouvelle mère - Sophie , sa mère adoptive. Sophie est en proie avec une guerre intérieure, elle porte une douleur, un mal être en elle. Elle aimerait tant aimer Jean autrement.

Troisième partie :

Jean a vieilli, il est écrivain aujourd'hui et il va essayer d'expliquer les raisons qui ont rendus sa mère comme cela.

Un magnifique roman sur la résilience, un merveilleux témoignage d'amour ou comment au delà de ses propres problèmes, si l'on s'intéresse à l'autre, comment on peut soit même aller mieux et même trouver la paix, prendre confiance en soi.

Un somptueux roman sur l'écriture et son pouvoir salvateur.

Une écriture magnifique, tonique, dure et magnifique à la fois. C'est parfois cruel mais tellement rempli d'amour. On ne sort pas vraiment indemne de ce livre, il nous rend certainement plus fort. Il y a beaucoup de poésie et de sensualité dans l'écriture. Beaucoup d'images dans ce récit lumineux rempli d'espoir.

A lire sans modération au plus vite.

Gros coup de coeur.
Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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"Enfant, quand je faisais référence à toi dans les histoires que j'inventais pour me tenir compagnie, je ne disais jamais maman, ni ma mère, mais bien plutôt Nos mères. Comme si j'étais plusieurs enfants et toi plusieurs mères à la fois, et comme si tout ce que je souhaitais finalement c'était ça : diluer nos souffrances en fragmentant nos vies."

Dans un Liban en guerre, une guerre qui lui a pris son père, Jean vit reclus dans un grenier. A l'étage inférieur, son grand-père, malade, dépérit. Un étage plus bas encore, sa mère ne se remet pas de la mort de son mari. Elle tente de faire vivre la famille comme elle le peut, et de protéger son fils des horreurs de la guerre. de temps en temps, elle lui rappelle maladroitement qu'elle l'aime, elle l'embrasse, puis l'enferme de nouveau pour rejoindre sa propre détresse. Pendant ce temps, Jean oublie sa solitude en s'inventant des amis et des frères. Plus tard, après un bref passage dans un orphelinat, à l'initiative de sa mère qui veut lui offrir un avenir différent, il est adopté par une jeune femme, célibataire, tout aussi torturée et dépressive que sa mère biologique. Une femme, Sophie, qui refuse de vivre avec l'homme qu'elle aime, qui reste cloîtrée chez elle avec Jean, qui n'ose pas le toucher mais voudrait qu'il l'appelle maman. Une nouvelle fois, Jean est entouré de silence et de solitude, se réfugiant dans son imaginaire. Peu à peu, il trouve sa place auprès d'elle, auprès d'Alice aussi, son amoureuse, et peu à peu il laisse partir ses amis imaginaires. Dans la dernière partie, enfin, on découvre l'histoire et l'enfance de Sophie, dont Jean l'aidera à s'affranchir.

C'est un très beau texte que ce roman, qui a permis à Antoine Wauters, un jeune auteur belge, de remporter le Prix Première. Un texte empli de douceur, de tendresse, de poésie, de musique. Un texte qui met l'accent sur l'importance des mots. Malgré tout, malgré sa brièveté, ce n'est pas un roman facile à lire, de par son sujet, son écriture parfois hachée, son utilisation (pari osé) du pluriel. Mais c'est un texte qui mérite -vraiment- que l'on fasse l'effort d'y entrer, parce que l'écriture autant que l'histoire sont très belles. Parce qu'il parle d'espoir et de lumière, de résilience, d'amour et de confiance, d'écriture et de liens. Parce que, tout en subtilité, il fait naître l'émotion, par petites touches, au détour d'une page. On est parfois déçu par une lecture que l'on a longtemps attendue; Nos mères a comblé toutes mes attentes et m'a touchée, vraiment.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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http://www.franceinter.fr/emission-la-librairie-francophone-antoine-wauters-santiago-amigorena-mathias-malzieu
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Sacré roman que voici, salué et couronné par le prix Première 2014 (décerné par les auditeurs de la RTBF). Mais ce n'est pas le premier coup de maître d'Antoine Wauters, qui me semble être l'un des jeunes auteurs Belges les plus prometteurs (avis partagé avec le journal Marianne version belge, et Focus Vif).

Ceci étant, il m'a fallu quelques pages pour m'adapter au style d'Antoine Wauters (qui évolue au cours du roman), c'est un style énergique mêlé à une hypersensibilité qui ébranle, parce que la gravité est dans chaque mot, et que l'on doit immédiatement se familiariser avec cette "tension", les lieux en huis clos, et cerner les personnages.
Un enfant/des enfants...? Une mère/des mères?
Des corps, vivants, mourants, transparents... L'isolement, pour éviter les risques et les conflits. La nature qui impose malgré tout ses sons et ses parfums.
En pleine guerre faisant rage à l'extérieur, une autre se déroule à l'intérieur, différemment, au sein d'une mère surprotectrice "mal-traitante" folle de chagrin après la mort du père.

Et malgré l'incompréhension innocente face à une mère "claustratrice", c'est la vie, l'amour que Jean lui porte, son imaginaire (dans lequel une fille peut s'appeler Luc) et l'énergie de l'enfance qui seront toujours là, en soutien vital.

L'intégralité:
Lien : http://blablablamia.canalblo..
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