Touch

N’écoutez pas ceux qui prétendent qu’avoir peur c’est amusant ou excitant. Ils parlent de la peur que vous éprouvez sur un manège à sensation, quand votre cerveau sait pertinemment que la ceinture de sécurité vous empêchera de tomber.

La peur véritable, c’est la peur du doute. C’est l’esprit qui refuse de s’endormir, l’espace découvert dans votre dos où l’assassin se tient avec une hache. C’est l’ombre qui hoquette pour une raison invisible quand vous passez devant elle, le gloussement d’un inconnu qui se moque de vous, vous le savez. C’est le cœur qui fait un bond dans la poitrine quand une voiture cale dans la rue, les mains qui tremblent autant que vos pensées, jusqu’à ce que vous preniez le parti d’en rire faute de comprendre que vous devriez en pleurer. C’est l’éclair de la tête d’un serpent qui vire dans la forêt, le sursaut effrayé d’un chevreuil, le battement affolé des ailes d’une hirondelle, et, oui, je suis humaine.
Je cours.

Et j’ai peur.

Un musée, c’est un endroit où aller le dimanche après-midi quand il ne fait pas assez beau pour une promenade au parc. Un musée, c’est un endroit où emmener ce parent lointain que vous ne connaissez pas vraiment mais à qui vous avez promis de lui servir de guide lors de son séjour en ville. Un musée, c’est un endroit où s’entreposent les histoires que l’on vous a partiellement racontées quand vous étiez petit, et que vous vous êtes empressé d’oublier quand le sexe et l’argent sont devenus vos préoccupations principales. Le Metropolitan Museum of Art n’est pas un musée mais un monument. C’est un temple érigé à la gloire de peuples disparus et de civilisations perdues, un sanctuaire de beauté antique sélectionnée par des doigts morts depuis une éternité, une offrande aux artisans défunts et aux puissants empereurs.

Les trains régionaux sont pleins de rêveurs de banlieue, hommes et femmes qui aspirent à des boulevards bordés de sapins et aux bruits mat des vieillards jouant aux boules.

Les gens ont toujours plus de mal à croire les vérités pénibles que les mensonges réconfortants.