Merci à Gallmeister et à Babelio pour ce partenariat.
Justice ? Quelle justice ? On peut être en droit de se le demander en lisant ce livre.
Que l'on commence par le début ou par la post-face, on fait le constat que la justice n'existe pas pour les indiens – pas le fameux système légal américain, tant vanté. La police tribale ? Elle a très peu de moyens, trop peu. Quant à ceux qui pourraient enquêter, eh bien, la réponse est le plus souvent « non » – parce qu'ils ont mieux à faire, parce que ce sont des histoires d'indiens, voire de simples histoires de violences conjugales.
Je crois que ce livre est le seul pour lequel j'ai senti une immense compassion pour une personne qui a tué son chat. Alors je vais ouvrir une parenthèse, parler de ces textes que d'aucun juge « résistant », c'est à dire dure à lire et à faire lire, dans lequel rentre la catégorie « scène dans laquelle on tue un animal » – comme s'il fallait à tout prix prouver que l'on était un « bon » lecteur parce que l'on était près à lire sans ciller ce genre de scène, comme si, par extension, il fallait dans la vie regarder sans ciller des animaux se faire tuer parce que, parce… Ici, dans Justice indienne, la jeune femme qui tue son chat est au-delà de la douleur qui lui a été infligé, de la justice qui ne lui a pas été rendue. Elle ne tue pas son chat, elle emmène avec elle, dans la mort, le seul être vivant qu'elle aimait encore. Elle est une des personnes, pour ne pas dire LA personne qui a fait de Virgil Wounded Horse ce qu'il est. Virgil est un justicier. Quelqu'un qui règle avec ses poings ce que la loi, la justice, la police n'a pas pu régler. de tels hommes existent réellement, comme le précise l'auteur à la fin de son livre, ce sont simplement les statistiques qui manquent pour signifier l'ampleur du phénomène.
La soeur de Virgil est morte, aussi élève-t-il son neveu
Nathan seul.
Son point faible ? Oui, c'est ce que j'ai pensé, surtout quand
Nathan fait une surdose de drogue, quand la vie du jeune homme n'a plus tenu qu'à un fil et que Virgil a découvert que des dealers ne cherchaient qu'à inonder la réserve avec une nouvelle drogue. La surdose de
Nathan n'est que le début de l'affaire. J'ai aimé le rythme du récit, qui nous fait partager les espoirs et les peurs de Virgil – pas pour lui, non, pour ceux qui l'entourent. J'ai aimé ce livre qui dresse un état des lieux de ce qui se passe dans les réserves, de la manière dont ses habitants sont traités par ceux qui se considèrent comme plus américains qu'eux. Il nous parle des violences ordinaires subies dès l'enfance, de la précarité, du manque de solidarité. Il nous parle aussi de la culture indienne, de personnes absolument lumineuses telles
Jerôme. J'ai à peine évoqué
Mary. Elle a vécu une courte histoire d'amour avec Virgil, elle en a vécu une autre encore plus courte avec Rick, un des dealers.
Son obsession ? Faire tout ce qui est possible pour que la vie des Lakota soit meilleure – et quand je lis certains faits, j'ai l'impression que l'action ne se passe pas de nos jours, qu'il est impossible que toute une communauté vive dans une telle précarité.
Mary qui ne lâchera pas Virgil dans sa quête pour sauver
Nathan, quoi qu'il dût lui coûter.