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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce premier roman ( noir ) très réussi commence avec une enquête sur les traces de trafiquants d'héroïnes qui sévissent dans une réserve indienne du Dakota du Sud. le récit est plein d'actions, débordent de criminels, de poursuites de combats ( incroyable baston à mort avec un aiguillon à bétail ). le narrateur, Virgil, est un justicier professionnel, un homme de main payé pour venger avec les poings les criminels locaux.

A mesure que le récit progresse, le polar se fait de plus en plus intimiste, nous plongeant dans le ressenti de personnages très attachants, à commencer par Virgil : lui a renié les traditions lakotas depuis des tragédies familiales qui l'ont conduit à élever seul son neveu, adolescent à la dérive, proie facile pour les trafiquants d'opioïdes. Un personnage à l'identité déchirée, héros parfait pour ce type de roman.

Roman noir, policier, intime mais aussi et surtout social, décrivant de façon très réaliste et authentique le vécu des Amérindiens. La colonne vertébrale du récit est la vulnérabilité des habitants des réserves. En fait, Justice indienne a une forte dimension politique qui attire l'attention sur la faillite du système judiciaire dans les réserves. Depuis le Major Crimes Act voté en 1885 par le Congrès américain, la police tribale n'a aucune compétence pour instruire des affaires criminelles sur son propre territoire. Dès qu'il s'agit de meurtres ou agressions sexuelles, elle doit en référer aux autorités fédérales qui beaucoup trop souvent n'engagent aucune poursuite, même lorsque le coupable est identifié. On sent la colère de l'auteur de voir ses personnages poussés à se faire eux-même justice, ce qui équivaut à de la vengeance pure et simple.

Si la trame narrative policière est peu rigoureusement construite, souvent brouillonne avec des redondances qui auraient mérité une petite coupe , tout l'arrière-plan politique et social est absolument passionnant, surtout sous la conduite de personnages qu'on adopte immédiatement. C'est à travers eux qu'on découvre la culture lakota et son histoire. C'est toute la question de l'identité des Native americans qui jaillit de chaque situation. Loin des clichés habituels, Justice indienne met en lumière la difficulté pour les Amérindiens à maintenir l'intégrité de leur mode de vie et de leur vision du monde. Une scène très intense met ainsi en scène Virgil, le "renégat", lors de la cérémonie du yuwipi ( cérémonie de guérison traditionnelle Lakota ), où en proie à des hallucinations, il revit le massacre de Wounded Knee de 1890. Virgil, qui rejette la spiritualité lakota, devra se réconcilier avec elle pour résoudre l'enquête et surtout se construire un avenir.

David Heska Wanbli Weiden est un auteur très prometteur. Empli d'une acuité à la fois tendre et acéré, il a beaucoup à dire sur la condition amérindienne contemporaine.
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Justice indienne est un roman noir qui nous plonge de plein pied dans la vie d'une réserve indienne de Rosebud, dans le Dakota du Sud.
Nous faisons la connaissance de Virgil Wounded Horse, sorte d'homme à tout faire, avec ironie on dit de lui que c'est l'homme de main local, disons que Virgil a une carrure impressionnante et, pour quelques billets, loue ses gros bras pour mettre un peu d'ordre quand il y a du grabuge. Virgil est plein de loyauté, il a un sens de la justice, s'indigne quand elle n'est pas respectée... Et ici c'est monnaie courante, dans un contexte judiciaire où la justice fédérale refuse d'enquêter sur la plupart des crimes commis au sein de la communauté indienne, tandis que la police tribale dispose de peu de moyens... Alors, la nature ayant horreur du vide, c'est un peu une justice auto-proclamée qui s'impose, pour laquelle Virgil Wounded Horse prend à coeur ses missions, avec toujours une attention aux plus défavorisés. Virgil Wounded Horse est quelqu'un qui a le coeur sur la main, même s'il a le coup de poing facile...
Très vite, on découvre un peu l'histoire, le passé de Virgil Wounded Horse, qui désormais refuse le moindre verre d'alcool... Il vit avec Nathan, son neveu de quatorze ans dont il assure l'éducation, qui poursuit tant bien que mal sa scolarité.
Mais voilà que Nathan se retrouve mêlé à une sombre histoire de drogue, un peu par accident, presque à son insu, mais pour le coup la police fédérale met le nez dans cette histoire et ça ne sent pas bon, l'adolescent se retrouve enfermé dans un centre de détention pour mineurs en attendant que la justice se prononce sur son sort... Il suffit alors de tirer le fil de cette histoire comme un écheveau et Virgil découvre alors l'existence d'un réseau de trafiquants extérieur à la réserve, mais prêt à s'y infiltrer, à se propager comme une pieuvre avec ses tentacules, et cela, Virgil Wounded Horse ne le supporte pas un seul instant...
Ce sont les tripes de Virgil qui vont alors parler. Et elles seront éloquentes sur le sujet... Mais pour cela, Virgil devra composer avec l'autorité fédérale et le contrat qui est proposé, permettant à Nathan d'être libéré provisoirement, sous caution. Un avocat est dépêché et m'est avis qu'il ressemble comme deux gouttes d'eau à notre auteur...
Dans son chemin de justicier, Virgil entraîne dans son sillage son ancienne petite amie, Marie Short Bear, et c'est comme l'écho d'un souvenir merveilleux et douloureux qui refait surface.
J'ai aimé ce livre, j'y suis entré avec bonheur. J'ai entrouvert le voile d'un paysage que j'aime, que j'ai déjà eu l'occasion de côtoyer en littérature... Ici, le sujet des minorités dans une Amérique qui n'en tient peu compte, du moins sous l'ère qui s'achève de la présidence Trump, est un sujet auquel je suis très sensible... Comble d'ironie, les lakotas qui s'en sortent le mieux parviennent parfois à racheter aux Blancs quelques parcelles de terres qui avaient été confisquées à leurs ancêtres...
J'ai aimé le personnage de Marie, qui décide de bousculer le destin qui est souvent consenti aux jeunes générations amérindiennes, en voulant devenir médecin. Devenir médecin pour Marie, c'est aussi aspirer à aider son peuple.
Je vais vous donner trois bonnes raisons de lire et aimer ce roman.
Justice indienne est le premier livre de David Heska Wanbli Weiden, un auteur d'origine lakota lui-même qui, de surcroît, a commencé une carrière d'avocat avant de se consacrer à l'écriture. Autant dire qu'il connaît son sujet.
Ce roman pose un regard sans filtre et sans concession sur la condition des Indiens lakotas, regard que l'on peut étendre sans difficulté à l'ensemble de la cause amérindienne.
Alors, parfois oui il y a quelques digressions, allopathiques ou culinaires, sociales aussi, qui nous éloignent du coeur du sujet, sauf à considérer que le coeur du sujet n'est peut-être pas cette intrigue policière, mais davantage le paysage sociologique qui l'entoure et l'occasion de découvrir une autre conscience, celle indienne...
Ceux qui y iront chercher l'intrigue policière comme seule essence de ce roman seront déçus. Ceux qui viendront chercher une âme, deux mondes qui se rencontrent, entre tradition et modernité, un pont entre deux rives, seront je l'espère séduits comme je l'ai été.
Ici la réalité américaine du XXIème siècle côtoie les rites de purification. Faire brûler un peu de sauge sur une tombe... Entrer au son des tambours dans les pow-wows...
Ici les techniques de guérison indigènes traditionnelles se combinent avec la médecine occidentale...
J'ai aimé ce regard touchant de Virgil se penchant sur la tombe de sa mère et se souvenant des derniers mots de celle-ci avant de rejoindre les grands espaces infinis des lakotas :
- Akita mani yo.
"Observe tout en marchant." Je crois qu'elle voulait dire qu'il fallait que j'aie conscience du monde tel qu'il était vraiment, pas tel que je voulais qu'il soit. La conscience indienne.
Oui, c'est bien la conscience indienne qui est au coeur de ce roman, à travers des histoires, des regards qui se croisent, la justice, l'amour, l'adolescence, la résilience, les rites de passage, l'écho d'une terre volée à leurs ancêtres, le devenir d'un peuple fragmenté entre tradition et modernité...
J'ai aimé les paysages intimes de ces personnages attachants que sont Virgil et Marie, j'ai aimé leurs doutes, leurs fêlures, leurs rêves immenses...
Enfin, je voudrais témoigner ici de la qualité de la traduction, ce roman étant traduit par Sophie Aslanides. On parle beaucoup des auteurs et si peu des traducteurs. Il y a peu de temps, grâce à Nathalie qui se reconnaîtra ici, j'ai découvert l'existence de cette traductrice talentueuse, ayant notamment lu des livres traduits d'elle comme ceux de Craig Johnson. On ne dira jamais assez le talent de ces traducteurs, qui sont des interprètes d'un texte, des passeurs, ce sont leurs mots que nous lisons finalement. Et je sais, pour avoir lu quelques propos de Sophie Aslanides sur Internet, son éthique dans la traduction et surtout son attention à ne pas tout traduire de manière littérale. Imaginez un instant ce que cela aurait pu donner les noms de Virgil Wounded Horse ou bien Marie Short Bear, sous la plume d'un traducteur bien moins bienveillant...
Ce soir, chers amis lecteurs, je vous dis à mon tour : « Akita mani yo ».
Je veux ici remercier Babelio et les éditions Gallmeister dans le cadre de l'opération Masse Critique pour m'avoir permis de lire et partager ce très beau roman.
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Le rouge et le noir de la superbe couverture de ce Gallmeister me semblent symboliser, une fois le livre achevé (oublions Stendhal un instant !), la violence et le manque d'ouverture, d'avenir, régnant dans les réserves indiennes (ressenti très personnel).
Ici, celle de Rosebud, dans le Dakota du sud, mais représentative d'autres sites...

Dans la présentation de l'auteur figurant dans le rabat de cette couverture, il nous est précisé que cet ouvrage fut sélectionné par le magazine Publishers Weekly parmi les douze meilleurs romans policiers de l'année...
Surprenant...
Pour moi, cela ne situe pas le livre à sa juste place : je l'ai vécu comme un magnifique roman « social », un très beau témoignage romancé de la vie dans les réserves, une tranche de vie de personnages bien campés aussi... Et, si l'on y tient vraiment, comme un roman policier.... mais telle n'est vraiment pas sa qualité première, ni, si je ne me trompe, son but !
L'intrigue policière, une affaire d'introduction de drogue dans la réserve, me semble plutôt être prétexte à nous faire vivre et ressentir tous les autres aspects du roman que je viens de citer, et qui en font la singularité et la valeur -l'auteur étant lui-même indien lakota-.

Après cette lecture, on visualise différemment les fameuses réserves, elles prennent soudain davantage de réalité, de profondeur, de relief. L'auteur précise par exemple que des blancs y vivent, ce que j'ignorais. En suivant les personnages, on perçoit, on « vit », le monde à part qu'elles représentent. Monde dépourvu à la fois des traditions et de la modernité, d'une certaine manière.
Coté tradition, cet espace est maintenant deshérité de la plupart des coutumes ancestrales (en partie perdues mais que certains s'acharnent à faire revivre)... le bison noir représenté en couverture, animal emblématique de la vie, de la culture et de l'alimentation indienne traditionnelles, n'est par exemple presque plus consommé dans la cuisine indienne des réserves, envahie par des préparations culinaires non traditionnelles, comme le montre le récit.
La langue lakota est pratiquement tombée en désuétude auprès des jeunes...
Coté modernité, on comprend vite que ce monde est complètement coupé des règles de la vie américaine contemporaine.

Dans cette faille se trouve, entre autres et en particulier, la question de la Justice. La justice tribale est censée se limiter aux petits délits, tandis que la justice fédérale n'interviendra qu'en cas de meutre (et encore, 35% des poursuites sont abandonnées précise l'auteur).
Au milieu : un No mans land, dans lequel sévissent les délits impunis.
D'où l'activité de « justicier autoproclamé » du personnage principal Virgil, activité (métier presque) dont l'auteur prend soin d'expliquer, dans la postface, qu'elle fait partie de la vie quotidienne des indiens dans les réserves. « le problème des autorités fédérales qui refusent d'instruire des affaires de crime sur les réserves est abondamment décrit », écrit David Heska Wambli Weiden. Alors que les enquêteurs fédéraux ont une compétence exclusive sur ces délits.
Ce qui pouvait -et peut- nous choquer, dans cette justice indienne, s'«explique » par ce contexte.

Cette postface est très précieuse pour resituer les événements que nous venons de vivre de manière romanesque dans un cadre réel...
Et le « retour sur terre » est rude !
Elle est riche également en références d'ouvrages à consulter pour creuser le sujet.
L'auteur y explique aussi qu'il a volontairement préservé le secret dans les scènes de spiritualité indienne, ne nous livrant que des détails qui avaient déjà été dévoilés.
Cette manière un peu atypique de faire, en addendum, le lien entre roman et réalité m'a beaucoup interessée et impressionnée.

Autre aspect de l'intrigue, qui m'a particulièrement interpellée : l'utilisation des (rares) subventions accordées au peuple indien. Subventions scandaleusement détournées dans le roman ! Comme très certainement parfois dans la réalité dont s'est inspirée l'auteur...

Attention, le tableau n'est pas uniquement négatif, et montre aussi la solidarité, l'amour qui peut naître et renaitre, l'investissement des jeunes et moins jeunes dans la sauvegarde du peuple indien et de ses conditions de vie !

... Je ressors de ce livre très dépaysée par ce monde clos et habituellement inaccessible, observé grâce à notre guide-auteur... et un peu sonnée de devoir penser que, oui, tout cela se passe bien ainsi de nos jours.

.... Je reviens de cette lecture avec une vision modifiée et enrichie du paysage américain.

Puissance de la littérature... et de ce riche premier roman en particulier !

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Si vous aimez les romans policiers atypiques, si vous avez envie de vous plonger dans le Dakota du Sud dans la réserve indienne de Rosebud, si vous avez envie d'en apprendre plus sur les indiens Lakota en évitant tous les clichés alors Justice Indienne est fait pour vous !

J'avoue que les histoires de justicier façon Charles Branson cela n'a jamais été mon fort. Alors qu'est ce qui a fait que Virgil Wounded Horse m'a plu rapidement ?

Parce que loin d'être une brute épaisse, toutes les choses qu'on apprend par flash back sur son enfance rendent compréhensibles son présent.

Parce que face à son neveu qu'il élève et à Marie, son ex, il montre beaucoup plus de sensibilité qu'on imagine au départ.

Et puis quel plaisir de plonger dans cette communauté dont je ne connaissais quasiment rien, à travers ses racines et son histoire mais aussi à travers sa place aujourd'hui dans la société américaine (saviez vous par exemple que la police fédérale dans la réserve n'enquête que s'il y a un meurtre laissant beaucoup de crimes et de délits impunis ?)
On est très loin des clichés que l'on peut lire parfois en partant à la découverte d'un peuple Lakota qui essaie de vivre dans le monde d'aujourd'hui tout en gardant à l'esprit la conservation de leurs traditions ancestrales.

Si j'ajoute qu'il y a un suspense croissant, la conjonction de destins personnels et d'une question universelle (peut on se faire justice soi même), vous ai-je convaincu de lire ce premier roman de David Heska Wanbli Weiden sublimement traduit par Sophie Aslanides ?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est avec trois ans de retard que j'ai enfin sorti ce roman qui se trouvait dans les 6 premiers titres de ma "PAL Urgente" (des titres datant de mai 2021) !

C'est vous dire mon retard abyssal (ou la quantité de livres que je voudrais lire et qui se trouvent sur la PAL Urgente).

J'ai reporté sa lecture et ce fut un tort, parce que nom de Wakan Tanka, c'était de la bonne came, ce roman noir.

Came n'est peut-être pas le mot le plus approprié, je risque de me faire taper dessus par Virgil Wounded Horse… Il n'aime pas que de la blanche (héroïne) circule dans la réserve de Rosebud (comme le traîneau de Charles Foster Kane et le mot magique pour faire attaquer des dobermans dans un Columbo). Cette réserve indienne est située dans le Dakota du Sud.

Dans ce roman noir, je me suis attachée très vite à Virgil (justicier professionnel) et à son neveu, Nathan, qui a bien du mal à se faire accepter à l'école, parmi les autres Natifs, puisqu'il est sang-mêlé… Oui, dans ce roman, le racisme, la xénophobie et l'imbécilité sont de sortie : pour les Blancs, Nathan est trop Rouge et pour les Natifs, il ne l'est pas assez.

Sérieusement ? Encore une preuve qu'il est impossible que nous soyons les êtres les plus avancés de la Terre. Et dans ces pages, il y aura des véritables morceaux de racistes débiles, qui se croient plus intelligents que les autres, plus "vrais américains" et j'ai eu mal au bide devant certaines insultes, comme "nègre des plaines"…

Ce roman noir n'est pas un polar qui avance sur les chapeaux de roues, que du contraire, il prend son temps, mais je n'ai pas vu le temps passer, tant le récit et tout ce qui se trouvait dedans était des plus intéressants.

En fait, l'intrigue policière n'est pas le but en soi de ce récit. Elle est présente, Virgil enquête, mais c'est le côté social qui est le plus important dans ce roman noir.

L'auteur appartient à la nation Lakota Sicangu et il en profite pour parler de tout ce qui ne va pas dans les réserves, sans pour autant sombrer dans le pathos ou le larmoyant.

C'est avec beaucoup de finesse et sans filtres aucune, que ces problèmes sont incorporés dans le récit, lui donnant de l'épaisseur, de la profondeur et j'ai eu du mal à quitter Virgil, Nathan et Marie Short Bear, l'ex-petite amie de Virgil.

Un excellent roman noir, social, qui m'a emporté dans le Dakota du Sud durant deux jours de lecture intense, totalement immergée dans la culture amérindienne et dans les problèmes des Natifs de cette réserve (et de tous les autres ailleurs).

Rien de reluisant, dans les réserves : beaucoup de misère, d'alcool, de drogues, de chômage, de décrochage scolaire, de racisme de la part des Blancs et même entre eux (ça, c'est dans tous les peuples, l'Homme est ainsi)…

Mais pourquoi ne l'ai-je pas lu plus tôt, moi ?? J'avais une pépite de roman noir dans ma PAL et j'ai reporté sa lecture à la Saint-Glinglin (qui vient d'arriver)…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Lorsque les autorités sont défaillantes à faire régner la justice sur la réserve indienne de Rosebud (Dakota du Sud), vous pouvez compter, moyennant rétribution, sur Virgil Wounded Horse. Il se chargera de flanquer les raclées vous permettant d'obtenir réparation. Il est ainsi engagé pour s'occuper du cas d'un type suspecté de faire entrer des drogues dures sur la réserve...

J'ai été plutôt séduit par ce roman, même si l'on ne peut être que réservé sur le principe qui fonde l'activité de Virgil, se faire justice soi-même. Faut bien reconnaître toutefois que les roustes infligées par Virgil se justifient généralement pleinement... si le rythme est parfois un peu lent, le témoignage sur la vie actuelle des indiens lakotas est intéressant, et les personnages sont globalement attachants. Tout ceci est à confirmer dans l'opus suivant...
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Roman écrit par un Amérindien, ce livre restitue avec réalisme le quotidien de la vie des Lakotas, tribu appartenant au groupe ethnique des Sioux. Situés dans le Dakota du Sud, État sécessionniste en 2007 qui a proclamé la République lakota, les Lakotas ici présentés souffrent - comme tous les Amérindiens - du délaissement imposé par les colons américains, qui - comme l'un d'entre eux m'a dit dans un autre lieu - « leur ont promis une terre pour y vivre mais ne leur ont laissé qu'une terre pour y mourir », tant les ressources naturelles minimales (eau et terre) y sont insuffisantes.

Les abus, les exactions, les crimes ne déclenchent aucune réaction efficace du gouvernement d'État, si bien que la justice se fait à l'Indienne, par l'action d'hommes de main tels que le personnage principal, Virgil Wounded Horse. Ce dernier donne des « leçons » à tout criminel signalé dans la tribu, et à sa façon devient le justicier par excellence.

Jusqu'au moment où il est directement concerné car son neveu, dont il a la charge, s'est fait piéger par des trafiquants de drogue. Nous découvrons la rivalité de deux clans criminels : les trafiquants d'héroïne et ceux de cachets de produits chimiques. Nathan, le neveu, se retrouve au milieu d'une rivalité qui le dépasse et qui a pour finalité d'introduire le commerce de la drogue dans la communauté lakota.
Virgil, aidé de son ex-compagne Marie, va essayer à la fois de protéger Nathan, et d'éradiquer ce fléau que des extérieurs (ou pas) voudraient insinuer dans le peuple lakota, ce qui aurait des effets aussi ravageurs que ceux de l'alcool, fléau connu des tribus amérindiennes.

Enquête de police, règlements de comptes, violence physique alternent avec des moments plus délicats mais il n'en reste pas moins que l'approche de cette ethnie passe beaucoup par des faits révoltants. Les rites et traditions lakotas cohabitent, apparemment plutôt bien, avec le monde moderne. Il n'en demeure pas moins que peu de membres de la communauté parviennent à faire de vraies études, à obtenir un rôle social important. Et quand cela se produit, il est remarquable que l'intérêt de la communauté prime toujours. (L'auteur lui-même est devenu avocat, engagé dans la défense des intérêts de son peuple).

A noter un intéressant retour sur le massacre de Wounded Knee (1890 : l'armée américaine piège les Lakotas dont 153 seront tués, notamment femmes et enfants) dont on peut retrouver le récit dans le livre « Enterre mon coeur à Wounded Knee » de Dee Brown, traduction de Nathalie Cunnington). Dans ma chronique d'alors, je regrettais l'absence d'informations sur le quotidien des Indiens lakotas. Lacune comblée par « Justice indienne » : les deux livres se complètent très bien.

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A propos de "Justice indienne", Tommy Orange a déclaré : "Une merveille. Une brillante méditation sur le pouvoir et la violence, et la preuve de l'ampleur que peut prendre un roman noir. David Weiden est une nouvelle voix puissante." Ainsi adoubé par ce grand écrivain arapaho et cheyenne, David Weiden, membre de la Nation Lakota Sicangu, signe une entrée remarquée sur la scène littéraire américaine avec ce premier roman.

Au fil des pages, nous suivons Virgil Wounded Horse, un justicier improvisé qui règle comme il le peut les crimes commis sur la réserve de Rosebud. La police fédérale n'intervient sur ce territoire que pour les meurtres et que la police tribale n'a simplement aucun pouvoir alors que la violence règne et que l'alcool et les drogues se répandent, en particulier auprès d'une jeunesse en perdition. Etant une grande amatrice de littérature autochtone, je n'ai rien découvert sur la vie dans les réserves mais je trouve que l'auteur fait un très bon choix en mêlant le portrait de cette Amérique à une affaire policière. J'espère que cet angle permettra à des lecteurs pas forcément attirés par le sujet de découvrir une partie de l'histoire des Premières Nations.

Car au-delà de la misère et du racisme, "Justice indienne", comme beaucoup de romans d'auteurs amérindiens, porte le signe d'une incroyable force et d'une inépuisable résilience. Je suis toujours émue à la lecture de ces écrivains qui montrent qu'une guérison est possible par un retour aux traditions, et je suis convaincue que le monde entier devrait s'inspirer de ce cheminement et des solutions qu'il apporte puisque, comme le dit le personnage principal : "Mitakuye oyasin, nous sommes tous reliés."
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Nous partons pour les Etats-Unis, et plus précisément le Dakota du Sud. Les indiens Lakotas vivent dans la réserve de Rosebud. Ils sont la proie de discriminations de la part des autorités fédérales, qui refusent notamment d'instruire la plupart des crimes commis dans les réserves. du fait des moyens très limités de la police tribale, les seuls recours offerts aux victimes sont des justiciers autoproclamés qui, en échange de quelques billets vont se charger de les venger. Virgil Wounded Horse est justement l'un d'eux. Il va devoir enquêter sur une affaire de trafic de drogue qui va l'impliquer, lui et ses proches, beaucoup plus qu'il ne l'aurait pensé au départ. Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous révéler toute l'intrigue.

« Justice indienne » est un roman à la tonalité assez sombre. Sa peinture de la vie des indiens Lakotas dans leur réserve met bien en évidence tout à la fois la pauvreté, les mauvais traitements de la part des autorités fédérales et l'effacement progressif de leurs traditions. L'auteur revendique d'ailleurs avoir intégré dans son intrigue des évènements historiques et contemporains réels pour nous proposer un tableau fidèle de sa perception de la vie dans une réserve, aussi bien concernant l'existence de justiciers autoproclamés que les défaillances des autorités fédérales. le livre constitue un véritable hymne dédié aux indiens Lakotas, leur histoire, leur mode de vie et leurs traditions. Sa progression suit un rythme relativement lent, avec quelques longueurs par moments. Cependant, le dernier tiers du livre vient conférer à l'ensemble sa cohérence et transcender l'histoire et le parcours de Virgil Wounded Horse. Un homme qui devra réussir à réconcilier traditions ancestrales et modernité pour accomplir sa mission, et par là même trouver comment se définir en tant que Lakota dans l'Amérique du 21ème siècle.

En bref, une peinture sombre mais pas dénuée de motifs d'espoir de la vie des indiens Lakotas pour une très belle découverte que vous prendrez certainement beaucoup de plaisir à parcourir.
Lien : https://mangeurdelivres.word..
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Une lecture très intéressante, assez noire, avec aussi pas mal d'action. On s'intéresse à la tribu Lakota, dans une réserve indienne du Dakota du Sud. Il y règne la loi du plus fort, la corruption et diverses addictions. Il n'y a pas de travail, peu d'avenir pour les jeunes et beaucoup de racisme. Les indiens sont tiraillés entre l'attrait de la modernité et le respect de leurs traditions ancestrales. le choix n'est jamais gagnant. C'est très sombre mais l'action fait que la lecture n'est jamais pesante, même si la réalité décrite est terrible. Les personnages sont bien campés et attachants. Je verrai bien une suite, pourquoi pas, que je lirai avec plaisir.
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