L'ouvrier qui, à l'usine, contraint à une obéissance passive, a un travail morne et monotone, "trouve le temps long", ou qui ne se croit pas fait pour le travail manuel, ou qui est persécuté par un chef, ou qui souffre, à la sortie, de ne pouvoir se procurer tel ou tel plaisir offert aux consommateurs bien munis d'argent, songe à la révolution. Le petit commerçant malheureux, le rentier ruiné tournent les yeux vers la révolution. L'adolescent bourgeois en rébellion contre le milieu familial et la contrainte scolaire, l'intellectuel en mal d'aventures et qui s'ennuie, rêvent de révolution. L'ingénieur heurté à la fois dans sa raison et dans son amour-propre par la prédominance des considérations financières sur les considérations techniques, et qui voudrait voir la technique régir l'univers, aspire à la révolution. La plupart de ceux qui ont vivement à cœur la liberté, l'égalité, le bien-être général, qui souffrent de voir des misères et des injustices, attendent une révolution.