Ce tome en couleurs regroupe les épisodes 1 à 12 de la série "Tomb of Dracula" paru d'avril 1972 à mars 1973.
Frank Drake a hérité d'un château en Transylvanie et il s'y rend en compagnie de son ami Clifton Graves et sa dulcinée Jean. Une fois installés au château, après avoir été pourtant bien prévenus de sa réputation par les villageois, ils explorent et Clifton découvre le cercueil de Dracula du corps duquel il arrache le pieu fiché à la place du coeur dans un geste de bravade. Il faut peu de temps pour que la fiancée finisse vampirisée.
Frank Drake décide alors de rentrer en Angleterre avec le cercueil de Dracula espérant l'avoir ainsi neutralisé en le privant de sa couche. Dracula a suivi et bientôt la pauvre Jean meurt sous les rayons du soleil. Alors que Drake s'apprête à se suicider pour échapper aux conséquences de l'existence des vampires, il est arrêté dans son geste par Rachel van Helsing et Taj Nital qui sont des chasseurs de vampires. Une actrice vieillissante réussit à piéger le comte et à l'envoyer dans une autre dimension d'où il ressort à un autre endroit et à une autre époque avec Nital en remorque.
Après un retour en bonne et due forme à notre époque, le comte Dracula retrouve son ennemi de toujours : Quincy Harker. Ce dernier dispose d'un arsenal très efficace contre les vampires et il est un combattant qui compte bien qu'il soit en chaise roulante. Un autre chasseur de vampire va faire son apparition dans l'épisode 10 : Blade (qui sera incarné à l'écran des années plus tard par Wesley Snipes dans Blade Trilogie).
En 1971, l'autorité de censure des comics (Comics Code Authority) accepte de tolérer l'existence d'histoires d'horreur incluant la présence de monstres diverses et variés dont les vampires.
Marvel Comics décide de lancer un titre en s'appuyant sur un personnage bien connu du grand public et libre de droits. Les 2 premiers épisodes sont écrits par
Len Wein. Les épisodes 3 et 4 sont écrits par
Archie Goodwin et les épisodes 5 et 6 par
Gardner Fox. Les épisodes 7 à 12 sont écrits par
Marv Wolfman qui restera scénariste de la série jusqu'à sa fin au numéro 70 en août 1979.
Les 4 premiers épisodes forment un tout logique d'une étonnante cohérence. Wein et Goodwin savent où ils vont et il n'y a pas de solution de continuité entre leurs 2 histoires. Ils ramènent à la vie Dracula dans le monde moderne, tout en établissant ses adversaires récurrents.
Gardner Fox raconte une histoire de transition divertissante. Par comparaison
Marv Wolfman semble tâtonner dans les épisodes suivants. Ses histoires sont poussives avec des invraisemblances dures à avaler. Il se désintéresse du folklore vampirique pour se contenter de jouer sur quelques éléments d'horreur (les enfants hypnotisés, l'homme prisonnier de son caisson respiratoire, etc.) pour aligner les affrontements successifs. Chacun des 4 scénaristes dépeint Dracula comme un noble empli d'une grande fierté et mordant à belles dents. Ils établissent la peur de la croix, l'impossibilité de supporter la lumière du soleil, la soif de sang comme une addiction, la force surhumaine, la capacité de se transformer en chauvesouris et de commander aux rats. Mais l'horreur reste limitée à montrer comment ces monstres mettent fin à des vies prometteuses juste pour étancher leur soif inextinguible. Il y a encore quelques épisodes à venir avant d'arriver à l'horreur gothique de la série.
Dès le premier épisode, les dessins sont confiés à
Gene Colan (encore appelé Eugene Colan à l'époque). Et c'est lui qui donne une identité graphique si forte à la série.
Gene Colan n'est plus un débutant quand Marvel lui confie la série, il est dessinateur professionnel de comics depuis 1948. Son style présente 2 particularités très marquées. Tout d'abord il a recours à de gros à-plats de noir qui noient certains détails, mais qui donnent un poids aux éléments vestimentaires ou décoratifs. Avec ces surfaces noires, la nuit se peuple de créatures qui se tapissent dans l'obscurité, dans des recoins non éclairés. Ensuite il a développé un mode de représentation du mouvement qui lui vaudra le qualificatif de dessinateur cinématique, c'est-à-dire à la fois de représenter la vitesse, mais aussi dessiner un personnage au milieu d'un geste, d'un bond, d'une chute avec une sensation de déplacement irrésistible. Dans ces 12 épisodes ses dessins sont alternativement encrés par Vince Colletta, Ernie Chua, Jack Abel et
Tom Palmer (pour 6 épisodes). Les différences entre les encreurs sautent aux yeux : en particulier
Tom Palmer est le seul à respecter et à accentuer les lourdes ombres des crayonnés de
Gene Colan. Les autres sont dans un registre d'encrage plus traditionnel avec des à-plats de noir allégés. Dès ces premiers épisodes, le travail de Gene Colan est remarquable par sa vie et son mouvement. Il a conservé quelques raccourcis empruntés à
Jack Kirby : les zones de choc non dessinées et signifiées par des traits d'ondes de chocs. Il a une tendance marquée à l'exagération : la taille improbable des canines des vampires. Il mélange les styles architecturaux dans une bouillie parfois indigeste, souvent peu crédible. Mais sa maîtrise du mouvement avec une fluidité incomparable est déjà en place et transfigure les scénarios un peu bancals en des aventures nocturnes périlleuses et effrayantes. Sa capacité à résumer un vêtement, un lieu par deux ou trois détails frappants marque l'imagination.
Tout n'est pas encore en place dans ce début prometteur : scénario sans direction pour la deuxième moitié, valse des encreurs diminuant l'impact des dessins de
Gene Colan. Cependant les forces de cette série apparaissent déjà et prendront plus de force dans Tomb of Dracula - Volume 2.