C'est horrible mais la lecture d'
Irvine Welsh est totalement jubilatoire. On rit de scènes glauquissimes et d'un réalisme atroce : Rent dans les toilettes du PMU, Stevie sur un quai de Gare au nouvel an, Rent à l'enterrement de son frère (certainement un des plus beaux passages), Rent en cure de détox, Spud lors d'un petit déj mémorable avec les parents d'une jeune fille, Franco provoquant une bagarre dans un pub…
Pourquoi ? L'écriture est belle et le livre parcouru d'une énergie hallucinante. Chaque court chapitre est écrit du point de vue d'un des jeunes adultes de la mythique petite bande de
Trainspotting. Franco, psychopathe, violent ; Sick Boy, cynique, obsédé sexuel, charmeur ; Spud, sensible, poète (à sa façon) ; Rent, proche de Spud, mais qui parvient à se construire, à quitter son statut de victime, quitte à employer des moyens peu louables.
Chacun sa langue, ses expressions, sa vision du monde (variable selon le degré et la nature des substances ingurgitées), ses relations avec les autres membres du groupe (la tension dès que Franco fait son apparition vous électrisera).
On est immergé dans leurs courses effrénées vers le plaisir que procurent les shoots, leur douleur pendant les crises de manque et cette atmosphère euphorique de fêtes et de soirées qu'on enchaîne les unes après les autres.
Même, si la plupart des gens n'ont heureusement pas été aussi loin, l'identification fonctionne à merveille car Welsh est parvenu à une sorte d'universel contemporain de la post-adolescence des années 80-90.
La dimension sociale et politique est également présente avec les allusions au conflit entre Catholiques et Protestants, à la rivalité entre Edinbourg et Glasgow, sans compter les réflexions plutôt iconoclastes sur le nationalisme écossais.
Lien :
http://polaroides.blog.lemon..