Ma biographie, c’est de la merde…une histoire pour livre de poche populaire. L’interlude religieux, le rapprochement raté avec les parents, l’épouvantable secret dans mon passé, les coucheries carriéristes, les trahisons, les lieux de tournage clinquants, les paillettes des mariages foireux, les problèmes liés aux anti dépresseurs et tout le bordel.»
Lorraine, une de ses femmes, la plus intellectuelle de toutes, lui a dit un jour en se promenant le long de la plage de Malibu où il habite:
- Tu possèdes un merveilleux talent, chéri. Ton talent t’a lancé mais maintenant c’est notre époque seule qui te fait aller de l’avant. Il y a un autre pilote aux commandes. Tu n’es plus sous ton seul contrôle.
- A bien des égards, tu es un monstre d’un appétit puéril vorace. Et cependant en même temps tu es le bouffon sacré de Dieu, le monstre sacré, l’innocent épargné par la cruauté de la réalité. Tu peux être le héros, incroyablement fort et cependant, même moi, je ne connais pas les abysses de ta vulnérabilité. Et cependant, chéri, à bien des égards tu peux aussi représenter le mal ; L’innocent et le pourfendeur de l’innocence étroitement imbriqués en une seule entité d’une grande puissance de séduction. Et cependant, avec quelle facilité tu portes ce fardeau.
La plage ici, dans le brouillard, était déserte, inviolée, intemporelle.Il n'était pas possible de deviner quelle heure de la journée c'était, hormis pour affirmer que c'était bien le jour, car le soleil, quelque part, très loin, engendrait dans la brume une luminescence nacrée de sorte que chaque goutte d'humidité en suspension était distincte et différenciée comme autant de béryls d'un gris argent parfait.Dans cette lumière comme voilée d'une gaze, la large plage marron clair était aussi immaculée qu'au premier soir de la Création, et la mer qui clapotait sur le rivage dans un murmure discret, avait la texture grise du fusain rehaussée de traînées blanches.