Citations sur Franz et François (45)
Depuis d e mois, je pensais à lui comme à quelqu'un d'inamical et d'hostile Je l'imaginais avec un visage malveillant, et je le retrouvais paisible, détendu, comme s'il était entré dans la mort par césarienne.
Il avait arrêté de fumer pour ne pas mourir, et ça n'avait servi à rien, sauf à lui gâcher les derniers mois de sa vie.
- Vous devriez renoncer à votre agaçante tendance à vouloir tout élucider et tout comprendre, m'avait dit le Dr Zscharnack (c'était son leitmotiv : chaque fois que je comprenais quelque chose avant lui, il m'arrêtait avec ses "pas si vite, pas si vite !")
Il avait si peu l'habitude qu'on lui tienne tête. C'est en évitant de l'affronter que j'ai acquis la conviction que le pire service qu'on puisse rendre à quelqu'un, c'est de l'approuver quand on n'est pas d'accord avec lui, une approbation qu'on donne par paresse ou par peur, par indifférence ou même par mépris.
- Des femmes m'nt dit "François" sans y attacher la moindre importance, et mon coeur à chaque fois bondissait. Être bouleversé à ce point quand une interlocutrice finit ses phrases par un "François" qui n'a pas plus de valeur pour elle que n'est-ce pas" ou "tu vois", ce n'est pas normal.
Dans sa bouche, mon prénom devenait une formule incantatoire. Je découvrir ce soir-là qu'il suffirait dorénavant qu'une femme dise mon prénom d'une voix tendre pour que tout bascule et que je devienne instantanément amoureux d'elle, quitte à corriger le tir par la suite, la condition nécessaire restant malgré tout que cette femme me plaise. Mon prénom dans la bouche d'une femme m'excite.
J'étais devenu onaniste comme on devient pianiste, ébéniste ou bouquiniste, par vocation, par goût, par besoin d'exercer un métier ou pour prendre la succession de son père bien qu'on n'ai jamais lu sur e papier à en-tête d'ne firme : "Onanistes, de père en fils."
Il paraît que même dans le coma, l'être humain reste sensible à son prénom si on le lui dit à l'oreille. Un prénom n'est pas rien, dans la vie de quelqu'un. Je trouve surprenant qu'on en ait inventé si peu.
Il en va des librairies comme du whisky : ce sont des passions auxquelles il vaut mieux s'adonner seul Pendant qu'on boit un single malt de qualité de quarante ans d'âge, ce serait dommage de se déconcentrer en bavardant avec quelqu'un.
Il fallait qu'il se lève, sinon il allait de nouveau tomber dans une crise de monologue intérieur. Quand on se réveille, on est capable de penser en quelques secondes à plus de choses que pendant toute la journée qui va suivre.