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Citations sur Dans l'hiver des villes (8)

car tu dois apprendre, même toi, ce que nous avons appris,
qu’il est des choses destinées par leur nature à ne pas se réaliser,
mais seulement à être désirées et poursuivies un temps puis abandonnées.

Tu dois apprendre, même toi, ce que nous avons appris,
la passion qui existe en ce moment pour le déclin,
l’impulsion à tomber qui succède au jaillissement de la fontaine.

for you must learn, even you, what we have learned,
that some things are marked by their nature to be not completed
but only longed for and sought for a while and abandoned.

And you must learn, even you, what we have learned,
the passion there is for declivity in this world,
the impulse to fall that follows a rising fountain.

La descente d’Orphée / Orpheus Descending
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Le sucre en canne

Je suis le poivre rouge dans sa membrane,
Le pain qui attend le boulanger.
Je suis le sucre doux dans la canne,
Que rien sinon la pluie n'a touché.
Si tu me touches que Dieu te sauve !
Ces jours d'été sont bleus et chauds.

Je suis des patates pas encore mâchées,
Un chèque qu'on n'a pas encaissé.
Je suis une fenêtre avec un store,
Tu ne peux rien voir depuis dehors.
Si tu le fais Dieu sauve ton âme !
Les nuits d'hivers sont bleues et froides !
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À quinze ans ma soeur
ne m’attendait plus
en trépignant au coin de la pharmacie White Star,
elle plongeait tête la première dans la découverte, l’Amour !

Puis elle a complètement disparu –

car une explosion d’amour, considérée comme une démence
précoce,
a dévoré de lumière son coeur transparent toute une saison
jusqu’à le brûler, lampion de papier !

– arraché de sa corde !
– dégringolé sur une tente !

vacillant trois fois, paraissant presque crier…
Ma soeur a été plus rapide que moi en tout.

//

At fifteen my sister
impatiently at the White Star Pharmacy corner
but plunged headlong
into the discovery, Love !

Then vanished completely –

for love’s explosion, defined as early
madness,
consumingly shone in her transparent heart for a season
and burned it out, a tissue-paper lantern!

– torn from a string!
– tumbled across a pavilion!

flickering three times, almost seeming to cry…
My sister was quicker at everything than I.

Recuerdo, III. Lampion de papier / Recuerdo, III. The Paper Lantern
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Finalement, faute d’autres arguments, je lui ai dit :
Regarde-moi !
C’est une chose que je n’avais jamais rêvé de faire.
Il me semblait être né en sachant que je devais me cacher
là où les autres consentent ou cherchent à être observés.
À présent, sans préparation, sans même un essai en privé,
je dois exposer,
les chaudes chairs meurtries par-dessous
et lui indiquer
les délicates mutilations,
le maillage des veines
qu’a brisé une soudaine congestion,
où le sentiment a fait tournoyer
ces petites bobines obscures en moi !

I said to him, finally, other arguments failing,
Look at me!
This was a thing I had never dreamed of doing.
It seemed I was born with knowing I had to be covered
as others from birth accept or seek out watchers.
Now, without preparation, without even trials in private,
I had to expose
the hot bruised flesh underneath
and point out to him
the delicate mutilations,
the webs of veins
that had broken from sudden congestion,
where feeling had whirled
those tiny dark spools in me!

Les Peintres dangereux / The Dangerous Painters
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Les yeux sont les derniers à s’en aller.
Ils restent longtemps après que le visage a disparu hélas
dans les chairs dont il est fait.
La langue dit au revoir quand les yeux s’attardent
en silence,
car ils sont les derniers chercheurs à renoncer à leur quête,
ceux qui restent là où les noyés sont rejetés
sur le rivage,
après le départ des lanternes, sans un au-revoir…

The eyes are last to go out.
They remain long after the face has disappeared regretfully
into the tissue that it is made of.
The tongue says good-by when the eyes have a lingering
silence,
for they are the searchers last to abandon the search,
the ones that remain where the drowned have been washed
ashore,
after the lanterns staying, not saying good-by…
Les Yeux / The Eyes
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Et la jeunesse avec honte
s’écarte de qui l’aime,
baisse les yeux et couvre
le lustre de sa nudité,
tousse et ne peut rendre le regard bien-aimé.

And youth from his lover
draws apart in shame,
looks down and covers
the luster of his nudity,
coughs and cannot return the beloved look.

Vieux avec canne / Old Men With Sticks
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De fer est l'hiver

De fer est l'hiver, verrouillé côté sud,
fermé à la montagne où le printemps se nourrit ;
mais toujours notre sang est sacré ; de l'aimé
la bouche et la langue nous sont pain bénit.

D'acier est le glacier et les champs de neige
sont enclos de sapins que ne perce aucun bruit ;
ces forêts respirent, leurs géantes narines blanches
soufflent le givre aux clochers ; la ville dort tranquille.

Les héros gelés dont les terribles blessures
sont des roses sculptées dans la mer de glace
somnolent tels des enfants aux calmes chambres bleus,
et leurs lèvres sourient de conseils incroyables.

Qui est cet arrivant qui vient détruire la neige,
dont la trace apparaît triangulaires et vaste ?
Entraperçu, le démon à face de robot
explose dans la pensée à l'instant où il passe.

Nous n'entendons d'alarme, mais nous nous éveillons ;
au-dessus de nous crie à tue-tête l'infini ;
la terre s'ouvre, nos corps se rencontrent et brûlent
et dans nos bouches nous dégustons le pain bénit.
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L'homme de la rue

Je suis allé à la maison de l'homme de la rue,
J'y ai trouvé sa compagne.
Je lui ai demandé : Où est l'homme de la rue ?
Elle a dit : L'air libre est son chez soi.

Je lui ai dit : A quoi ressemble-t-il ?
Elle a dit : Aucune femme ne sait.
Il pleurnichait un peu quand
sous mes draps il s'est glissé.

Il s'est couché sur moi tel un oiseau,
dit-elle avec un brin de dérision.
Bon, dans l'empressement de ses ailes
à peine s'il a prononcé mon nom !

Et lorsqu'il est parti, étiez-vous triste ?
Oh non, à peine en ai-je eu conscience...
Elle s'est levée, est allée à la fenêtre,
indolente et immense...

Puis tout à coup, son corps s'est brisé
comme une pierre, en deux parties,
et quand l'oiseau sauvage s'est échappé :
C'est l'homme de la rue, a-t-elle gémi.
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