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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après la guerre de 1870, qui a vu l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne, la famille De Brunhoff choisit son camp en s'installant à Paris. Mais c'est dans l'effervescence de ce début de XXème siècle que les enfants vont se révéler. Cosette la fille aînée épouse Lucien Vogel, un journaliste et éditeur sans fortune mais avec un instinct artistique et un esprit d'entrepreneur hors pair. Il va très vite développer le magazine américain Vogue en France. le couple Vogel, anticonformiste fréquente tous les artistes, Picasso, Cocteau, le photographe Steichen, les ballets russes de Diaghilev, et reste au coeur des mouvements artistiques, cubisme, fauvisme, l'art nouveau, qui explosent dans les années précédant la première guerre mondiale. Lucien Vogel, créé un nouveau magazine "la Gazette du bon ton" dont la direction est confiée à son beau-frère, Michel de Brunhoff, génial créatif qui sait s'entourer des meilleurs professionnels, n'hésitant pas à confier des responsabilités à de jeunes artistes (Lee Miller mannequin deviendra sous la houlette de Michel, photographe) mais restant intransigeant sur la qualité du magazine même pendant la deuxième guerre mondiale avec les restrictions sur le papier, ou l'interdiction d'employer des juifs. Jean, le cadet de la fratrie, de santé fragile et après la première guerre mondiale, peine, lui, à trouver sa voie, il se voit artiste peintre, tout en prenant conscience qu'il n'a pas le talent qui lui permettrait de s'exprimer complètement et c'est en écoutant sa femme inventer une histoire d'éléphant à un de ses fils qu'il va créer le personnage de Babar, qui va rapidement connaître un succès mondial considérable. Mais la famille De Brunhoff, c'est également la fille de Michel, Marie-Claude, surnommée MaÏco qui va épouser les idées communistes de son ami Paul Vaillant couturier et qui sera persécutée et envoyée à Auschwitz, où, grâce à sa parfaite maîtrise de la langue allemande, va sauver d'autres femmes d'une mort certaine. Survivante des camps, elle témoignera en janvier 1946 au procès de Nuremberg, avant d'embrasser une carrière politique de députée communiste en France. D'autres membres de la famille se sont distingués artistiquement et politiquement.

Dans La splendeur des Brunhoff, Yseult Williams retrace avec beaucoup de talent, la destinée extraordinaire de cette famille qui a connu et surtout a participé à tous les évènements marquants du début du XXème siècle et a permis l'épanouissement des mouvements artistiques majeurs en encourageant artistes et créateurs. Autant que l'histoire d'une famille c'est l'histoire de la presse de la mode avec des membres de la famille qui ont toujours été à la pointe des tendances et ont permis, en tant que mécènes avertis, à de nombreux créateurs Lee Miller, Christian Dior, Yves Saint Laurent, d'émerger et d'exister.
Un coup de coeur
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Un détour par Babar, pour nous faire vivre
une fresque d'une fracassante gravité.
Évoquer Babar le roi des éléphants, c'est aussi évoquer deux auteurs, son créateur Jean Brunhoff, et surtout son fils Laurent, qui réalisa la plus belle et la plus célèbre aventure de la littérature enfantine.
En parcourant les premiers jours de Babar, l'auteur offre à nos yeux les tourments de Jean, celui qui fréquentait les maisons de repos, les sanatoriums, plus que les salons parisiens et encore moins les maisons d'édition.
Yseult Williams en écrivant la splendeur des Brunhoff a eu l'excellente idée de fouiller la mémoire de la famille, et d'en extraire avec Mathieu le fils de Jean, et Marion la fille de Michel, le contexte de chaque époque traversée, et les conditions dans lesquelles un jour est né Babar.


Mais les découvertes de Williams ne s'arrêtent pas à cette saga éditoriale, car il va de surprise en surprise, de surprenantes apparitions en douloureuses disparitions.
Cette chronique explore quelques clés, pour imaginer la richesse de cet apport, sans en dévoiler l'essentiel.


Le monde de la mode s'organise au début du XXe siècle, Maurice Brunhoff, grand lettré devient le patriarche de ce clan. Maurice de Brunhoff, n'est-il pas le héros déguisé du roman Tutu, publié en 1891 par l'éditeur des Chants de Maldoror.
Il s'attache à devenir un acteur essentiel de la vie culturelle de la capitale à l'heure où il y a toujours quelque chose de nouveau à Paris qu'il s'agisse des Ballets Russes ou des premiers défilés de mode.

N'a-t-on pas écrit que sa mère, la jolie Ida de Brunhoff, pourrait même descendre en droite ligne d'Oscar 1er de Suède, le fils de Jean-Baptiste Bernadotte… 
Maurice intègre le cercle fermé des Alsaciens de Paris.


Cependant la première guerre mettait un point d'arrêt temporaire au business de la mode, pendant que la peinture moderne, et la peinture contemporaine qu'illustra notamment Duchamp, donnait à la place de New York, sans contraintes guerrières une part nouvelle dans l'évolution de la peinture, au détriment de Paris qui jusque-là avait un statut inviolé.
Dans les années 20, Paris grâce au travail acharné du clan Brunhoff sera à l'initiative de projets structurels essentiels pour nos futures maisons de couture.


Leurs trois fils, Jacques, Michel et Jean, fréquentaient d'ailleurs l'école alsacienne, aux marges du faubourg Montparnasse, tandis que leur fille aînée Cosette, rencontrait Lucien Vogel, le fils d'un Allemand marxiste qu'elle épousa contre la volonté de ses parents en juillet 1908. Ils deviennent, dans les années 1920, une référence dans le monde de la presse. L'émergence de plusieurs revues, est détaillée et racontée avec des anecdotes d'une surprenante actualité.


Lucien Jeune rédacteur en chef d'Art et Décoration, une revue spécialisée dans les arts décoratifs, embauche son beau-frère, Michel Brunhoff.
Inséparables, ils vivent à fond cette "Belle Époque", durant laquelle ils côtoient aussi bien Picasso que Satie, Cocteau que Paul Poiret et Coco Chanel, puis misent sur la puissance de la photographie, en travaillant avec Man Ray, Berenice Abbott ou Lee Miller.


Lucien Vogel se voit confier par Condé Nast la création de l'édition française de Vogue, tandis que Michel est mandaté pour sauver la version britannique, en déroute financière
Ces éditeurs de génie ont créé les premières revues de mode au croisement de tous les arts : La Gazette du bon ton, le Jardin des modes, Vogue. Vu,


L'illustre magazine de photoreportage, Vu sera le premier à publier des photographies des CAMPS de concentration dès 1934.
Ce n'est pas un hasard si la fille de Julien, Marie-Claude, dite "Maïco", reporter de la première heure aux côtés de son père, tombe bientôt secrètement amoureuse de Paul Vaillant-Couturier, L'un des fondateurs du parti communiste, Déportée, elle témoigna au procès de Nuremberg.


En ayant réalisé après 1940 malgré les interdits, la diffusion de Vogue dans des conditions épiques et hasardeuses, le clan Brunhoff assurait à Paris sa pérennité, place que New York mis toutes ses énergies à contester.
La famille élargie paya un lourd tribut au fanatisme nazi, en témoigne la perte du fils de Michel et Marcelle, Pascal, si jeune lycéen engagé dans la Résistance, fusillé juste avant la Libération.


Ce livre constitue un apport considérable à la vision que l'on peut avoir sur l'impact des deux guerres sur les arts et la culture.
Paris a faillit tout perdre, entre les mains des allemands, puis entre les doigts des financiers New Yorkais.
Des collaborateurs, des déserteurs, quelques artistes peu scrupuleux, des surréalistes aveuglés par leur pacifisme, auraient facilement laissé une place vide pour nos amis américains.
Un récit historique passionnant, la puissance des éléments scrupuleusement agencés et restitués, est d'une inestimable valeur.
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C'est du destin hors du commun de ces enfants dont il va être question dans ce livre.
Cosette épouse Lucien Vogel qui sera l'éditeur emblématique du magazine Vogue en France, qui va inventer le photoreportage et va révolutionner à jamais le domaine de l'édition en regroupant autour de lui tout ce qui compte de génies et de personnalités du monde de la mode, des arts, de la littérature, de la politique et fera basculer le magazine dans la modernité.
Cosette et Lucien auront deux filles, Nadine et Marie-Claude surnommée « Maïco » qui deviendra Marie-Claude Vaillant Couturier, première à avoir pris des photos du camp de Dachau, rescapée des camps d'Auschwitz et de Ravensbrück qui poursuivra une carrière politique et sera députée du PCF.
Jean, quant à lui sera le créateur de Babar, personnage français le plus connu dans le monde, vénéré au Japon.
Michel travaillera avec son beau-frère Lucien à la direction de Vogue et tout comme Lucien, sera déterminant, en tant que découvreur de talents, dans la carrière de Christian Dior et d'Yves Saint Laurent, entre autres, qu'il mettra sur orbite.
Aux côtés de cette famille exceptionnelle, nous avons traversé deux conflits mondiaux (la Grande Guerre et la seconde guerre mondiale), nous avons vécu également l'occupation de Paris , les restrictions, la résistance et la reprise économique de l'après-guerre, tout cela au travers du monde de l'édition, des arts, de la mode, de la littérature et de la politique dont la majorité des protagonistes gravitaient autour de la famille De Brunhoff.
Ce livre, très documenté est un récit édifiant de l'histoire d'une famille hors norme.
Dans un autre livre « On l'appelait Maïco », Yseult Williams met tout particulièrement le focus sur Marie-Claude de Brunhoff, qui épousa de Paul Vaillant Couturier et eut un destin exceptionnel.
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La vie des Brunhoff m'a beaucoup touché, une Famille unie, au coeur généreux, créatrice et au destin incroyable. Leur parcours n'a pas toujours été un long fleuve tranquille : les guerres, la lutte contre le fascisme, les camps de concentration, la maladie....
C'est le résumé de plus 60 ans d'histoire. On rencontre tout au long des pages le monde de la haute couture, de la presse, du cinéma, des personnalités à foison....Dior, Apollinaire, Cocteau, Chanel, St-Laurent, Picasso...et bien sûr Babar.
C'est passionnant, ça ce lit comme un roman.
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Très riche traversée d'un XXe siècle un peu élargi à travers le récit richement documenté de la vie de cette famille aux multiples engagements artistiques ou politiques. Des créateurs de Vogue à Marie-Claude Vaillant-Couturier, en passant par Babar de père en fils, on suit avec intérêt ces destins mêlés à l'Histoire et c'est passionnant.
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Ce livre figurait depuis de longs mois dans ma liste de lecture après sa présentation dans Télématin par Olivia de Lamberterie qui avait réussi à toucher ma curiosité pour cette famille. Et je n'ai pas été déçue. Quel destin : de la belle époque, à Babar, des camps de concentration à Yves Saint Laurent, les membres de cette famille ont tout connu ou presque et l'écriture fluide nous emporte avec eux dans les tourbillons du siècle passé par la lorgnette de l'art, de la mode, de la presse et de la politique. Une belle découverte et une lecture bouleversante sous beaucoup d'aspect. Un pan d'histoire à elle toute seule, je recommande la lecture de cette biographie familiale.
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Bien sur, tout le monde, au moins de ma génération, connaît le nom De Brunhoff, tout le monde a lu, pour soi même ou pour ses enfants ou petits enfants, un Babar, au moins un.. si ce n'est plusieurs !
Bien sur il s'agit de Jean de Brunhoff, mais c'est à peu près tout ce que l'on sait de lui ou de sa famille.
Quelle plongée dans le vingtième siècle et quelles découvertes !
Des magazines, connus du monde entier, qui se dessinent sous nos yeux, des combats quotidiens et répétés pour les faire vivre et résister aux attaques américaines ou allemandes, des dessinateurs de grand talent et de renommée mondiale.
A plusieurs reprises je suis allée chercher des confirmations sur telle ou telle femme citée et un nom qui revenait souvent chez nous, une partie de ma famille était communiste, c'était Marie Claude Vaillant Couturier et .. jamais je n'en avais eu vent !
Passionnant intellectuellement, ce livre est une mine de moments d'histoire inoubliables, force détails nous ramènent en arrière et nous promènent le long de ce XX siècle.
A vrai dire, les personnages que nous rencontrons sont tellement nombreux, célèbres et remarquables que nous trouvons tous chaussure à notre pied, un sujet qui nous passionne plus qu'un autre, un choix d'artiste, musicien, peintre, sculpteur ou musicien qui nous accroche et que nous suivons pas à pas !
La vie chez les Brunhoff, que ce soit Cosette, l'unique fille, Jacques, Michel ou Jean n'est pas de tout repos ! C'est une atmosphère bouillonnante, une ambiance chaleureuse et entraînante qui nous emporte, ils seraient plutôt ce qu'on appellerait maintenant des bobo,,donc des bourgeois bohèmes, plutôt à gauche ou franchement encartés, faisant évoluer les journaux ou magazines qu'ils ont créés de façon novatrice, intercalant des articles politiques de fonds dans les pages Haute couture !
Un grand pas !

N'hésitez pas, foncez, plongez.. vous ne regretterez pas d'y avoir passé plusieurs heures ! de plaisir !
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Epopée familiale des Brunhoff, fondateurs de Vogue France, amis des grands artistes, créateurs de Babar, résistants,... la liste est longue et cette véritable saga n'en fini plus de surprendre et d'impressionner.
Yseult Williams livre une très belle biographie, pleine de détails tant sur la grande que la petite histoire.
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