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D`Israeli (Illustrateur)
EAN : 9781782760092
120 pages
Titan Comics (18/11/2014)
4/5   1 notes
Résumé :
Imagine a world where everyone has superpowers. That is, except you. You are the same old turgid, miserable, lonely loser you've always been.

But when it comes to superpowers, apparently you can indeed have too much of a good thing. With everyone able to destroy tower blocks with a single punch, any minor fracas escalates into a city-leveling combat, and the world is now in ruins as terrorism and war threaten the very survival of the planet.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s'agit d'un récit complet, indépendant de tout autre. Il est initialement paru dans les numéros 340 à 345 du périodique Judge Dredd Megazine, en 2013. le scénario est de Rob Williams, les dessins, l'encrage et la mise en couleurs de D'Israeli (de son vrai nom Matt Brooker). Ce tome s'ouvre avec une courte introduction (4 petits paragraphes) de Warren Ellis, rédigée en juin 2014, vantant le talent de l'artiste (avec qui il déjà collaboré pour une histoire courte Lazarus Churchyard) en progression constante, et l'angle de vue original du scénariste. le tome se termine avec la série de couvertures alternatives réalisées par Edmind Bagwell, Ben Oliver, Laurence Campbell, Briang Ching & Michael Atiyeh, Brendan McCarthy, Neil Googe, Dom Reardom, Henry Flint, Alison Sampson & Ruth redmond, James Harren, Ale Aragon, Mark Buckingham. Il y a enfin une postface de 4 pages rédigée par JV Chamary, un écrivain et un docteur en biologie.

Michael Fisher est un homme d'une trentaine d'années qui habite dans le quartier Queens à New York. Il est en train de rêver d'une scène romantique sur un lit avec Scarlett Johansson quand son téléphone le réveille en sonnant. C'est son chef, le propriétaire de l'entreprise de plomberie dont Michael est l'unique employé qui l'admoneste parce qu'il n'est pas au rendez-vous. Michael Fisher lui promet d'être là dans les 20 minutes qui suivent, en s'excusant profusément. En sortant, il se heurte à 2 malabars se faisant appeler Dum et d'(évoquant TweedleDee et TweedleDum) qui lui rappellent qu'il doit $200 à un dénommé Haka qui se trouve aussi sur le chemin de Michael. Ce dernier promet tout ce qu'ils veulent et prend un taxi pour arriver plus vite dans l'appartement de madame Grayson qui est en train de raconter sa vie à Brian (le chef et collègue de Michael) qui commence à sentir ses neurones mourir un à un. Brian peut enfin aller s'occuper de la fuite de madame Grayson, pendant que Michael reste à l'écouter parler.

Il se produit alors quelque chose d'extraordinaire : madame Grayson rajeunit sous les yeux de Michael jusqu'à disparaître. Il se précipite dans la salle de bains pour raconter ça à Brian, mais celui-ci a été transformé en ours brun d'Amérique. Michael Fisher sort dans la rue et tout le monde a hérité d'un superpouvoir ou d'un autre. Il décide d'aller prendre un verre au bar, faute de savoir quoi faire. Brian (toujours sous sa forme d'ours vaguement anthropomorphe) l'y rejoint et lui conseille d'appeler sa femme Sarah (qui a divorcé de son inutile mari), puis d'aller chercher son fils Joshua dans son école.

Le lecteur peut avoir été attiré par ce récit pour plusieurs raisons : l'histoire, ou moins probablement les dessins. La préface de Warren Ellis (qui est un homme de goût) attire son attention sur la qualité de la narration visuelle. D'Israeli a vu sa carrière décoller grâce à sa collaboration avec le scénariste Ian Edginton pour une suite de la guerre des Mondes de HG Wells : Scarlet Traces. Il a également illustré des récits comme Stickleback et Kingdom of the Wicked. Ellis n'en a pas rajouté dans son introduction promotionnelle. En tout cas, l'imagination du dessinateur est fortement sollicitée pour imaginer ce monde peuplé exclusivement de superhéros, à l'exception de Michael Fisher. D'Israeli est à la hauteur pour représenter des individus dotés de pouvoirs extraordinaires, mais qui n'ont pas encore le temps (ou l'envie) de s'affubler d'un costume moulant aux couleurs criardes. Au fil des séquences, le lecteur contemple cet ours anthropomorphe, des individus capables de transformer tout ce qu'ils touchent en or, un géant un peu gêné aux entournures pour avancer dans les rues de la ville, 2 individus ayant gagné en masse musculaire et ayant fusionné l'un avec l'autre comme des siamois, un chauffeur de taxi en phase avec l'univers, un général d'armée avec une tête d'aigle, le vice-président avec des angelots lui murmurant aux oreilles, un petit garçon à moitié fantomatique, etc.

D'Israeli donne à voir tous ces individus soudainement dotés de capacités extraordinaires qu'ils ne maîtrisent d'aucune manière. le lecteur sourit en voyant ces gens ordinaires ne sachant pas trop quoi faire de ces dons, voire dérivant sans contrôle dans le ciel du fait d'une soudaine capacité de vol autonome. Il ne transforme pas l'humanité en une foire aux monstres grotesque et terrifiante, mais en une suite d'individus désemparés, beaucoup tentant d'exorciser leur désarroi par des actes de violence. le dessinateur délimite les contours avec des traits assez simples, aboutissant à des formes rapidement assimilables à la lecture. Il souligne le relief de chaque forme par le biais des couleurs, avec quelques variations de nuances, mais sans aller jusqu'à sculpter chaque centimètre carré de chaque surface. Il s'amuse avec des couleurs plus psychédéliques pour la page d'introduction montrant le rêve de Michael. Il choisit une approche naturaliste des couleurs pour la majeure partie des séquences. Il s'amuse avec une teinte dominante quand l'éclairage le justifie, par exemple le rouge pour le poste de commandement militaire souterrain du Pentagone, ou une couleur brun-gris pour les pièces de l'école de son fils Joshua, plongées dans la pénombre.

L'artiste adapte le niveau de détails de chaque case faisant passer la fluidité de la lecture avant tout, mais sans sacrifier les détails. Il crée ainsi plusieurs personnages mémorables, dont la maîtresse de Joshua, évoquant un hybride entre les aliens de HR Giger et les créatures marteaux anthropomorphes du film The Wall d'Alan Parker. En fonction des séquences, il peut sacrifier les arrière-plans au profit des personnages, ou bien décrire des environnements dans le détail, comme l'ameublement de l'appartement de madame Grayson, le bazar indescriptible devant le funiculaire menant à Roosevelt Island, la délirante comédie musicale qui se déroule dans l'esprit de Michael, ou encore le salon très banal du docteur MacDonald. Effectivement, D'Israeli est en verve pour trouver le juste équilibre entre une narration au premier degré respectant la part dramatique du récit, et la dimension loufoque de ce capharnaüm sans nom.

Pour Warren Ellis, le fond de l'intrigue est classique (un homme sans superpouvoir, dans un monde où tout le monde en dispose d'un), mais son traitement en fait une variation originale. Rob Williams est un scénariste confirmé, à la fois de séries indépendantes comme The Royals: Masters of War avec Simon Coleby ou Unfollow avec Mike Dowling, et de blockbusters de superhéros, par exemple Suicide Squad Rebirth avec Jim Lee & Philip Tan pour l'éditeur DC Comics. le lecteur ne demande donc qu'à se laisser convaincre. le début ne déçoit pas avec ce personnage principal, perdant dans les grandes largeurs, incapable de s'occuper de son fils, d'assumer sa paternité, divorcé, avec une calvitie précoce et de grosses lunettes, sans parler d'un emploi peu romantique (même si indispensable). Madame Grayson est irrésistible dans sa logorrhée verbale insupportable. Michael Fisher descend encore dans l'estime du lecteur quand sa seule idée face au chaos ambiant est d'aller s'en jeter un derrière la cravate. Rob Williams tape dans le mille avec le chauffeur de taxi dont le superpouvoir est de se sentir en harmonie avec tout l'univers, ou encore avec le président dont les pensées apparaissent au vu et au su de tout le monde, sous la forme de phylactères de pensée, une belle mise en abîme, ainsi qu'un anathème pour un homme politique.

Le lecteur se laisse volontiers distraire par la loufoquerie sous-jacente, et il se prend d'affection pour ce père raté, ayant besoin de se raccrocher à un être qui compte encore pour lui. Il éprouve un moment de tristesse à la vue du superpouvoir du fils, devenu à moitié fantôme, comme si cela matérialisait son ressenti face à l'attitude de son père. Mais Rob Williams s'entête dans la direction de la comédie dramatique, et du récit d'anticipation. Or il n'arrive pas à faire croire à la réalité de l'amour paternel de Michael Fisher, amour qui reste à l'état de ressort de l'intrigue, sans réussir à être l'expression honnête du caractère du personnage. En outre, l'intrigue repose sur la recherche d'un antidote à cette épidémie de superpouvoirs, entrecoupée d'affrontements physiques, rendus visuellement intéressants par les dessins de D'Israeli. Pour une raison incongrue, le rédacteur de la postface vient insister sur la plausibilité du mode de transmission de la supposée bactérie à l'origine de cette épidémie, ainsi que sur la solution pour la neutraliser. le lecteur se pince un peu pour croire ce qu'il lit, à la fois inutile et contreproductif quant à la crédibilité du mécanisme biologique. D'ailleurs il ne paraît pas possible de rendre crédible une épidémie de superpouvoirs, avec des mutations instantanées défiant les possibilités métaboliques de l'humanité.

Arrivé à la fin de l'histoire, le lecteur est satisfait de la qualité graphique de la narration, l'artiste ayant beaucoup apporté pour nourrir cette intrigue. Par contre, il reste sur sa faim quant à la qualité de l'intrigue elle-même, avec un personnage principal qui reste falot, et dont les actions et réactions n'arrivent pas à dépasser les stéréotypes. 2 étoiles pour l'originalité de l'intrigue (malgré tout le respect que l'on peut avoir pour le jugement de Warren Ellis), et 5 étoiles pour les dessins.
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