Stoner est l'histoire d'une vie. Après un bref prologue qui nous en donne un premier aperçu, la vie de William
Stoner nous est racontée de sa naissance en 1891 à sa mort en 1956. C'est l'histoire d'une vie un peu manquée, un peu ratée. Mais n'y a-t-il pas que les imbéciles à rolex pour croire qu'ils ont réussi leur vie ? En ce qui concerne William
Stoner en tous cas, la vie a pris un tour un peu décevant. le parcours d'un fils de paysan qui devient maître de conférences en littérature anglaise aurait pourtant pu être l'histoire d'une réussite. Mais pour William
Stoner, même la réussite a la couleur de l'échec. Jeune professeur assistant, il rencontre une charmante jeune fille de bonne famille pour qui il a un véritable coup de foudre. Quand il l'épouse, on imagine que sa vie privée au moins va être des plus heureuses. Mais non. Son mariage sera un fiasco. Et petit à petit le roman devient le récit d'une vie qui n'a pas tenu ses promesses.
Stoner est un roman modeste. Il se contente de raconter une vie entière en moins de 400 pages. Son personnage principal est en apparence un peu terne. Pourtant il se passionne. Il se passionne pour la littérature, puis pour la recherche, et finalement pour l'enseignement. Il se passionne aussi pour sa femme, puis pour sa fille, et finalement pour une étudiante. Mais au bout du compte, malgré le vernis culturel, il est resté ce paysan qui souffre et endure en silence.
Si la vie de William
Stoner nous émeut tant, c'est qu'elle est aussi un peu la nôtre.
Stoner passe par des étapes plus ou moins banales : l'enfance, l'émancipation de la jeunesse, un mariage, un enfant, la mort du père, la crise de la quarantaine, la maladie, la vieillesse et la mort. En arrière-plan le siècle déroule sa grande histoire : la Première guerre mondiale, les années folles, la crise de 29, la Seconde guerre mondiale. C'est avec sobriété mais aussi beaucoup de justesse que
John Williams relate les plus petits événements de la vie de William
Stoner et nous fait partager ses émotions et ses états d'âme.
Stoner est un roman si simple, qu'on s'étonne de le trouver finalement si beau.