J'ai vraiment une affection particulière pour le personnage de
Jack Horner, et pour ses traits de caractère les plus savoureux : menteur, vénal, hâbleur, amoral, homme à femmes, manipulateur etc. Malheureusement la qualité des tomes est en dents de scie et celui-ci (épisodes 22 à 27 de la série mensuelle, il se situe après Americana) est plombé par la première partie (épisodes 22 à 24).
Dans cette première histoire, on retrouve Jack en 1883. Il est un pistolero sans foi ni loi qui tue chaque personne qui se trouve sur sa route et qui est à la tête d'une équipe de 4 psychopathes n'ayant aucun respect pour la vie humaine.
Willingham et Sturges ont placé la barre très haut : ils souhaitent décrire l'une des premières rencontres entre Jack et Bigby, expliquer comment Jack en est venu à respecter les êtres humains et mettre ses actions en perspective de la cruauté humaine. Cette partie souffre d'illustrations sans aucun attrait de
Tony Akins encré par
Andrew Pepoy, voire déplaisante d'un point de vue esthétique. Chaque dessin semble inachevé, sans pour autant que ce soit un style choisi consciemment. Par ailleurs, l'histoire est très linéaire et répétitive : Bigby se rapproche de Jack, Jack s'échappe et s'éloigne, etc., jusqu'au dénouement inéluctable. Et la comparaison entre les exactions de Jack et les massacres historiques ou quotidiens est très lourde et très gauche, et elle n'apporte pas grand-chose au final.
Heureusement, la deuxième partie ramène le lecteur dans l'intrigue principale. le Literal apparu dans le tome précédent (Bookburner) se rapproche de Golden Boughs Retirement Village avec sa cohorte de Fables oubliés et sa prisonnière Hillary Page. Sa venue crée une véritable panique parmi les résidents du village. Jack file le parfait amour avec
Robin Page qui réussit à le convaincre de porter secours aux résidents. Priscilla Page essaye de son mieux de soutenir Mr. Revise le responsable du village dans sa préparation à l'affrontement. Kevin Thorn continue de prendre une envergure inattendue. Humpty Dumpty traverse une nouvelle métamorphose. Et un autre Literal apparaît au cours de ces aventures ; je vous laisse découvrir son nom et sa fonction littéraire. Les dessins sont de
Russ Braun, encré par
José Marzan. Ils sont heureusement plus fins et plus expressifs que ceux de la première partie. Les décors reprennent de l'épaisseur et se parent de caractéristiques spécifiques. Les personnages retrouvent leur physionomie habituelle. Et les dessins s'embellissent.
Encore une fois, les couvertures sont réalisées par
Brian Bolland et elles sont magnifiques de détails, de précisions, de finesse et d'humour.
Alors que dans la série Fables, les épisodes servant de pause dans l'histoire sont soignés et contribuent constructivement à développer les personnages, cet intermède au far-ouest est une catastrophe et un ratage affreux. Par ricochet, les 3 épisodes consacrés à l'intrigue principale ont un goût de trop peu et ne suffisent pas à racheter la qualité du tome. Espérons que le grand livre de la guerre (le tome suivant) sera meilleur.