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Après Peter Watts et Guy Gavriel Kay, je me devais de compléter ma lecture de ceux qu'Apophis a joliment nommé « la dream team de la SFFF canadienne ». Et Lutin82 est venu en rajouter une couche en me donnant fortement envie de lire du Robert Charles Wilson.

Me voilà donc embarqué dans la lecture du petit dernier publié chez Folio. Les Perséides est un recueil de 9 nouvelles liées les unes aux autres par des liens plus ou moins forts. Certaines ont été écrites dans les années 1990. D'autres sortaient du four au moment de la publication du recueil, augmentant fortement le liant de l'ensemble.

Il y a des points communs évidents. Par exemple la ville de Toronto qui constitue le lieu essentiel de l'action. On sent que RC Wilson aime cette ville qu'il connaît bien, et il nous donne bien envie d'aller la visiter à notre tour (malgré les frissons, j'y reviendrai). Ça nous change agréablement des villes américaines. Un autre : la bizarre librairie Finders, située bien entendu à Toronto, qui ne paie pas de mine mais réserve certaines surprises. Elle n'apparaît pas dans toutes les nouvelles mais ‒ RC Wilson le déclare lui-même dans sa postface ‒ un héros de chaque nouvelle au moins y est passé (parce qu'il nous le dit épicétou).

Les nouvelles sont aussi unies par le rythme. Wilson commence toujours par nous présenter une situation ordinaire assez longue ; des tranches de vie qui ne ressortent d'aucune SFFF, toujours réjouissantes à lire, introduisant des personnages qui ont souvent une philosophie de la vie originale et bien tranchée. La plupart du temps le narrateur s'adresse à nous à la première personne et nous fait des confidences qu'il n'avouerait à personne. C'est dans cette partie que j'ai apprécié à plein les qualités d'écriture de l'auteur. Il m'a souvent fait saliver avec des figures de style du genre « sa peau avait la couleur d'un vieux Tupperware ».
Puis, parfois en lente glissade, parfois de manière aussi abrupte qu'une falaise, on franchit une frontière et on se pose sur un lit mordant de fantastique, effrayant d'horreur ou de pure science-fiction. le narrateur, qui a compris trop tard, est presque toujours désemparé, piégé, roulé dans la farine. Si ces nouvelles peuvent se rapprocher de ce que propose une Mélanie Fazi, elles s'en éloignent par la plongée franche dans l'inconnu. En les lisant, je me suis rappelé l'ambiance de ces vieilles séries américaines The Twilight Zone et Au-Delà du Réel. Certaines sont réellement effrayantes; je pense en particulier à « Protocole d'usage ».

Un autre point commun ? Allez, celui-là je me demande s'il ne l'intègre pas dans tous ces écrits (avec ce recueil, je n'ai lu que les Chronolithes et c'était dedans aussi) et, si j'osais faire de la psychologie de bazar, si on ne devine pas là un traumatisme de l'auteur. Tous ses héros galèrent avec les femmes. Soit ils divorcent, soit ils se séparent. Soit ils les traitent comme des moins que rien, soit ce sont elles qui craquent par ennui dans le couple. L'amour, en fait, n'existe pas. Au mieux peut-on compter sur une biochimie générant un désir temporaire. Pas très romantique.

Que dire d'autre ? Quelle est ma nouvelle préférée?
Certainement "L'Observatrice" pour la présence d'Edwinn Hubble et des ET. Vous conseiller de le lire d'une seule traite ? Il y a des arguments pour et contre. Pour : la liaison feutrée mais réelle entre les nouvelles. Contre : les nouvelles se ressemblent beaucoup par le rythme et peuvent donner une impression de répétition.
D'une manière ou d'une autre, je vous recommande en la lecture.
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Ce que j'ai ressenti:…Elargir son horizon étoilé des possibles…
« L'univers mesure-t-il l'intention? »

Neufs nouvelles pour mieux appréhender la science-fiction, et le chemin des étoiles pour aller s'y perdre, avec la jolie plume de Robert Charles Wilson…Inutile de dire que ce livre, j'étais très impatiente de le commencer, car depuis que j'ai découvert cet auteur, je me régale de son imagination foisonnante, je suis admirative des mondes qu'il ouvre à ses lecteurs, et de la portée de ses écrits pour notre perception de la vie. Même le livre refermé, il me reste encore une impression très forte d'avoir confronté mon imaginaire au néant, de lui avoir laissé une chance de rentrer dans un quotidien toujours plus prenant…Étourdissant comme sensation…

« Est-ce que c'est l'univers qui se dilate ou l'observateur qui rétrécit? »

Lire des nouvelles est assez exceptionnel chez moi, mais quand c'est un auteur chouchou tel que RC Wilson, je fonce les yeux fermés, et bien sûr, la magie a encore opérée…Il arrive à me transporter à chaque fois, dans un espace parallèle de pure science-fiction avec une pointe de fantastique qui fait de ce moment, une boucle de plaisir de lecture…J'aime sa façon d'exploiter l'étrange, de décrire l'humain dans ses incroyables contradictions, de passer toutes les frontières pour mieux apprendre de notre monde…De l'infiniment grand à l'infiniment petit, des paradoxes possibles et impossibles, avec une finesse d'écriture, il nous réinvente Les Perséides, dans une pluie de mots étincelantes…

« Au bout d'un moment, on apprend à en tirer réconfort. Si nous ne sommes rien, alors il n'y a rien dont avoir peur. Nous n'intéressons pas les étoiles. »

Une ville et une librairie comme point d'ancrage de cette série d'histoires toutes plus intéressantes les unes que les autres, car elle ouvre sur les champs des possibles intangibles, des probabilités anticipées dérangeante, voir même effrayantes. Un envol direct pour l'infini et au delà, avec des théories opaques qui prennent vie dans ses pages. Ce recueil de nouvelles est une plongée vertigineuse dans les rues de Toronto et ses recoins sombres et des portes de mots qui s'ouvrent sur des mondes insoupçonnés qui laisse des traces de vaporeuses angoisses dans nos nuits blanches. On en ressort forcément troublé, car derrière ses petits textes, se cachent les grandes questions existentielles, quand nous tournons notre regard vers le ciel étoilé…

« Les gens de la ville ne comprennent pas. En agglomération, le ciel est gris, vierge comme une ardoise et légèrement lumineux : on dirait un feu d'ordures qui couve. Les quelques corps célestes qu'on parvient à voir briller malgré la pollution sont à peu près aussi excitant qu'un poisson échoué sur la plage. Mais en s'éloignant suffisamment de la ville, on voit encore le ciel de la même manière que nos ancêtres, comme un abîme au-delà du bout du monde dans lequel les étoiles évoluent, aussi implacables et inabordables que les âmes des morts d'antan. »

J'ai bien entendu mes préférences en termes de textes qui m'ont plus touchée que d'autres, (comme La ville dans la ville et L'observatrice) , mais j'ai été agréablement surprise de la cohérence de ce recueil qui propose toujours une ligne conductrice entres ses nouvelles, même infime, dont l'incroyable fascination pour la librairie Finders…Robert Charles Wilson se plaît à prendre carrément l'univers comme espace de jeu, avec toutes les propositions originales ou frissonnantes qui peuvent nous atteindre, pour nous donner quelques matières à penser, lors de nos ballades nocturnes, au clair de lune.

« Au bout d'un moment, on apprend à en tirer réconfort. Si nous ne sommes rien, alors il n'y a rien dont avoir peur. Nous n'intéressons pas les étoiles. »

Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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« Je travaillais en journée dans une librairie d'occasion appelée Finders. J'y triais et mettais en rayons le stock, ou bien manipulais l'antique caisse enregistreuse, quand je ne préparais pas des tasses de maté pour le propriétaire, un très vieil esthète myope qui vivait du peu d'argent qu'il parvenait à tirer de son commerce, dont j'étais l'unique employé. Je n'avais jamais imaginé faire ce genre de travail un jour, mais ainsi va la vie pour un joyeux trentenaire qui se retrouve en pleine récession avec une licence de lettres et de très minces compétences informatiques ».

La ville de Toronto et cette librairie étrange sont les points communs entre les nouvelles qui composent ce recueil. D'autres vendeurs ou vendeuses y travailleront, pour des durées variables. L'ambiance de ces nouvelles, qui allient fantastique, SF et horreur, est nostalgique. Je suppose que l'auteur a décrit une ville qu'il connaît bien.
Le stock de Finders, accumulé par un certain M. Ziegler, recèle bien des surprises. On n'est pas à l'abri d'y dénicher des titres inconnus d'auteurs connus, en édition de poche un peu fanée. Une absurdité : qui se donnerait tant de mal pour forger ces exemplaires de faible valeur marchande ?

Les thèmes de ces nouvelles, parfois longues, ont à voir avec la science, mais aussi l'ésotérisme, les mondes parallèles, les créatures animales connues (voire familières) mais aussi inconnues. Les zones d'ombre restent nombreuses, les ambigüités fréquentes. Sans clore abruptement (on sent venir la fin de chaque texte), Robert Charles Wilson aime visiblement laisser son lecteur dans l'interrogation.

Ce livre m'a fait forte impression. du même auteur, j'ai déjà lu « Darwinia », mais qui ne m'avait pas autant séduit. Encore un auteur à suivre !
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Avant toute chose, je remercie Babélio et les éditions le Bélial pour cet envoi qui fut une excellente découverte.
Je n'avais jamais rien lu de cet auteur alors que j'ai régulièrement aperçu des romans de lui à la bibliothèque, mais cela ne m'avait encore jamais tenté.

Ce recueil contient 9 nouvelles qui se déroulent pour la plupart à Toronto et dont le point commun réside dans une librairie d'occasion "Finders" que l'on retrouve plus ou moins dans chaque histoire. Elle n'a pas forcément un rôle majeur, parfois, elle n'apparait d'ailleurs que le temps de la mentionner.

Les nouvelles sont de qualités égales et aucune ne m'a ennuyée.
Certaines sont de vraies histoires fantastiques avec de la magie, des pouvoirs surnaturels, d'autres sont davantage ancrées dans la science-fiction avec des théories physiques, théologiques, philosophiques etc...

D'ailleurs je n'ai pas tout compris lorsque l'auteur avance diverses théories physiques, je ne suis pas très douée dans ce domaine certes, mais je pense qu'une partie des théories étaient quand même "du grand n'importe quoi", mais cela n'a pas gêné ma lecture du tout.
Certaines nouvelles m'ont beaucoup plus touchées que d'autres, notamment la nouvelle "Les Perséides" où le personnage principal est vraiment intelligent, simple et attachant.

J'ai passé un excellent moment de lecture et je ressors ravie de cette découverte. Je vais peut-être bien me laisser tenter par un roman de cet auteur...
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En Résumé : J'ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous permet de découvrir Robert Charles Wilson dans un genre différent, cherchant plus à développer des textes étranges et déroutants. Alors bien entendu tous les textes ne sont pas au même niveau, un ou deux ayant même eu du mal à me convaincre, mais dans l'ensemble ils se révèlent tout de même efficace et nous font découvrir la ville de Toronto sous un autre jour, pleine de magies et de mystères. Les personnages se révèlent toujours aussi humains et attachants. En tout cas j'ai maintenant envie d'en apprendre encore plus sur cette librairie Finders.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Les Perséides sont un phénomène bien connu et très apprécié puisqu'il s'agit de la pluie de météorites survenant en août depuis bien des siècles, aussi appelée la pluie d'étoiles filantes. Au vu de la nature science-fictive des récits de Robert Charles Wilson, un tel titre n'étonne pas. En revanche, je m'interrogeais sur ce qui pouvait bien se cacher dans la queue de la comète. Des extraterrestres ? des légendes associées à ce spectacle magnifique et merveilleux ?

En fait, l'auteur nous propose d'en explorer une bonne partie avec des légendes urbaines de son cru, des phénomènes étranges, des extra-terrestres, mais surtout l'homme sous de multiples facettes, pluie d'étoiles plus ou moins filantes en soi.

Toronto, et principalement la librairie Finders, sont mis en lumière dans ce recueil de Robert Charles Wilson, tout autant comme unité de lieu que révélateur de l'âme humaine. En effet, celle-ci, coeur et constante de l'oeuvre de l'auteur canadien, bénéficie, ici, d'un bel écrin pour souligner sa complexité et sa vulnérabilité à travers des textes fantastiques parfois, angoissants toujours.

Observateurs, observés sont l'autre point commun de ce recueil permettant de relever ou de provoquer les errements de l'esprit…s'ils en sont.

Critique plus compléte sur mon blog avec le détail des 9 nouvelles au sommaire du recueil
Lien : https://albdoblog.com/2018/0..
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Si vous aimez flâner chez votre librairie d'occasion, Wilson va vous en faire passer l'envie.
Wilson est-il à la solde des grandes chaines culturelles où l'on vend les livres au kilos ? Mais où va le monde !

Robert Charles Wilson nous convie dans la ville de Toronto, mais pas dans le Toronto des guides touristiques, mais celui où les repères connus n'existent pas, où les genres littéraires sont floues et fluctuants. Vous y rencontrerez une boutique de livre d'occasion, une maison qui cache derrière son toit des scènes où l'individuel s'accouple au cosmique. Vous y découvrirez des rues connues que par les marcheurs nocturnes, des bistrots où vous pouvez boire un café même sans argent.
Le tout sous le regard inquiétant d'un ciel étoilé menaçant.

Le personnage principal est donc Toronto, à travers ses vagues d'immigration, de culture et de contre culture et à travers le cours du temps.
Mais il y a aussi les autres personnages. Jacob, tourmenté entre prendre soin de lui et prendre soin de sa soeur aliénée. Thomas dans Les perséides, le solitaire social, ainsi que tous les autres, certains passant de personnage secondaire à celui de narrateur principal. En deux trois phrases, l'auteur arrive à leur donner une existence propre.

Au delà d'une suite de textes plus ou moins mis bout à bout, nous avons ici de réels liens entre les histoires, la librairie Finders se taillant la part du lion. On pourrait même se croire devant un roman dont l'auteur n'aurait pu, su, comment relier tous les fils imbriqués. Un travail d'orfèvre entre SF et Fantastique qui ont pour point commun une certaine noirceur et une certaine horreur cosmique. L'angoisse est tapie entre chaque ligne, chaque mot.

Neuf nouvelles, dont les deux tiers inédites en français, composent ce recueil qui se termine par une bibliographie. Et une postface de l'auteur qui revient sur chaque texte, donnant soit leur intention, leur histoire ou encore certaines explications. C'est aussi, peut-être, le livre qui donne une vision du Robert Charles Wilson, pas l'écrivain, mais l'homme ordinaire.

A ma première lecture, ce recueil m'avait laissé un goût mitigé, car il n'est pas trop dans la veine des habituels romans de l'auteur, ou alors peut être de ces premières tentatives comme La cabane de l'aiguilleur ou Les fils du vent. Cette seconde lecture m'a permis d'apprécier tout le talent de conteur de l'auteur.
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J'ai lu quelques romans de Robert Charles Wilson mais pas encore de nouvelles aussi me suis je laissée tenter par ce recueil. Les nouvelles sont reliées par plusieurs points communs: la ville de Toronto, la librairie Finders et parfois des personnages communs. La ville de Toronto est le décor commun à ces 9 nouvelles mais Robert Charles Wilson en a fait un personnage à part entière auquel il rend hommage à travers sa plume. Parmi les textes, on trouve des inédits et d'autres déjà publiés dans des anthologies ou des magazines. le lien entre les nouvelles n'était pas voulu à la base, pourtant elles forment un tout que l'on peut relier de diverses façons. Les nouvelles de ce recueil semblent hésiter entre Science Fiction et fantastique, elles sont racontées à la première personne, ce qui installe le doute sur ce qui se passe. Un petit aperçu de chacune des nouvelles:

Les Champs d'Abraham: la seule nouvelle du recueil qui ne se passe pas à notre époque mais au début du XX ème siècle. Jacob, un orphelin 17 ans s'occupe de sa soeur schizophrène. Il gagne un peu d'argent en jouant aux échecs et en donnant des cours, dans ses rares moments de liberté, il fréquente une librairie. Sur un thème plutôt classique, Robert Charles Wilson nous offre un texte triste et émouvant à l'ambiance très sombre.

Les Perséides: le personnage principal Thomas travaille à la librairie Finders. Il est passionné d'astronomie et rencontre une jeune femme dont il tombe amoureux. le début semble des plus banals puis peu à peu un climat assez oppressant s'installe. La nouvelle bascule vite dans l'étrange et l'angoisse. le renversement de situation est habillement amené.

La Ville dans la ville: le lien avec les autres nouvelles n'est pas la librairie mais un personnage secondaire que l'on retrouvera par la suite. le personnage principal ressemble un peu également à certains que l'on trouve dans les autres textes: il est d'un milieu aisé habitant Toronto, sans enfants, fréquentant un groupe d'amis dans des soirées un peu arrosées. Lors d'une soirée, un de ses amis lance le pari de créer une nouvelle religion. Pour arriver à ses fins, il va être amené à faire des promenades nocturnes dans la ville de Toronto et découvrir des choses étranges. le climat de la nouvelle est oppressant. La ville prend toute son ampleur et est au centre du récit.

L'Observatrice: la nouvelle nous raconte l'histoire d'une jeune fille qui nous raconte sa jeunesse où elle fut victime de présence nocturne extraterrestre. Elle rencontre Edwin Hubble à qui elle parle de sa passion pour les étoiles. le texte est raconté à la première personne, ce qui instille le doute sur ce que décrit cette jeune fille: folie ou réalité? le texte interroge sur le futur, la folie, le voyage dans le temps. C'est très bien fait et efficace.

Protocoles d'usage: le personnage principal est un père divorcé et dépressif, il est bipolaire sous traitement au Lithium. Il est différent des autres personnages croisés dans les autres textes et travaille à la librairie Finders. La tension augmente peu à peu, le doute s'instille avec l'utilisation des médicaments et les hallucinations. Un des meilleurs textes du recueil, angoissant et très bien écrit.

Ulysse voit la lune par la fenêtre de sa chambre: on retrouve un couple assez typique du recueil, milieu bourgeois, la quarantaine. Ils invitent un ami à diner, la discussion va porter sur les espèces et leur supériorité l'une par rapport à l'autre. La librairie Finders est mentionnée et importante dans le récit. le texte est un peu court pour vraiment toucher son but.

Le Miroir de Platon: La librairie Finders a le même rôle que dans la nouvelle précédente. le personnage principal est un écrivain ayant écrit sur un miroir qui permet de voir la vraie nature des gens. le thème n'est pas franchement original mais c'est très bien écrit et assez angoissant. le côté ambigu du personnage principal est très bien amené et la fin très bien faite.

Divisé par l'infini: dans cette nouvelle, le personnage principal est veuf, sa femme travaillait chez Finders. Il se rend à la librairie et se retrouve avec des exemplaires de livres étranges. On découvre dans ce texte le propriétaire de la librairie. La nouvelle se veut un hommage aux livres de Science-fiction des années 50-60. le personnage principal est intéressant, tout comme l'aspect hommage mais la fin est un peu trop étrange.

Bébé perle: On retrouve le personnage de Deirdre présent dans deux nouvelles du recueil. Elle travaille chez Finders puis est amené à en hériter. le surnaturel est très vite présent dans le texte, peut-être trop, ce qui change par rapport aux textes précédents où l'angoisse arrivait petit à petit. L'histoire tourne seulement autour du personnage de Deirdre et la nouvelle est très étrange. le texte que j'ai le moins apprécié du recueil et c'est dommage de finir par lui d'ailleurs.

Ce recueil permet donc de découvrir une autre facette de l'écrivain et de le découvrir sous forme de textes courts. Comme dans ses romans, les personnages sont au centre des histoires. Les nouvelles tournent autour de la librairie Finders et de la ville de Toronto en partant d'un point de départ provenant de la vie ordinaire et basculent peu à peu vers l'étrange et parfois l'horreur. Comme souvent chez Robert Charles Wilson, on retrouve des questions sur notre existence et des thèmes très bien traités comme celui du double, ou de l'obsession. Mais ce que j'ai trouvé le plus intéressant dans ces nouvelles, c'est l'incertitude qui émane de chacune, on navigue entre fantastique et science fiction et chacun peut avoir son interprétation propre d'une histoire qui sera différente pour un autre lecteur.
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Apercevant ce volume dans mes rayonnages, je me suis rendu compte que je l'avais lu sans en garder le moindre souvenir. Eh bien, l'oubli a ses avantages, car en relisant les nouvelles qu'il contient, j'ai retrouvé l'ambiance et les personnages attachants d'une ville, Toronto, qui joue le rôle d'un être à part entière, et assume même le rôle du héros dans une des histoires, dont Neil Gaiman a dû se souvenir pour sa Londres alternative. le talent de Wilson se manifeste vraiment plus dans sa peinture des personnages, variés, attachants et toujours intéressants, que dans la technologie ou les théories de SF (d'ailleurs, la nouvelle la plus marquée par la tradition SF, "Divisé par l'infini", m'a aussi paru la moins bonne). Il excelle vraiment dans la suggestion de réalités enfouies sous le quotidien, comme dans "Le miroir de Platon" ou "La ville dans la ville". En somme, une très agréable lecture.
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Je ne connaissais pas l'auteur avant cette lecture. Je souhaitais m'ouvrir sur de nouveaux horizons, notamment dans les genres que j'affectionne. Ainsi lorsque Libfly renouvelle ses partenariats dans le cadre de la Voie des indés, je me suis aussitôt prise dans le jeu de la découverte et de promouvoir des maisons d'édition indépendantes. Alors je remercie le site Libfly, la Voie des Indés – une belle initiative que je vous recommande – ainsi que les éditions le Bélial pour ce partenariat.

La science-fiction est ici plus adulte, plus mature, plus complexe et sombre, c'est un ouvrage de neuf nouvelles différentes et pourtant, elles possèdent des points communs, comme le cadre (Toronto). Ici, le langage est soutenu et précis, soigné et très riche ; la science est mise au premier plan avec ses techniques et son vocabulaire. En somme, cette lecture diffère totalement avec ce que j'ai l'habitude de lire en science-fiction et je ne suis pas déçue. Les nouvelles sont variées et toutes présentent un intérêt. C'est une belle découverte, et même si ce n'est pas un coup de coeur, je renouvellerais l'expérience avec enthousiasme. de plus, un élément non négligeable, à la fin, l'auteur explique de manière courte les références employées, les allusions à sa propre vie, ce qui l'a poussé à écrire cette histoire, son but, ce que cela reflète. C'est très passionnant à lire et permet de se sentir plus proche des écrits de Robert Charles Wilson.

Les Champs d'Abraham : une nouvelle très intéressante sur l'amour, le devoir et la folie. J'ai beaucoup apprécié la manière dont l'auteur parle de ces thématiques et les exploite dans un cadre réaliste et captivant. Parce que Jacob l'est, c'est un protagoniste très intéressant à découvrir humain et si généreux, si attentionné envers sa soeur, une femme touchante dans son histoire. le fil rouge des échecs, cette rencontre avec le libraire et la philosophie qu'il dégage m'ont tenue en haleine jusqu'au dénouement. Ce dernier est prévisible, mais tellement poignant. Une belle entrée en matière.

Les Perséides : une nouvelle plus scientifique dans son contenu, on sent que l'auteur s'est renseigné sur l'astronomie et les télescopes. Plus fourni dans les informations données au sujet des théories exposées. Elle n'est pas simple à lire et seuls les plus aguerris en la matière la savoureront. En attendant, même si je n'ai pas tout saisi dans les hypothèses avancées, j'ai beaucoup aimé l'aspect très sombre, voire glauque que revêtait l'intrigue. On a un effet secte terrifiant, bien développé et inattendu, cela s'installe progressivement et comme Michael – le personnage principal – on en a très vite peur. L'idée d'utiliser la ville comme religion fut très intéressante dans le développement.

La Ville dans la ville : une nouvelle qui m'aura laissée de côté. C'est dommage parce qu'elle super captivante dans sa construction, on voit l'enfermement progressif de ce personnage principal. J'ai beaucoup aimé la fin, singulière et très effrayante, le côté défi que se lancent ces protagonistes de construire une religion. L'auteur nous fait part de théories toujours aussi pointues et intéressantes, mais je suis restée de côté. Il me manquait un je-ne-sais-quoi pour me sentir pleinement investi.

L'Observatrice : j'ai beaucoup cette nouvelle, je l'ai lue d'une traite ! Elle est particulièrement prenante dans ses idées, par son personnage féminin sensible et très attachant. J'ai adoré le thème abordé, ces êtres étranges semblant se glisser dans le sommeil de Sandra. On y parle d'enlèvements par des entités se rapprochant d'extra-terrestres, de la solitude, de la peur du noir, c'est bien écrit et exploité. Il y a une dimension très humaine avec le personnage de Hubble, son amitié et ses réponses apportées aux questions de la jeune fille. Une nouvelle très sympathique à la chute très étonnante et pourtant fort jolie.

Protocoles d'usage : une nouvelle dérangeante et angoissante, ça monte crescendo et la fin est tellement horrible. Un dénouement qui m'a beaucoup surprise, l'absence de réponse et ces implicites sont tout aussi flippants. J'applaudis l'ambiance, parce qu'elle s'installe progressivement, on ne s'en rend presque pas compte. J'avais déjà lu une autre nouvelle autour des insectes, très réussie également dans le trouillomètre, celle-ci gagne haut la main. Les idées posées sont captivantes et effrayantes, j'ai adoré le fait qu'au début, on en était bien loin, cela accentue le côté bouleversant. Je me suis sentie très proche de ce père, de ses souffrances, de ses problèmes et surtout de ses questionnements.

Ulysse voit la lune par la fenêtre de sa chambre : une courte nouvelle, peut-être trop courte pour saisir l'ensemble. Un homme rend visite à un couple d'amis, il semble être amoureux de la femme, mais fait bonne figure devant le mari. Ce dernier est un passionné de science-fiction, ses théories sont souvent intéressantes, mais notre protagoniste principal n'a pas les mêmes aspirations. Cette fois-ci, Paul évoque le sujet d'une conscience supérieure prenant pour exemple son chat Ulysse et cette pierre qu'il aura acheté. J'ai senti une note de manipulation, des idées fascinantes et du doute, avec une chute bien trouvée, seulement il manquait une dose de profondeur pour mieux appréhender le sujet. C'est dommage, parce qu'au fond, elle m'a beaucoup amusée, tout est dans l'implicite.

Le miroir de Platon : une nouvelle dont j'ai apprécié l'univers, les théories et l'idée de départ, ce miroir très étrange et les conséquences qu'il a sur la vie des protagonistes. En revanche, les personnages m'auront laissée indifférente, excepté la mystérieuse Faye Constance. Donald est un homme totalement détestable dans sa manière de voir les femmes, de ce fait, je n'ai pas pu m'y attacher, même en abordant son passé. le miroir est un objet très important et je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-même, ses effets sont déroutants et je me suis posée de nombreuses questions à son sujet. Ce miroir nous renvoie à nous même, à nos qualités et nos défauts, la narration à la première personne du singulier permet de se sentir proche des travers du personnage principal Donald sans pour autant que l'on en soit atteint. C'est très prenant dans sa dimension philosophique, une très belle chute par ailleurs.

Divisé par l'infini : une nouvelle où je suis restée à côté malgré des idées très intéressantes. Il me manquait un peu d'ordre, je trouvais que le début partait dans tous les sens et n'était pas assez bien défini. J'avais beaucoup de mal à suivre le fil de l'histoire. Pourtant, le protagoniste principal est bien sympathique et attachant, son histoire a su me prendre une fois la deuxième partie commencée, après le départ d'un personnage. La fin est complètement renversante et inattendue, je ne pensais pas que l'intrigue allait prendre ce tournant et surtout que la folie s'insurgerait de cette manière. C'est une belle surprise. Au final, il faut retenir une première partie confuse et une seconde très attractive, c'est une bonne nouvelle dotée d'idées intéressantes, mais j'aurais aimé être moins confuse dans ma lecture, avoir des appuis plus solides vis-à-vis des théories avancées.

Bébé perle : une dernière nouvelle très surprenante, originale et qui ouvre des portes très fascinantes à exploiter dans le futur. Nous touchons ici à la science-fiction avec une pointe de fantastique. Un mélange étonnant et très réussi, c'est une nouvelle que j'ai adoré découvrir. En revanche, j'admets qu'elle aurait pu être plus longue et surtout plus fouillée autour de ce mystérieux bébé perle et ce qu'il signifie. Deirde a repris la librairie Finders, celle qui fut exploitée tout au long de ce recueil, et c'est une femme très attachante, j'ai beaucoup aimé le fait qu'on la voie un peu plus. Toutefois, ce qui lui arrive est complètement horrible, c'est là que le fantastique entre en scène, avec tout le côté angoissant qui le caractérise. La chute nous glace le sang d'ailleurs.

En conclusion, merci à Libfly et aux éditions le Bélial pour ce partenariat réalisé dans le cadre de la Voie des Indés 2014. Ce recueil de nouvelles propose 9 récits tournant autour de l'univers, de théories fascinantes à suivre, de mystères et d'intrigues intéressants à découvrir. Les personnages sont nombreux et variés, à l'image des histoires proposées ; les fils rouges étant la science-fiction, Finders et Toronto. Un beau voyage dans l'espace, dans le futur, dans l'anticipation, une belle promenade à travers la ville, aucun texte ne nous laissera indifférents. le style est mature, soigné, précis, le ton est adulte et prenant, les descriptions recherchées, c'est de la science-fiction pure et dure, une véritable découverte pour moi et j'en ressors plus que conquise. Si vous aimez cet auteur ou ce genre, c'est un ouvrage à se procurer, si vous êtes curieux, vous pourrez vous laisser tenter. Toutefois, si vous n'êtes pas très science-fiction, il vous faudra passer votre chemin, il faut quand même lui reconnaître un vocabulaire riche et précis sur le sujet ; il y a de nombreuses références qui parfois nébuleuses à appréhender. En tout cas, je suis heureuse de l'avoir lu, il a de très bonnes idées en la matière !
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