Jamais elle ne sortirait du grenier. Son seul moyen d'observer le monde, ce serait à travers les livres. Papa disait que le monde extérieur n'était pas aussi merveilleux qu'elle le croyait, et qu'elle devait se réjouir d'avoir un lit confortable et de quoi manger. Beaucoup de gens n'avaient pas de maison ou de travail, et ils devaient faire la queue pour qu'on leur donne du pain et de la soupe. Il lui avait raconté une histoire de banques et d'argent et de crash, mais elle n'avait rien compris. Et ça ne la consolait pas de toute façon.
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Car en dépit de ses manières pieuses en privé, les apparences avaient toujours eu la plus haute importance à ses yeux, d'où les robes chics et les manteaux de fourrure qu'elle portait lorsqu'elle sortait, et la charade de la famille parfaite qu'elle jouait pour le monde extérieur.
Comme avec le lion, elle ressentait sa peur, sa douleur, sa détresse.
Les émotions de l'animal pesaient sur elle de tout son poids, comme si elle était en train de se faire engloutir par des sables mouvants.
Et dire que c'était les humains qui disaient que les animaux étaient sanguinaires.
La vie était trop courte et trop précieuse pour parler de la pluie et du beau temps ou des derniers ragots. Ce que Julia aimait découvrir, c'était comment les gens se sentaient avec eux-mêmes et avec les autres, s'ils étaient heureux ou tristes. Elle s'intéressait à leur passé, à ce qui les avait menés là où ils étaient, à leurs relations avec leurs parents et leurs frères et sœurs. Elle voulait savoir si elle était la seule personne à se sentir perturbée et profondément seule.
..............Julia fit un pas en arrière et le cheval la suivit. Elle continua jusqu'à arriver à un enclos vide à l'extérieur de l'écurie, ouvrit la grille et entraina le cheval à l'intérieur. Elle posa le reste des trèfles à terre, ferma la grille et retourna près du cheval pour passer ses doigts dans sa robe noire. Il hennit et frotta sa tête imposante contre Julia, ravie de cette caresse.
Bouleversée par l'affection que l'animal lui témoignait, elle enroula ses bras autour de son cou musclé et pressa son nez contre son flanc chaud. C'était la première fois qu'elle touchait un cheval et il lui sembla qu'elle sentait sa force qui irradiait et traversait sa
- S'ils se sauvaient et qu'ils faisaient une bêtise, va savoir ce qui se passerait.
Quelqu'un pourrait leur faire du mal.
Les gens se mettent toujours en colère contre les animaux quand ils se comportent comme des animaux.
Les éléphants l'aimaient bien et avaient confiance en elle. C'était pareil avec sa chatte Abby. Elle obéissait à Lilly parce qu'elles s'aimaient et se faisaient confiance. Peut-être que les hommes n'accordaient pas assez de crédit aux animaux.
- Monstres ! Bande de sales monstres !
Et dire que c'étaient les humains qui disaient que les animaux étaient sanguinaires.