Intérieur du chalet. Noir absolu dans une pièce sans fenêtre. Edward avait les mains et les pieds liés. Dans la bouche, un chiffon. Dans la tête, une certitude. Dans le cœur, un soulagement.
Il n'était pas fou.
Il ne l'avait jamais été.
Il le savait maintenant.
Et à onze heures du matin, en ce mercredi gris de février, Garideau ne pouvait faire taire en elle cette intuition. La mort de Paul-Thomas Barzac n'était pas accidentelle.
- Ils sont morts ? C'est ça ? ils sont morts ? [...]
La jeune femme finit par répondre, froide, distante, le regard morne.
- C'est grave, c'est tout ce que je sais, dit-elle simplement. Il faut qu'on aille à l'hôpital.
Helena soutint son regard. Mort de peur, pensa-t-il. L'expression prit violemment tout son sens au cœur de cette blafarde réalité. Lui aussi se sentait mort, détaché du monde réel, à mi-chemin entre le présent et le futur, entre la vie et l'enfer.
(Edward vient d'apprendre le décès de son père)
Il appuya sur le bouton d'appel et, quelques minutes plus tard, une infirmière vint l'aider à boire et lui ôter son goutte-à-goutte.
- Comment vous sentez-vous, jeune homme ?
- Orphelin.
(Edward vient d'apprendre le décès de son père)
- Tu peux me donner un verre d'eau ? J'ai soif. [...]
- Je ne peux pas te servir Ed, à cause de mes mains... [...] Tu as besoin d'autre chose ?
- Oui.
- De quoi ? s'inquiéta-t-elle d'une voix fluette et inondée de sanglots.
- De papa. Et ça non plus tu ne pourras pas me le donner !
« Retrouver sa communauté,se sentir connecté à des centaines de joueurs en ligne, se glisser dans la peau de puissants avatars et prendre son envol. [...]Vivre, bon sang ! Vibrer autrement que dans cette stupide réalité. » (p. 10 édition Actes Sud 2014).
La famille, ce havre de sécurité, est en même temps le lieu de la violence extrême