Ignorant de notre âme, comment connaîtrions-nous celle d’autrui?
Les êtres humains ne font pas toute leur route de compagnie. Chacun recèle en lui une forêt vierge, une étendue de neige où nul oiseau n’a laissé son empreinte.
Lorsque nous sommes malades, les mots semblent doués d'une qualité mystique.
Il est admirable de relever que les poètes tirent la religion de la nature, que les gens vivent à la campagne pour que les plantes leur enseignent la vertu. C’est dans leur indifférence qu’elles nous apportent un réconfort.
Prenons la rose. Nous l’avons vue si souvent s’épanouir dans un vase, l’associant à la beauté dans toute sa splendeur, que nous en avons oublié la manière dont elle se tient en terre, immobile, impassible, un après-midi entier.
L’amour doit être détrôné en faveur de quarante degrés de fièvre, la jalousie s’effacer devant les élancements de la sciatique, l’insomnie jouer le rôle du traître et le héros s’incarner dans un liquide blanc au goût sucré
Le public risque fort de trouver qu’un roman consacré à la grippe manque d’intrigue et se plaindra de l’absence d’amour – à tort, d’ailleurs, car la maladie se dissimule souvent sous ce masque et joue les mêmes tours bizarres.
De nos jours, la compassion est dispensée surtout par les laissés-pour-compte et les ratés, en majorité des femmes qui, ayant décroché de la course, ont du temps à consacrer à des expéditions rocambolesques et peu rentables