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Critique de ATOS


ATOS
11 décembre 2020
« Mais il en va d'une oeuvre comme d'un arbre : plus les racines s'enfoncent dans la nuit dense de la terre, plus grand est le morceau de ciel que la ramure peut embrasser. » Michel Tournier. ..« l'homme qui vivait sous terre » , nouvelle de Richard Wright, est de ces arbres.
Ses racines plongent dans la cruauté d'un monde, de son injustice, de son absurdité, de ses fictions, de sa réalité. Nuit dense, profondeurs létales. A la surface de ce monde : mensonges, illusions, absurdes croyances, fausses richesses, théâtres hallucinants où dansent des ombres macabres.
Dans le ventre de ce monde, dans la densité de sa nuit, les bruits, les heures connaissent une autre horloge, embrasse un autre temps . D'autres valeurs. Un autre regard. Dans la densité de cette nuit, une autre lumière, une vérité, atroce, cruelle. La réalité.
A la surface, ...mais dans le fond.
C'est ici l'autopsie d'un corps social.
Dans les entrailles du monde, la lumière se fait.
Faisant apparaître, entendre, toucher, ce qui jusqu'à lors était invisible.
Terrible et insupportable, et presque prothétique nouvelle de Richard Wright : Celui qui s'expose et fait remonter à la surface la vérité sera assassiné.
Il serait intéressant d'analyser la nouvelle de Richard Wright à travers la lecture du mythe de Jonas...dans le ventre de la baleine, ..trois jours et trois nuits…, recraché sur le rivage...  «  Lève-toi, va à Ninive et crie contre elle car sa méchanceté est montée jusqu'à moi. » .
La baleine,..le poisson…
Comment ne pas repenser aux mots de Richard Wright durant l'interview qu'il avait accordé au journal l'Express le 18 août 1960, lorsqu'il était interrogé sur la valeur symbolique de son roman Fishbelly : « « Qu'entendez-vous par le titre de votre livre Fish Belly ?  
Ce titre a une certaine portée symbolique ; l'estomac d'un poisson est généralement blanc, mais cela ne se voit pas de l'extérieur, et ce que je voulais faire comprendre au lecteur, c'est que mon personnage regarde avec des yeux de Noir les valeurs des Blancs, mais qu'il a entièrement absorbé les valeurs de la société dans laquelle il vit... C'est ce qu'un de ses compagnons de jeux exprime dans le livre lorsqu'il dit : "Le ventre des poissons est blanc". » »
https://www.lexpress.fr/culture/livre/1960-entretien-avec-richard-wright_2027196.html.

Il est parfois intéressant de lire une nouvelle séparément du recueil auquel elle appartient. "L'homme qui vivait sous la terre" appartient au recueil "Huit hommes", recueil que j'ai précédemment eu le plaisir de lire. Cette nouvelle, il est vrai, avait à cette époque déjà retenu mon attention. Mais lu ainsi, séparément, sa relecture m'a permis de saisir peut être plus nettement, je pense, la densité de cette nuit.
https://www.babelio.com/livres/Wright-Huit-hommes/199142/critiques/1271107

Astrid Shriqui Garain



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