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Un homme noir est accusé d'un crime qu'il n'a pas commis et forcé à signer des aveux qu'ils n'a pas fait après avoir été mis à mal par des policiers blancs. Une pratique plutôt banale dans l'Amérique des années 1960, sauf que ... le protagoniste décide de s'enfuir et se cache.. dans les égouts.
Lui ne se transforme pas en insecte (ou en rat), à l'opposé du héros de Kafka, mais il assiste à des scènes très étranges ou lugubres.

Il y avait longtemps que ce livre était dans ma PAL, et j'ai choisi de commencer par celui-ci car j'ai voulu éviter l'erreur de débuter avec le chef-d'oeuvre de Ricahrd Wright - à savoir le très célèbre Black Boy - pour m'épargner des déceptions.

Le rythme de cette novella est haletant et traduit bien l'anxiété et la perte de repères du personnage. J'avoue ne pas avoir toujours bien suivi le cours de ses pensés (et actions) délirantes.
Au final, l'auteur parvient à décrire un moment de vie (plus ou moins long?) où le dessus et le dessous se confondent, l'innocent devient coupable, la vérité devient mensonge, ... Et le lecteur ne sait plus trop à quoi se fier.

Ce roman n'est, pour moi, ni mauvais ni transcendant mais cela ne m'a pas dissuadée de relire Richard Wright, au contraire!
Je suis contente d'avoir découvert l'univers de Wright, où le système injuste , dirigé par des blancs aliène des noirs. Sans pour autant avoir un récit où tout est noir...ou blanc !




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Peut-on espérer une autre vie que celle que les circonstances nous imposent ? injustice, pauvreté, assignation . . . Les maux ne manquent pas et Richard Wright abordait déjà cette question dans "Black boy".

Dans ce texte, il emprunte la voie de l'imaginaire mais le héros contraint de se cacher dans les égouts afin d'échapper à un funeste destin lui ressemble. Cette fois, il n'est pas question d'esquiver des coups comme lui naguère ou de quitter son Etat.

Son double, si j'ose dire vit sous terre, à l'abri de ce monde d'en haut, lumineux en apparence mais terriblement effrayant pour des gens comme lui. En revanche, sous terre règne en apparence l'obscurité mais l'espérance y est saisissante, telle une lumière pour n'importe qui.

Trop peut-être, tant il s'acharne à vouloir empêcher une injustice, auprès de ceux-là même qui sont à l'origine de sa décadence. Parviendra-t-il ?
Malgré l'alternance de narrateurs qui peut dérouter le lecteur, cet ouvrage conserve sa force de dénonciation de l'injustice et de célébration de la dignité humaine.
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« Mais il en va d'une oeuvre comme d'un arbre : plus les racines s'enfoncent dans la nuit dense de la terre, plus grand est le morceau de ciel que la ramure peut embrasser. » Michel Tournier. ..« l'homme qui vivait sous terre » , nouvelle de Richard Wright, est de ces arbres.
Ses racines plongent dans la cruauté d'un monde, de son injustice, de son absurdité, de ses fictions, de sa réalité. Nuit dense, profondeurs létales. A la surface de ce monde : mensonges, illusions, absurdes croyances, fausses richesses, théâtres hallucinants où dansent des ombres macabres.
Dans le ventre de ce monde, dans la densité de sa nuit, les bruits, les heures connaissent une autre horloge, embrasse un autre temps . D'autres valeurs. Un autre regard. Dans la densité de cette nuit, une autre lumière, une vérité, atroce, cruelle. La réalité.
A la surface, ...mais dans le fond.
C'est ici l'autopsie d'un corps social.
Dans les entrailles du monde, la lumière se fait.
Faisant apparaître, entendre, toucher, ce qui jusqu'à lors était invisible.
Terrible et insupportable, et presque prothétique nouvelle de Richard Wright : Celui qui s'expose et fait remonter à la surface la vérité sera assassiné.
Il serait intéressant d'analyser la nouvelle de Richard Wright à travers la lecture du mythe de Jonas...dans le ventre de la baleine, ..trois jours et trois nuits…, recraché sur le rivage...  «  Lève-toi, va à Ninive et crie contre elle car sa méchanceté est montée jusqu'à moi. » .
La baleine,..le poisson…
Comment ne pas repenser aux mots de Richard Wright durant l'interview qu'il avait accordé au journal l'Express le 18 août 1960, lorsqu'il était interrogé sur la valeur symbolique de son roman Fishbelly : « « Qu'entendez-vous par le titre de votre livre Fish Belly ?  
Ce titre a une certaine portée symbolique ; l'estomac d'un poisson est généralement blanc, mais cela ne se voit pas de l'extérieur, et ce que je voulais faire comprendre au lecteur, c'est que mon personnage regarde avec des yeux de Noir les valeurs des Blancs, mais qu'il a entièrement absorbé les valeurs de la société dans laquelle il vit... C'est ce qu'un de ses compagnons de jeux exprime dans le livre lorsqu'il dit : "Le ventre des poissons est blanc". » »
https://www.lexpress.fr/culture/livre/1960-entretien-avec-richard-wright_2027196.html.

Il est parfois intéressant de lire une nouvelle séparément du recueil auquel elle appartient. "L'homme qui vivait sous la terre" appartient au recueil "Huit hommes", recueil que j'ai précédemment eu le plaisir de lire. Cette nouvelle, il est vrai, avait à cette époque déjà retenu mon attention. Mais lu ainsi, séparément, sa relecture m'a permis de saisir peut être plus nettement, je pense, la densité de cette nuit.
https://www.babelio.com/livres/Wright-Huit-hommes/199142/critiques/1271107

Astrid Shriqui Garain



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Accusé à tort d'un meurtre, un Noir américain se réfugie dans les égouts. de cave en cave, il découvre une autre façon de voir le monde et s'aménage une grotte extravagante. Les bruits du dessus sont étouffés, la lumière est une abstraction. « Une part de son être essayait de se rappeler le monde qu'il avait quitté, une autre part ne voulait pas s'en souvenir. » (p. 46) L'homme fait corps avec son refuge et devient un être excavateur. Mais face à une nouvelle démonstration d'injustice et de violences policières, il sait qu'il doit remonter. « Et c'était maintenant ainsi que lui apparaissait le monde de dessus terre : comme une forêt sauvage, qu'emplissait la mort. » (p. 71 & 72)

En quelques pages très précises, Richard Wright dépeint une lente glissade dans la folie, une dissociation mentale salvatrice. Mais l'homme n'est pas fait pour les souterrains, et s'il en ressort, personne ne le comprend. Avec ce texte digne d'une nouvelle de Kafka, l'auteur dénonce les violences faites aux Noirs américains. C'est très puissant et ça nous met face à une réalité sordide.
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Fred Daniels, ouvrier noir américain, est arrêté par la police un soir alors qu'il rentre de son boulot. Il est soupçonné d'avoir volé et assassiné les voisins de ses employeurs. Pas de preuve mais il est noir. C'est suffisant. La police l'interroge, le torture jusqu'à ce qu'il avoue ces meurtres qu'il n'a pas commis. Profitant d'une occasion, Fred s'enfuit, se cache dans les égouts et s'installe sous les rues de Chicago.

Cela commence comme une histoire typique d'injustice raciale et en une fraction de seconde, le roman prend une tout autre direction, une toute autre dimension.

La vie sous terre de Fred se transforme en une allégorie de l'expérience noire. Une vie invisible.
Caché sous la ville, dans la clandestinité, hors du monde, Fred Daniels va accéder discrètement à ce qui compte tant au dessus (l'argent, les diamants….) et réfléchir à ce qui a vraiment du sens.

L'entrée en matière est ultra réaliste et à l'opposé, les aventures souterraines totalement surréalistes. La combinaison des deux rend l'expérience de lecture de ce roman incendiaire, puissante et douloureuse.

📌 Écrit à peu près à la même période que les livres phares de l'auteur, Un enfant du pays(1940) et Black Boy (1945), ce roman n'a pas été publié dans son intégralité du vivant de Richard Wright. Sans doute jugé trop revendicatif et trop réaliste, il est paru expurgé sous forme de nouvelle.
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1940.
Fred Daniels quitte la maison où il travaille comme employé de maison.
Dans une résidence voisine, un double meurtre a été commis.
Un couple.
Blanc.

Fred est noir.
Sans alibi.
Les forces de l'ordre sont blanches.
Aussi blanches que les victimes.
Blanches comme neige.

Dans un dernier sursaut de désespoir, accusé de ce crime, Fred parvient à se faufiler par une plaque d'égouts.

Ce pourrait être Fred au pays des merveilles, tant il ouvre de portes, naif, et découvre le monde.
Absurde et terrifiant.

D'abord observateur passif de ce qui s'offre à voir, il en devient petit à petit le grain de sable, de sel, de folie. Celui qui enraye la machine.
S'en amuse.
S'en désole.
Dieu en toile de fond.
Puisque c'est là que commencent le Bien et le Mal.
Le tropisme manichéen.

Être noir, en 1940, aux Etats-Unis, c'est être né coupable.
L'état pouvait en convaincre n'importe qui.
Peut-être même Fred Daniels ..

Roman court et puissant, totalement immersif, et c'est à bout de souffle que j'ai quitté les égouts, collée aux basques de cet homme innocent, dans tous les sens du terme.
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Un homme recherché par la police se planque dans les égouts. Pourquoi ?
Nous sommes à la fin des années 50 aux États-Unis, il y a eu un meurtre et notre homme était dans les parages. Ah oui... notre ami est black.
Année 50 ; USA ; homicide ; homme noir... Pas besoin de chercher bien loin, on tiens le coupable !
Ce sont donc trois flics qui vont à leurs manières, extirper des aveux à notre bouc émissaire.
Il lui faut rétablir la vérité au plus vite...
~~~
L'auteur, Richard Wright, non, non, oublie le gars des Pink Floyd, ce Richard là, est écrivain Afro-américain, poète, journaliste, et accessoirement, petit fils d'esclave.
À 30 ans, il publiera un recueil de nouvelles : "les enfants de l'oncle Tom", qui se vendra à 215000 exemplaires en trois semaines. Record pour un auteur Afro-américain. Il sera par la suite comparé à des écrivains de la trempe de Steinbeck ou Dostoïevski, rien que ça...
Des années plus tard, afin d'échapper à des représailles de la part du gouvernement Américain pour des motifs politiques, il ira trouver refuge en France, où il côtoiera entre-autres, Camus et Sartre.
Il décédera à Paris à 52 ans, d'une crise cardiaque.
Cette nouvelle : " l'homme qui vivait sous terre", issue du recueil " huit hommes", paraîtra post-mortem.
~~~
Richard Wright m'a gentiment trimballé dans les égouts, mais malheureusement, la virée ne m'a pas emballé plus que ça. Ce n'est pas que je rechigne à patauger dans la mouise, non, c'est plutôt le côté répétitif d'aller creuser des parois humides, puis redescendre deux étages plus bas pour y creuser encore, tomber ainsi sur des pièces, des salles.
L'histoire n'a pas fonctionné avec moi... pas grave.
Quand à cette fin...
Conclusion :
D'accord sur le fond, pas sur la forme.
D'autres ont adoré et c'est très bien comme ça :)

























































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Cette courte descente sous terre m'a laissé perplexe.
Déjà, j'ai trouvé le style assez médiocre, et je ne sais trop qui en accuser, de l'auteur ou du traducteur. Mais des choses comme "fermer la lumière" ou "sucer le milieu d'une pomme", c'est quand même pas agréable à lire.
Ensuite, les pérégrinations du héros dans les égouts m'ont assez peu intéressé, d'autant que je ne voyais pas bien où Wright voulait en venir, et malgré le fait que l'ensemble reste très court, il y a tout un passage que j'ai lu en diagonale, sautant des paragraphes entiers.
Ce qui est étrange, c'est qu'en fait, cette expérience d'enfermement sous terre donne lieu à très peu d'introspection, le plus gros du texte étant consacré aux scènes auxquelles le héros assiste, voire participe, dans les nombreuses salles en sous-sol auxquelles on peut accéder par les égouts (ça aussi, c'est bizarre, d'ailleurs).
La fin gagne quand même en intérêt, curieusement à partir du moment où il sort à l'air libre, sans non plus casser des briques, jusqu'au dénouement tragique que l'on voyait d'ailleurs venir depuis un moment.
Bref, un bouquin récupéré dans une boîte à livres, et qui va y retourner aussi sec.
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Je considère ce livre à la fois extrêmement étrange mais en même temps très captivant. Après cette lecture vous ne regarderez plus de la même façon les bouches d' égout... Tout au long du livre le personnage vivra des aventures rocambolesques, qui m'ont tour à tour donné envie d'avoir de la peine , voir de la pitié pour lui, à d'autres moments je m' indignais par son attitude que j'ai pu trouver éxécrable.
La fin est aussi inattendue que surprenante et contient véritablement un sens philosophique qu' il convient de signaler...
A son retour parmi les hommes, il ne sera plus qu' une âme folle et errante dans cette Cité...
Qu' adviendra-t- il de son innocence ou de sa culpabilité? A quel sort sera-t-il abandonné au final?
Je vous laisse le découvrir c'est vraiment très intéressant, vous ne serez pas déçus de ce grand auteur!
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C'est une nouvelle peu ordinaire. Une histoire de poursuite policière… et de trou d'égoût. Un conte social en quelque sorte. Nous sommes dans les années 60, un noir américain, accusé d'un meurtre recherché par la police, se réfugie dans un trou d'égoût. À quel prix cet homme peut-il être libre ? Aux premiers abords, l'histoire peut paraître légère, (la situation n'est pas banal, ça se passe dans un trou d'égoût). Mais derrière tout ça , et avec un peu de recul, c'est un message sérieux, porteur de sens qui s'y cache. C'est un dépaysement total. le personnage, retranché dans les égoûts semble avoir rompu avec le monde extérieur à la poursuite de la liberté. Il semble avoir trouvé un havre de paix. Mais le personnage, n'est plus considéré comme un homme, doit vivre dans les égoûts comme un rat.
L'enfer, pour cet homme qui clame son innocence, c'est les autres. Et tout ce qu'ils représentent : leur système, leur folie.
Lien : http://www.dear-generation.t..
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