Quand je pleure - les rares fois où je m'y autorise -, c'est sur elle que je pleure. Pas sur moi. Non, je pleure la Cassie qui a disparu. Et j'ignore ce que cette Cassie penserait de ce que je suis devenue. Une Cassie capable de tuer.
Je suis celle qui fait face au tireur sans visage dans les bois, sur l'autoroute abandonnée. Je suis celle qui ne s'enfuit pas, qui ne se contente pas de rester là, mais qui affronte.
Il est venu en moi. Il est venu en moi et moi en lui. Nous avons été ensemble dans un espace infini. Il n'existait aucune frontière entre nous. Où commençait l'un, où finissait l'autre ? Aucune frontière.
- Je vais t'enseigner à aimer la mort. Je vais te faire oublier le chagrin, la culpabilité et l'apitoiement, et t'inculquer la haine, la ruse, la fourberie, et l'esprit de vengeance. Je vais accomplir ma dernière mission ici, [...].
Il a continué à me frapper le torse jusqu'à ce que ma peau me brûle et que mon cœur soit en feu.
- Et tu seras mon champs de bataille.
Il est, c’est tout. Et je m’ouvre à lui, comme une fleur à la pluie.
Parfois vous pensez avoir le choix, mais ce n'est pas vraiment le cas. Ce n'est pas parce qu'il existe une alternative que vous pouvez en profiter.
« - Je me suis trompé, poursuit-il. Avant de te rencontrer, je pensais que le seul moyen de s'accrocher était de trouver un but. Alors qu'en fait, pour continuer à vivre, tu dois trouver ce pour quoi tu es prêt à mourir. »
Et pourtant.
Quelque chose était différent. Je me tenais immobile dans une petite mare de verre brisé juste après la porte d'entrée. Aucune ombre furtive. Aucune odeur, aucun bruit suspect. Mais je savais.
Quelque chose était différent.
Il y a bien longtemps que les humains ne sont plus des proies. Genre, un bonne centaine de milliers d'années. Mais la mémoire de ces temps anciens est toujours là, tapie au fond de nos gènes : c'est ce qui donne sa conscience du danger à la gazelle, son instinct de fuite à l'antilope. Le vent chuchote à travers les herbes hautes. Une silhouette se faufile entre les arbres. Et, à cet instant précis, cette voix nous susurre : chhhuuut, il est là, tout près. Tout près.
"Il était derrière moi au cours de littérature, et j'avais fait l'erreur de lui prêter mon Stabilo. Du coup, juste après, il m'a filé un rencard, parce que évidemment, si une fille vous prête son Stabilo, c'est qu'elle vous trouve irrésistiblement sexy."
Avant de te rencontrer, je pensais que le seul moyen de s'accrocher était de trouver un but. Alors qu'en fait, pour continuer à vivre, tu dois trouver ce pour quoi tu es prêt à mourir.