Ce tome commence comme tout ce qui est rapporté dans le précédent : on finit de régler un certain nombre de petits mystères, pour mieux aborder le sujet : l'ascension de l'Everest par Habu.
Lecture sous tension, tellement palpable qu'elle en est presque...épuisante ! On se surprend à retenir son souffle, à crisper les doigts sur les pages.
Finauds et habiles auteurs, Yummakura Baku et
Jiro Taniguchi, ne vont pas mettre le focus, une fois de plus, sur Habu : on le connaît bien maintenant et on a foi en sa solidité.
Cette fois-ci, ils sont juste deux hommes : Fukamachi va suivre Habu pour le photographier au cours de son escalade sans oxygène, et par une voie jamais tentée.
C'est par Fukamachi que l'on se rend compte de toute l'étendue de la difficulté, de la prouesse à réaliser. Fukamachi, jusqu'alors personnage "faire valoir», un peu falot, plein de doutes et d'hésitations, qui reprend son statut d'alpiniste aguerri et courageux, testant ses limites et essayant de les repousser. Lui aussi est seul, lui aussi grimpe sans oxygène, lui qui s'est si peu entraîné à des conditions de survie si rigoureuses. Et le regard change sur lui.
Habu lui, est au mieux de sa forme, de son implication et ... de son humanité.
Les dessins de la montagne sont toujours aussi beaux, aussi exaltants dans leur dureté de glace et de pierre et de vent furieux. C'est un lieu inhumain. Et cela semble normal d'y célébrer une cérémonie pour demander l'autorisation aux dieux de s'y aventurer.
C'est la représentation que fait Taniguchi du visage de Habu qui laisse percevoir l'admiration du dessinateur envers son personnage qui a pris si bien corps. Habu était représenté en soulignant une sorte de force animale : à deux reprises il est question du fumet qui l'enveloppe.
Dans ce tome, ce sont les portraits d'Habu qui sont le plus saisissant.
Un premier portrait, où la chaleur irradie de ses traits, la chaleur d'une vitalité qui résiste à toutes les conditions atmosphériques et qui réchauffe, ranime son compagnon. Et le second, la dernière vignette de ce tome, dans lequel c'est une lumière qui explose à travers toutes les ombres de ses traits burinés.
Il pénètre dans le domaine des Dieux, et comme l'a exprimé Ang Tshering " Peu d'hommes sont dignes de monter tout là-haut pour questionner le ciel."