L'idée de départ me séduisait: une femme fatiguée de subir, de souffrir, n'en peut plus. Alors Stop, il faut que cela s'arrête. Et la voilà prête à tuer.
Franchement, après avoir lu
Karine Giebel par exemple, je n'ai absolument rien contre la violence, le glauque, la mort dans les romans.
Mais je n'ai pas trouvé que ce livre en valait la peine. La langue est banale, je n'ai absolument pas trouvé l'humour que l'on me vendait dans la 4ème de couverture.
Beaucoup d'absurde de mon point de vue. Pourquoi s'attaquer à des presque inconnus alors que visiblement, elle aurait eu des cibles de choix dans les personnes de son entourage ? Les situations s'enchaînent sans vraiment de cohésion. Elle est harcelée par son voisin d'en face, ce n'est effectivement pas une situation facile à gérer, ce n'est pas agréable j'en conviens. Elle ferme les rideaux de ses fenêtres et s'oblige à vivre dans l'obscurité pour qu'il ne puisse plus l'observer. Elle est assisse dans le parc où il vient lui parler ... Je ne sais pas comment je réagirais, mais de là à décider de massacrer cet homme ...
Elle rencontre un voyant totalement atypique, pour lui il n'y a pas de solution, on est soit le loup, soit l'agneau. Et comme elle ne supporte plus d'être un agneau, elle se transforme en loup. Tout cela est un peu trop binaire pour moi. J'aime les textes plus philosophiques et les réactions plus subtiles.
Ensuite, elle ne se contente plus de se défendre, elle provoque, elle va au devant d'hommes qu'elle démolira sans autre forme de procès, sans véritable raison si ce n'est qu'ils sont hommes et que par conséquent ils doivent payer.
Etant donné qu'il n'y a absolument aucune analyse psychologique permettant d'expliquer pourquoi elle agit de la sorte, pas de retour à l'enfance, même ses quelques années d'errance et de prostitution ne sont pas étayées, on est vraiment face à une femme qui exécute.
Le livre se termine par ces quelques phrases: "Si vous voyez une femme marcher, si elle rentre tranquillement chez elle, si vous la voyez passer sans bruit devant vous sur le trottoir. Si vous avez envie de briser ses os fragiles, si vous avez envie d'entendre ses supplications désespérées, si vous avez envie de sentir la peau rose se contusionner, et si vous avez envie de goûter la peau tendue qui saigne. Si, en la voyant, vous avez envie d'elle. Réfléchissez. Ne la touchez pas. Laissez-la poursuivre son chemin. Ne plaquez pas votre main sur sa bouche et ne la jetez pas à terre.
Car sans le savoir, sans réfléchir, sans le vouloir, vous aurez peut-être posé votre grosse main sur Bella. Or elle s'est réveillée ce matin et s'est aperçue qu'elle n'en pouvait plus".
Heureusement, tous les hommes que nous croisons au quotidien dans la rue ne pensent pas qu'à nous briser nos os fragiles.
Bref, ce fut peut-être un texte hautement féministe il y a 30 ans mais aujourd'hui, j'ai surtout trouvé que c'est un texte sans grand intérêt, extrêmement violent gratuitement, pas particulièrement bien écrit, qui ne m'a pas rendu l'héroïne sympathique.