Plus tard je songe au Fuji, à Kokuzo et à mes peurs. Les rêves ne sont-ils que le théâtre des craintes et des désirs d'un esprit en transe ou bien reflètent-ils parfois pour de bon des aspects cachés de la réalité - pour nous prévenir peut-être ?
La raison sans sentiments a conduit l'humanité à commettre des horreurs.
Il semble que nombre de choses importantes, de la mort à l'orgasme, se passent à l'instant du vide, quand le souffle hésite. Peut-être qu'elles ne sont que des reflets de la mort.
Dans Hagakure , Yamamoto Tsunemoto déclarait que la Voie du Samouraï est la Voie de la Mort, que l'on doit vivre comme si son corps était déjà dans le sommeil éternel pour atteindre la liberté totale.
La mort est le seul dieu qui vient lorsqu’on l’appelle.
Kit m’a dit qu’il m’aimait et j’ai répondu que je l’aimais aussi. Personne ne mentait. Mais l’amour peut avoir plusieurs significations. Il est parfois vecteur d’agression ou symptôme de maladie.
Kit est en vie alors qu’il est enterré près d’ici ; et je suis morte, même si je regarde les traînées de nuages rosâtres du crépuscule au-dessus de la montagne lointaine, avec un arbre qui se détache comme il convient au premier plan.
La vie est un jeu auquel on doit commencer à jouer avant d’en connaître les règles. Les apprend-on jamais ? Y a-t-il vraiment des règles ?
On ne devrait admirer le transcendant que de loin.
N’était-ce pas dans une province tranquille que Botchan a découvert sa maturité ? J’ai une théorie à propos des livres comme celui de Natsume Soseki. Quelqu’un m’a dit un jour que c’est le bouquin que tous les Japonais cultivés ont forcément lu. Alors, je l’ai fait. Aux États-Unis, il paraît que c’est Huckleberry Finn. Alors, je l’ai lu aussi. Au Canada, c’est Bienvenue à Mariposa de Stephen Leacock. En France, Le Grand Meaulnes. D’autres pays ont aussi leur livre. Ils sont tous bucoliques, se déroulent à la campagne et évoquent les forces de la nature juste avant l’urbanisation massive et l’industrialisation. Ces choses se profilent à l’horizon, mais elles ne servent qu’à ajouter le piment de l’émotion à ces valeurs plus simples. Ce sont des œuvres pleines de vitalité, d’exaltation nationale et de tempérament qui traitent de la fin de l’innocence. J’en ai offert beaucoup à Kendra.