J'ai l'impression de ne jamais regarder la même montagne. Tu changes autant que moi, mais tu restes semblable. Ce qui veut dire qu'il reste encore de l'espoir en ce qui me concerne.
Mais je me rappelle qu’Ernest Hemingway a révélé à Bernard Berenson le secret de son meilleur livre : il était dépourvu du moindre symbolisme. La mer était la mer, le vieil homme un vieil homme, le garçon un garçon, le marlin un marlin et les requins ressemblaient à tous les autres requins. Ce sont les gens qui y donnent eux-mêmes du sens, en fouillant sous la surface, à la recherche d’autre chose.
Telle est la leçon apprise à Hodogaya : s’occuper du présent. Ne pas essayer de parfaire ses idéaux. Savoir quand s’abriter de la pluie.
Une grande partie de l’architecture locale de cette région m’évoque la proue de navires. Une évolution culturelle convergente dans laquelle le message est le médium ? La mer est la vie ? Tirant notre subsistance de ce qui se trouve sous les vagues, nous sommes toujours en mer ? Ou la mer représente la mort, car son niveau pourrait monter à tout moment pour anéantir nos terres et nous tuer ? Nous gardons donc ainsi ce memento mori jusque dans les toits au-dessus de nos têtes et les murs qui les soutiennent ? Ou s’agit-il d’un symbole du pouvoir que nous exerçons sur la vie et la mort ? (p. 43)
– Mais qu’est-ce que l’imagination ?
– Elle naît de l’alliance des sens et de la raison