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4,15

sur 7530 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman écrit à partir de l'actualité de l'époque, roman historique pour les lecteurs d'aujourd'hui, ce récit mérite vraiment que l'on s'y intéresse. L'action se déroule durant la troisième république sous la présidence de Jules Grévy, il est publié en 1883, ce qui en fait un récit documentaire abordant divers sujets tels que la société parisienne, l'argent, la richesse, la précarité, les avancées du commerce.

Octave Mouret, fils de Marthe Rougon et François Mouret (voir la conquête de Plassans), homme d'action, organisateur de génie et, dirait on de nos jours, prompt à se lancer dans des concepts innovants, dirige fermement le « Bonheur des Dames » grand magasin situé dans le quartier de l'opéra ou évolue une population aisée. le commerce prospère, attire des foules toujours plus importantes, crée de l'emploi, et favorise l'essor économique.

On réalise alors la richesse du sujet exploité par Emile Zola qui passe en revue les différentes couches de la société parisienne : depuis les vendeurs et les vendeuses, exploités, privés d'une certaine liberté, victimes des abus de pouvoir des supérieurs dans cette micro société que représente le Bonheur des Dames, victime des jalousies, de la méchanceté des pairs, en situation précaire car on ne sait pas si on sera autorisé à revenir le lendemain, exploités. Pour dénoncer les travers de ce peuple, l'écrivain donne vie à Denise Baudu : jeune orpheline qui arrive à Paris avec les deux frères dont elle a désormais la charge. Elle arrive chez son oncle, propriétaire d'un petit commerce de textile : « le vieil Elbeuf ». Elle est engagée au Bonheur des Dames et deviendra celle par qui on prend connaissance de l'ensemble des employés, de la hiérarchie existante, des habitudes, d'un règlement qui montre bien peu de respect pour la personne et sa vie privée.

Pour pointer du doigt la bonne société parisienne aisée, Zola introduit la maîtresse d'Octave Mouret, Henriette Desforges, ainsi que les couples qu'elle fréquente, un groupe qui semble très bien représenter les nantis, tout en exposant des phénomènes produits par l'étalage des biens : le vol, les dépenses compulsives, les astuces d'acheteuses…

Mais l'écrivain ne se contente pas de décrire voire de dénoncer, il expose quelques techniques de vente et montre comment le puissant Octave Mouret s'y prend pour exploiter ses clients et créer les besoins chez les femmes. C'est là l'aspect du roman que j'ai vraiment préféré en constatant que les techniques pour forcer la vente sont similaires aux techniques actuelles : flatter le client, changer les rayons de place, promettre des économies à qui se livre aux achats intéressants, faire du client le roi du lieu, proposer des ventes exceptionnelles pour grossir le chiffre d'affaire.

Fort de son succès, le Bonheur des Dames, tout comme le font nos grandes surfaces aujourd'hui, tue le petit commerce, et c'est avec angoisse que l'on verra péricliter le petit commerce… Zola décrira d'ailleurs le commerce comme une machine inhumaine qui n'est pas sans rappeler la mine et le puits de Germinal sorte de monstre assoiffé qui absorbe clients, vendeurs et toute personne qui viennent s'y perdre.

Le personnage de Denise est central : elle met en évidence la méchanceté, l'égoïsme, la cupidité, les moeurs légère de la société. Sa personnalité bien affirmée, ses principes, son travail consciencieux, son ambition en font un personnage qui se détache de l'ensemble et contraste avec l'ensemble du personnel.

Si j'ai trouvé certains chapitres un peu longs, particulièrement les ventes exceptionnelles où se rue la foule des acheteurs, j'ai beaucoup apprécié la richesse de ce roman bien documenté par son auteur qui n'a pas hésité à passer des journées au bon Marché, l'un des plus anciens magasins de Paris.

Belle promenade également dans le quartier de l'opéra, dans ses rues et ses passages couverts.
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David ne gagne pas toujours contre Goliath -et si David s'appelle le Vieil Elbeuf et Goliath, le Bonheur des Dames, le gros écrase le petit, en bonne et cynique logique.

Sauf quand David, comme ici, est une femme, Denise. Dans Denise contre Goliath, c'est Denise qui gagne!

Le roman entrecroise deux luttes: celle du petit commerce contre le grand commerce- les boutiques contre les grands magasins. Et la lutte d'une jeune femme sensible mais vertueuse , morale mais amoureuse contre celui qui veut en faire une de ses maîtresses..

Et plus le Bonheur des dames s'agrandit- c'est le nom du Grand Magasin- , grignotant le quartier tout entier, plus le bonheur de la dame - Denise Baudu en Casta Diva résistant au bourreau des coeurs, Octave Mouret- s'affermit, jusqu'au triomphe final.

Denise Baudu épouse le bel Octave qui quitte pour elle sa maîtresse, Henriette Desforges, une femme du monde influente.

Voilà, en gros, la trame de l'intrigue mais le roman est intéressant à plus d'un titre.

D'abord c'est un roman optimiste, avec happy end ...enfin, pas pour tout le monde: quelques suicides de petits commerçants, ruinés par les grands magasins, émaillent la fin du livre, attestant discrètement -mais qui s'en soucie?- de la brutalité foncière du système économique naissant qui fait toujours nos beaux jours..

Ensuite c'est un roman essentiellement féminin- je n'ai pas dit féministe, tant s'en faut! Jusqu'au titre, le roman grouille de dames: petites commises-kleenex, qu'on exploite et qu'on jette dès qu'elles sont enceintes, malades, ou si elles ont, simplement, déplu, "premières" -les chefs de rayon- aussi dures sinon plus que les hommes, leurs rivaux, et surtout clientes- compulsives, dépensières, voleuses, capricieuses, jalouses, venimeuses, potinières, fashion victims addictives , bref tout un florilège des pires "qualités"attribuées aux femmes.

Mais Denise Baudu, future Mme Mouret -l'autre Mme Mouret ex Mme Hédouin, épousée à grand-peine à la fin de Pot-Bouille a le bon goût de mourir accidentellement sur le chantier du Grand Magasin au début du récit, laissant la voie libre - Denise, donc, est celle qui les venge toutes!

Exemplaire, honnête, travailleuse, ne jouant pas de son charme, sensible, raisonnable, généreuse, secourable, elle résiste aux commérages et aux brimades de ses collègues de travail, aux caprices de ses clientes avec patience mais fermeté, ...et aux avances du patron.

Alors, le Bonheur des dames, apothéose d'une héroïne féminine moderne?

Pas tout à fait: Denise sait qui elle épouse, même si Octave a changé sous son empire, elle le sait cynique, volage, ambitieux, sans scrupule. Son avenir d'épouse ne sera sans doute pas une vallée de roses...

Et la future Mme Mouret ne devient pas directrice de magasin, malgré ses compétences évidentes dans le commerce: elle jouera le bon ange du Bonheur des dames, pensant à améliorer la cantine des employées, leur logement, à sécuriser leur emploi, à leur garantir des droits... Bref, ce sera la Maman, mais Octave reste le Papa. le Papa...et le Patron! Pas de quoi convoquer Louise Michel ou Olympe de Gouges...

Mais le plus grand intérêt du livre est celui du lieu: le Bonheur des Dames, décrit, évoqué avec minutie dans son architecture, son fonctionnement, sa hiérarchie implacable, ses systèmes de vente, son expansion irrésistible, sa magie tentatrice, sa force consumériste.

Le Magasin est vraiment le premier personnage de ce roman qui chante une ode à la société de consommation naissante...

Si Zola revenait, son petit carnet de notes à la main, il raconterait sûrement la chute de ces vieux temples du XIXème siècle, supplantés à leur tour par l'expansion implacable du " e-commerce"...

Mais ceci est une autre histoire, comme dirait l'ami Kipling...
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C'est l'histoire de l'essor des grands magasins face au petit commerce, à grands coups de réclames, de promotions et d'innovations commerciales. C'est aussi l'histoire de l'amour pur, tendre et puissant d'Octave et Denise. C'est enfin l'histoire d'un livre qui a été pendant des années parmi mes favoris, que j'ai lu et relu à l'infini...

Et que je viens de relire encore une fois. Bien sûr, j'ai été séduite par la splendeur des soieries et des dentelles, la profusion de marchandises chatoyantes dans les vitrines et toutes les idées neuves d'Octave Mouret pour faire rêver (et acheter) les femmes. de même, j'ai été impressionnée par les personnages, tous plus vrais les uns que les autres, des employés mesquins et comploteurs aux grandes bourgeoises pédantes ou hystériques, sans oublier les commerçants traditionnelles, victimes désespérées mais dignes.

J'aime toujours autant Denise pour sa bienveillance, son courage, sa gentillesse envers ses frères, sa force tranquille et sa fierté farouche. J'aime toujours autant Octave pour son génie des affaires, son dynamisme, son charisme, son regard qui ne s'arrête pas aux apparences et ses sentiments profonds pour Denise. Leur histoire m'a émue à nouveau, des frémissements de tendresse initiaux au joyeux happy end, en passant par leurs tourments et jalousies.

Mais j'avoue que l'adulte féministe que je suis devenue est plus choquée que l'adolescente que j'étais par l'idee d'un happy end qui passe forcément par un mariage, qui plus est entre une employée pauvre et son patron tout-puissant... ou par l'image générale que ce roman donne des femmes, frivoles, faibles, niaises, volages, soumises. Bref, pour apprécier ma lecture, j'ai du oublier qu'on était au XXIe siècle.
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Denise, 20 ans, son frère Jean 16 ans et Pépé, le plus petit arrivent à Paris quelques mois après la mort de leur père.
Nous sommes en octobre 1864.
Ils espèrent être accueillis chez le frère de leur père, l'oncle Baudu, patron d'un magasins de draps rue de la Michodière.
Hélas, celui-ci fait de mauvaises affaires à cause d'un grand magasin installé en face "Au bonheur des dames". le patron en la personne d'Octave Mouret, vend les marchandises à un meilleur prix et la clientèle se détourne des petits établissements moins attrayants aussi.
Le grand magasin engage et Denise va y travailler comme vendeuse. Jean sera apprenti chez un ébéniste et Pépé sera gardé en pension.
Hélas, en été, Denise sera licenciée, devra reprendre le petit Pépé et habiter dans une mansarde dont le propriétaire est marchand de parapluies. Elle travaillera dans sa boutique.
En 1866, elle parvient à se faire engager chez Robineau qui tente de monter un grand magasin capable de concurrencer "Au bonheur des dames".
Peine perdue pour Robineau.
Entretemps, Denise rencontre Octave Mouret aux Tuileries, il la réengage et commence entre eux une histoire d'amour mais je résume car ce n'est pas aussi simple. Beaucoup de jalousies naissent et des embûches sèment le chemin de Denise qui tient à se faire respecter.
Très beau roman de la série des Rougon-Macquart écrit en 1883, presque 20 ans après le temps du roman qui s'étale de 1864 à 1869, avec une analyse sociale et économique du début du capitalisme, avec certes, certaines longueurs dues à la façon d'écrire de l'époque et au thème abordé.
Zola avait eu une idée de génie de faire traverser les années aux membres de cette famille de Plassans et de leur faire revêtir les différents rôles de l'époque.
J'ai toujours été étonné du terme employé pour son oeuvre : le naturalisme.
Actuellement, on parlerait certainement de romans sociologiques.
Ma préférence va à "La bête humaine" et à "Germinal" où les faits humains occupent plus de place mais celui-ci est bien intéressant.


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Les héros de cette histoire, Octave et Denise, hantent toujours mon imaginaire... Et voilà un des rares tomes des Rougon-Macquart qui se termine bien, c'est à noter!

Magistral et prenant , ce sont les adjectifs qui me viennent à l'esprit pour qualifier ce livre.

" Je veux faire le poème de l'activité moderne". Ainsi Zola définissait-il le projet de son roman. Et je dis: pari gagné !

Car d'abord, poétique, cette oeuvre l'est: les descriptions des vitrines du grand magasin sont à elles seules un déferlement d'images toutes aussi belles et envoûtantes les unes que les autres." La cendre fine des dos de petit-gris, la neige pure des ventres de cygnes", " les bleus se décolorant en pâleurs d'une tendresse infinie", cela fait rêver...

Et quel visionnaire que l'auteur! A une époque où le principe des réclames n'était encore que balbutiant et assez rudimentaire, il envisage déjà l'avenir, à travers l'esprit novateur et bouillonnant d'Octave, devenu patron d'un grand magasin, après la mort de sa femme, propriétaire du lieu. Changer les produits de place, renouveler régulièrement les articles, faire des vitrines un tableau attractif, solder, introduire le luxe dans la décoration, autant d'initiatives géniales de sa part, pour conquérir la femme.Et faire acheter, encore et encore!

Car la femme est au centre de tout cet univers commercial. On retrouve ici le Zola mêlant l'érotisme au sujet, la femme étant mangée de désir pour " le bonheur des dames"... Et cette dimension féminine est aussi incarnée, dans sa version douce, têtue et émouvante, dans sa timide obstination, par Denise, simple vendeuse qui gravira les échelons et saura conquérir un coeur...

La chute irrémédiable des petites échoppes est vraiment bien décrite, symbolisée par la boutique de Baudu, l'oncle de Denise, qui n'a pas su ni pu suivre le mouvement de la modernisation.

Une page enthousiasmante de cette fresque familiale, dominée par un Octave fantaisiste, audacieux, intuitif, et une Denise, dont on aime la force patiente , sous son apparente fragilité, et dont on suit avec intérêt la transformation au fil du roman.

Un bonheur pour le lecteur !
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Quel plaisir de retrouver celui qui est, sans doute, mon auteur français préféré ! Et ce n'est pas encore avec ce tome-ci des Rougon-Macquart qu'il me décevra, bien au contraire.
L'histoire ? Denise Baudu, une provinciale sans le sou débarque dans le capitale avec ses deux frères. Son oncle et sa tante tiennent une boutique, le vieil Elbeuf, qui dépérit de jour en jour face à la concurrence de ce grand magasin qui ne cesse de pousser : le Bonheur des Dames. Bien vite Denise va devenir l'un des rouages de l'énorme machine et faire connaissance avec son ambitieux directeur, Octave Mouret. Elle va assister à la mort du petit commerce, aux faillites successives des boutiques alentours, incapables de tenir tête au grand magasin, à ses produits variés et bon marché.
Comme toujours avec Zola, on est complètement plongés dans le milieu étudié : on voit les étoffes chamarrées, on entend les vendeurs s'interpeller, la foule se presser dans les rayons... Comme Denise, on ne peut s'empêcher d'éprouver fascination et horreur mêlées devant ce rouleau compresseur que rien ne semble arrêter. J'ai retrouvé ce crescendo que j'aime tant chez cet auteur, le magasin qui s'agrandit, les sommes brassées qui sont toujours plus astronomiques, le choix de produits toujours plus grand, la clientèle qui se bouscule. Et parallèlement, les petits commerçants qui font faillites les uns après les autres, mais qui continuent de se battre contre une fin qui semble inéluctable. C'est une vraie plongée à l'intérieur du magasin, de cette mécanique bien huilée pour vendre toujours davantage. Chaque vendeur rêve de "manger" son supérieur, de prendre sa place, les ragots et commérages vont bon train. Avec le développement du Bonheur on assiste également à l'ascension de Denise, elle qui était traitée de tous les noms sera respectée de tous à la fin.
On est à cette époque charnière, celle de l'essor des grands magasins, si bien racontée par Zola. A la grande lutte des classes, des commerçants, se mêle le drame individuel. On a tous les points de vue : celui de la clientèle, de la concurrence, de Mouret lui-même, des vendeurs... La machine est impitoyable, broie les plus faibles, ceux qui ne peuvent faire face à la méchanceté des autres employés.
Et puis il y a Denise, personnage étonnant de droiture, de sincérité, de résilience. Elle subvient seule aux besoins de ses deux frères, ne veut pas d'homme dans sa vie. Elle trime pour grimper les échelons (l'affection du directeur l'y aidera aussi) . Elle refuse de se livrer aux hommes, toujours souriante malgré les ragots qui courent d'un bout à l'autre du magasin sur son compte. J'avoue qu'elle m'a quelque peu agacée quand même vers la fin du livre, ne sachant jamais ce qu'elle veut, je l'ai trouvée un peu niaise. La fin m'a d'ailleurs beaucoup surprise, complètement sentimentale et mièvre. Mais ma foi, un peu de douceur et d'amour ne fait jamais de mal.
Encore un énorme coup de coeur, peut être pas mon Zola préféré (je n'ai pas accroché jusqu'au bout avec le personnage de Denise), mais un excellent roman.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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J'avoue que dans mon cas personnel, l'arbre généalogique des Rougon-Macquart ne m'a jamais servi à rien. J'ai souvent lu certaines des oeuvres de Zola de façon isolée, et le rythme où je vais ne facilite pas les liens entre les volumes de la saga.

Néanmoins, j'ai très bien remis cette fois-ci le personnage d'Octave Mouret qui nous vient du tome précédent, « Pot Bouille ». Son épouse maintenant décédée, il gère seul le Bonheur des Dames, magasin de nouveautés, en homme d'affaire insatiable, et rêve d'expansion dans le quartier. Ses collègues commerçants sont d'ailleurs quasi tous au bord de la ruine.

Il va tout de même engager Denise, débarquée de Cherbourg avec ses deux frères, afin de tirer le drapier Mr. Baudu, son oncle, de l'embarras. Denise à peine arrivée est tombée sous le charme du magasin et son rêve serait d'y obtenir une place de vendeuse, mais rien ne sera plus douloureux pour elle. Dans ce magasin immense, ses collègues aiment les rumeurs et dès le premier jour, ils ne lui font pas de cadeaux.

Zola dit vrai comme à son habitude. Son écriture est juste et décrit dans les moindres détails la société du travail, le monde du commerce du vêtement et de la distribution de l'étoffe.

C'est une plongée dans le réalisme de ce magasin qui oppose les soies / laines, et des habitudes de la bourgeoisie acheteuse. Sans parler de l'histoire d'amour.
Parfois je m'y suis morfondue, mais j'ai passé un bon moment.

Mon prochain sera « La Terre », un beau programme.
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Publié en 1883, c'est le onzième volume de la suite romanesque des Rougon-Macquart. L'histoire se situe à Paris à la fin du XIX siècle où toute la ville assiste à un grand changement, tant sur le plan architectural que sur le plan des relations humaines. À travers ce grand magasin "Au bonheur des dames", on assiste à la transformation d'un mode de vie; celui du marchand de quartier au profit des grandes surfaces. C'est finalement assez contemporain, puisqu'on se bat toujours avec ce concept aujourd'hui encore. Tout est détaillé comme le fait cet auteur dans sa recherche de dresser un portrait précis de son époque. Zola nous amène au coeur des transformations économiques et industrielles de son époque.
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Mieux vaut tard que jamais : voilà que j'achève mon premier Zola
Parce qu'il a d'excellentes notes sur Babelio, parce qu'il est souvent recommandé et parce que je ne connaissais rien de cette histoire, j'ai jeté mon dévolu sur Au bonheur des dames. 

L'histoire n'est pas d'une grande complexité : on suit Denise, jeune orpheline fraîchement débarquée de sa province avec deux jeunes frères à charge, qui espère trouver du travail à Paris, chez son oncle, drapier de son état. 
Malheureusement, dans le quartier de l'oncle Baudu, le grand magasin Au bonheur des dames, tue à petit feu les commerçants, à grands coups de réclames et de techniques marketing innovantes en cette fin de XIXe siècle. Denise n'y trouve un emploi... Qu'Au bonheur des dames. 

La grande prouesse de Zola réside selon moi dans son art de faire de ce magasin un personnage à proprement parler, le coeur battant de Paris. Tantôt attirant et magnétique, immense et merveilleux, tantôt dévastateur et manipulateur, ce magasin est au centre du roman. Zola, d'ailleurs, alterne les métaphores récurrentes pour personnifier plus encore cet établissement : celle du monstre qui dévore tout, celle de l'église qui force la dévotion des acheteuses, et celle de la machine qui broie tout et ne s'arrête jamais. Et Denise se trouve elle-même confrontée à ce paradoxe, à la fois attirée comme un aimant par ce magasin, tout en étant consciente de ses travers, tant sur les petits commerces du quartier que sur les employés du magasin. 

Autre grande force du roman, c'est cette modernité avec laquelle Zola dépeint les nouvelles méthodes commerciales pratiquées par le Bonheur : publicité, prix d'appel, soldes, merchandising, intéressement aux ventes, cross-selling... J'ai presque eu l'impression d'assister à la naissance du marketing ! 

Enfin, Zola dessine avec talent les différentes classes sociales, du petit vendeur à la bourgeoisie, en passant par les petits commerçants, les clientes parisiennes, les provinciales. On assiste également à l'émergence d'une classe moyenne, grâce à l'enrichissement progressif de ces vendeurs qui profitent de la réussite du Bonheur des Dames. 

Finalement, ce roman n'est ni à charge sur les grands magasins, ni à décharge. Zola nous décrit factuellement ce qu'ils ont apporté et ce qu'ils ont détruit. 

Ce n'est pas tant l'histoire qui m'aura séduite, il n'y a pas vraiment de suspense et les personnages, nombreux, manquent de profondeur et de corps. Mais il est clair que c'est un parti pris de l'auteur, l'histoire n'étant qu'un support à ce portrait ciselé de la société française de la fin du XIXe. 
Et c'est réussi : j'ai été subjuguée par le génie du style de Zola, ses descriptions du Bonheur, la récurrence et la justesse de ses métaphores.J'ai ressenti le fourmillement et l'excitation des clientes dans les halls, dans la profusion des dentelles, des soies, des velours, puis leur renoncement, exsangues devant tant de tentations. J'ai ressenti sa grandeur et sa toute puissance, devant le ratatinement inextinguible des petits commerces du quartier. Ce Bonheur des Dames, c'est le coeur palpitant de ce roman, son personnage principal tout puissant. Il irrigue toutes les pages de son hégémonie. 
C'est brillamment écrit !
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Zola décrit l'apparition des grands magasins et le début de la société de consommation en faisant du Bonheur des Dames le personnage principal de son roman. Les descriptions de l'effervescence qui règne dans le magasin, des vêtements et tissus colorés et de la vie des employés rythment le roman.
Bien que nous plongeant dans une autre époque, ce livre amène également le lecteur à s'interroger sur la société de consommation actuelle.
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