Ce jour-là, en novembre 2008, j'ai rencontré pour la première fois une oeuvre de l'artiste Kim Sooja (1957, Daegu, Corée du Sud). Vivant et travaillant entre New York, Paris et Séoul, elle avait conçu une installation spécialement pour la Rotonde de la galerie Ravenstein, sous l'impulsion de BOZAR, Bruxelles. Celle qui s'exprime également au moyen de performances, photographies et vidéos, avait composé à l'aide de 2000 lanterne en forme de fleur de lotus, accrochées à une structure métallique circulaire, un plafond pour le lieu. En fond sonore, j'entendais des chants tibétains, puis grégoriens, enfin musulmans. Je me suis assis, invité à découvrir ainsi des différences et des similitudes culturelles, politiques et religieuses entre deux mondes : la tradition asiatique et la modernité occidentale. Je me suis senti apaisé. Et j'ai voulu en savoir plus sur cette artiste. Ce catalogue a été mon introduction dans l'univers de cette femme assez fascinante. Il accompagne une exposition au Musée d'art contemporain de Lyon : « Kim Sooja : conditions of humanity » en 2003. J'y ai trouvé différents aspects du travail de cette artiste nomade dont les thématiques récurrentes sont le voyage et l'exil. Ce qui induit inévitablement un questionnement sur les déplacements de soi et des autres autour de soi. Tout cela peut se faire à différents niveaux de lecture, dans cet art relationnel, tellement humaniste, en fin de compte, malgré ses aspects minimalistes, féministes, bouddhistes et politiques. Cet art vous réconcilie avec vous-même et permet de relier ce qui semble opposé ; la nature et la culture, le mouvement et le statisme, l'action et la contemplation, l'individualité et le groupe, la vie et la mort de soi. Kim Sooja est à la recherche d'un équilibre (fragile) pour le monde. Tout cela se décline dans une série d'installations et de vidéos, largement illustrées par des doubles pages couleurs, Mon oeuvre favorite reste « La Blanchisseuse » (A Woman Laundry). Une réflexion sur les linges et les textiles qui accompagnent une vie entière (du lange au linceul), en passant par tous les rites de passage (le baptême, le mariage, le deuil). L'art contemporain, conceptuel peut-être, mais coloré, sensuel et engagé.
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