Citations sur La ruelle au clair de lune (19)
La robe était aussi mise avec négligence; la voix était brûlée, rauque de tabac et de bière. Dans tout cela, je devinais un être fatigué, ne vivant plus que par habitude et mécaniquement.
« Il faut qu’elles se cachent quelque part dans un bas-fond de la grande ville, ces petites ruelles, parce qu’elles disent avec tant d’effronterie et d’insistance ce que les maisons claires aux vitres étincelantes, où habitent les gens du monde, cachent sous mille masques. »
"J’aurais voulu partir, mais tout en moi était alourdi ; j’étais là, assis dans cette atmosphère trouble et saturée, chancelant de torpeur comme le sont les matelots, enchaîné à la fois par la curiosité et par le dégoût, car cette indifférence avait un côté excitant."
Il faut qu’elles se cachent quelque part dans un bas-fond de la grande ville, ces petites ruelles, parce qu’elles disent avec tant d’effronterie et d’insistance ce que les maisons claires aux vitres étincelantes, où habitent les gens du monde, cachent sous mille masques.
J'aimais ces ruelles des villes étrangères, ce marché impur de toutes les passions, cet entassement clandestin de toutes les séductions pour les matelots qui, excédés de leurs nuits solitaires sur les mers lointaines et périlleuses, entrent ici pour une nuit, satisfaire dans une heure la sensualité multiple de leurs rêves. Il faut qu'elles se cachent quelque part dans un bas-fond de la grande ville, ces petites ruelles, parce qu'elles disent avec tant d'effronterie et d'insistance ce que les maisons claires aux vitres étincelantes, où habitent les gens du monde, cachent sous mille masques.
Ce regard asservi toucha en moi l'homme, le frère. Je sentis l'humiliation par la femme, et j'eus honte avec lui.
... que chaque porte s'ouvre sur quelque expérience humaine, que la diversité de ce monde est partout et que de même le coin le plus ignoble peut contenir un pullulement de vie intense, de même sur la pourriture reluit l'éclat des scarabées.
Ces rues sont les mêmes à Hambourg qu'à Colombo et à la Havane; elles sont les mêmes partout, comme le sont aussi les grandes avenues où réside le luxe car les sommets et les bas-fonds de la vie ont partout la même forme; ces rues inciviles, émouvantes par ce qu'elles révèlent et attirantes par ce qu'elles cachent, sont les derniers restes fantastiques d'un monde aux sens déréglés, où les instincts se déchaînent brutalement et sans frein, une forêt sombre de passions, un hallier plein de bêtes sauvages. Le rêve peut s'y donner carrière.
La ruelle, lorsque je sortis, était pleine d’ombre et le ciel d’une obscurité compacte et lourde avec, infiniment loin, la lueur de la lune à travers les nuages. Avidement, j’aspirai cet air tiède et pourtant vif ; l’horreur que j’avais éprouvée fit place à un grand étonnement en pensant à la variété des destins et – sentiment qui peut me rendre heureux jusqu’aux larmes – je sentis de nouveau que toujours, derrière chaque carreau de vitre, une destinée est aux aguets ; que chaque porte s’ouvre sur quelque expérience humaine, que la diversité de ce monde est partout et que de même le coin le plus ignoble peut contenir un pullulement de vie intense, de même sur la pourriture reluit l’éclat des scarabées. Le côté répugnant de cette rencontre s’était déjà dissipé, et la tension que j’avais ressentie, aboutissait maintenant à une douce et heureuse lassitude qui aspirait à métamorphoser cette scène en un rêve idéalisé.