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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je poursuis ma découverte des écrits de Stefan Zweig avec la lecture de cette courte nouvelle au titre si doux et romantique : «La ruelle au clair de lune».

De passage dans une ville portuaire, le narrateur est un voyageur qui doit attendre son train jusqu'au lendemain. Il décide le soir de se balader dans les ruelles de cette cité dont on ignore d'ailleurs le nom. Attiré par un chant originaire de son pays, il pénètre dans une espèce de troquet à la réputation douteuse. Il devient alors le témoin d'un échange déroutant mais aussi assez violent entre un homme et une femme. Sorti précipitamment de cet endroit étouffant, le narrateur croisera de nouveau l'homme qui lui racontera son histoire...

J'associe le titre à la description que fera le narrateur de cette cité avec, dans un premier temps ses quartiers touristiques et populaires, puis ses ruelles plus sombres et mystérieuses. Les deux faces d'une même pièce... L'aspect doux et romantique que m'inspire ce titre s'arrête là définitivement car c'est bien encore le récit tragique d'un amour perdu, gâché qui est narré ici.

Comment les humiliations de l'un peuvent pousser l'autre au mépris, à la haine et jusqu'à s'avilir soi-même ? Comment l'argent - et oui, encore et toujours l'argent - peut nuire et pourrir une relation quand la passion est pervertie par la volonté de domination ?

Une histoire bien sombre et triste, où la passion est ponctuée d'humiliation, de mépris, de désillusion et aussi de désespoir. Une histoire tragique en somme, encore une fois racontée avec simplicité et justesse par Stefan Zweig et en seulement quelques pages...
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Dans cette très courte nouvelle, Stefan Zweig nous parle une fois de plus d'un amour contrarié. Mais cette fois-ci, c'est un homme qui en est victime et, le pire, c'est que c'est de sa faute.

C'est un méprisable radin qui, parce qu'il a sorti son épouse de la misère, souhaite qu'elle lui en témoigne une reconnaissance éternelle. Pour ce faire, il l'humilie et répugne à lui donner de l'argent. Mais un jour, la nana en a sa claque et abandonne Picsou et ses sous.

Dès lors, l'époux délaissé n'aura de cesse de retrouver sa femme et de se faire pardonner. Il en vient même à quémander l'aide d'un voyageur égaré.

Cette nouvelle est ultra courte mais d'une puissance inouïe. Au fur et à mesure que Zweig déroule son récit, les sentiments évoluent. J'avais pris en grippe l'épouse répugnante pour finir par avoir pitié d'elle. J'avais pitié de l'homme délaissé, j'ai fini par le mépriser. Mais pire que tout, c'est le narrateur, indifférent au drame qui se joue, qui a eu tout mon dédain.

La Ruelle au clair de lune n'est peut-être pas la nouvelle la plus connue de Zweig pourtant elle mérite qu'on s'y intéresse de près.
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Je crois avoir lu que cette nouvelle accompagnait à l'origine, selon la volonté de Zweig, le recueil d'Amok. Et en lisant on se rend compte effectivement des similitudes entre ces deux histoires. Un narrateur qui erre la nuit, le récit d'un homme obsédé et torturé par une femme, le dégout que suscite une passion amoureuse mortifère, l'atmosphère étrange d'une maison close dans une ruelle...
Bien plus court qu'Amok, cette nouvelle fut moins prenante mais tout aussi étrange et plaisante à lire surtout grâce à la fin (annoncée dès le début) surprenante. Stefan nous embarque encore une fois avec brio dans l'obscurité de l'âme humaine.
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Un voyageur encore étourdit de son voyage en bateau, et ayant manqué son train, se perd dans les ruelles obscures d'une ville portuaire française.

Le personnage ressent dans cette partie interlope de la cité tout l'inquiétant et l'attirant d'une aventure possible au coin d'une rue. C'est un sentiment où se côtoient volupté et danger; sentiment d'une vie plus ample et profonde qui saisit le voyageur en pays étranger. Attiré irrésistiblement par le son ténu d'une ronde allemande chantée par une voie française, premier indice de sa terre natale si longtemps quittée, l'homme pénètre dans une maison dont l'entrée couronnée d'une lanterne rouge indique clairement sa destination. Survient un homme mal assuré et falot, visiblement au bout de son rouleau, rabroué dès l'abord par la femme au visage usé près de laquelle s'était assis notre voyageur. Ils sont à l'évidence de vieilles connaissances tant un complexe rapport de désir, de crainte et de haine féroce entre ces deux personnes est manifeste. le voyageur éprouve de la honte et du dégoût face à l'attitude odieuse de cette harengère envers l'homme, et une empathie fraternelle, une solidarité masculine s'éveille en lui pour cet être assujetti à une volonté impérieuse. Sorti du lieu, il retrouve le personnage dans la pénombre; pris d'un singulier engourdissement et du malin plaisir de le laisser s'empêtrer dans le ridicule de sa veulerie un peu répugnante, il se laisse accompagner un bout de chemin. L'homme semble oublier son auditeur, il lâche la bonde à sa confession facilitée sans doute par l'obscurité. Issu d'une famille plutôt riche, âpre au gain, il a rencontré cette femme qui était pauvre mais aimait les belles choses. La voix se fait plus ferme, comme frappé d'une idée fixe. Il l'a sortit de la misère, certes, mais jouissait de la tenir dans l'obligation de mendier chaque chose qu'elle désirait. Mais lorsqu'elle s'enfuit, cet homme qui semblait si avare, se révéla d'une grande prodigalité, ne ménageant aucun moyen pour la retrouver et déposer sa fortune à ses pieds. Mais cette attitude contrite attestant un renversement du rapport de dépendance éveille le mépris de la femme qui préfère la prostitution à cette forme retorde d'humiliation. Finalement il en fait sa femme, mais un regrettable accident lors d'une sorte de repas de noce, éveille en elle le dégoût de sa parcimonie et elle s'enfuit de nouveau pour une vie de débauche. La confession du maniaque, car son attitude l'atteste, prend un tour inquiétant quand il avoue qu'il préférerai tuer la fugitive que de la voir vivre ainsi. le lendemain de la rencontre, ne démêlant pas ce qui appartient au songe de ce qui est réalité, sur le chemin de la gare, notre voyageur cherche et trouve cette maison au moment même où le maniaque ouvre brusquement la porte, avec dans sa main un éclat métallique révélant la présence d'argent ou d'un couteau, nul ne le sait...

Ce très court récit est prenant par l'atmosphère crépusculaire et interlope que l'on ressent dans certains quartiers louches des villes portuaires.
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C'est la nouvelle la plus noire du recueil, comme le narrateur l'explique si bien. Elle raconte l'histoire d'un amour détruit par l'orgueil et la fierté, dans une ambiance sordide, prenant à partie un inconnu qui se retrouve piégé dans ce ballet malsain.
Comme toujours avec Zweig, les mots sont parfaitement bien choisis, et ont un impact fort sur le lecteur.
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Un port en France,

Un voyageur allemand ne peut prendre la correspondance de son train pour rentrer chez lui, car le bateau qui l'a débarqué a eu du retard. Il décide alors de se perdre dans les ruelles de la ville. Il est le narrateur de cette nouvelle.

L'ambiance le conduit dans la profondeur des quartiers. Curieux de cette faune grouillante et colorée, il observe et décrit l'atmosphère ; marins, filles légères, musique, cris, rires, ivrognerie, senteurs poissonnières, lumières tamisées, lampions rouges, oeillades langoureuses et tarifées… le solitaire arrive à apprécier les instants de cette nuit. Il pense que ces heures sont sensuelles, propices aux rêves, même si les lieux transpirent l'angoisse et la désespérance.
Etourdi par ses sensations, il perçoit une mélodie allemande. Il suit le fil et arrive dans un établissement peu engageant. Au comptoir, une femme chantonne. Elle n'est ni belle, ni laide, ni jeune, ni vieille. Ses yeux fardés sont inanimés. Lorsqu'elle le harponne et l'invite à boire un verre, il se sent obligé d'accepter. Il décèle en sa vulgarité, un masque protecteur… Etrange fille à matelot !
L'histoire prend une tournure moins passive lorsqu'un homme tente de s'approcher. Entre lui et la fille, le contentieux est lourd. Railleries, regards assassins, cruauté, l'inconnu, soumis, subit les humiliations en silence. Pourquoi ?
Notre narrateur fuit l'air malsain et ne songe qu'à rejoindre son hôtel. Très vite, dans "la ruelle au clair de lune", il est apostrophé par l'homme du bar qui veut se justifier.
Elle n'est pas si méchante, elle a ses raisons. Lui et elle, c'est une vieille histoire ; il va la lui raconter.
Elle était miséreuse, il était riche. Il l'a aimée, mais trop mal, trop tard…

"J'aurais voulu partir, mais tout en moi était alourdi ; j'étais là, assis dans cette atmosphère trouble et saturée, chancelant de torpeur comme le sont les matelots, enchaîné à la fois par la curiosité et par le dégoût, car cette indifférence avait un côté excitant."

Cette nouvelle de Zweig est dans le recueil "Amok" (Nouvelles d'une mauvaise passion) parue en 1922. Dans mon livre, elle vient à la suite de "Lettre d'une inconnue". le thème de l'amour malheureux, à sens unique, la souffrance, sont à nouveau abordés.
Le décor que Zweig nous présente a son importance. A travers le voyageur, nous exhalons la crasse "portuaire". Pénétrer l'intérieur des terres est une véritable aventure qui échauffe l'imagination et titille nos sens. Il offre à son narrateur un rôle secondaire, celui de spectateur et confident (bien malgré lui), puis oriente les projecteurs sur un couple défait.
"Il était une fois" est une triste histoire… Un jeune homme riche prend sous sa protection une jeune fille pauvre et en fait sa "chose". Il instaure un jeu qui lui apporte un plaisir pernicieux. Dominateur, il impose les règles. Elle doit implorer chaque désir et consentir à la soumission. Pour lui, la voir s'humilier le comble de bonheur. C'est plus que de l'avarice, à ce paroxysme c'est morbide et cruel. Leur relation se termine sur la disparition de la jeune fille qui ne peut plus supporter cette servitude. Dès lors, les rapports sont modifiés, s'inversent, et lorsqu'il la retrouve, la victime devient bourreau. Pour elle, la prostitution est une finalité préférable à tout ce qu'il peut lui offrir. La passion amoureuse est traitée dans ses formes sadiques et masochistes.
La fin est presque inévitable, elle est esquissée, on la forge. Je n'en dirai pas plus. Arbitre impuissant, le narrateur est rentré dans la dualité malgré lui. Son désir de fuite, de ne pas s'impliquer, souligne une certaine lâcheté et le renvoie à une médiocrité.

C'est la troisième fois que je lis Stefan Zweig et je suis toujours aussi respectueuse de ses mots. Il décline la passion amoureuse et chaque nouvelle a son tourment. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous convie à le faire…
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