Etre heureux, ce n'est pas nécessairement confortable

Je ne crois pas que nous puissions être heureux sans accepter parfois l'inconfort de ne pas plaire à tout le monde. Au fond, je ne crois pas que nous puissions goûter la sécurité et la douceur de la fidélité aux êtres et à la vie si nous manquons de fidélité à la première personne avec qui nous sommes en relation, c'est-à-dire nous-mêmes, notre vraie personne derrière notre personnage.

La peur existentielle renseigne sur un autre niveau de besoins qui a davantage trait à la condition d’incarnation qu’à l’éducation, à la nature d’être humain qu’au parcours personnel et culturel sur la terre (encore que les causes se croisent). Il s’agit par exemple du besoin de fond (ou élan) de trouver un sens, d’appartenir et de contribuer à l’univers dans lequel l’on se trouve, de trouver et de déployer son propre élan créateur quel qu’il soit, de se sentir pleinement vivant et présent quelles que soient les circonstances et d’oser être l’être unique que l’on est sans craindre de perdre son universalité.

Pour sortir du piège et se transformer, plusieurs étapes :

1/ Constater le piège, c’est-à-dire accepter de nommer lucidement ce qui ne va pas en soi.

2/ Identifier les sentiments (S) et les besoins (B) qui peuvent être mélangés et confus.

3/ Laisser se clarifier la ou les priorités en termes de besoins fondamentaux.

4/ Tendre vers ce(s) besoin(s) prioritaire(s) avec une infinie bienveillance pour les premiers pas sans doute hésitants et peu satisfaisants.

5/ Prendre du temps pour célébrer les micromouvements, les microchangements qui s’installent et s’en nourrir comme d’une vitamine.

L’on appelle « double message contradictoire » le fait pour une personne d’être soumis à deux injonctions qui s’opposent ou se contredisent de sorte que l’obéissance à l’une entraîne la transgression de l’autre. Ces situations portent également les appellations de « double lien », « double entrave » et « double contrainte ».

La peur essentielle est également réactionnelle à la différence que la circonstance qui l’active n’est pas forcément précise. Elle est l’expression d’un certain niveau de besoins insatisfaits qui sont propres à son parcours personnel dans son milieu et son éducation et qui consistent souvent en des besoins blessés dans l’enfance : peur de l’abandon, du rejet, du contrôle ou de l’oppression, peur de ne pas être aimé, peur d’être trop aimé, peur de la solitude ou de la foule, peur de manquer de quelque chose, peur de l’insécurité matérielle ou affective, peur de ne pas avoir sa place ou d’en prendre trop, peur de ne pas être reconnu ou compris… L’on y trouve la plupart de ses complexes et de ses traumatismes personnels ; la compréhension sur le plan psychologique de ces peurs essentielles aide à les intégrer, à les apprivoiser, à les dépasser ou à bien vivre avec elles.

La peur circonstancielle (ou peur réactionnelle) est une réaction à une circonstance précise : peur de l’orage qui gronde ou du chien qui aboie, peur de perdre la vue en vieillissant ou de se perdre en montagne.

Dans nos cultures occidentales, il n'y a pratiquement pas de place ni de reconnaissance pour d'autres types d'existence qu'active et dûment rubriquée au catalogue de la production de biens et services.