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Citations sur Avant les années terribles (19)

Quand les gens sont furieux, la vérité importe peu. Ils veulent juste un bouc émissaire.
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Le coeur de certains hommes est une montagne qu’on ne peut ni escalader ni contourner. Dressé comme un roc au milieu de la poitrine, et les rivières qui en descendent sont un sang obscur et et sans remords. On ne peut ni le briser ni l’ébranler. Ces hommes choisissent une vérité, et peu importe s’ils n’y croient plus. Ils se contentent de rester fidèles à leurs choix et d’en assumer les conséquences.
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Je retournai avec férocité à la guerre , dont je ne sais rien , bien que j'y aie été plongé pendant trois ans . Je n'ai jamais su la raconter . J'admire ces reporters qui la montrent .... ils impriment la juste dose d'émotion , évitant d'être trop crus , semblent connaître les ressorts . Pour eux la guerre est claire , tout le monde sait ce qu'il doit faire et le gagnant est celui qui a su agir avec efficacité .... La guerre c'est de la fumée .... Une fumée qui vous empêche de respirer et qui vous aveugle . C'est une somme de cris infernaux , on crie quand on tire , Quand on est blessé , quand on veut se cacher dans un trou et se boucher les oreilles et crier encore ...Tout crie , les hommes qui attaquent , ceux qui meurent , les chèvres , les chiens , l'âne qui trépigne , affolé , pour s'enfuir , les singes qui crient presque autant que les humains quand les arbres prennent feu sous les bombes , dans les champs les rats crient aussi . La guerre c'est avancer , reculer , ramper , crapahuter , courir , s'immobiliser au cœur d'un tourbillon qui vous encercle . Se battre contre des hommes plus grands et plus forts , esquiver les baïonnettes qui veulent vous couper le cou , mordre , griffer , arracher les yeux , écraser les crânes à coups de pierre

Pleurer , tout le temps pleurer .

Et tout cela , en même temps ! On dirait que cela ne finira jamais , mais si on résiste , c'est la fin .

Personne ne vous dit que votre mort ne compte ni pour les uns ni pour les autres . Perte inutile , sacrifice stérile . Un ridicule et immense tragique . Si votre camp gagne , il mettra un drapeau sur votre cercueil et peut-être une plaque à votre nom sur une petite place de village ; si les adversaires gagnent , ils jetteront votre corps sur une belle montagne de cadavres , et une pelleteuse vous poussera dans une tranchée et vous ensevelira sous deux mètres de terre anonyme ; les uns et les autres vous oublieront , vous deviendrez un chiffre , au mieux une statistique dans les manuels d'histoire ; au pire , vous serez un crâne et un fémur qu'un tracteur exhumera en labourant , on mettra vos restes dans un sac poubelle sans que personne ne vous réclame ni puisse vous identifier . Vos vies et vos réussites subsisteront dans de vieux souvenirs de famille , mais ces échos finiront aussi par s'éteindre .
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Que mal pouvons-nous supporter sans être brisés intérieurement? Et quelle part de ce mal sommes-nous capables d’infliger à d’autres sans nous émouvoir? On ne se pose généralement pas ces questions. Je croyais ne rien apprendre sur la nature de la douleur, mais la douleur a cette capacité infinie de nous révéler à nos propres yeux, elle est un guide tenace qui peut atteindre ce qu’il y a d’insondable en nous. Elle nous montre des évidences que nous préférions ne pas connaître; elle ne touche jamais le fond, on dirait une fosse marine peuplée d’être inconcevables qui n’ont jamais vu la lumière. Le pire, c’est qu’on descend de plus en plus bas dans cette fosse, au point d’oublier qui on est et pourquoi on est là; on ne raisonne plus comme les autres, on ne ressent plus comme eux, on ne voit plus ce qu’ils voient. Il n’y a que l’obscurité, et cette obscurité est tout ce qu’on possède.
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C’est une redoutable erreur de croire que les gens qui nous aiment sont, par le seul fait de nous aimer, stupides ou aveugles. Ou que leur patience est infinie. Si vous vous éloignez un peu trop, peut-être ne vous donneront-ils pas l’occasion de revenir. L’amour n’est pas un blanc-seing.
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Je mis du temps à comprendre le jeu de l'affection et de la cruauté : un jeu qui annihile toute capacité de résistance. On ne sait jamais à quoi s'en tenir, à quoi s'attendre. La carotte ou le bâton ? Finalement on se résigne à accepter ce qui se présente, que ce soient des coups ou des caresses, tout naturellement. L'amour devient une perversion.
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Cet homme m’avait volé ma joie, mon avenir et mon innocence. Chaque fois qu’il avait enfoncé son pénis dans ma chair, j’avais vu la blanche façade des années heureuses glisser comme une ombre vers le crépuscule, chaque fois qu’il m’avait frappé j’avais perdu un peu de ma mère, de mon père, de mes grands-parents, de ma sœur et de mes frères.
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Il avait tiré pour sauver mon père.
Un coup de feu est une petite chose. L’amour est une grande chose. Mais parfois les petites choses détruisent les grandes.
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Celui qui se sent puissant est à craindre, car il confond souvent la réalité avec sa volonté. Mais il faut craindre davantage celui qui est effrayé, car il confond la volonté du puissant avec ses propres désirs.
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Avant les années terribles, j’étais un enfant heureux. Bien entendu, je ne l’aurais pas dit de cette façon ; le bonheur ne s’explique pas, personne ne me demandait au réveil si j’étais heureux, et je n’aurais pas su répondre à une question aussi étrange. Le bonheur semble être un état normal, aussi évident que le soleil qui s’élevait chaque matin. 
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