L’OR ET L’EAU FROIDE
Sous les bandeaux des bras des lèvres
Reste immobile vérité
Racines sources sont amies.
Les couleurs vives des baisers
Te fermeront les yeux franchise.
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Solitude beau miel absent
Solitude beau miel amer
Solitude trésor brûlant.
**
Soûlé lassé dépris défait
L’homme retourne au fond du puits
LES JEUX DE LA POUPEE
à Hans Bellmer
I.
Restreinte, puisque tout ce que l'on peu dire d'elle
la borne, la limite. Dans le plus petit espace de la vue
la plus étroite, on cherche en calculant, en ergotant,
la place de son coeur, on évalue la foi en l'enfance.
{...}
IV
Où les oiseaux ne chantent pas, de quoi ne sommes-
nous pas sevrés? où les blés ne poussent pas, que
pouvons-nous espérer? Ce monde, sans amour, veuf
du soleil, que nous est-il?
Il avait fait très froid et l'on avait très faim. La
peur était en nous, dans la maison, dehors, éteignant
tout. La mort, dernier sursaut de l'imagination. Un
serpent passa sous la maison qui s'effondra.
...
Il faut que tu te vois mourir
Pour savoir que tu vis encore
La mer est si haute et ton cœur est bien bas
Fils de la terre mangeur de fleurs fruit de la cendre
Dans ta poitrine les ténèbres pour toujours couvrent le ciel
Soleil lâche la corde les murs ne dansent plus
Soleil laisse aux oiseaux des voies impénétrables.
Le hêtre aux paniers troués
Le frêne aux épaules calmes
L'orme redoutable aux hommes
Le prisme du peuplier
Et le saule au bout d'un fil
AVEC TOI
Je tiens la rue comme un verre
Plein de lumière enchantée
Plein de paroles légères
Et de rires sans raison
Le plus beau fruit de la terre
Les promeneurs sont de paille
Les oiseaux d’absence bleue
Une fille étroite et pâle
Toujours aussi soucieuse
Ne manque pas d’apparaître
Petite fille ancienne
Elle justifie mes rêves
Elle cède à mes désirs
Et veille reflet d’enfance
Sur le flot d’or de la rue
Sans songer à d'autres soleils
Que celui qui brille en mes bras
Sans t'appeler d'un autre nom
Que notre amour
La peur de ne pouvoir conserver dans la nuit
Ce qui bouge et qui change
C’est avec nous que tout vivra
Bêtes mes vrais étendards d’or
Plaines mes bonnes aventures
Verdure utile villes sensibles
A votre tête viendront des hommes
Des hommes de dessous les sueurs les coups les larmes
Mais qui vont cueillir tous leurs songes
Je vois des hommes vrais sensibles bons utiles
Rejeter un fardeau plus mince que la mort
Et dormir de joie au bruit du soleil.
Le contact sans fin de la nuit
Dans les îles chaudes du coeur
FRESQUE
i
J'étais celui qui se promène
Le nez en l'air
Avec son chien le nez par terre
J'étais aussi celui qui cueille des violettes
Et qui se fait des baguettes
Pour faucher les hautes herbes
Je jouais je criais
Je m'attaquais aux fillettes
Mes mains petites et légères
Ne connaissaient que leur mystère
La mort n'avait jamais
Tranché de rien je l'ignorais
Elle ne passait pas encore par mes oreilles
La vie était parfaite.