Les deux titres, L’Histrion et Sexomorphoses, forment un roman unique, séparé en deux pour des raisons éditoriales, je suppose.
Lointain futur, civilisation galactique assez complexe, notamment sur le plan politique, humanité ayant évolué biologiquement en plusieurs branches, androïdes, cyborgs et superordinateurs doués de conscience. Il y a de l’ampleur dans cet avenir, un peu comme dans les romans du cycle de la Culture de Iain M. Banks, et pas mal d’idées qui font frétiller l’amateur de SF. L’intrigue est bonne, une histoire de manœuvres politiques tortueuses dans ce monde traversé de conflits et d’intérêts divergents, et de manipulation d’individus par des détenteurs du pouvoir.
La narration, malheureusement, n’est pas tout à fait à la hauteur. Elle se perd souvent dans des dialogues verbeux, pas toujours passionnants, surtout quand les personnages y triturent leurs états d’âme et leurs opinions morales et politiques – imprégnées de l’anarchisme vintage et un peu lourdaud de l’auteur. A noter aussi une tendance, déjà, au style « thriller », qu’on peut apprécier ou pas. J’aurais préféré lire cette histoire dans un style plus classique, plus propice à la décantation de l’information.
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Voici un livre qui n'est pas facile, ni à lire ni à critiquer...
Deuxième expérience avec l'auteur Ayerdhal et deuxième belle lecture.
Nous voici en présence d'une galaxie peuplée de milliers de planètes rassemblées en dix communautés aussi disparates qu'antagonistes: l'Empire, la Confed, les Nautes, les Marches, le Lansall, l'Eglise, les Erudes, les Scientes, les Andres et le Taj Rama. Chacun possède des carcatéristiques propres mais aussi un représentant au sein du Daym.
Le tout est orchestré par une créature-monde: Genesis.
Enfin, un personnage unique, choisi par Genesis, l'histrion, complète cette assemblée du Daym.
L'univers est très riche mais aussi très complexe de par le nombre d'interactions entre les différentes factions. Beaucoup de géopolotique mais aussi d'idées politiques tout simplement, portées par l'histrion, sensé remettre en cause les différentes instances dirigeantes. L'auteur est réputé pour cet engagement politique , et ce roman ne fait pas défaut.
Tout est cohérent, intelligemment développé, mais aussi assez complexe. Le nombre de protagonistes, mais aussi la complexité du personnage principal, oblige le lecteur à un investissement important pour bien suivre l'ensemble du propos de l'auteur.
Par opposition, les phases d'action sont parfois maladroites, voire datées... Certaines phases sont verbeuses à l'excès, les développements sur la psychologie des personnages trop longues ce qui peut gêner la fluidité de la lecture....
Pour ma part, malgré ces quelques défauts, j'ai quand même bien aimé cette lecture. Je n'ai pas réussi à suivre tous les détails, toute la richesse du développement, j'ai décroché quelque fois, mais je me suis quand même bien laissé prendre au jeu.
Je reviendrai certainement dans les années à venir sur ce livre...
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Grosse influence de Frank Herbert, avouée et assumée d'ailleurs dans une petite préface.
L'univers complexe des forces en présence est parfaitement construit et décrit sans longueurs rébarbatives.
Mais au bout du compte, et bout du conte, que reste-t-il?
Une kyrielle de personnages à fort potentiel romanesque engagés dans une tortueuse intrigue diplomatique avec son cortège de coups fourrés, de trahisons, de double jeux, de pièges et de fausses alliances.
Avec bien sûr un parallèle évident avec notre quotidien médiatique où ne nous sont dévoilés que les versions officielles du ballet diplomatique international et de la raison d'état.
Je connais quelques tireurs à la ligne qui, sur ces bases, nous auraient pondu une saga en cinq tomes.
Intéressant mais j'ai lu Ayerdhal plus épique et plus séduisant.
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Encore un Hélios dans la poche ! Les Moutons électriques, dans cette collection partagée entre les Indés de l’Imaginaire (ActuSF, Mnémos et donc les Moutons électriques), nous proposent une réédition en poche (et donc en Hélios Noir) d’un thriller de Yal Ayerdhal paru en 2000 chez Flammarion (dans la collection Quark Noir), L’Homme aux semelles de foudre.
Attardons-nous un petit peu sur l’objet. Sylvie Chêne livre pour cette réédition en poche une couverture très énigmatique où s’esquisse l’idée d’écologie à conquérir entre le tout petit animal noyé dans une ambiance pneumatique. En tout cas, cela s’incorpore efficacement à la charte graphique des Hélios avec une couverture stylisée et l’initiale de l’auteur en surbrillance, mais encore plus à celle du label Hélios Noir, puisque les polars et thrillers y voient plus spécifiquement leurs teintes extérieures s’assombrir. Personnellement, j’aime beaucoup la volonté des Indés de l’Imaginaire d’orienter une partie de leurs Hélios vers la littérature policière et polardeuse ; ce projet l’associe efficacement aux littératures de l’imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique, horreur).
L’Homme aux semelles de foudre met en scène en personnage central, Mark Sidzik, agent de WER, World Ethics and Research, chargé d’une nouvelle enquête. Nouvelle, pourquoi ? Parce que ce Mark Sidzic est/était en fait un personnage partagé par plusieurs auteurs au sein de la collection Quark Noir de Flammarion. Ainsi, Jean-Pierre Andrevon, Pierre Bordage et plusieurs autres ont donné à cette personnalité un flot de missions normalement complémentaires.
Or, ici, Mark Sidzik a un léger souci : on lui attribue l’enquête chargée d’élucider des actes terroristes à travers le monde envers des entreprises liées de près ou de loin aux enjeux des énergies renouvelables, mais surtout le premier suspect est son ami de toujours, Markus Weinmar. Ajoutez-lui une grand-mère, Joanna, plus dynamique que la moyenne, un ami fidèle mais trop curieux, Fred Cailloux, une « presque petite amie », Lanh, particulièrement collante et une bombe destructrice (oui, je sais) en la personne de Nathalie, sorte de Nikita ayerdhalienne (type de personnage qui semble être traditionnel chez Ayerdhal), et vous aurez un bon petit panel de relations tissées autour du personnage principal. Il faut dire qu’en ce qui concerne ses personnages Ayerdhal a bien esquissé les choses : en quelques mots, il est facile de retenir leur trait de caractère principal et ce qui va retenir notre attention chez eux. C’est un procédé simple, mais pas simpliste, et surtout il est efficace, ce qui est bien la moindre des choses dans un thriller de cet acabit.
Dès le départ, d’ailleurs, Yal Ayerdhal pose un style particulier : percutant et franc du collier, on reconnaît sa patte assez vite, par exemple dans une phrase du premier chapitre comme « La moto est noire, le casque est noir, mais son humeur les rend pâlots. », c’est tout bête, mais on s’y retrouve ; ensuite, il multiplie les descriptions des moindres faits et gestes, on a affaire à un focus cinématographique mais bien fait (car ce style « ciné » a, désormais, été largement galvaudé par de mauvais descripteurs) ; ici, l’auteur pose directement son premier objectif : laisser de côté cette possibilité de l’imagination du lecteur pour focaliser l’attention de celui-ci sur le contenu en lui-même : la dénonciation des grandes compagnies de biocarburants qui favorisent la déforestation de territoires entiers et paupérisent une bonne part du tiers monde. Dans ce contexte, notons d’ailleurs que cet Hélios Noir propose une version corrigée par l’auteur, notamment afin d’actualiser quelques références comme la catastrophe de Fukushima.
Indubitablement, l’intention de l’auteur que retiendra le lecteur est la vertu réflexive de ce thriller en matière d’écologie. En effet, le quatrième de couverture se confirme très rapidement : Ayerdhal se fait encore plus impertinent qu’à son habitude dans ce thriller haletant. Les interventions en ce sens ne sont que très rarement subtiles, car nous avons affaire à quelques longs passages pédagogiques en la matière, mais c’est efficace et il est facile de sentir que l’auteur ne s’est pas inventé des convictions pour l’occasion, loin de là. Tout y passe, ou presque : les multinationales occidentales qui pillent les autres continents en affirmant dépolluer massivement, les aficionados des énergies renouvelables qui polluent davantage que celles qu’elles ont remplacé, les congrès plus politiques que scientifiques, mais aussi les services secrets de tout pays et les impérialismes qu’ils représentent.
Certaines confusions viendront sûrement émailler l’esprit du lecteur, malgré tout. Déjà pourquoi avoir deux Mark en têtes d’affiche ? Certes, cela crée de fait une petite piste de réflexion sur la relation entre les deux – les hypothèses de connivence entre eux deux peuvent aller très loin chez certaines lecteurs acharnés aux complots littéraires de toute sorte – mais ce n’est pas pratique quand les dialogues ne précisent plus la différence. Ensuite, comment comprendre ce titre « L’Homme aux semelles de foudre » ? Au cours d’une action terroriste en particulier, la foudre vient s’abattre sur un projet qui en était tout à fait protégé : le lien semble évident ; pourtant, j’ai beau faire, l’assemblage de ces trois entités (Homme, semelles, foudre) reste nébuleux après lecture et ne me satisfait toujours pas. Enfin, si le contenu est étayé et les personnages bien vivants, l’intrigue mérite-t-elle un détour franc et sincère ? Pas complètement, car au fond nous suivons une chasse à l’homme assez simple avec des étapes choisies de façon étrange (les escales en Allemagne et en Corse, par exemple) et qui donnent surtout l’impression unique de vouloir rôder du côté de l’aventure « à la James Bond », dirait-on désormais (une ville, une fille, une baston). En tout cas, on dézingue bien comme il faut, avec un certain sens du détail encore une fois... L’alternance se révèle donc parfois bizarroïde entre quelques discours pompeux sur des enjeux cruciaux pour notre avenir et des scènes d’une violence « défouloir », comme pour nous faire culpabiliser de savoir mais de ne rien faire. Pour notre bien de lecteur, laissons donc de côté ces facilités et ces gros sabots.
C’est en somme à un thriller très axé sur le politico-écologique auquel vous devez vous attendre en attaquant L’Homme aux semelles de foudre. Avec une pensée de fond travaillée et des personnages bien campés, Ayerdhal réussit à nous faire passer un agréable moment.
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J'ai toujours beaucoup aimé Ayerdhal, c'est cet auteur qui m'avait fait me plonger dans la SF il y a plusieurs décennies de cela, je dois avoir tous ses livres d'ailleurs. Ici encore le style est très punchy avec des personnages hauts en couleurs, ce roman se lit très bien. Un polar dynamique qui nous fait suivre un trio d'enquêteurs sous fond de terrorisme écologique.
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La recette de ce bouquin est simple. Un univers galactique scélorsé et conservateur, un système sociale fabriquant des exclusions et des inégalités, une forme d’art total s’adressant à tous les sens et 3 artistes beaux, intelligents et libéraux, en passe de donner un grand coup de pied dans la fourmilière.
On y ajoute un monde galactique finalement assez originale et décrit avec autant de détails qu’on le souhaiterait… ça donne un trés bon souvenir de lecture. On se projette et s’attache tellement facilement aux personnages.
J’ai beaucoup aimé ce livre…
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My best !
"La violence n'est que le dernier refuge de l'incompétence"
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Le début de "la Bohême et l'Ivraie" a ce côté primaire et macho (mais au combien jouissif) des oeuvres de jeunes auteurs de SF ou de fantasy.
Le harem (mots de l'auteur) ou les 3 vagins (mots de l'auteur) représentent 3 état de la femme idéale, version analyse transactionnelle de cuisine : Ely, l'enfant rebelle, Made, l'adulte et la Naïa, le parent.
Néanmoins, les 3 personnages féminins présentent les caractéristiques des héroïnes de Fantasy : rebelles, belles et mortellement dangereuses.
Le petit groupe de héros est en butte contre l'ensemble de l'univers pour gagner leur liberté d’expression et de création.
La commission éthique, qui est une sorte de Gestapo galactique, essaie de les neutraliser par tous les moyens.
Il y a certaines longueurs dans le texte :
- les aphorismes bohèmes que j'ai trouvé particulièrement lourds et poncifs (j'en ai zappé plus de la moitié)
- les kines qui rompent le rythme du récit.
- la transition entre la "rébellion" et "la scène finale"
- la scène finale qui par moment m'a semblé un peu incohérente
le livre d'Ayerdhal a suscité en son temps beaucoup de commentaires, mais reste un excellent moment de SF un peu dans la lignée de AE Van Vogt
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Un peu de mal au début (il faut se familiariser avec le vocabulaire de l'auteur) mais une très bonne surprise au fil de la lecture. Ayerdhal est décidément allergique au pouvoir et tant mieux !
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Ayerdhal invente une nouvelle forme artistique dans un univers complexe formé de nombreux mondes. Il réussit un tour de force en nous faisant aimer des œuvres d’arts juste avec ses mots. Il décrit l’art et ses conséquences politiques dans un monde dirigé de main de maître. Le livre, en deux parties, la Bohème et l’Ivraie, décrit tout d’abord la monté en puissance du talent d’un jeune artiste rejeté pour son non conformisme puis les conséquences de son génie sur une société où l’art est devenu un mode de manipulation de masses. Excepté quelques digressions sexuelles gratuites, ce roman est un des chefs d’œuvres de Ayerdhal. Je regrette juste les quelques dernières pages totalement superflues.
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La Bohême est un mouvement d'adolescents, ne concernant que les moins de vingt ans sur une petite planète parmi celles occupées par les hommes. Mais, quand elle est rejointe par l'ivraie que constituent des artistes puissants et plus mûrs que ses membres initiaux, elle explose en un mouvement révolutionnaire. La thématique de l'art libertaire contre un pouvoir dictatorial est maintenant courante. Je dirais que La Zone du Dehors, de Damasio, a de nombreux point communs avec ce livre, notamment l'étouffement pratiqué par le pouvoir et la constitution d'un petit groupe de rebelles radicaux dans un monde futuriste pas si éloigné du nôtre.
Par ailleurs, l'art kinéïtique décrit ici est total : l'artiste manipule les sens et les émotions des spectateurs. C'est très bien décrit, plutôt bien construit, et cela joue autant sur les oeuvres des artistes que leur vie personnelle, abondamment évoquée.
Bref, ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais c'est une lecture agréable, qui rappelle les pouvoirs de la manipulation.
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Pour moi, c'est simple : c'est le meilleur recueil de nouvelles de SF française.
Il y a beaucoup de nouvelles de qualité, avec des personnages attachants et des intrigues qui vous prennent aux tripes.
Pas certaine qu'il soit encore disponible, mais si c'est le cas, foncez !
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Attention : chef d’œuvre ! Des nouvelles finement ciselées...
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Edition J'ai Lu épuisée, non rééditée, je rachète ce livre à chaque fois que je tombe dessus pour pouvoir l'offrir encore autour de moi.
Préface extraordinaire de Jean-Claude Dunyach, qui explique bien comment, vu les pavés précédents produits par Ayerdhal, on aurait pas cru en tirer de si magnifiques lamelles de son univers, auto-suffisantes, mais s'inscrivant tout de même dans un grand tout.
Au diable Vauvert les a rééditée avec deux volumes :
- La troisième lame - Pollinisation (deux nouvelles qui vont ensemble)
- Scintillements : intégrale des nouvelles
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Je viens de lire le recueil de feu Ayerdhal. Je n'avais lu qu'un seul roman de lui auparavant, sans être vraiment convaincue. Mais ce recueil est une merveille, sans doute l'un des meilleurs en SF francophone. Mention spéciales à : "Scintillements", "Reprendre, c'est voler", "Notre terre", "La troisième lame, "Vieillir d'amour", "Pollinisation". Oui, je sais, cela fait beaucoup de mentions spéciales, mais c'est parce le livre le mérite...
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