Citations de Novalis (387)
Aplanissez les montagnes, la mer vous en saura gré. La mer est l’élément de liberté et d’égalité.
Tout ce qui est mystique est personnel et est, par conséquent, une variation élémentaire de l’univers.
Le poème de l’esprit est philosophie. C’est le bond le plus haut de l’esprit par dessus lui-même.
L’antithèse du corps et de l’esprit est une des plus remarquables et des plus dangereuses. Cette antithèse joue un grand rôle historique. Le monde des fleurs est un infini lointain…
On est seul avec tout ce que l’on aime.
La poésie, au sens strict, semble être l’art intermédiaire entre l’art plastique et la musique. La mesure correspondait-elle à la forme, et le son à la couleur ?
La poésie est le réel absolu. Ceci est le noyau de ma philosophie. Plus une chose est poétique, plus elle est réelle.
Il est étrange que dans une bonne narration, il y ait toujours quelque chose de mystérieux, quelque chose d’incompréhensible. Il semble que l’histoire effleure en nous des yeux encore fermés, et nous nous trouvons en un tout autre monde lorsque nous sortons de ses domaines.
La nature a des images allégoriques. Les nuages qui montent autour des fontaines sont les prières des fontaines.
Y a-t-il un son pour chaque forme, une forme pour chaque son ?
L’artiste devient tout ce qu’il voit et tout ce qu’il veut être.
Faire un poème, c’est engendrer. Tout poème doit être un individu vivant.
Il faut qu’on se spiritualise par une méditation libre et incessante. Si l’on n’a pas le temps de contempler, de méditer librement, de parcourir avec calme et d’examiner les dispositions et les émotions diverses, la fantaisie, la plus féconde même, s’endort, et la diversité intérieure prend fin. Rien n’est plus utile au poète qu’une contemplation rapide des nombreux objets de l’univers et de leurs propriétés, ainsi que des sciences diverses.
On peut traiter poétiquement des occupations les plus ordinaires. Il faut, pour entreprendre cette transformation une profonde méditation poétique. Les anciens l’ont admirablement compris. Comme ils décrivent poétiquement les herbes, les machines, les maisons, les ustensiles, etc. !
Il est très compréhensible que tout finisse par devenir poésie. Le monde ne finit-il pas par devenir âme ?
Le poète comprend la nature mieux que le savant.
⁂
Une œuvre d’art est un élément spirituel.
⁂
L’art d’écrire des livres n’est pas encore trouvé, mais il est sur le point de l’être. Des fragments de ce genre sont des semences littéraires. Il se peut qu’il y ait bien des graines mortes parmi elles. Qu’importe, pourvu qu’une seule de ces graines lève.
Bien peu s’arrêtent tranquillement au milieu des beautés qui les entourent, et se contentent de les saisir dans leur intégrité et dans leurs relations. Bien peu n’oublient point, s’arrêtant aux détails, les chaînes étincelantes, qui relient les parties avec ordre et qui forment le lustre sacré. Bien peu sentent leur âme s’éveiller à la contemplation de ce vivant trésor qui flotte sur les abîmes de la nuit.
Lorsqu’on lit ou qu’on écoute un poème véritable, on sent s’émouvoir une intelligence intime de la nature, et l’on flotte, comme le corps céleste de celle-ci, à la fois en elle et au-dessus d’elle.