La noisette. Une métaphore sucrée-salée qu’emploie Vanyda pour parler des sentiments.
En une douzaine de scénettes, l’auteure explore les relations amoureuses. Qu’ils soient célibataires ou en couple, ses personnages aspirent simplement à quelques grammes de tendresse. Peu importe la manière d’y parvenir, un instant de plaisir vaut bien toutes les folies.
Il est question de tiraillements, de douleurs, d’amertume, de gaucheries, de fascination, d’attirance… Evidemment, le panel retenu par Vanyda n’est pas exhaustif. Tout ici est à la fois unique et pourtant si ordinaire, à la fois fictif et pourtant si réel.
Chaque planche de l’album est une petite merveille. Entre la composition graphique, les gestuelles, les expressions de visage, les détails et les accessoires… tout facilite la tâche au lecteur pour qu’il s’approprie ces différentes histoires qui parlent de sentiments.
L’auteure travaille chaque sentiment et montre à quel point cette sensation est volage, parfois volatile, souvent capricieuse et qu’il vaut mieux l’attraper lorsqu’il se présente plutôt que de le laisser s’échapper. On retiendra davantage de cet album le côté pétillant et frais qui émane de ces historiettes plutôt que le caractère pathétique de certains parcours jalonnés d’échecs amoureux. La couleur nous sert de guide ; c’est la première fois que l’occasion m’est donnée de découvrir cette facette du travail de l’auteure (je connaissais Celle que… et L’immeuble d’en face, deux séries qui s’ancraient dans un univers construit en noir et blanc). Vanyda joue cette fois à l’aquarelle et le résultat est concluant.
Un album entrainant qui donne donc l’impression d’une petite poésie permanente qui flotte dans l’air et malgré les déceptions fortes rencontrées par certains, le discours reste optimiste (à une exception près). Les teintes retenues servent le propos. Elles créent une ambiance propre à chaque récit tout en suivant le fil conducteur de l’album. La couleur relie les protagonistes entre eux. Bien que l’ouvrage se compose d’histoires de vie très distinctes les unes des autres, la couleur donne de l’harmonie à l’ensemble. De fait, le lecteur n’a pas l’impression de devoir butiner d’une histoire à l’autre mais bien de suivre un lien parfois ténu [certes] mais bel et bien réel.
Vert, rouge, rose, orange… chaque personnage est rattaché à un coloris. Ce dernier est plus ou moins soutenu en fonction de la nature de l’événement à décrire. Vanyda dilue parfois sa couleur jusqu’à ce qu’elle devienne presque transparente, accentuant ainsi la gêne ou la retenue du personnage face à une situation et/ ou une émotion qui le surprend. Sensibilité et sensualité jaillissent des planches. Il y a de l’électricité dans l’air, on perçoit l’émoi des personnages, on pourrait presque voir ces petits atomes crochus qui existent entre eux. La couleur vient matérialiser ce qui ne se voit pas à l’œil nu… ce qui se passe de mots.
Cet ouvrage se lit d’une traite, on tourne les page sans s’en apercevoir. La lecture file sans prise de tête bien qu’on puisse facilement partir sur le côté réflexif de la chose tant les situations nous sont familières ! De ces différents cas de figure, on imagine aisément que certains ont été inspirés d’expériences vécues. Les aquarelles de Vanyda pourraient être perçues comme des passerelles que le lecteur pourrait emprunter et qui relieraient les fictions racontées par l’auteure et la réalité de ce lecteur. Car ces récits nous touchent plus ou moins directement… ils font mouche, tout cela étant si plausible. Et que l’on se projette ou que l’on reste spectateur, on ne peut que profiter de la justesse des observations de Vanyda sur des rapports humain si simples et pourtant si complexes.
Avec malice et beaucoup de tendresse pour ses personnages, Vanyda tisse des liens entre eux (liens de parenté, liens amicaux…).
de plus, certains protagonistes reviennent à une ou deux reprises dans l’album, ce qui permet de les investir davantage ou d’ajuster notre regard sur eux. C’est au choix, mais en aucun cas il n’est question de porter un jugement sur tel ou tel agissement. Ainsi Manon, la fillette qui – dans la première histoire – s’amourache d’un garçon plus âgé qu’elle, est de nouveau le personnage central de la quatrième histoire mais elle est désormais majeure et consciente que chaque relation amoureuse est le résultat d’une alchimie délicate.
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