Nouvelle lecture d'Albert Londres, dont je ne parviens à me lasser. Le célèbre reporter nous embarque cette fois-ci pour l'Asie : Japon, Tonkin, Cochinchine et finalement l'Inde anglaise, mais aussi française.
Une fois de plus, la pertinence des observations d'Albert Londres sur ces trois grandes régions m'étonne et me ravit : il s'arrête sur les ambitions démesurées du Japon, nées de l'ouverture forcée de son territoire replié sur lui-même durant plusieurs centaines d'années, nous décrit le code d'honneur des Japonais et le subtil équilibre entre épouse au foyer et tradition des geishas, et s'attarde sur l'apprentissage intéressé de ressortissants japonais dans les universités et les entreprises occidentales.
De voyage en Asie du Sud-Est, et plus particulièrement dans les colonies françaises, Albert Londres nous conte son voyage, du port d'Hai Phong et d'Hanoi à Saigon, avec comme escales Hué et Dalat, où réside l'empereur. Ayant voyagé au Vietnam et dans la plupart des lieux cités, je me suis régalée de ses anecdotes politiques et sociétales qui laissent entrevoir l'énorme influence qu'à déjà la Chine sur le Nord du pays.
Enfin, dernière partie du voyage, l'Inde, que le journaliste nous décrit comme bouillonnante, brossant à grands traits les multiples ethnies qui s'y côtoient, sautant de train en train pour parcourir les différentes régions et tenter de comprendre ce qui se trame dans la vaste colonie anglaise dont les velléités d'indépendance ont été réveillées par Gandhi et Nehru. La description qu'il fait des relations entre Indiens et Anglais est à elle seule très intéressante, mais c'est surtout l'opposition entre Gandhi et le poète Tagore qui m'a intriguée, ce dernier critiquant non pas la libération de l'Inde vis-à-vis des Anglais, mais les moyens et la philosophie prônés par le Mahatma pour y parvenir.
Le voyage s'achève sur l'Inde française et Pondichéry, où le calme ambiant semble totalement étranger à la révolte sourde qui gronde dans la partie anglaise, et dont Albert Londres entrevoit déjà les violences qu'elle provoquera.
Une fois de plus, je suis séduite par ce ton inimitablement léger et insolent qui passe au crible les sociétés et les remous géopolitiques de l'entre-deux-guerres. A lire pour les amoureux des voyages et d'histoire !
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Récit extraordinaire d'une époque, d'une justice et d'une rédemption à rebondissements !
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Albert Londres reporter repartit pour une nouvelle enquête en Orient, où il va rencontrer des "figures" dont le français Paul Claudel entre autre, narrant au fil des jours et des rencontres sa vision de ce monde encore sous le joug de l'Angleterre mais un nouveau venu fait son apparition dans le décor qui n'est autre que Ghandi.
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Pour avoir moi même vécu en Guyane et vu la structure du bagne de mes yeux, je comprend tout a fait ce que décrit Albert Londres. Un bon livre qui poussera à la fermeture du bagne.
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Pas fini, c'est pas mal écrit, c'est pas ça, (trop daté peut-être ? Est-ce que ça ne sent pas trop son époque ou la propagande ? ) . Pourtant admiratrice de Terres d'ébène, du tour de France cycliste, de Marseille porte du sud, juste un peu moins du chemin de Buenos Aires où il était un peu très complaisant, il me semble, des voyous. C'est touchant quand il dénonce , engagé. Quand il traite de sujets sur l'actualité étrangère, 90 ans après, j'ai reposé ses livres par manque de culture, d'intérêts, de temps ou de plaisir.
Il y aurait une BD sortie des artistes Kinder et Borris, Albert Londres doit disparaître.
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Bon, si avez déjà lu mes critiques, vous connaissez la chanson : j’adore relire des récits datés, appartenant au passé, dans une perspective déconstruite. Bien sûr, ces récits de voyage ne vous permettront pas de découvrir « le vrai orient », « la vraie Indochine » etc (une notion dépassée pour l’un et une colonie disparue pour l’autre, rappelons-le). Mais cela ne signifie pas que leur lecture n’est pas digne d’intérêt. Elle permet d’envisager des réponses à d’autres questions. Comment un voyageur blanc considérait-il ces régions qu’il a traversé il y a 100 ans ? Qu’est-ce qui l’intéresse ? Que délaisse-t-il ? Qu’est-ce que l’exotisme ? Les exotismes ? Comment envisage-t-il l’avenir de ces colonies, de ces pays déjà marqués de revendications indépendantistes ?
Bref, c’est un excellent livre à découvrir dans une perspective historique. Je vous le recommande donc chaudement, mais prenez bien soin de vous procurer une édition critique ou à vous renseigner tout le long de votre lecture, afin de bien distinguer le fait de la divagation et de la pure impartialité !
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Enquête à charge sur la révolution russe sans efforts de contextualisation. Certains passages devraient alerter le lecteur et l'inciter à prendre le récit avec un surcroît d'esprit critique : "Règnent le Sibérien, le Mongol, l’Arménien, l’Asiatique et, au détour de tous les couloirs des commissariats, derrière les paravents, entre deux buvards, sous la corbeille à papier, le roi, le juif." Une erreur de jeunesse, ou un sujet mal préparé, car Londres est un journaliste qui a réalisé un travail fascinant sur d'autres sujets.
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"Mais qui s'arrête à Marseille ? Le plus beau port de France, cela n'intéresse personne."
"L'ignorance des Français sur les choses de la mer est considérable."
Ces textes ont presque un siècle !
Et pourtant comme certains sont encore d'actualité !
Le regard "coloniale" est évidemment daté et certains mots font mal...
Mais de très belles et instructives descriptions cependant...
A lire si vous envisagez de (re)découvrir Marseille... Ou mieux : sur place !
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Voilà un livre que j'ai entamée comme une fiction, je me suis rapidement rendue compte que c'était une histoire vécue.
J'ai beaucoup apprécié ce livre, la description en est pointue, j'ai ainsi appris.
Je recommande ce livre pour ce qu'il est, un documentaire important.
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Un classique pour qui aime Albert Londres et/ou Marseille !
Londres nous décrit le Marseille des années folles avec le sens de l'observation aiguisé qu'on lui connaît. Une autre façon de redécouvrir le Marseille métissé des années 1920. Et quelle plume !
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un super témoignage du bagne par un super journaliste
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En 1926, Albert Londres fait escale à Marseille et porte un regard charmé sur cette ville multiple, colorée, animée, cosmopolite et unique, ouverte sur le monde, elle-même ville-monde. On y croise une foule biggarrée de migrants, des gens aux métiers curieux, tel ce détatoueur ; les trafiquants d'opium ; les marins au long cours dans une cité et un port en mouvement perpétuel. Une déambulation amusée dans une Marseille chaleureuse.
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