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Critiques de Alfredo Bryce-Echenique (22)
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Un monde pour Julius

"Julius naquit dans un palais de l'avenue de Salaverry, en face de l'ancien hippodrome de San Felipe....un palais avec écuries,parc,piscine,un jardin où à deux ans il se perdait...".

Lima, les années 60, Julius est le benjamin d'une richissime famille de quatre enfants. Son pére meurt, alors qu'il n'a qu'un an et demi. Sa maman ,"Susan,jolie", jeune veuve, est trop prise entre ses sorties nocturnes et ses cures de sommeil diurnes....Julius et sa soeur adorée, Cinthia,de cinq ans son aînée,deux enfants intelligents et fragiles,poussent entre bonnes et majordomes....une suite de décès d'êtres chers va trés vite propulser le petit garçon dans le monde adulte. Écartelé entre un monde superficiel, celui de sa famille,la Haute Bourgeoisie de Lima,où l'argent, le nom et l'élégance sont les valeurs prônées et les vrais sentiments n'y ont guère leurs places , et celui des serviteurs,qui compensent la misère de leurs vies en se dévouant à leurs maîtres, il devra apprendre à y trouver ses propres repères; un autre monde, " un monde pour Julius", avec une vérité et des règles qui lui sont propres. L'arrivée d'un nouveau beau-père , Juan Lucas, nouveau riche, playboy arrogant et sans scrupules , ne va pas faciliter les choses......Les parents passent la majeure partie de leur temps en mondanités, fêtes,club de golf, corrida,....l'argent et l'alcool coulent à flots, frisant l'indécence, alors que la vraie Lima est dans une misére noire. Mais sous les frasques de l'argent se cache une solitude et une misére affective encore pire. Malheureusement ce qu'il nous raconte n'est pas du passé,et nullement confiné au Pérou.

Bryce-Echenique nous croque toute une galerie de personnages avec un humour féroce et déroutant. Pas d'échappatoire, tout le monde y passe, beau-père( le joueur de golf), mère (Susan,jolie), frères, prof privée, domestiques, amis, soeurs et éléves du lycée ( La Carotte ,Frenandito Ronchal y Ladron de Guevera) ,.......truculent.



La tendresse pourtant y est, et comme on peut l'imaginer,elle vient non de la famille mais de la relation du petit garçon avec les domestiques ou d'autres personnes hors de la sphère dorée. Echenique nous sème des petits détails, des plus touchants ,-profitant d'une longue abscence de la mère, la cuisinière décide de recoller ses oreilles décollées au Sparadrap et au chatterton.../ Carlos le chauffeur lui apprend des stratagèmes pour se défendre des vauriens de l'école.....-.



Un roman désinvolte , riche, où l'auteur se positionne en observateur,s'amuse et nous amuse beaucoup malgré le tragique et le grotesque des situations et des personnages. le bouillonnant tempérament sud-américain y donnant le ton, il mélange les styles de narration à la perfection à un rythme effréné.

Publié dans son pays en 1970, d'inspiration autobiographique, c'est le premier roman (superbement traduit) de Alfredo Bryce-Echenique, considéré avec Vargas Llosa,l'un des deux plus grands écrivains péruviens vivants. A sa sortie en France en 1973, il reçut le prix du Meilleur livre étranger. Ma rencontre avec ce livre? Pioché dans la liste Pérou de ma copine Pecosa, et encouragée par l'excellente critique de Viou 1108, merci à toutes les deux.

Vous conseillerais-je de le lire ? à coup sûr,si 500 pages ne vous rebutent pas.
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L'Amygdalite de Tarzan

Quelle gaieté, mes amis, quelle gaieté, d’avoir le plaisir d’écrire la première chronique de ce roman sur Babelio ! Laissez-moi vous parler des amours impossibles et contrariées de Fernanda María de la Trinidad del Monte Montes, distinguée jeune fille salvadorienne élevée dans les pensionnats les plus chics de San Francisco et Lausanne (où on vous apprend toutes sortes de choses utiles comme pouvoir héler un taxi n’importe où mais toujours avec élégance), fraîchement débarquée à Paris en cet an de grâce (et de gaieté !) 1968, et de Juan Manuel Carpio, jeune homme un peu moins frais, un peu moins distingué et un peu plus fauché, « Liménien de la deuxième génération, thorax andin et tirant aussi sur l’indien pour le reste », auteur-compositeur-interprète de chansons d’amour-toujours, arpentant les trottoirs de Paris avec sa guitare en cet an de grâce 1968 (je vous l’avais bien dit : quelle gaieté !).

De l’amour, ça oui, du vrai, du pur, loyal et fidèle, qui résiste à trente années de vie même pas commune, ça non, elle n’a rien de banal, cette vie, d’ailleurs, elle serait plutôt à ranger dans la catégorie des meilleurs « rendez-vous manqués en cascade », mais heureusement Fernanda María, ou Fernanda Mía (« mienne ») ou Fernanda Tuya (« tienne ») et Juan Manuel ont toujours été « meilleurs par correspondance ». Car malgré des conjoints et quelques « significant others » (pourtant pas si encombrants), et toute une panoplie de coups d’Etat latino-américains qui ont éloigné Fernanda en la menant de Paris au Chili en passant par Lima et re-Paris, puis au Salvador et en Californie avec allers-retours 10 plus un gratuit, et parfois Londres et même Majorque, ce qui a surtout fait foirer leur histoire, à ces deux exilés, merde, Fernanda Mía, c’est que nous avons toujours été champions olympiques de la discipline « ne pas se trouver au bon endroit au bon moment ». Et si tu savais, Juan Manuel Carpio, comme je regrette de ne pas t’avoir vu, arrêté à ce feu rouge, merde, car sinon à ce moment-là tu aurais pu me séduire pour toujours, moi ta Fernanda Tuya, et nous n’aurions plus jamais été tristes le matin. Mais quelle gaieté, Juan Manuel, de recevoir tes lettres, même si le facteur doit marcher pendant trois jours avant de me trouver dans le chaos de mon petit pays dévasté, où tout le monde se fait kidnapper ou tuer, et où « le temps n’est pas à la broderie ». Et j’espère, Fernanda Mía, ma Tarzane, que tu ne m’en voudras pas de raconter notre histoire, nos histoires, notre amour, nos amours, notre bonheur et nos malheurs, en citant tes lettres et en les commentant pour ces pauvres lecteurs qui n’en croiront pas un mot ni leurs yeux, mais quelle importance, nous, nous savons, très chère Mía, que tout ça est vrai malgré les si nombreux ratés de nos « Estimated Times of Arrival ».

Ah mes amis, quelle gaieté que ce roman, quelle gaieté ! Pardonnez-moi de m’être emballée de la sorte, et puis non, ne me pardonnez pas, après tout je n’ai pas à m’excuser, mais quel amour, quelles amours je viens de lire ! Comme dans le très beau « Un monde pour Julius », on retrouve un mélange d’humour et de drame, de légèreté et de tourments intimes ou publics, de tendresse, de fantaisie et de fatalité, porté par une écriture si sud-américaine que décidément j’adore, avec son grain de folie, sa nostalgie et son style exubérant.

Quel auteur, mes amis, quel auteur !




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Un monde pour Julius

Il me revient la responsabilité de publier la première chronique de ce livre sur Babelio. Chose d’autant plus délicate que cette lecture a été pour moi un vrai gros coup de cœur comme il n’en arrive pas assez, et que je me sens donc investie de la mission de vous donner envie de le lire.

Mes chers amis, laissez-moi d’abord vous dire qu’il est fort dommage que cet auteur péruvien ne soit pas mieux connu dans nos contrées. Evidemment mon avis n’est pas indispensable à faire tourner la planète littéraire, mais sachez cependant que le maître Gabriel Garcia Marquez lui-même tient « Un monde pour Julius » pour le meilleur roman sud-américain jamais écrit. Sous ce haut patronage, et en prenant ma plus belle plume d’oie, il me faut maintenant vous convaincre que ce roman d’Alfredo Bryce Echenique (son premier) est un chef-d’œuvre.

Commençons par Julius. Petit bonhomme de 5 ans au début du livre, né dans une richissime famille de la haute société liménienne des années 70, Julius a deux frères et une sœur, tous plus âgés. Son père est mort quand Julius était tout petit. Solitaire, il grandit livré à lui-même par une mère futile, jolie, adulée, qui doit gérer un tas de mondanités. Pendant que ses frères et sœurs sont à l’école, Julius passe son temps à jouer avec les domestiques dans l’immense palais de la famille.

Au fil des 500 pages, nous suivrons l’enfance de Julius, jusqu’à ses onze ans. Nous le verrons réagir à la mort de Cinthia, sa sœur adorée, au remariage de sa mère avec Juan, (très) riche homme d’affaires, qui n’a que mépris pour tout ce qui n’est pas beau, bourgeois, luxueux et viril. Nous le suivrons, un peu plus tard, côtoyer ses nouveaux camarades d’école, pas tous riches, et surtout les domestiques, tous pauvres.

Et c’est là qu’on s’interroge sur le titre : un monde pour Julius. Mais quel monde ? Julius appartient à celui des privilégiés, et on attend de lui qu’il se fonde dans le moule, qu’il s’y adapte sans crier gare. Mais Julius, enfant sensible, comprend que les choses ne sont pas aussi simples. Il voit bien que ses frères, sa mère et son beau-père le délaissent, et que ce sont les domestiques qui lui portent une véritable affection. Il se rend bien compte aussi des injustices faites à Vilma, sa nourrice, ou à Cano, son copain d’école boursier. Il perçoit les différences entre ceux qui voyagent en avion et ceux qui vont à pied, entre ceux qui parlent un espagnol pur et ceux qui baragouinent tout juste le dialecte de leurs montagnes, entre ceux qui jettent argent et nourriture par les fenêtres, et ceux qui mendient. Julius est confronté à deux univers, l’un où les garden-parties succèdent aux cocktails et beuveries de luxe entre gens de compagnie aussi vaine que vaniteuse, et l’autre où on fait un festin d’un reste de ragoût laissé par les maîtres.

Eternel sujet que celui des différences de classes sociales. L’opposition est ici exacerbée, jusque dans les formes de langages, entre les riches, blancs et instruits, et les pauvres, ignorants descendus de leur Cordillère pour être exploités par les premiers. Alors certes, il ne se passe pas grand-chose dans ce pavé, que le quotidien des uns et des autres, de deux mondes séparés par un mur de privilèges, que le malheur frappe pourtant sans distinction : deuils, peines de cœur, vieillesse, maladie. Mais c’est tellement bien écrit, à hauteur d’enfant, c’est mordant, moqueur, intelligent, puissant, drôle, triste, cruel, brillant. Ca serre le cœur, ça fait rire aux larmes, ça critique à l’acide la classe huppée péruvienne. Le style pourrait rebuter par moments, en raison des longs monologues intérieurs, qui relèvent de la technique du « stream of consciousness » (courant de conscience). Mais c’est si savoureux, le petit Julius est tellement touchant dans sa solitude que j'ai eu envie d'être sa grande soeur…Je me demande quel monde il aurait choisi, une fois adulte…

J’ai été bien longue, et je pourrais encore écrire des pages, mais assez causé… J’espère avoir réussi à vous pousser à le découvrir (en espagnol si vous pouvez)…
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Je suis le roi

Je suis le roi, œuvre inaugurale d'Alfredo Bryce-Echenique, s'inscrit dans un contexte de mutations profondes de la littérature péruvienne intervenues dès les années 1950 : les auteurs délaissent progressivement les récits ruraux indigénistes des Andes pour s'orienter vers une littérature plus urbaine.

Sorte d'errance attendrie et amusée, composée de douze histoires, cette œuvre néoréaliste narre plusieurs épisodes de la vie d'un protagoniste central, Manolo, un adolescent de la classe moyenne originaire de Lima, au ton souvent autobiographique qui fait du héros un véritable double de l'auteur.



Au delà des anecdotes extérieures, l'auteur invite à partager le monde intérieur d'un jeune homme en construction : mémoire d'enfance parfois douloureuse puis déconvenues adolescentes, suite de premières fois pas toujours heureuses et enfin vie adulte exilée en Europe. Eternel adolescent, Manolo, comme piégé par un passé qu'il ne peut quitter, est en quête d'un Lima perdu et idéalisé.

Ironie, humour et désespoir rythment cette quête de la mémoire, face à une société décadente et sans avenir, poussant le protagoniste à des comportements qui le marginalisent. Prenant note sans directement s'engager, l'auteur-narrateur porte sur cette réalité un regard à la fois désabusé et plein de compassion.

Tous les thèmes qui animeront la future production littéraire de Bryce-Echenique sont là et ne le quitteront plus : errance des personnages, inadaptation au monde quotidien, hypocrisies sociales, frustrations, trahisons et surtout recherche d'une nouvelle dimension de la réalité moins décevante mais pas forcément salvatrice.
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Je suis le roi

Je suis le roi est un recueil de douze histoires centrées sur le personnage de Manolo, un type original. Dans la plupart de ces histoires, c’est un grand adolescent, un peu espiègle, s’amusant aux dépends des autres. Dans certaines, ses parents le rejettent, dans d’autres, il recherche le grand amour ou encore chahutant dans son école tenue par des religieux. Il préfère se promener dans Lima ou dans son village natal de Chaclacayo. Mais on le découvre d’abord jeune adulte, vivant à Rome, fumant et buvant le vin dans des cafés. Ça, c’est quand il n’est pas un peu perdu et déambule dans la cité éternelle. C’est sans doute une bonne chose d’entamer le recueil car, en voyant le type que Manolo deviendra plus tard, ça jette un regard particulier à toutes ses excentricités futures (ou, plutôt, passées). C’est mon premier roman d’Alfredo Bryce Echenique. J’ai trouvé le ton très léger, humoristique, voire irrévérencieux. Apparemment, ce fut un grand succès lors de sa parution au Pérou et en Amérique latine. Peut-être que la censure dont il a fait l’objet a aidé, c’est parfois une raison suffisante de vouloir lire… Moi, j’ai passé un moment agréable à le lire mais sans plus. C’est que, ses aventures, si elles sont comiques (et à l’occasion touchantes), elles ne sont pas particulièrement mémorables. J’avais l’impression que Manolo n’évoluait pas d’une histoire à l’autre, de toujours reprendre à zéro avec ce personnage donc, après un certain temps, son sort me devenait indifférent et je me contentais de rire de son vagabondage et de ses facéties.
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L'Amygdalite de Tarzan

J’imagine qu’en lisant le titre tu t’attends à ce que je te parle de Tarzan, et de sa façon de se frapper le torse, aux pectoraux saillants et aux abdominaux sculptés par des années de pratique intensive du saut de lianes en lianes, en beuglant, à qui veut bien l’entendre, l’appel de la forêt à moins que cela soit quelques insanités sud-américaines à destinations des lionnes en chaleur. Mais pas ce soir. Tarzan a une amygdalite et au milieu de la forêt vierge d’Amazonie semble aussi perdu qu’un morpion dans la jungle pas si vierge d’une amazone. La faute aux femmes. A une femme en particulier, Fernanda Maria de la Trinidad des Monte Montes. Selon les humeurs de mon écriture ou de celles de l’auteur, Alfredo Bryce-Echenique, ou de celles du narrateur, Juan Manuel Carpio, cette jeune femme aussi belle que salvadorienne écourtera son nom en Fernanda Maria, Fernanda Mia, Fernanda Tuya ou encore plus simplement Mia ou Tuya. Suivant les envies de chacun.



Un regard suffit à reconnaitre cet amour dans les yeux, tu sais ce pétillement du regard quand la femme baisse ses yeux sur le sexe de son homme ou celui de l’homme quand il retourne sa femme. Tarzan ou Tarzane, Juan ou Jane, faisons l’amour comme nous l’ont appris les singes. Un regard, donc, mais une destinée différente. Des impératifs, des voyages, que d’occasions manqués de se retrouver, de se serrer dans les bras, de se tenir la main sur un banc de la ciudad ou à l’écart. Que de rendez-vous perdus et de temps distillés à faire autre chose qu’à prodiguer leur amour sous les draps froissés d’une chambre d’hôtel à Lima, à Los Angeles, à Majorque ou à San Salvador. Si tu vas à San Salvador, va voir la femme qui sait lire entre les yeux du sort…



Donc au lieu de consommer leur amour, ces deux-là vont entamer une longue correspondance, très longue même, sur dix ans, sur vingt ans, sur une vie, sans jamais ou presque se retrouver, sans jamais ou presque s’assembler. Peur certainement de ce désir trop intense, peur de changer leurs histoires respectives.



Des lettres qui feront le bonheur de l’aviation postale, Tarzan et sa Jane se retrouvent à des latitudes opposées, des heures de longitudes incalculables, et des envois incertains, d’une case à l’autre, d’une chambre à l’autre, d’une dictature aux autres. Comme l’Amérique du Sud aime ses dictatures… Elles foisonnent… Ces lettres aussi. Et cela me semble bien triste, non pas ses dictatures qui peuplent ces latitudes, mais cette incapacité à voir Mia ou Tuya former un vrai couple avec Juan. D’autant plus rageant même que Tarzan a une amygdalite.
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Un monde pour Julius

Ce premier roman d'Alfredo Bryce Echenique, sans doute son chef-d'oeuvre, est certainement le plus original de toute sa production littéraire. : un narrateur, proche du lecteur et sur le ton de la conversation, évoque, en racontant la vie entre les cuisines et la maison des maîtres, les rapports de classes de la société de Lima en pleine mutation dans les années 1950.



L'enfant Julius grandit au sein de la haute bourgeoisie de Lima. Perdant successivement son père, sa gouvernante et sa sœur aînée, il est gâté à l'extrême pour compenser un manque fréquent d'amour. L'enfant qui manifeste de l'intérêt pour ceux qui l'aident à vivre au quotidien, serviteurs, ouvriers, observe les différences sociales dont il ressent l'injustice sans parvenir à en comprendre les raisons. L'apprentissage de ce monde est rude et l'issue en est la solitude parce que le monde de Julius est empli de questions sans réponse.



Comme dans son premier recueil de nouvelles Je suis le roi, l'auteur fait ici preuve d'une délicieuse ironie, parfois de désespoir face à une société qu'il juge décadente, socialement injuste et conduisant à des comportements qui marginalisent les protagonistes.

Ce roman, publié en plein gouvernement révolutionnaire du général Alvarado, se veut une sorte de chant du cygne d'une oligarchie péruvienne à l'égard de laquelle Bryce Echenique est particulièrement critique : ses instantanés de langage concentrent toute l'oisiveté et la frivolité d'une élite privilégiée sous influence nord-américaine, ignorante du monde populaire des bidonvilles de Lima, le tout raconté à travers le regard d'un enfant. C'est féroce, humoristique, tendre, poétique, mais surtout magistralement lucide. Le tout est d'une puissance inouïe.
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L'Amygdalite de Tarzan

L’AMYGDALITE DE TARZAN d’ ALFREDO BRYCE-ECHENIQUE

Juan Manuel fait cet amer constat avec Fernanda Mia, ils ont toujours été meilleurs par correspondance, non pas que l’amour ait manqué mais plutôt de ne pas avoir trouvé le bon endroit au bon moment. Ou, formulé autrement ils partageaient un ballon sur un terrain mais ne jouaient pas au même jeu. Fernanda vit à Oakland, elle s’est fait voler toutes les lettres de Juan, ses bijoux et sa montre par »trois gorilles noirs ». Juan, lui, a quitté Lima pour Paris. Ils se sont connus en 1967, elle de son vrai nom Fernanda de la Trinidad del Monte Montes du Salvador, lui, chanteur de troisième zone, elle débarquait à Paris, famille riche, parlant cinq langues, avait un boulot de correctrice de style en chef de Cortazar ainsi que de Vargas Llosa. 1967 c’est l’année où Luisa la femme de Juan l’a quitté, il écrivait des chansons tristes. Ils se connurent chez un attaché d’ambassade, dansèrent et puis comme Juan était toujours fauché, elle l’hébergeait sans l’entretenir. Quelques temps plus tard à propos de cravates, d’écrivains Sud américains et de nouveaux riches, ils se brouillèrent et ne se reverront que sept ans plus tard, Pinochet était au pouvoir et Fernanda mariée à Enrique.

C’est une longue et belle histoire d’amour que l’auteur nous raconte faite de rendez-vous manqués et d’une abondante correspondance entre Fernanda et Juan. C’est en même temps un roman épistolaire et traditionnel sur fond politique au Chili ou au Salvador. Malgré les vicissitudes de sa vie tumultueuse, Fernanda affirmera qu’elle se sent »aussi forte que TARZAN au bord du fleuve où même les crocodiles le respectent ». Un auteur à découvrir.
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Julius

JULIUS d’ALFREDO BRYCE-ECHENIQUE

Julius est né à Lima dans un palais avec des jardins, une piscine, des balançoires et des domestiques. Celso et Daniel, celles qui s’occupaient de lui, Vilma et Nilda, Anatolio le jardinier et Carlos le chauffeur. Ils sont tous d’origine indienne. Julius avait donné un nom à sa chambre, Fort Apache. Il a une sœur, Cinthia qui a aussi sa bonne, Bertha ainsi que deux frères, Santiago et Bobby. Leur mère Susan est veuve, a 33 ans et sort beaucoup le soir. Julius a une particularité, il a de très grandes oreilles, on les lui colle avec du sparadrap pour que ça se remarque moins. Cinthia est malade, part aux États Unis et va rapidement mourir, c’est un choc violent pour Julius avec des conséquences immédiates, il déménage pour Chosica accompagné par Julia sa préceptrice qu’il déteste. Susan se remarie avec Juan Lucas et ce sera dès lors un tourbillon de fêtes, de dépenses somptueuses, l’activité principale étant le golf, Julius de son côté apprend le piano avec sœur Mary Agnès. Il a huit ans travaille bien à l’école, va faire sa communion. Pendant que Susan s’occupe d’œuvres de charité, Juan Lucas qui ne veut plus habiter le palais fait construire une maison.

Le monde péruvien vu à travers les yeux de Julius traumatisé par la mort soudaine de sa sœur puis le mariage de sa mère. Il regarde tous ces adultes dont les mystérieuses activités l’intrigue, sa mère belle et adulée par tous, se démenant avec son chauffeur du matin au soir pour acheter des bibelots ou assister à des réunions caritatives, son beau-père dont le travail semble être de jouer au golf, fumer des cigares, boire du whisky et construire une maison. De son côté Julius en dehors de l’école est élevé par les domestiques, mange avec eux et prend conscience à travers les paroles qu’il entend de droite et de gauche, des différences entre les classes sociales bien qu’il ne puisse encore le formuler ainsi.

C’est un roman plein de tendresse, drôle souvent et qui dépeint avec ironie la classe aisée de Lima.
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Le Verger de mon aimée

Si vous recherchez une bonne proposition littéraire où, en plus d'une intrigue attrayante, il y a beaucoup de romance, de la critique sociale et divers contenus qui favorisent la réflexion, c'est peut-être une bonne idée de choisir Le Verger de ma bien-aimée, l'un des romans les plus remarquables de l'écrivain péruvien Alfredo Bryce Echenique .

Ce roman est aussi tendre qu' irrévérencieux, éblouissant, émouvant, surprenant, tragique et divertissant. Ses protagonistes sont le tout jeune (dix-sept ans) Carlitos Alegre et la millionnaire Natalia de Larrea ( trente ans) , deux personnages dont la relation est vue d'un très mauvais œil par les familles et les amis. Imaginez ce que l'on dirait chez nous si une professeure plus âgée aimait un jeune homme...



Après avoir eu un coup de foudre lors d'une fête organisée par les parents du garçon, ils décident tous deux de déménager ensemble dans la maison de campagne de Natalia, mais leurs proches ne sont pas disposés à accepter la romance entre le jeune Carlitos et la belle aristocrate . Même si la situation est difficile pour les amoureux et se complique encore davantage lorsque son père décide de poursuivre Natalia en justice pour détournement de mineurs, le couple n'hésite pas à mettre en œuvre diverses stratégies pour préserver leur passion et se protéger de ceux qui tentent de les séparer.

Bryce Echenique un très bel auteur qui nous vient du Pérou, de ce continent si riche en grands auteurs.
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Une infinie tristesse

Autant le dire tout de suite : pour lire ce roman il faut de la tranquillité car l'écriture faite de longues phrases, demande beaucoup de concentration.

D'ailleurs, j'ai moi-même commencé la lecture une première fois et j'ai dû l'abandonner, car je n'avais pas choisi le moment idéal.

J'insiste sur ce point, car le livre vaut la peine d'être lu. J'ai adoré suivre les personnages hauts en couleur, j'ai aimé l'ironie utilisé pour dépeindre l'aristocratie péruvienne du début de XX - ème siècle.

Comme le titre l'indique, des choses tristes se passent dans le livre, mais la lecture n'est pas déprimante. C'est là qu'on se rend compte du talent de l'auteur. L'écriture est juste magnifique avec ses phrases longues qui lui donnent un charme particulier. Je regrette uniquement les répétitions dans les dernières pages, sinon ma note aurait été plus élevée.

Cela reste une belle découverte.



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La Vie exagérée de Martin Romana

C'est un roman inclassable.

Un jour lointain, une femme me l'a offert en me disant que le titre lui avait fait penser à moi.

Ce qui m'avait laissée pantoise.

(Aujourd'hui, connaissant mieux les histoires de normotypiques et surdoués et autres atypiques, je comprends mieux !).

Quoiqu'il en soit, ce fut une bonne idée.

J'ai adoré ce gros roman et l'ai lu et relu plusieurs fois depuis.



C'est extrêmement vivant, vibrant, et tout y est ressenti avec une très forte acuité.

L'histoire est multiple et va au-delà du récit premier.

La lucidité extrême, alliée à une intelligence hors norme et à une sensibilité exacerbée du héros comme de l'écriture, font de ce roman unique, une histoire fascinante et un récit absolument remarquable de la vie, des rencontres, des difficultés à composer avec soi, les autres, le fait d'être en vie, lorsqu'on réfléchit beaucoup sans y '' penser'', de façon absolument spontanée.

Mais je dois aussi souligner l' humour de l'auteur, son ironie brillante qui fait que ce roman, sans devenir léger est vraiment une pépite.

Impossible de ne pas plonger dans la tête et les affres de l'écrivain en pleine psychanalyse.



L'exil, Mai 68, le milieu Latino-américain à Paris dans les années 70,les voyages, l'amour et ses doutes, sa sensualité et la sexualité aussi, voici ce sur quoi va broder avec grand talent @Alfredo Bryce Etchenique cet auteur péruvien très reconnu et effectivement brillant.

Un livre que j'ai reçu par hasard et que j'ai lu et relu avec plaisir et intérêt.
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La Vie exagérée de Martin Romana

Un jeune écrivain latino-américain raconte sa vie étudiante dans le Paris de mai 68, ses aventures amoureuses et ses voyages. Intellectuel pacifique, il fréquente des milieux latino-américains communistes et révolutionnaires bien qu’il ne partage pas leurs convictions.

Aventures tumultueuses autour de personnages excessifs. Beaucoup de dialogues et d’hystérie. Pavé de 650 pages qui aurait gagné à être réduit à 300 pour mettre en valeur l’excellent humour, ici dilué, dont l’auteur ne manque pas. Dommage !

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Une infinie tristesse

Il y a longtemps que je n'ai pas lu de romanciers sud-américains et j'avais oublié ce que pouvait être une écriture baroque ; j'ai eu du mal à commencer ce livre, reprenant les phrases plusieurs fois pour en saisir tous le sens mais au bout de quelques pages, je me suis laissé emporté par cette vague de fantaisie.



Ce roman raconte la saga d'une famille péruvienne qui traverse le XXe siècle. On commence par évoquer don Tadeo, le bisaïeul, vieillard indigne de 104 ans. C'est le créateur de la fortune basée sur la mine, l'agriculture et la banque mais le récit ne s'attarde pas tellement sur lui, il permet juste de mettre en place les relations familiales assez complexes avec des branches Bassombrío, Wingfield ou Gastañeta.



On s'attarde beaucoup plus sur son fils, don Fermìn Antonio de Ontañeta Tristàn et son épouse doña Madamina. Ce caballero est un financier puissant mais aussi un coureur impénitent qui a les clés de presque toutes les villas de Lima et doit parfois s’enfuir piteusement pour échapper aux maris jaloux. Chef de clan, plus gros contribuable de son pays, il veille sur ses cousins et amis désargentés, donne du travail aux uns, héberge les autres et régente tout.



Père de deux filles, il se prend d'affection pour son neveu José Ramón de Ontañeta Wingfield qui est tout son opposé. José Ramón a roulé sa bosse comme marin, rejette la particule et le luxe mais finit par épouser María Magdalena et travailler à la banque où il devient l'adjoint de son beau-père. A la suite d'une histoire un peu sordide où deux de leurs cousins sont tués, un conflit violent les oppose et Fermìn Antonio veut accaparer son petit-fils.



La situation se dénoue rapidement, avec la mort du patriarche. José Ramón reprend les rênes des affaires qui ne sont plus si florissantes et se consacre tout entier à la banque. Il assure la prospérité de sa famille élargie et prend notamment en charge sa belle-sœur María Isabel mariée à l'incapable et alcoolique Klaus Hans von Schulten Canavaro. Ce couple sombre peu à peu dans une folie renforcée par les méfaits de leur fils adoptif surnommé Ordure, puis Dépotoir.



La génération suivante ne brillera pas : si Rosa María est équilibrée, le fils de José Ramón et María Magdalena, Federico, devient un parasite inactif et noceur, un coureur qui se tue accidentellement en fuyant un mari trompé ; Magdalena est dépressive, raciste et méchante, jalouse de sa mère et finit par épouser un basque un peu louche et gauchiste. La famille est ruinée par la nationalisation de la banque et José Ramón meurt octogénaire à Paris où il s'est réfugié avec son épouse.



Les personnages hors du commun, les situations parfois loufoques apportent le sel à ce roman qui nous fait vivre une famille assez extraordinaire, la fin d'une aristocratie désuète. Le style peut sans doute désorienter et il faut le lire au calme (ce n'est pas un livre pour le métro !) mais il vaut vraiment la peine d'insister si les premières pages déroutent.
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Une infinie tristesse

Cette "Infinie tristesse" a surtout pour moi été d'une infinie longueur... Je n'ai en effet pas du tout accroché avec le style de l'auteur, phrases à rallonge partant dans tous les sens, il est où déjà mon sujet, ah oui, mais alors mon verbe, et c'est qui qui parle au fait, bref, ce fût un peu laborieux. Pourtant le sujet au départ avait tout pour me plaire : le déclin d'une famille de la haute aristocratie péruvienne du XXème siècle, qui passe en 270 pages des sommets du pouvoir aux désenchantements de la normalité, tout ça sur fond de cruauté, vices et autres suicides. Cependant, malgré l'écriture plus que baroque déjà décrite ci-dessus, à un moment le charme a opéré, et je me suis attachée à ces personnages si imparfaits et pourtant si humains. Bref, une lecture mitigée.
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Une infinie tristesse

Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Metailie qui m'ont permis de gagner ce roman lors de la dernière "Masse critique". Etant un amoureux de la littérature latino-américaine, en particulier les auteurs Carlos Fuentes et Gabriel Garcia Marquez, je viens de découvrir ce grand romancier péruvien qu'est Alfredo Bryce Echenique. "Une infinie tristesse" est un grand roman de cette littérature du sud de l'Amérique. L'auteur est extrêmement brillant, cette satire corrosive de la société aristocratique péruvienne est magistrale. Les personnages sont extrêmement marquants et ils sont un des points forts du roman, tout comme les relations qui nous sont dépeintes au sein de cette famille. J'ai aimé la nostalgie qui se dégage de l'oeuvre, l'humour grinçant de l'auteur et tout simplement son écriture baroque. Un roman qui rappelle" Le Guépard" de Lampedusa ou "Les Budenbrook" de Thomas Mann en ce qui concerne la thématique principale qui est la présentation du déclin d'une famille d'aristocrates. Un gros coup de coeur !!!
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La Vie exagérée de Martin Romana

671 pages. Bcp aimé. Drôle enlevé mélange de dérision, d'ironie, d'humour, ce roman-fleuve revisite mai 68, voyage de Paris en Italie puis en Espagne, drames, vaudeville, idéaux politiques, amours, désamours, le matériau qui attend quiconque le lira est abondant. Le fauteuil Voltaire est le lieu où le narrateur opère la remémoration d'une partie de sa "vie exagérée".
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Un monde pour Julius

C’est avec ce livre que j’ai découvert cette géniale maison d’édition spécialisée dans les littératures étrangères (moins habituelles). Ce très célèbre auteur péruvien nous embarque pendant 500 pages à Lima dans le quotidien de Julius enfant de la haute société, sur plusieurs années. Le cœur du roman c’est la lutte des classes, et vu à hauteur d’enfants c’est à la fois drôle et poignant. Vous ne pourrez que vous attacher à Julius dans ce roman d’apprentissage et savourer cette grande galerie de personnages !
Lien : https://ninaalu.wordpress.co..
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L'Amygdalite de Tarzan

Ce roman partiellement épistolaire, n’est pas aussi dément que son titre le laisse supposer . Bien sur j’y ai retrouvé , cela faisait un bail que je ne m’étais plus frotté à elle, la douce dinguerie de la littérature sud-américaine , et je me suis vraiment attaché à ces deux amants et leur amour alternatif , j’ai aussi retrouvé cet arrière plan constant de la tristesse de l’exil et « des veines ouvertes de l’Amérique latine » .
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Une infinie tristesse

UNE INFINIE TRISTESSE d’ ALFREDO BRYCE-ECHENIQUE

Grandeur et décadence chez les riches péruviens.

La famille De Ontoñieta est une des plus riches de Lima, et c’est Tadeo, plus que centenaire qui règne encore sur un empire minier et financier ainsi que sur toute la famille. Il va quand même mourir lors de son 105 ème anniversaire et c’est Firmin Antonio qui va hériter de la gestion de l’empire. Affublé d’une femme qui se noie dans le thé et les tisanes, il se perd lui dans les maîtresses multiples et variées et organise des mariages huppés mais catastrophiques pour ses deux filles. Un accident mettra fin au règne de Firmin Antonio et c’est José Ramon qui lui succédera. Peu intéressé par les affaires il s’y résignera néanmoins gérant a minima la fortune de la famille qui va en s’amenuisant.

Une grande fresque comme beaucoup d’écrivains sud américains en ont écrites, de Garcia Marquez à Llosa en passant par Fuentes, c’est très bien écrit, on se perd dans les noms de famille régulièrement, on suit avec plaisir quelques personnages hauts en couleur, mais ce roman manque un peu d’originalité, une impression de déjà lu chez d’autres auteurs.

Alfredo Bryce- Echenique est un écrivain péruvien né à Lima en 1939 auteur de plus de 20 livres.
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