Alma Brami vous présente son ouvrage "
Ils sont moi, je suis eux" aux éditions Mercure de France. Rentrée littéraire automne 2023.
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ils-sont-moi-je-suis-eux
Note de musique : © mollat
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Je leur en voulais de ne pas faire corps avec moi, c'étaient mes enfants, la chair de ma chair, mais finalement, ils se revélaient étrangers, pactisant avec l'ennemi au moindre désir assouvi.
- Moi, j'aime pas comme je suis. Mes joues sont si grosses...
- C'est normal, dit Maman, t'es dodue parce que tu es une petite fille, plus tu grandiras, plus ces adorables joues disparaîtront.
- J'ai plein de poils sur les bras, des milliers de poils...
- Ce ne sont pas des poils, dit Maman, c'est du duvet tout doux de poussin.
- Et mon nez, je déteste mon nez.
Lili avait l'impression d'avoir grandi dans une boîte de fer, une boîte comme celle des grands-mères où l'on cache des biscuits secs, dont personne ne veut. Une boîte cercueil, sans lumière, sans bruit, où rien n'est dramatique, mais rien n'est vraiment drôle non plus.
Sans jamais tomber dans la critique stérile et méchante, Lili analyse avec une perspicacité savoureuse les travers du genre humain!
Lili n’avait jamais supporté le rapport à Dieu des autres. Suppliant, priant pour qu’on les épargne, qu’on leur pardonne, priant pour des miracles.
Des mots adressés vers Lui, pour ne parler que d’eux, seulement d’eux, d’eux, d’eux. [...]
On L’abreuvait de prières pré-écrites, de rituels au lever, au coucher, avant et après les repas, tout était fonction de Lui et de la crainte perpétuelle de Le froisser.
C’était se donner beaucoup d’importance de croire que de si petits actes auraient une incidence sur Son humeur. La prétention des hommes, quel fléau!
Il me racontait ce qu’il voulait, mais je ne devais pas poser de questions. T’es trop curieuse là mon Coeur, ça me met mal à l’aise, j’ai l’impression que tu fais des fiches. Quand il commençait à me complimenter et à me suivre de pièce en pièce, c’était le signal qu’il avait fait le tour de « l’invitée » et qu’il me demanderait sous peu de « l’aider ». J’ai fait une erreur, je n’aurais jamais dû, je ne te mérite pas. De toute façon il n’y a que toi qui sait m’aimer comme il faut, il n’y a que toi qui me connais, ton amour est extraordinaire"
Je vous passe votre mère, elle sera contente de vous entendre, vous devriez l'appeler plus souvent quand même. » Gros yeux autoritaires à l'autre bout du fil. La garde-malade donne des ordres, c'est nouveau ça. Mme Gros-Yeux ferait bien de se tenir à carreau si elle ne veut pas être remerciée. « Oui vous avez raison, j'essaierai. » Elle peut parler tant qu'elle veut, je n'essayerai rien du tout, je suis un fils à la hauteur de sa mère. Point final. On n'a que ce qu'on mérite il paraît.
Je me demandais qui avait eu cette idée d'enterrer les morts, peut-être que c'était quelqu'un qui pensait que ça s'attrape, que la mort c'est comme une épidémie, que c'est contagieux.
Et puis je me suis rappelée la voisine qui parlait de son chien, qui disait que quand l'âme s'en va, le corps pourrit, mais quand ? A partir de quand ? Est-ce que c'est la mort qui ronge la peau, qui la dévore, qui la saccage, qui la troue ?
Le droit d’être en vie devient un devoir, le devoir d’être heureux pour apaiser les souffrances passées.
Un jour, j'ai compris que la mort avait un ennemi, un ennemi plus fort qu'elle. [...] Et j'ai eu l'idée de l'oubli, ou plutôt du non-oubli. Si on pense aux morts, ils vivent. Il ne vivent plus au même endroit, mais ils vivent.
Il avait été clair dès le début, il ne lui avait rien promis. Il lui avait expliqué sa situation, sa décision immuable de rester auprès de sa femme, quoi qu’il arrive. Et pourtant elle s’était laissé approcher. Ils étaient allés chez elle dans son petit appartement rose et orange, douceur de filles. Il n’était jamais resté une nuit, juste quelques heures après le boulot, il n’avait jamais coupé son téléphone au cas où sa femme aurait dû le joindre, il ne l’avait jamais fait passer en premier et elle avait accepté ça tout de suite, comme une évidence.