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Critiques de Almudena Grandes (211)
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Vents contraires

C'est dans un petit lotissement en bord de mer dans la baie de Cadix, sur une côte battue par le Levant et le Ponant que Sara Gomez Morales a décidé de s'installer. La cinquantaine portée avec élégance, elle a quitté Madrid pour mener une vie tranquille dans cette petite ville et cette nouvelle maison qu'elle a choisies avec soin.

En face de chez elle, dans une maison quasiment identique viennent s'installer Juan Olmedo, séduisant médecin d'une trentaine d'années, son frère Alfonso, retardé mentalement et sa nièce Tamara. Curieuse famille issue elle aussi de Madrid et qui débarque un jour de grand vent.

Maribel et son fils Andrés, quant à eux, sont nés et ont toujours vécu dans le petite ville. Elle est femme de ménage et travaille chez Sara, son fils a l'âge de la nièce de Juan. Ce sont eux qui seront le trait d'union entre les deux maisons qui se font face.

Une femme de ménage, son fils qui connait à peine son père, une rentière, un jeune médecin, un handicapé mental, une fillette orpheline...Ils n'ont rien en commun, ils n'ont aucun lien de sang mais ils vont bel et bien finir par former une famille unie et solidaire face à l'adversité.





Almudena GRANDES m'avait déjà transportée il y a quelques années avec Le coeur glacé et elle récidive ici avec un roman passionnant et bouleversant. Grâce à des flash-back savamment distillés, elle nous offre des histoires de vie hors du commun.

Celle de Sara d'abord, une vie ancrée dans l'Histoire de l'Espagne. D'origine modeste, comment est-elle devenue la rentière aisée et sophistiquée qu'elle est aujourd'hui? Avec elle, on va remonter le cours du temps jusqu'à la guerre d'Espagne et à l'humiliation des vaincus, et des pauvres aussi devant les vainqueurs et les possédants. On va connaitre ses rêves de jeune fille, ses désillusions, ses amours et l'origine de son aisance financière.

Avec Juan, on va découvrir comment de célibataire libre de toute attache, il en est arrivé à prendre en charge son frère et sa nièce. D'origine modeste lui aussi, il a vécu dans l'ombre de son frère, le charismatique Damian. Quand Juan étudiait pour réussir, Damian réussissait sans efforts, lui volait Charo, l'amour de toute sa vie, accumulait les gains et les possessions et passait du statut de frère adoré à celui de crétin détesté. Avec Juan, on navigue dans les liens fraternels, les amours éternels et les amitiés fidèles.

Avec Maribel, on découvre une vie difficile où il faut se battre pour gagner de quoi se nourrir, où les hommes infidèles font des pères absents, où l'orgueil est la dernière des défenses. Sous ses airs de bimbo un peu trop gironde, dans ses vêtements en lycra qui la boudinent, Maribel est une mère prête à tout pour son fils, une femme plus sensée qu'il n'y paraît, une tendre mais pas une cruche.

Il y aurait tant à dire sur ces trois là et sur ceux qui gravitent autour d'eux mais je ne veux rien dévoiler de leur parcours, leurs secrets, leurs faiblesses puisque les informations sont fournies petit à petit comme une sorte de puzzle dont on ne voit l'intégralité qu'à la fin.

Ce livre est un coup de coeur pour moi. La version poche compte près de 900 pages mais c'est encore trop peu pour moi. Je serai volontiers restée encore plus longtemps avec Juan, Sara, Maribel et tous les autres.
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Le coeur glacé

Au départ, il faut bien dire que le titre ne m'emballait pas, d'autant qu'il s'agit vraiment de la traduction du titre original (El corazon helado), je craignais un romanesque à l'eau de rose ou quelque chose de ce genre là. Et, du coup, Le coeur glacé d'Almudena Grandes est plutôt une bonne surprise.



Alors, évidemment, il faut aimer les sagas, et les sagas conséquentes, puisqu'ici on frôle allègrement les 1500 pages (bonne idée de l'éditeur d'avoir divisé ça en deux tomes, pour des raisons pratiques évidentes, liées notamment au poids conséquent du livre, particulièrement sensible le soir à une heure tardive !). Mais ce roman-fleuve s'avale en rien de temps, la lecture est fluide, par moments haletante, et il est très difficile de lâcher cette belle fresque dès lors qu'on l'a attaquée.



Toutes les composantes de la bonne saga sont là : secrets familiaux sur plusieurs générations, foisonnement de personnages (un peu difficile à maîtriser dans les premières pages, il faut bien le dire), mais des personnages attachants, que l'on a l'impression de connaître à la fin du roman, haines recuites, vengeances, cadavres sortant du placard, trahisons, et histoires d'amour et de passion. Qui plus est, le thème est passionnant. Il ne s'agit pas tant d'un roman sur la guerre d'Espagne (il y en a de bien meilleurs !), mais d'un roman sur la mémoire de la guerre dans la société espagnole, les fantômes de la guerre civile, et sur l'Espagne franquiste, des choses que, pour le coup, on a beaucoup moins l'habitude de lire. L'auteure est géographe (!) et historienne de formation, et son travail s'appuie sur une grosse bibliographie, et le récit du Coeur glacé résonne d'une façon troublante, où rien n'est vrai mais où tout pourrait l'être.



Le roman croise les histoires compliquées de deux familles : les Carrion et les Fernandez, dont le destin s'est irrémédiablement lié durant la guerre d'Espagne, d'une façon assez mystérieuse. L'intrigue tourne autour du fascinant personnage de Julio Carrion, père de famille et époux aimant, brillant entrepreneur autodidacte, qui meurt au début du roman d'un accident cardiaque. A l'enterrement, l'un de ses fils remarque une jeune femme qui se tient à l'écart ; il découvre quelques jours plus tard que cette trentenaire, Raquel Fernandez Perea, a été la conseillère financière de son père octogénaire ... et sans doute bien plus. La vie d'Alvaro, jusque là bien tranquille (professeur d'université, père de famille et mari comblé), bascule alors.



Peu à peu, au travers d'allers et retours entre plusieurs périodes (l'ère républicaine et la guerre d'Espagne dans les années 1930, la Seconde guerre mondiale dans les années 1940, les années 1980 et la fin de la dictature, et la période principale de la narration, dans les années 2000), le fil du récit dévoile des secrets de famille troublants, qui vont transformer les personnages. C'est l'occasion d'une réflexion de grande ampleur sur l'exil et la mémoire, la reconstruction du passé, la filiation, la morale et la justice, ou comment les trois courtes années de la guerre civile ont changé pour toujours le visage de l'Espagne et marqué à jamais les Espagnols, cette mémoire étant toujours vive et douloureuse aujourd'hui encore, avec la génération des petits enfants.



Bref, c'est très très bien, approuvé et vivement recommandé ! (Madle je t'amène ça demain comme promis !)
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Vents contraires

Cet excellent moment de lecture permet de rencontrer des personnages très attachants si marqués par l'évolution de la famille traditionnelle espagnole qu'ils doivent reconstruire d'autres structures affectives. L'ancrage dans l'histoire républicaine de l'Espagne m' a émue, la description des rivages andalous, enchantée.
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Le Coeur glacé, tome 2

Voilà j' ai tourné la dernière page du Coeur glacé et je suis plusieurs jours plus tard toujours avec les personnages d'Almuneda Grandes.

Cette auteure espagnole récompensée par le prix Méditerenée pour ce livre a su me prendre dans ses filets et je me suis laissée faire!

Un jour froid ensoleillé à Torrelodones petite ville de Castille , on enterre Julio Carrion , 83 ans grand industriel et promoteur immobilier .Femme et enfants sont là.

Alvaro le fils préféré est resté en arrière et voit arriver une superbe jeune femme qu'il ne connait pas il est .déjà sous le charme ,..Raquel est venue à l'enterrement avec des arrières pensées mais lesquelles?

Nous apprenons bientôt qu'elle est la petite fille d'un émigré républicain rentré en Espagne après la mort de Franco alors qu'Alvaro est lui le fils d'un franquiste convaincu..Pour Alvaro sa rencontre avec Raquel sera l'équivalent d'un seisme dans sa vie personnelle affective et le regard qu'il portait sur ce père adulé va être profondément bouleversé

Jouant avec les retours en arrière nous découvrons la vie de leurs grand-père et père respectifs ; c'est une longue histoire qui relate celle de l'Espagne de 1935 à nos jours et des conséquences toujours d'actualité de cette guerre civile meurtrière.

Vous dire que ce livre m' a plu ne vous surprendra pas ,si l'occasion se présente surtout n'hésitez pas.
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Le coeur glacé

Ce livre fait partie des grands romans contemporains que j´ai lus.

Il mêle une histoire familiale, des histoires d´amour sur fond de guerre d´Espagne et de ses conséquences. Un livre qui distrait et apprend en même temps avec des personnages fouillés ambigus et attachant.

De la belle ouvrage.
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Le coeur glacé

Ma critique : Née à Madrid en 1960. Son premier roman « Les Vies de Loulou », a été traduit dans le monde entier. Le Coeur glacé « El corazon helado » a connu un succès retentissant en Espagne où il a été vendu à plus de 300 000 exemplaires“Almudena Grandes est l’un des plus grands écrivains de notre temps. Son dernier roman, Le Coeur glacé, ambitieux, profond et passionnant, en est une nouvelle preuve.”Mario Vargas Llosa (prix Nobel de littérature 2010) Ce roman est la rencontre de l'Histoire avec un grand H et du destin de deux familles, l’une franquiste, l’autre républicaine (les rouges).l’auteur y mêle étroitement réflexion et émotions . Il permet de connaître le destin de ces milliers de personnes qui se battirent pour leurs idées jusqu'à perdre leur famille restée en Espagne que certains ne revirent qu’après la mort de Franco, leur pays, et pour certains la mort.Il permet aussi de comprendre la vie de ces exilés républicains de 1939 leur incompréhension vis à vis des démocraties européennes bienveillantes envers Franco à la libération, et aussi leur retour en Espagne après 1975 lorsqu’ils comprirent que tout avait été fait pour les oublier, leur patrimoine volé par des hommes qui se sont enrichis sous la dictature de Franco, et leur morts enterrés dans des fosses communes…J' ajoute que "corazón helado", Cœur glacé, fait référence au grand, poète Antonio Machado : " una de las dos Españas ha de helarte el corazón" décédé à Collioure en 1939 (lui aussi exilé)Il faut savoir l'amour intense que les Espagnols de l'exil portent à Machado. Il est l'image même de l'exil et de la tolérance. Lui qui ne connut l'exil réel que quelques jours pour en mourir, mais qui aura vécu l'exil intérieur toute sa vie. Sa tombe à Collioure avec sa bouche d'ombres en forme de boîte à lettres est ouverte à toutes les interrogations, toutes les questions. Elle est devenue une sorte de phare qui attire tous ceux qui ont en eux la mélancolie de l'exil, ou qui un jour ont entendu quelques bribes des paroles de Machado.Un livre écrit pour tous les exilés Nena
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Le coeur glacé

Un roman-fleuve qui emporte, colossal et captivant. Almudena Grandes nous fait pénétrer au coeur de la vie de deux familles espagnoles, les Carrion et les Fernandez, dont on partage les espoirs, les déchirements et les souffrances, les amours et les haines, les trahisons et les deuils. Tous vont être entraînés dans le flot mouvementé et tragique de l’histoire espagnole de l’avènement de la 1ère République en 1931 puis la victoire du front populaire espagnol en 1936, suivi du soulèvement des carlistes et phalangistes qui mène à la guerre civile de 1936 à 1939, pour aboutir à la soumission de l’Espagne sous la dictature franquiste. 
La fin de la dictature, en permettant le retour des exilés, fera rejaillir le poids du passé sur les enfants et petits-enfants qui, de soupçons en questionnements, vont rompre le silence et mettre au jour des liens et des facettes de leurs parents qu’ils n’imaginaient pas.

Le lecteur est tenu en haleine de bout en bout, car Almudena Grandes parvient à nouer une intrigue qui, au fil des retours en arrière, ne se dévoile que très progressivement et fait s’imbriquer tous ces destins qui se croisent comme les pièces éparpillées d’un puzzle dont on finit par trouver la place.

Ainsi d’Alvaro, fils de Julio Carrion riche homme d’affaires madrilène, qui va découvrir la complexe et trouble personnalité de son père à la faveur de sa rencontre avec Raquel Fernandez Perea, mystérieuse jeune femme, présence troublante, entrevue au cimetière lors de l’enterrement de ce père dont il dit et répète plusieurs fois qu’« il avait été un homme beaucoup plus extraordinaire que nous, ses enfants, ne l’étions devenus».

Et pourtant...l’image lumineuse du séducteur et du magicien va se fissurer. La passion qui naîtra entre Alvaro et Raquel, fille et petite fille de républicains exilés en France, va faire basculer la vie d’Alvaro en la bouleversant de fond en comble. Car... «...de nombreuses années s’écoulèrent, avec leur cortège de changements, mais Raquel Fernandez Perea ne cessa jamais de regarder le ciel. Et elle n’oublia jamais le nom de l’homme qui avait fait pleurer son grand-père.»

Une fois entamé, j’ai été prise dans les rets de ce roman historique riche de grands moments d’émotion et de nombreux personnages très attachants. J’ai essayé de freiner, de faire quelques poses en sachant qu’une fois arrivée au bout d’un tel livre j’allais en être triste et me sentir vide et désoeuvrée mais j’y suis revenue très vite et j’y reviendrai sans doute encore.

Car la note de l’auteur, en fin de volume, intitulée «De l’autre côté de la glace», ne fait que renforcer l’intérêt passionné pour cette lecture où la réalité l’emporte sur la fiction..... A l’épigramme extrait d’un poème de Antonio Machado, mort d'épuisement à Collioure en février 1939, «Petit espagnol qui vient au monde/ Que Dieu te préserve,/ Une des deux Espagnes saura te glacer le coeur» répond une déclaration, toujours d’Antonio Machado, en décembre 1938, placée à la fin «... pour les stratèges, pour les politiques, pour les historiens, tout est clair : nous avons perdu la guerre. Mais sur le plan humain, je n’en suis pas si sûr... Nous l’avons peut-être gagnée.»

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Le coeur glacé

Tout simplement fascinant… Le cœur glacé m’a "happée", j’ai vraiment adoré ! Je pourrai en rester là, vous dire que ce livre fait plus de mille pages mais que dès que vous le commencerez vous ne le lâcherez plus et que vous ne vous rappellerez même pas qu’il y en avait autant, que vous ne voudrez plus qu’il finisse… Le roman d’Almudena Grandes n’est pas un succès littéraire espagnol pour rien. Très bien écrit, il retrace une grande partie de l’Histoire contemporaine de l’Espagne. L'incursion de la fiction sur le terrain de la guerre civile espagnole est menée avec maestria.



Soit une fresque intense, captivante, qui commence par l'enterrement du patriarche Julio Carrion, mort à 83 ans d'une crise cardiaque, en 2005. Sa veuve et ses cinq enfants se retrouvent au cimetière. La présence discrète d'une inconnue trouble l'un des fils, Alvaro, prof de physique à l'université de Madrid, marié et père d'un petit Miguel. Cette vie tranquille va voler en éclats au contact de ladite inconnue, une certaine Raquel Fernandez Perea, jeune banquière de 35 ans, jolie, intelligente. Elle révèle à Alvaro quel lien inattendu l'unissait à son père. Malaise. Alvaro s'interroge. Qui était vraiment cet homme de tempérament aux origines modestes devenu richissime ? Comment avait-il fait fortune ? Impossible d'empêcher le passé de refaire surface. Un passé poisseux, qui empoisonne peu à peu le présent d'Alvaro et des siens, mais qui le précipite, contre toute attente, dans les bras de Raquel... Soit plus de 1000 pages où se croisent, se recroisent, chapitre après chapitre, une fois au passé, une fois au présent, une belle histoire d’amour, mais aussi celle de deux familles espagnoles intimement liées, deux familles qui ont chacune des secrets très lourds à porter. 1072 pages pour nous plonger dans "juste une histoire espagnole comme les autres". Une histoire étonnante et ambitieuse. Il aura fallu quatre ans de recherche à son auteur pour écrire cette extraordinaire saga familiale enkystée dans le XXième siècle et ses guerres.



Almudena Grandes noue une intrigue qui lui permet de retracer 70 ans d'histoire de l'Espagne à travers la vie des deux familles de bord opposé : les sombres périodes de la guerre civile, de la seconde guerre mondiale, de la dictature franquiste et l'après dictature.



A lire absolument pour connaître le destin de ces milliers de personnes qui se battirent pour leurs idées jusqu'à tout perdre y compris la vie, pour comprendre ce que cela signifia de continuer à vivre pour les exilés républicains de 1939, ce que signifia pour eux l'incompréhensible bienveillance des démocraties européennes vis à vis de Franco à la libération, ce qu'ils ressentirent lorsque, enfin de retour en Espagne, ils comprirent que tout avait été fait pour les oublier ... Les héros du roman vérifient à leurs dépends que la vérité et le devoir de mémoire, pourtant indispensables, engendrent aussi douleur et violence. Impossible de tout dire, tant le roman offre de thèmes de réflexion et de sentiments divers tout en nuance. Si on ne peut s'empêcher d'être souvent ému à la lecture, c'est que chaque détail est inspiré de "vraies vies" et il faut absolument lire la note, émouvante, en fin de roman où l'auteur remercie individuellement les espagnols qui ont accepté de témoigner avec beaucoup de dignité.



Ce roman est magnifique, tant par le souffle historique que l'écriture, tout est parfait. Ne vous laissez pas impressionner par ce pavé, ça en vaut vraiment la peine ! Bouleversant, poignant, il retentira longtemps en vous, tel un chant flamenco andalou : envoûtant. Ce livre se dévore comme une saga, avec ce petit supplément d'âme qui donne l'impression d'en sortir grandi.



Après une lecture aussi prenante, je me demande sur quoi je vais bien pouvoir enchaîner ... C'est le problème avec les "coups de coeur" !

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Le Coeur glacé, tome 1

Grande fresque familiale : l’expression peut faire redouter le pire, du type mélodrame plein de bons sentiments. Mais loin de là, il s’agit ici du meilleur ! Il est vraiment rare que le terme « chef-d’œuvre » s’impose à moi… Avec Le Cœur glacé, ce fut le cas très rapidement – et les dernières dizaines de pages, un peu moins convaincantes, ne peuvent suffire à me faire changer d’avis.



Cet ambitieux – et énorme – ouvrage retrace les itinéraires de deux familles espagnoles, les Carrión et les Fernandez, depuis le début du XXe siècle. Tout semble les opposer : milieu populaire rural contre grande bourgeoisie madrilène, opportunistes devenus franquistes contre farouchement républicains, enrichis sous la dictature contre expatriés en France ruinés…

Et pourtant, en 2005, suite à l’enterrement du doyen Julio Carrión, riche homme d’affaires, son fils Álvaro et la jeune Raquel Fernandez Perea font connaissance. De là, Almudena Grandes déroule leurs histoires, passées et présentes, et celles de leurs familles, révélant ainsi lentement leurs imbrications.



Le Cœur glacé est extrêmement bien construit : les séquences temporelles s’échelonnent entre 1905 et 2005, et les allers-retours nombreux sont finement agencés, de manière à éclairer chaque fois un nouveau pan des personnages et des histoires familiales. Les deux arbres généalogiques sont d’ailleurs bien utiles pour s’y retrouver.



Almudena Grandes a fait de nombreuses recherches pour ce projet et livre ainsi un texte formidablement documenté et, donc, éminemment intéressant sur le destin de l’Espagne et des Espagnols au XXe siècle. Il est évidemment question en détails de la guerre civile, mais pas seulement : de la situation au début du siècle, des espoirs républicains, de la division azul partie se battre aux côtés des Allemands, du franquisme, des camps de réfugiés en France, de l’installation des émigrants dans les années 1940, de la mort de Franco et de ses conséquences, du développement économique des années 1980, de la permanence d’une certaine classe réactionnaire, de la difficulté à être fils d’exilés en France… Cette thématique qui m’intéresse particulièrement est d’ailleurs très finement traitée, tout comme celle, corollaire, de l’éventuel retour. À l’image du roman qui est d’une grande sensibilité, chacun est dépeint subtilement, dans toutes ses aspérités.

Quant à l’écriture, elle parvient à être fluide et sophistiquée, tantôt plus simple, tantôt plus élégante.



Je pourrais me perde en considérations variées sans parvenir à dire tout le bien que je pense de ce roman… Pour résumer : j’aurais aimé qu’il soit interminable. Une lecture exceptionnelle.




Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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Le Coeur glacé, tome 2

Grande fresque familiale : l’expression peut faire redouter le pire, du type mélodrame plein de bons sentiments. Mais loin de là, il s’agit ici du meilleur ! Il est vraiment rare que le terme « chef-d’œuvre » s’impose à moi… Avec Le Cœur glacé, ce fut le cas très rapidement – et les dernières dizaines de pages, un peu moins convaincantes, ne peuvent suffire à me faire changer d’avis.



Cet ambitieux – et énorme – ouvrage retrace les itinéraires de deux familles espagnoles, les Carrión et les Fernandez, depuis le début du XXe siècle. Tout semble les opposer : milieu populaire rural contre grande bourgeoisie madrilène, opportunistes devenus franquistes contre farouchement républicains, enrichis sous la dictature contre expatriés en France ruinés…

Et pourtant, en 2005, suite à l’enterrement du doyen Julio Carrión, riche homme d’affaires, son fils Álvaro et la jeune Raquel Fernandez Perea font connaissance. De là, Almudena Grandes déroule leurs histoires, passées et présentes, et celles de leurs familles, révélant ainsi lentement leurs imbrications.



Le Cœur glacé est extrêmement bien construit : les séquences temporelles s’échelonnent entre 1905 et 2005, et les allers-retours nombreux sont finement agencés, de manière à éclairer chaque fois un nouveau pan des personnages et des histoires familiales. Les deux arbres généalogiques sont d’ailleurs bien utiles pour s’y retrouver.



Almudena Grandes a fait de nombreuses recherches pour ce projet et livre ainsi un texte formidablement documenté et, donc, éminemment intéressant sur le destin de l’Espagne et des Espagnols au XXe siècle. Il est évidemment question en détails de la guerre civile, mais pas seulement : de la situation au début du siècle, des espoirs républicains, de la division azul partie se battre aux côtés des Allemands, du franquisme, des camps de réfugiés en France, de l’installation des émigrants dans les années 1940, de la mort de Franco et de ses conséquences, du développement économique des années 1980, de la permanence d’une certaine classe réactionnaire, de la difficulté à être fils d’exilés en France… Cette thématique qui m’intéresse particulièrement est d’ailleurs très finement traitée, tout comme celle, corollaire, de l’éventuel retour. À l’image du roman qui est d’une grande sensibilité, chacun est dépeint subtilement, dans toutes ses aspérités.

Quant à l’écriture, elle parvient à être fluide et sophistiquée, tantôt plus simple, tantôt plus élégante.



Je pourrais me perde en considérations variées sans parvenir à dire tout le bien que je pense de ce roman… Pour résumer : j’aurais aimé qu’il soit interminable. Une lecture exceptionnelle.




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Le coeur glacé

Coup de foudre !

Voilà un roman qui m'a empêchée de dormir plusieurs nuits durant (il est gros !) et que j'ai dévoré avec frénésie, espérant comme dans tous les chefs-d'oeuvre que ça ne se termine jamais...



Pour Raquel, Alvaro quitte son épouse et son fils.



Mais cette passion prend un tour déchirant lorsque les origines de chacun apparaissent au grand jour. Elle, est descendante de républicains exilés en France, lui, fils d’un odieux opportuniste qui a bâti sa fortune sous Franco.



Divine ballade espagnole, fresque magistrale d’un pays encore hanté par les décennies franquistes. On y redécouvre avec effroi les horreurs et les tourments commis et subis dans les deux camps autour d'une histoire d'amour déchirante, écrite (et traduite) dans une langue magnifique et documentée de façon irréprochable.



Almudena Grandes maîtrise avec brio un sujet difficile, une tragédie qui a divisé l'Espagne pendant de longues décennies et y introduit un souffle romanesque absolument irrésistible : bouleversant, passionnant, tout simplement exceptionnel !!!

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