Amaury BARTHET. Le diplôme
Guillaume a trente deux ans. Il est professeur d’histoire-géographie dans un lycée de Bobigny où il enseigne depuis huit ans déjà. Il vit en couple avec Cécile depuis douze années et il réside à Paris... Nous sommes en 2017. son couple bat de l’aile. Dans un club de sports, il rencontre Nadia, une jeune femme vendeuse chez Zara, rue de Rivoli. Il rompt avec sa compagne, Cécile et va entamer une relation amoureuse avec Nadia ; cette jeune femme resplendit de joie de vivre. Elle est très ambitieuse. Guillaume a une idée de génie : lui procurer un diplôme de l’enseignement supérieur... Ainsi, Nadia pourra prétendre à un très bon emploi, bénéficier de bons émolûements, faire la fierté de son compagnon. Mais comment entrer en possession d’un tel sésame ?
Non je ne vous dévoilerai pas tous les aléas de cette rocambolesque histoire. Amaury BARTHET,
avec humour, rage construit un scénario invraisemblable. Il égratigne un peu notre société en décadence. Mais il en profite pour asséner de nombreuses vérités sur notre culture. Certains d’entre nous possèdent de nombreux diplômes et ne sont pas pour autant en mesure d’assumer les missions qui leurs sont dévolues. D’autres ont le sens des affaires et complètement démunis de ces précieux sésames font de fort belles carrières assumant sans complexes leurs charges. Doit-on juger une personne à ces titres obtenus en bachotant ? S’agit-il vraiment d’une imposture ? Cela dénote une certaine appréhension, un doute, une incapacité de s’affirmer. Dans le cas présenté par Amaury, la jeune femme fait face avec beaucoup de sang froid, de volonté, et réussit parfaitement à prendre la place dévolue à ce poste présentant de fortes responsabilités. Elle affronte sans aucun complexe ses adversaires. Elle est très à l’aise dans ce milieu qui, à l’origine ne lui été pas destiné. En effet, ne possédant pas le précieux sésame, elle n’aurait jamais dû occuper un tel poste ! Je la félicite pour cette belle ascension. Pourquoi, l’obliger à démissionner, à avouer la supercherie à laquelle elle a dû se livre pour prétendre à ce poste de responsable. Elle réussit à s’intégrer de façon brillante, à duper toutes les instances en place… elle est fort brillante. Pourquoi ne pas la laisser évoluer. Elle réussit et n’hésite pas à engloutir une masse fort importante de données pour pallier à ce manque de culture qu’elle n’a pu s’offrir en temps et en heure ? Combien d’hommes, de femmes sont prêts pour faire le même chemin, même nantis des précieux sésames ? Une personne ne possédant pas un seul diplôme ouvrant les portes a occupé la direction d’un établissement public. Réussite totale : bonne gestion, aucune dette, satisfaction totale des employés… Découvrant cette usurpation, elle a été virée manu militari. Le successeur possédant des diplômes aux noms prestigieux (ayant fréquenté les bonnes écoles) a été mis à la tête de cet établissement public, oui, en France… Et six mois plus tard, faillite…. Que doit-on penser donc de notre système scolaire : un diplôme gratifiant ou la débrouillardise, la formation sur le tas. La fréquentation de grandes écoles et la délivrance de diplômes sont-elles un gage de réussite professionnelle ? A mon humble avis, la réponse est négative !
Merci Amaury de nous offrir ce beau portrait d’une femme volontaire, détentrice de self-contrôle, à toutes épreuves et qui parvient à séduire un auditoire tout en maîtrisant son sujet. j’ai passé un très bon moment de lecture en compagnie de Nadia et de son compagnon Guillaume. Une bonne intrigue pour un premier roman. De plus elle tombe à pic avec l’actualité. Des hommes, des femmes sans aucun « grand diplôme » ont bien réussi leur vie professionnelle. Je ne me hasarderai pas à vous livrer bon nombres de récipiendaires ; mais j’ai mémoire que Philippe BOUVARD, entre d’autres grandes notoriotés fait partie de ce cercle fermé. Il a eu une vie de journaliste hors pair bien qu’il n’ait pas fait d’études supérieures et sans posséder son baccalauréat ! Il est vrai que lorsqu’il était jeune la perspective des 99, 99 % de bacheliers n’était pas d’actualité … Et je constate depuis des décennies que le niveau d’études est en baisse. Alors pourquoi s’opposer à la réussite d’un être possédant d’autres qualités, une empathie, une élocution facile, en un mot, une personne qui se forme sur le tas… Si cette personne donne toute satisfaction, tant à sa hiérarchie qu’aux actionnaires de l’entité qu’il représente, il est donc tout à fait légitime qu’il occupe ce poste à responsabilité. Inutile de lui reprocher ce syndrome d’usurpation ! J’ai ri et pleuré en lisant ce premier roman d’Amaury. De l’humour, des sarcasmes, du cynisme mais combien de vérités tues nous sont révélées à mi-mots, mêlant politique, exploitation et même surexploitation des jeunes employés, passe-droit et rôle des relations humaines souvent entachées par des privautés sexuelles !. Et toutes ces magouilles internes existant au sein de multinationales qui ne présentent que peu d’intérêts mais qui assurent de fort bons dividendes à leurs actionnaires. Je recommande cet ouvrage, que je vais, pour ma part faire circuler dans mon entourage.. Bonne journée et bonne lecture à tous.
(06/08/2023).
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