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Critiques de Anna de Noailles (44)
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Le Visage émerveillé

C'est par ce journal intime fictif que je fais connaissance avec la plume poétique d'Anna de Noailles. Fichtre, une comtesse et une princesse femme de lettres ne pouvait que piquer ma curiosité ! Je voulais savoir qui se cachait derrière la descendante des nobles boyards roumains tombés à Paris comme un oiseau de son nid.



C'est en musique que j'ai découvert le nom d'Anna de Noailles pour la première fois, chanté par l'incroyable Juliette Noureddine dans sa superbe chanson "Mes rimes féminines", hommage vibrant aux grandes figures féminines de la culture et de l'histoire. Et puis, un écho de poésie a traversé ma trajectoire, par hasard, je l'ai saisi et ouvert "Le visage émerveillé" ; et émerveillée je fus.



Chaque phrase est une ode exprimée sans lourdeur et avec autant d'intensité que de naturel. L'écriture n'est pas lyrique dans le style mais elle l'est davantage dans le rythme ; c'est reposant, on ne ressent pas cette impression pénible qu'il a fallu longtemps penser et digérer une tournure avant de la livrer à la page.



La narratrice est une jeune couventine qui découvre l'amour humain sous les traits d'un jeune peintre. le roman dévoile alors un chemin initiatique plein de charme et d'innocence, sans mièvrerie.



Une belle réflexion sur l'extase et le plaisir, le sens de la vie, l'amour, la foi et l'existence.





Challenge MULTI-DÉFIS 2020

Challenge XIXème siècle 2020

Challenge XXème siècle - Edition 2020

Challenge RIQUIQUI 2020

Challenge PLUMES FÉMININES 2020

Challenge ABC 2019 - 2020
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Les poétesses oubliées

Quand on m'a proposé un livre de poche gratuit en librairie et que j'ai vu parmi d'autres celui-ci, nulle hésitation ! J'ai déjà découvert quelques recueils consacrés aux femmes poètes , mais j'ai constaté que certains noms m'étaient inconnus, d'où mon attraction.



Le recueil s'organise par thèmes : l'intime, le temps, l'enfance, la nature, l'engagement. J'ai retrouvé avec grand plaisir Marceline Desbordes-Valmore ou Cécile Sauvage, l'émouvante Sabine Sicaud, cependant j'ai découvert aussi , entre autres,Isabelle Kaiser, Augusta Holmès, et Jeanne Loiseau dont je lis avec surprise dans la biographie finale qu'elle est la premiere femme à avoir reçu en 1900 la légion d'honneur!



Les poèmes , notamment religieux ( peu nombreux, heureusement ), ne m'ont pas tous plu , j'ai néanmoins aimé beaucoup d'entre eux. Voici un extrait du magnifique " Songe d'été" de Jeanne Loiseau:



" Sous les arbres verts, sous les arbres noirs,

Dans l'éclat du jour ou l'ombre des soirs,

J'aime errer sans trêve.

Parmi les rameaux emplis de chansons

Le vent passe et meurt en vagues frissons:

Je poursuis mon rêve "....



Le texte de Sabine Sicaud adressé aux médecins qui viennent la voir clôt de façon poignante ce recueil intéressant, varié:



" Faites-moi donc mourir comme on est foudroyé

D'un seul coup de couteau , d'un coup de poing

Ou d'un de ces poisons de fakir , vert et or,

Qui vous endorment pour toujours, comme on s'endort

Quand on a tant souffert, tant souffert jour et nuit,

Que rien ne compte plus que l'oubli, rien que lui..."





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Mon cher amour...

* Mini-trilogie : Valentin 1, 2, 3 *



Valentin 1 « Lettres portugaises », Gabriel Guilleragues

Valentin 2 « Laissez-moi », Marcelle Sauvageot

Valentin 3 « Mon cher amour... », Julie Maillard



Mon cher amour…, sous-titré « L'amour en toutes lettres », est un recueil de douze petites histoires avec et autour des lettres d'amour, choisies par Julie Maillard, directrice de la collection « Mikros classique » aux « Éditions de l'Aube ».



Il s'agit de morceaux d'anthologie, peu connus, de la fin du XIXème siècle jusqu'à la première moitié du XXème siècle, composés par des écrivains reconnus. On distingue, entre autres, Guy de Maupassant et Jean Giraudoux et sur les dix auteurs retenus, on ne trouve que deux femmes, Marguerite Audoux et Anna de Noailles.



Je termine donc ma mini-trilogie Valentin 1,2,3 avec ce bel échantillon du genre épistolaire révolu, initié avec « Lettres portugaises ».



L'une des nouvelles, extrait de « Contes rapides », de François Coppée, fait clairement référence à cette « Religieuse Portugaise ». Un poète provincial, en quête de reconnaissance, monte à Paris. Tous ses essais échouent jusqu'à ce qu'il file l'amourette avec une institutrice fort ennuyeuse mais qui écrit de fort belles lettres. Elle meurt d'amour tandis que lui gagne sa célébrité en publiant ses lettres.



René Gourmont (1858-1915) ouvre le ban en contestant le fait que les lettres d'amour soient un genre suranné :



« Je ne crois pas que l'amour des amants éloignés l'un de l'autre […] puisse se contenter du télégraphe ou du téléphone. Sa prolixité, divine ou enfantine, supporterait mal d'être taxée au mot ou à la minute. Comment peut-on s'imaginer que la psychologie des hommes et des femmes ait pu soudain être modifiée par quelques appareils électriques ? On écrit davantage, donc on écrit davantage de lettres d'amour. Je l'affirme sans preuves, mais je l'affirme ».



Paradoxalement, dans ce recueil les lettres d'amour contribuent au désamour.



Tel amant qui ne sait que dire recommence plusieurs fois sa missive (Tristan Bernard), tel autre encense la jeunesse de sa maîtresse pour la taxer d'orgueilleuse (Anna de Noailles).



Elles font l'objet d'erreurs d'aiguillage, inversion d'enveloppes (Jean Giraudoux), homonymes (Albert Laberge), méprise sur le destinataire, qui peuvent s'avérer dramatiques, comme dans cette nouvelle de Maurice Leblanc - qu'on se surprend à trouver ici - où le mari trouve une lettre d'amour dans les affaires de sa femme et s'empresse de tuer le supposé amant avant de s'apercevoir que c'était l'amant de l'amie de sa femme !



Je tiens à remercier Babelio et les Éditions de l'Aube pour ce cadeau, offert lors de la masse critique de janvier, qui m'a enchanté. Je le garde de par devers moi pour le lire et le relire, en tirer tout le suc.
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La domination

Autant j'avais apprécié ma première rencontre avec Anna de Noailles, à travers "Le Visage émerveillé", louant le fait que la poésie l'emportait sur le lyrisme, autant avec "La domination", ce fut tout l'inverse.



Publié en 1905 sous le drôle de pseudonyme de "Comtesse Mathieu de Noailles", Anna de Noailles décrivait elle-même "La domination" comme le "roman de ma folie" et c'est emportée par son lyrisme qu'elle ausculte et dissèque le sentiment amoureux et la relation adultérine.



Un roman très lyrique donc, trop lyrique pour moi, définitivement. Le fait qu'elle ait choisi de livrer son analyse dans un roman avec un homme dans le rôle clé m'a fait penser à ces écrivains qui se piquent de maîtriser la psychologie féminine mais finissent par appliquer à la Femme une version fantasmée de ce que les hommes imaginent être les émotions et les sentiments féminins. Ainsi, l'Antoine Arnault d'Anna de Noailles, sûr de lui, séducteur, sorte de Don Juan dandy fin de siècle ne m'a-t-il pas vraiment convaincue. Fait aggravé par son statut d'écrivain un rien blasé et sadique, viveur, noceur, pédant, volage, bref, héros ou anti-héros, difficile de trancher... et de s'y attacher.



Anna de Noailles a écrit très peu de romans, trois si ma mémoire est bonne donc, si je fais les comptes : 1 succès + 1 déception, c'est le dernier qui fera pencher la balance.





Challenge PLUMES FEMININES 2021

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2021

Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge 50 Objets 2021/2022

Challenge ABC 2020/2021

Challenge XXème siècle 2021

Challenge XIXème siècle 2021
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La domination

Anna de Noailles -1876-1933- dans son salon de l'avenue Hoche recevait en ce début du XXème siècle toute l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque, Proust, Barrès, Valéry ,Loti, Mauriac, Clemenceau entre autres, excusez du peu ! Cette femme a créé en 1904 avec d'autres le prix La Vie heureuse qui deviendra en 1922 le prix Fémina . Elle sera un emblème de la condition féminine de son temps , première femme a être décorée de la Légion d'honneur, première femme a être reçue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique ! Alors quand j'ai eu l'opportunité de découvrir l'un de ses romans je n'ai pas hésité un instant …. J'aurais du . Purée pour rester courtoise, quel galimatias! Bien loin du naturalisme en vogue à son époque, elle nous immerge dans un romantisme poussif et laborieux . Que le héros de son roman Antoine Arnault soit un personnage antipathique , tête à claques , nauséabond à force de suffisance et d'égotisme passe encore c'est le choix du romancier mais ce style ampoulé, pontifiant relève plus pour moi de la caricature que de l'imitation . Pauvres romantiques que vous voilà mal singés .

Bref vous l'aurez compris je suis profondément déçue, je n'ai qu'un espoir minime que sa poésie soit d'un autre acabit , mais oserais-je aller m'y plonger ? …
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La nouvelle espérance

Aucune critique sur Babelio, c'est donc par un autre biais que ce roman m'est parvenu. Pour tout avouer, je l'ai extrait d'une pile confiée par une amie et destinée à Emmaüs. Par son poids plume, c'était le poche idéal pour voyager en train.

"La nouvelle espérance" roman précieux et démodé raconte, dans une ambiance boudoir, les états d'âme d'une jeune aristocrate oisive, assez proche d'une Emma Bovary. D'un naturel mélancolique et exalté, souvent en proie au doute existentiel, elle marivaude discrètement avec les amis de son mari et rêve de passion. Il faut le lire pour savoir si elle réalisera ses fantasmes et quelles seront les conséquences de ses choix.

Le roman avait plu, parait-il à Marcel Proust, ce qui ne m'étonne pas car il évolue dans la même sphère.

Anna de Noailles appartient à la catégorie "poétesse", d'où une prose aux tournures inattendues et un brin bizarres, avec des mots placés de façon saugrenue exprimant peut être le chaos sentimental de l'héroïne.
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Poèmes d'enfance

Quel plaisir d'écouter Anna de Brancovan, comtesse de Noailles, nous parler de son enfance !

Sa voix est proche, humble et lucide, exigente et affectueuse, didactique - à cet égard les apprentis poètes y trouveront un précieux témoignage.

Plus je la lis, plus elle m'impressionne, et plus je l'aime. Comment choisir un passage quant il faudrait tout citer !

Poétesse accomplie, sujette à de tempétueuses aspirations et promise à un grand destin, on se demande en lisant Anna de Noailles comment un caractère si épris de beauté et d'absolu a pu naître dans un monde aussi matérialiste.





"J'étais une enfant triste, enivree et chetive,

Avec je ne sais quoi de fort comme la mer

Qui ne saurait manquer, alors qu'il faut que vive

Un corps léger qu'anime un ouragan amer !



La nuit, me soulevant d'un lit tiède et paisible,

M'accoudant au balcon, j'interrogeais les cieux,

Et j'echangeais avec la nue inaccessible

Le langage sacré du silence et des yeux.



Ah ! que je me souviens, enfant grave et profonde

De vous qui futes moi ! comme j'entends encor

Les grenouilles chanter, ces cigales de l'onde..."

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L'Offrande

Anna de Noailles, la grande méconnue



Si l'on pense à Anna de Noailles, les premiers mots qui viennent à l'esprit sont : une grande amie de Marcel Proust ; une femme du monde, superficielle, etc.

Tout cela est bien connu.



Mais son œuvre, ses poèmes qui vous enserrent l'âme par leur force évidente : qui les connaît encore ?



Anna de Noailles, cette grande poétesse qui a écrit avec tant de vigueur sur la peine et les maigres joies de l'existence, a pourtant de ces mots qui prennent, pour ainsi dire, la souffrance par le col !



Un exemple suffira :



« Et peut-être que la souffrance / Est l'unique et sombre péché. »



Ce vers, si simple en apparence, recèle toute une ode à la vie !



Il n'est d'ailleurs pas sans m'évoquer un vers d'Anna Akhmatova, dans "Requiem : Poème sans héros et autres poèmes" : « Pardonne-moi, j'ai vécu triste / Et sans faire fête au soleil. »



Un profond poème - pourvu qu'il trouve le chemin de notre âme -, sera toujours une flamme à laquelle on se brûle avec un douloureux plaisir.



Anna de Noailles disait avec tant de force : « Hélas je n'étais pas faite pour être morte. »



Chaque fois qu'un lecteur entre dans son œuvre, par-delà la mort elle retrouve un souffle de vie.



© Thibault Marconnet

le 10 juin 2013
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Le livre de ma vie

L'emphase utilisée à longueur de pages est le propre du style adopté par Anna de Noailles.

Cet usage excessif, cette surabondance, apparaît à nos yeux et à notre esprit contemporain complètement dépassé.

Outre les souvenirs personnels qui dépeignent une époque et un milieu - et en cela c'est intéressant -, des noms familiers d'artistes et de littérateurs sont évoqués, toujours avec ce lyrisme excessif.

Les pages consacrées à Napoléon sont particulièrement exaspérantes.

À lire non pas pour le plaisir mais avec le regard d'un anthropologue…

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Le coeur innombrable

A ne pas lire d'une traite !!

A moins d'être gavé, repus de rimes.

Elles sont pourtant belles ces rimes, et cette découpe ; c'est plus que maîtrisé, c'est inspiré.

Et puis tout au long de ces déclinaisons entre le coeur, au centre des poèmes, et la nature, on goûte à une belle homogénéité romantique, presque panthéiste ou naturaliste, tellement la nature fait un avec ses aspirations, tellement coeur et nature - saisons, etc. - se font écho, se fondent et s'unissent dans une célébration de la vie douce amère.

Les surréalistes la trouvaient falote.

C'est simple, mais pas pauvre. Et tout simplement beau.
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Le Visage émerveillé

Une jeune religieuse dresse un journal intime avec toute la naïveté et l'innocence possible due à son âge, elle découvre les premières sensations de l'amour alors que pour elle, jusque là, l'Amour était Dieu, quand on l'embrasse avec en train pour la première fois, elle s'étouffe, elle croit qu'elle va mourir, elle n'arrive pas à extérioriser ce qui la creuse au fond d'elle puisqu'elle ne sait pas ce que c'est...puis on s'habitue...pour une religieuse viendra ensuite un sentiment de culpabilité...le repentir aussi...

L'auteure soulève ici, dans un langage poétique, l'ignorance des choses du monde qui parfois altère l'équilibre de ces femmes qui ont choisi de ne servir que Dieu, avec toutes les restreintes qu'impose cette vie cloitrée de religieuse, que peut l'homme face aux instincts qui vibrent sous sa peau, du refoulement, de la fuite, et parfois, que tardivement, du regret...De sorte que la mère demande à notre narratrice de choisir la voie de la fuite plutôt que celle du dévouement, qu'elle fuit ces murs qui vont emprisonner à jamais sa vie de jeune fille, qu'elle accepte de fuir avec le peintre, son amoureux, notre narratrice est surprise mais la mère, elle aussi a une histoire de jeune fille...

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Les éblouissements

Il est rare que j’attribue une mauvaise note à un livre comme c’est le cas ici.



J’avais lu il y a quelques semaines que cette poétesse d’origine roumaine était appréciée de Proust, de Gide, de Valéry, et d’autres écrivains, qui louaient son lyrisme. Certes, elle est classée comme une poétesse romantique (de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème), ce qui est assez loin de mes goûts en matière de poésie, et ceci même si j’apprécie beaucoup Victor Hugo, ou Marceline Desbordes-Valmore.



J’ai donc tenté une petite incursion au sein de ses poèmes ce qui a été possible grâce à ce recueil Éblouissements disponible gratuitement sur internet.



Au fur et à mesure des pages, et à quelques minimes exceptions (Ivresse du printemps, Glauque matin, ….) quelle déception. Et je suis bien triste d’écrire que je n’ai pas aimé du tout ce lyrisme qui s’applique principalement à la nature, tout cela me semble sonner faux, les images plates, un peu ridicules parfois même.



Si je me contente, ce qui est un choix arbitraire, de comparer ces textes à ceux d’autres poétesses, la magique Andrée Chedid, ou Marceline Desborde-Valmore avec ses poèmes pleins de fraîcheur et de musicalité, ou même Louise Labé, celles là me touchent énormément, alors que ce n’est pas du tout le cas d’Anna de Noailles.



Sans doute, parce qu’il y me manque comme le dit Verlaine, « De la musique avant toute chose… » ou encore ceci « Rien n’est plus cher que la chanson grise où l’indécis au précis se joint ».

Et si, comme le dit Marcel Proust, « chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même », je me dis que j’attends, et depuis longtemps, et surtout sur l’évocation de la « nature », plus de mystère dans le texte poétique, qu’il soit en vers ou pas (ainsi les romans de Bosco ou de Giono).



Il me reste quand même, et sans explication, l’énigme de l’estime qu’a eue Anna de Noailles de ses contemporains, qui n’étaient pas médiocres loin de là.
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Contes roumains d'écrivains contemporains

Une traduction clairement désuète, avec toujours cet aspect d'échantillons non représentatifs, comme pour les cas, flagrants, de Gib I. Mihaescu ou Jean Bart, dont le roman Europolis, paru par la suite, en 1933, ne semble pas avoir pris une seule ride.

La traductrice reconnaît une certaine forme d'injustice à l'égard de ceux pour qui il lui semble manquer de place : "cette anthologie des contes roumains d'aujourd'hui a été conçue pour le public français; il serait en effet difficile d'imaginer pour la Roumanie un semblable recueil où seraient omis des écrivains tels que Ion Agârbiceanu, Carol Ardeleanu, Emanoil Bucuța, Dongorozzi, Lucia Mantu, Ticu Arhip, Tudor Mușatescu, Cazaban, etc. Mais nous ne disposons que d'un nombre limité de pages et nous avons dû tenir compte également de l'esprit de la collection qui accueille cet ouvrage."
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Les innocentes, ou La sagesse des femmes

La seconde nouvelle "conte triste avec moralité" est exquise : du grand Anna de Noailles. L'auteure sait transmettre dans une langue magique la subtilité du sentiment amoureux mais aussi sa part sombre et l'implacable égoïsme dont les êtres humains sont la proie.

Et quand "ils cherchent à serrer leur bonheur ils le broient", et quand ils veulent agir avec noblesse de coeur et intelligence, ils se fourvoient dans les méandres d'une grandeur d'âme où ils mirent en fait leur orgueil.

Il y a du La Rochefoucauld là-dedans : on se regarde agir noblement, on veut se distinguer du vulgaire (pas de cris, pas de jalousie, de la grandeur...) et on dévoie la nature en soi.

L'homme est un ange aux ailes embourbées dans le limon : qu'il l'oublie et son sort est scellé.

(Son sort est scellé de toute façon...)
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La nouvelle espérance

J'ai apprécié de me plonger dans ce livre plus classique qui narre très bien la vie au début du siècle de familles aristocrates. L héroïne s ennuie dans son couple et s ennuie dans sa vie si monotone. Lasse de tout, elle tente de changer sa vie en ayant une aventure avec un autre homme. Ses errances vont la faire évoluer mais aussi la fragiliser car elle est d une nature très mélancolique. L écriture est très fine et très belle. On retrouve les talents de poétesse d'Anna de Noailles. Chaque mot est choisi avec soin. Ce livre n'est pas gai mais les réflexions qui y sont abordées sur le couple et la vie sont intéressantes.
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Le coeur innombrable

J'ai entendu parler de la poésie d'Anna de Noailles par Proust, ou plutôt par des émissions sur Proust et ses goûts littéraires et poétiques, lui qui éprouvait une grande admiration pour Anna de Noailles et son œuvre. Et j'ai essayé de chercher ce qui avait pu tant lui plaire...

Le sujet et la thématique des poèmes peuvent sembler assez étrangers au cadre de la Recherche du Temps perdu : loin de Paris, du Faubourg Saint-Germain, le décor est ici celui de la campagne d'Île-de-France. C'est d'ailleurs plus qu'un décor, les poèmes célèbrent la nature dans une tonalité bucolique et pastorale. La saison dominante est donc l'été, puisque c'est l'époque des récoltes, des moissons, des fruits odorants. Aucun élément ne permet de localiser cette campagne dans le temps et dans l'espace – hormis le poème liminaire qui évoque l'Île-de-France : pas de toponyme, pas de signe de modernité ou de modernisation. On pourrait ainsi se croire dans une pastorale antique contant les amours des bergers – une partie du recueil est clairement associée à l'Antiquité.

Je dis les amours, car, contrairement à Proust, la sexualité n'est pas centrale dans l’œuvre. Si les chaudes nuits d'été rapprochent les amants, tout est dit de façon allusive, sensuelle, oui, mais non explicite : plusieurs vers évoquent ainsi la douceur des draps ou les soupirs des amants heureux - j'ai pensé à la sensualité des Fêtes galantes de Verlaine.

J'ai aussi pensé à certains poèmes de Verlaine au niveau du style d'Anna de Noailles : les poèmes sont stylisés, très stylisés, avec un certain jeu sur les sonorités. Mais cette préciosité m'a laissée assez froide, je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotion. Peut-être parce que si les poèmes célèbrent la nature, ils ne sont pas lyriques puisqu'ils ne révèlent pas vraiment les sentiments de la poétesse. D'ailleurs, le Je qui s'exprime n'est pas sexué, n'est pas identifiable - contrairement à la poésie de Marceline Desbordes-Valmore que j'ai préférée. Le titre renvoie au "coeur", aux émotions intimes donc, mais si le mot apparaît de nombreuses fois dans les poèmes, la poétesse ne l'expose guère.

Je ne suis donc pas de l'avis de Proust sur le plan littéraire ; je me demande même s'il n'admire pas autant l'oeuvre de Mme de Noailles en raison de son nom prestigieux...
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La nouvelle espérance

Pour les quatre-vingt-dix ans de la mort d'Anna de Noailles, j'ai écouté récemment une émission de France Culture parlant de son œuvre, pour essayer de la faire sortir du purgatoire de l'oubli. Et il était recommandé de commence par son œuvre en prose, son premier roman, la nouvelle espérance.

Certes, un roman peut être plus directement accessible que de la poésie. Mais comment faire un roman quand il n'y a pas d'intrigue ? Et un roman sur une femme qui s'ennuie ? Flaubert l'a fait, oui.

Sabine a tout pour être heureuse, riche, cultivée, intelligente, belle, avec un mari sympathique, des amis... Sa vie se partage entre sorties au Bois, essayage de toilettes, été à la campagne... C'est une mondaine, qui hante les salons du Faubourg Saint-Germain, un personnage proustien quasiment. Sauf que... S'il ne se passe pas grand chose dans la Recherche, il y a la thématique de l'art qui est centrale. Ici, rien, ou quelques allusions lyriques et poétiques à la Lune qui n'est plus celle de Carthage, à des vers de Racine, à un imaginaire romantique et précieux. Sabine est à peine dans son siècle, elle ne connaît rien du reste du monde, de ce qui n'est pas de son monde : elle semble découvrir l'existence des ouvriers, ou la violence de la Marseillaise, compatit quelques instants à la mort de manifestants lors d'une grève, puis les oublie.

C'est un personnage centré sur elle-même, qui ne pense qu'à elle-même. Elle a soif, soif d'infini et d'absolu, mais sans savoir comment satisfaire ses désirs, puisqu'elle sait à peine les caractériser. Elle ne cherche pas spécialement la volupté des sens dans l'amour, ni même l'amour lui-même. Elle veut être amoureuse, pour ressentir quelque chose, avoir une sensation violente pour éviter de s'ennuyer.

C'est moi qui me suis ennuyée... j'ai trouvé les passages qui s'apparentent à de la prose poétique lourds - description d'un coucher de soleil, de la maison et du jardin de l'enfance. Je n'ai pas ressenti du tout d'empathie pour le personnage principal. Proust encensait l'écriture de Mme de Noailles, je ne partage pas son avis.

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Le coeur innombrable

De la poésie féminine à l'état pur.

C'est frais, sensible, émouvant, odorant.

Bref, c'est beau.
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Les vivants et les morts

Je recommande fortement ce recueil charmant de ce grand poète français. Exclue de l'anthologie Pompidou probablement à cause de son sexe, la cote de Noailles est actuellement en hausse pour des très bonnes raisons. Son style est superbe est son regard sur le monde est lucide.

Noailles croyait être un contemporain de Pindare ce qui est excellent. La poésie française est actuellement morte parce que les poètes français ont cessé de croire qu'ils étaient des contemporains de Pindar. Tandis que les poètes masculins de son époque se mettaient à écrire en vers libres, les poèmes de Noailles se conformait aux normes classiques. Noailles loue la beauté, l'amour et la civilisation européenne. Ses poèmes ne choquent pas, elles plaisent. Ses vers sont simplement beaux.

J'ai particulièrement aimé les poèmes de la deuxième partie « Les climats » où Noailles décrivent les grandes villes célèbres de l'Europe en termes exaltées. Sa manière de s'extasier sur Venise fait penser à ses grands contemporains . Il faut reconnaitre que bien des lecteurs GR vont trouver les poèmes de la section excessives. Par contre, les poèmes d'amour dans la section « Les passions » vont plaire à tout le monde. Bonne lecture!
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Mon cher amour...

Mon cher amour…L’amour en toutes lettres

Collection Mikros classique des éditions de l’aube.

En librairie le 19 janvier 2024.



Quelques mots d’amour, quelques douces paroles déposer sur un billet.

Grace à ce recueil, je retrouve l’espace d’un instant, cette délicatesse d’envoyer à l’être aimé ses sentiments, la discrétion de suggérer sans dévoiler.

A travers cet ouvrage, Julie Maillard, a pris de soin de regrouper pour mon plus grand plaisir, les grands auteurs du siècle passé, d’Alphonse Allais à Guy de Maupassant, d’Anna de Noailles à Jean Giraudoux, offrant ainsi aux lecteurs un rendez-vous avec la douceur d’une lettre d’amour.

Lecture charmante, parfois caustique, l’art d’écrire de ces auteurs suscitent en moi un émoi.

Née au siècle dernier, j’ai écrit des lettres d’amour, mais où sont-elles aujourd’hui, rangées dans un coffret caché dans un grenier, déchirées réduites en mille morceaux et jetées de rage au fond d’une poubelle… combien de mes phrases confiées sont restées.

Dans ce recueil, les lettres s’offrent pour la postérité, s’ouvre alors un plaisir savoureux de redécouvrir l’art du billet doux, dans un écrit subtil et raffiné.



Emma aime :

-La délicatesse

-La tendresse

-L’amour


Lien : https://www.instagram.com/le..
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