Anne Nivat vous présente son ouvrage "
La haine et le déni : avec les Ukrainiens et les Russes dans la guerre" aux éditions Flammarion. Entretien avec
Aude Ferbos.
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la-haine-et-le-deni-avec-les-ukrainiens-et-les-russes-dans-la-guerre
Note de musique : © mollat
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Je me sens plus utile à trier mes déchets qu’à choisir un président. (Amandine, jeune technicienne de labo surdiplômée)
Bref, être journaliste, c’est refuser la posture et ne jamais esquiver ses efforts.
Si, dans ma carrière, je m’étais limitée à questionner mes semblables, je ne serais jamais partie durant des mois dans des pays en guerre découvrir une situation, un peuple, une religion, des us et coutumes. Je me serais privée d’interviewer des djihadistes, des talibans, des oligarques, et de raconter leur histoire. J’aurai failli à devenir cet intermédiaire nécessaire entre la source d’un récit et sa réception par le public, qui veut et doit savoir.
Vivre ensemble, c’est accepter la différence de l’autre, ce à quoi ici, personne ne parvient.
Pour être respectée, sois toujours respectable. (Élise, auxiliaire de vie)
Dans le chapitre « Éléments du pouvoir. Comment évaluer l’influence ? », le capitaine dresse une liste des moyens potentiels pour faire changer de bord un chef de village soupçonné d’être de mèche avec les insurgés ; avant de le « retourner », il estime capital de répondre à ces questions : « Ce taliban a-t-il mis ses fils dans des madrasas de l’autre côté de la frontière au Pakistan ? À qui ses filles sont-elles mariées ? A-t-il des problèmes sexuels avec sa femme ? Peut-être peut-on lui faire passer discrètement quelques pilules de Viagra pour qu’il change d’avis ? »
Rendue perplexe à cette lecture, j’ai cherché à vérifier l’existence de la méthode côté taliban : elle m’a été confirmée.
Pour eux, ces militaires restent avant tout des gens d’ailleurs, représentant d’autres civilisations, qui n’ont pas vraiment témoigné de respect pour la leur. S’ils ne saisissent pas leurs motivations, leur prospérité, elle, est évidente. Les Afghans estiment avoir droit à cette manne, ne serait-ce que pour compenser les dommages matériels et psychologiques que subit la population depuis l’arrivée et l’installation de militaires étrangers sur leur sol.
La hantise du recteur reste le départ des forces militaires étrangères : « S’il est seul aux commandes, notre gouvernement ne tiendra pas un mois », prédit l’universitaire. L’Afghanistan semble enferré dans un insurmontable paradoxe : dans le cas d’un départ des forces armées d’« occupation », on redoute le pire, mais, concomitamment, les mêmes critiquent la présence étrangère confortant un système pourri par la corruption, le népotisme et la gabegie.
Sur l’un des murs de la terrasse – celui surplombant la rue –, un trou de la largeur d’un gros doigt a été creusé à même la brique : en se collant à la paroi brûlante, on peut tranquillement observer l’extérieur sans être vue. J’écris « vue » au féminin, car ce sont avant tout les femmes qui se glissent devant cette anfractuosité pour regarder l’extérieur ; les hommes, eux, n’en ont nul besoin, ils entrent et sortent à leur guise.
La création de cette Commission des droits de l’homme, imposée lors de la conférence de Bonn en 2001, est une flagrante illustration de ce qu’Américains et Occidentaux dans leur ensemble croient être adapté à ce pays, alors qu’eux-mêmes se sont décrédibilisés en montrant au monde extérieur à quel point ils peuvent se jouer des droits de l’homme, quotidiennement bafoués en Irak, à Guantanamo ou sur la base afghane de Bagram.