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Critiques de Anne Nivat (96)
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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La France de face

Il est très difficile de donner un avis sur une enquête de terrain. Le moindre mot peut être déformé ou compris de travers et le but pour l'auteure est d’apporter une représentation fidèle des habitants de la France. Sans jugements, ni critiques, Anne, journaliste de guerre, nous rapporte la parole des autres, de nos concitoyens, dans différents lieux : villes, villages, campagne, différentes régions, toutes particulières.



Un point commun à tous ces habitants : certains n’iront pas voter et ceux qui le feront parlent de trois noms, Mélenchon, Le Pen, Macron, les personnalités politiques ont un ego surdimensionné, n’ont aucune idée de la vie et des problèmes des gens, ne les représentent pas, ces femmes et hommes politiques n’ont plus la confiance des français, quelque soit leur parti.



Anne s’est immergée dans les lieux qu’elle a traversés, accompagnés de bénévoles, de militants, d’élus ou de travailleurs précaires et pourtant sociaux qui amènent un peu de plus dans la vie des gens.



Distribution alimentaire, conditions des femmes, trafic de drogue ou au contraire un village tel celui des irréductibles girondins où il n’y a que deux étrangères qui tiennent un commerce dans le centre (être femme aide, parfois), très peu de logements sociaux et où les retraités ayant un petit pécule veulent y habiter pour connaître (enfin ?) la tranquillité. Il est vrai que dans cette enquête, les habitants parlent de différences et de vivre ensemble, ce qui paraît compliqué pour les uns et les autres.



Le trafic de stupéfiants a également évolué et si un gamin prend le train de Montpellier à Alès pour prendre son emploi de guetteur, il percevra environ 200 euros par jour, là où en travaillant légalement il toucherait 50 euros à peine. Les trafiquants font du social maintenant car ils ont compris que la tranquillité et une certaine légitimité de leur commerce passent par là. Les sous-effectifs des agents du service public ne permettent pas de toute façon de supprimer ce trafic.



Nous rencontrons également des familles surendettées qui peinent à nourrir leur famille tout le mois et pourtant, la surconsommation est bien présente avec les smartphones, grands écrans, vêtements de marque et jeux en ligne.



Le monde de l’agriculture blasé et défaitiste, entre débrouillardise, échec, guerre entre eux qui votent plutôt à droite.



Les aînés, vaillants ou dépendants qui se débrouillent quoiqu'ils arrivent, ils en ont connus d’autres et font de leur mieux pour survivre.



Et je finirai par les jeunes, toute cette génération déjà désabusée, surdiplômée, qui ne trouve pas de travail ou alors avec un salaire ne correspondant pas à leur profil, en donnant la parole à l’auteure :“Aujourd’hui, le futur de notre pays appartient à cette génération désillusionnée, mais si impatiente d’agir.”



Le meilleur moyen de se faire une idée est de lire cette enquête passionnante, la réalité et la compréhension de chacun sont différentes selon le mode de vie.





Je remercie Masse critique de Babelio et les Éditions Fayard pour cette découverte passionnante.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Dans la gueule du loup

Dans la gueule du loup, c'est l’histoire de Nina, reporter de guerre en Irak et en Tchétchénie.

Nina, jeune journaliste et jeune femme , essaye de trouver sa place, qui tient à son indépendance et aime passionnément son métier et sa mission d'information coute que coute.



Dans la gueule du loup s'articule autour de la conversation de deux anciens combattants rencontrés sur le terrain par Nina et qui parlent de leur guerre, l’un pour défendre son pays, l’autre pour se donner un but.



Nina est la clé de voute de la rencontre entre ces deux hommes: l’un a fui la guerre dans son pays, l’autre se sent tellement peu exister dans le sien qu’il a été la chercher au bout de ses armes.Anne Nivat, journaliste honorée par le prix Albert Londres, appartient à la catégorie "grand reporter". Après avoir été pendant dix ans la correspondante à Moscou pour divers organes de presse, elle a couvert la guerre en Tchétchénie, en Algérie et en Afghanistan.



Avec "Dans la gueule du loup", elle signe, en collaboration avec Jean-Marc Thévenet , une BD où elle raconte sa vision de la guerre.



S'inspirant fortement, de manière quasi biographique, de ses reportages réalisés entre 1999 et 2014,elle signe un récit hyper réaliste pour se rendre compte des risques pris par les reporters de guerre pour alerter sur les conflits



Elle livre également une réflexion sur l’utilité de ces conflits, et un portrait saississant d’une femme qui à aucun moment ne se laisse imposer quoi que ce soit par les hommes qui l’entourent. Instructif et édifiant !


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La France de face

“Je suis une femme blanche, cisgenre, hétérosexuelle, d'une catégorie socioprofessionnelle aisée qui, par pure curiosité journalistique (cela correspond aussi à ma nature), revendique le droit de s'intéresser à ceux qui ne sont pas comme elle” nous dit Anne Nivat dans les premières pages de “La France de face”.



Après : “Dans quelle France on vit”, elle reprend la route, arpentant la France en journaliste de terrain à Denain, Givors, Alès, le Diois, Saint-Maixent-l'Ecole, Fegreac, Andernos-les- Bains, Châlons-en-Champagne.

"Écrit entre 2018 et 2021, ce nouveau livre continue à regarder la France non de haut ou de bas mais bien de face.”



Parce que l'ouvrage est constitué des mots des autres, parce que l'auteure “donne la parole dans les limites de l'angle journalistique choisi”, j'ai choisi de rapporter à mon tour ses propos (une fois n'est pas coutume) ici et en citations.

Une façon de chroniquer de manière plus fidèle cet essai que ce que je pourrais commenter : “J'ai écrit ce livre pour aider à porter un diagnostic, pour montrer ce qui se passe, sans explication idéologique. Proposer à notre société un miroir d'elle-même est un rouage essentiel au fonctionnement démocratique. Voilà à quoi, humblement, pourrait servir ce travail”.



Peut-on s'immerger plus qu'elle ne le fait quand on est journaliste pour aller dans ces endroits oubliés des médias, à la rencontre des Français invisibles et “passer son temps à quitter son confort (matériel, intellectuel) pour prêter attention à des points de vue autres”.



Le livre est astucieusement monté en tissant des liens entre les témoins : “J'ai rencontré et écouté à peu près cent personnes” qui se passent des relais autant que faire se peut pour construire une observation sociologique sur la précarité, le trafic de drogue, les gilets jaunes, le communautarisme, la prédation du loup, les néo-ruraux, le désert médical, l'agribashing des paysans pollueurs, les vieux pauvres, le voile, les décrocheurs scolaires, les jeunes…Le tout avec la perspective de l'élection de 2022, la montée des extrêmes et la Covid en filigrane.



A la lecture de ces témoignages, vous vérifiez l'engagement d'Anne Nivat : “Mon implication n'est pas “politique” au sens de “militante”, elle est émotionnelle, c'est-à-dire humaine”. Sa vision est bien éloignée de celle des “journalopes” ou des “press-tituées" : “Je n'ai jamais cru en l'objectivité en journalisme, en revanche, je défends farouchement l'idée du travail honnête et utile”.



Je salue “cette démarche lente et patiente” qui obéit à des règles éthiques, offrant un kaléidoscope de la “vraie vie” : “J'ai mélangé focales et points de vue, mixé des thématiques, mais j'ai aussi posé des interrogations et lancé des pistes qui pourraient aboutir (on peut toujours rêver) à une grande conversation collective”.

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Par les monts et les plaines d'Asie centrale

Basée à Moscou pendant une dizaine d’années, la journaliste Anne Nivat n’a pas usurpé le prix Albert-Londres qui lui a été décerné en 2000 pour ses articles sur la guerre de Tchétchénie ("Chienne de guerre", Fayard). Car son œuvre, déjà prolifique, s’inscrit dans la plus noble tradition du grand reportage : dans les endroits les plus reculés de la planète, Anne Nivat nous fait partager le plaisir qu’elle prend à voyager, à la rencontre des gens, de leur façon de vivre et de penser. Son humilité, sa générosité contrastent agréablement avec les boursouflures égocentriques d’un Bernard-Henri Lévy en Amérique.

Cette fois-ci, elle nous emmène en Asie centrale, principalement dans cette vallée de la Ferghana bizarrement découpée entre le Tadjikistan, le Kazakhstan et le Kirghizistan. Au fil de ses voyages, échelonnés entre 2003 et 2005, on découvre des populations abandonnées à une indépendance qu’elles ne voulaient pas dans des Etats auxquels elles ne s’identifient pas. A découvrir par exemple l’enclave ouzbèke de Sokh, en territoire kirghize, peuplée à 99 % de Tadjiks, on touche du doigt combien le découpage administratif de ces ex-Républiques soviétiques est lourd de rivalités communautaires.



Anne Nivat a sillonné les plaines puis les monts de l’Asie centrale. Elle ne nous donne pas une analyse politique ou sociologique de ces Etats, qu’on trouvera par exemple dans l’excellent ouvrage de Marlène Laruelle et Sébastien Peyrouse, "Asie centrale, la dérive autoritaire. Cinq républiques entre héritage soviétique, dictature et islam" (CERI/Autrement, janvier 2006). Son ambition est ailleurs. Elle préfère se donner le temps d’aller à la rencontre des habitants et de nous livrer leurs témoignages. Le risque est de ne pas obtenir une image « fidèle » de ces régions, mais plutôt le reflet des préoccupations de l’auteur : la condition des femmes, la montée de l’Islam, les violations des droits de l’homme. Mais comment ne pas s’attendrir au mariage de Mounotchotkhon et de Roustamtchon (sic) célébré dans la plus pure tradition tadjike ? Comment ne pas être séduit par Karakoul la jeune et jolie journaliste kirghize d’Anten-TV ? Comment ne pas admirer Saidjan, l’activiste ouzbek qui sera arrêté à Andijan quelques mois après son interview ?



Malgré le regard toujours bienveillant que Anne Nivat porte sur ses interlocuteurs, son livre témoigne de l’écrasante pauvreté de ces populations reléguées aux confins du monde connu. Pauvreté économique de ces pays qui depuis la disparition de l’URSS ne bénéficient plus d’aucune solidarité fédérale et, par conséquent, ne cesse de regretter l’ère soviétique : « l’idéal, ç’aurait été que l’URSS continue d’exister, mais pas dans un système communiste » confie le chef d’un village dans la Pamir tadjik (p. 207). Mais plus préoccupante encore, pauvreté intellectuelle des plus pauvres comme des plus riches. Les premiers accèdent de moins en moins au système éducatif qu’aggrave la dérussification mise en œuvre par des autorités en mal d’authenticité. La pauvreté intellectuelle des seconds n’est pas moins inquiétante : Anne Nivat nous livre un description terrifiante de quelques nouveaux riches à Tachkent, dont la grossièreté n’a d’égale que le mauvais goût.



C’est au final cette régression sans issue qui inquiète le plus. Certes le fondamentalisme musulman progresse – auquel Anne Nivat consacre la troisième et dernière partie de son ouvrage. Mais on comprend qu’il est minoritaire et médiocrement organisé. Il constitue tout au mieux la planche de salut de populations vouées au désespoir. Car c’est ce manque d’espoir qui est le plus poignant : quel espoir pourraient nourrir ces populations éloignées de tout, abandonnées de Moscou et du monde, confrontées à une géographie hostile et renvoyées à une histoire cruelle ?
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La France de face

Anne Nivat, reporter de guerre indépendante, a entrepris de parcourir la France à la rencontre de gens comme vous et moi, de divers horizons, de diverses cultures.

Aucun jugement, aucune prise de position, juste laisser la parole aux français, les laisser s'exprimer sur leur pays, leur place, leurs difficultés mais aussi leurs réussites.

Comme elle l'écrit elle fait parler ses interlocuteurs d'eux mêmes parce que leur situation personnelle est ce qu'ils connaissent le mieux et que toutes ces vies quotidiennes sont bien souvent éloignées des préoccupations de la vie politique nationale.



Anne Nivat nous propose un état des lieux de notre société. Un témoignage intéressant, riche , à mettre entre toutes les mains, et peut être plus encore entre les mains de nos élus.
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Dans la gueule du loup

Dans le cadre de Masse critique, une vraie surprise de recevoir ce magnifique album.

Cette bande dessinée inspirée de la vie d’ Anne Nivat ne pouvait que me plaire

Reporter de guerre en Irak,Afghanistan et Tchétchènie , cette journaliste indépendante et courageuse nous offre une œuvre forte et choquante dans sa terrible réalité

Il y a longtemps , j’ ai eu l’occasion de rencontrer sur le terrain, en milieu hostile, des journalistes ou des photographes, au plus près de l’ action guerrière

Comme Anne Nivat, des gens remarquables par leur immense culture mais aussi par leur courage au plus près de la ligne de front

Des journalistes de grande qualité qui prennent des risques pour garantir une information fiable et documentée

Les pages sur la Tchétchénie sont particulièrement impressionnantes

Les problématiques de la guerre , de l’ islam de l’ engagement personnel et de la géopolitique mondiale sont omniprésentes

Le graphisme est assez simple mais difficile de faire autrement au milieu des ruines

Bravo donc à Anne Nivat, Jean Marc Thévenet et Horne

Une bande dessinée qui secoue le lecteur et que je vous conseille vivement
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce 7 janvier 2015, il y a eu un événement horrible, innommable et profondément choquant. Mais heureusement face à cela, on a vu une levée, une solidarité forte qui s’est opposée clairement aux actes de barbarie qui se sont produits . Et ce livre est né!60 écrivains unis sous la bannière de Charlie Hebdo… Pour ne jamais oublier ce jour si noir, pour rappeler à nos cœurs que tant de sang a déjà été versé pour nos libertés…



C’est avec une certaine émotion que j’ai lu ses textes, le cœur serré, les larmes au bord des yeux. Chaque auteur voit cet événement avec son expérience, et c’est intéressant de voir les mots qui en découlent. Les textes de certains sont plus vifs, d’autres plus philosophes, et du coup, ce recueil de textes est un fort et émouvant imbroglio d’émotions fortes et vibrantes. Personne n’a pu rester insensible face à cette barbarie, et chacun le démontre avec plus ou moins de force.



J’ai particulièrement été touchée par le texte de Christel Noir, je me suis sentie proche des mots de Fredéric Lenoir, j’ai aimé le ton de la poésie de Katherine Pancol, l’humour inversé de Eric Emmanuel Schmitt, et je me dis qu’il faudrait suivre les conseils avisés de Claude Halmos. Je ne cite qu’eux, mais en fait chaque auteur a su me faire ressentir une émotion, je n’ai gardé que les plus fortes, ce recueil a de quoi vous prendre aux tripes, c’est certain!



En plus, d’être un formidable élan de compassion et de solidarité de la part de ses auteurs contemporains , tous plus intéressant les uns que les autres, nous avons la chance de relire, de redécouvrir des textes forts de Victor Hugo, Diderot, Voltaire, qui sans leur courage et leur soif de liberté, n’en serions pas surement là aujourd’hui, à prôner haut et fort la Liberté d’expression.



Je voulais donc remercier les éditions Le livre de poche pour cette belle initiative.


Lien : https://fairystelphique.word..
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La République juive de Staline

Anne Nivat n’est pas historienne et ne prétend pas l’être. Son livre ne retrace pas l'histoire du Birobidjan, cette république juive de 36 000 km² créée par Staline et Kalinine en 1934 à 8 000 km de Moscou aux confins de l'Extrême-Orient soviétique. Il s'agit plutôt d'un récit de voyage qui emprunte bien des détours avant de parvenir à son but.

Pour nous parler du Birobidjan, Anne Nivat commence à nous entraîner en Israël à la rencontre de la diaspora russe venue du Birobidjan. Arrivés en Israël en masse au début des années 90 lors de « l'alyah du saucisson », dès que le rideau de fer s'est entrouvert, ces immigrés reproduisent la quête de leurs parents convaincus par la propagande soviétique des années 30. Ils connaissent les mêmes difficultés à s'intégrer à un monde différent du leur, dont ils ne parlent pas la langue et partagent à peine la religion. Certains font demi-tour et rentrent en Russie après quelques années.

Deuxième étape, la Chine frontalière du Birobidjan qui avait déjà accueilli une importante communauté juive après la révolution soviétique. Harbin, la capitale du Heilongjiang, la province la plus septentrionale de la Mandchourie, porte encore les traces architecturales de cette présence. De part et d'autre du fleuve Amour, deux géants se font face qui ne s'aiment guère mais sont obligés de cohabiter. L'équilibre des forces joue en faveur de la Chine qui importe de Sibérie du bois et du pétrole en échange de ses produits de consommation courante. C'est au terme d'un long périple que Anne Nivat parvient au Birobidjan. Ce bout du monde n'a rien d'exceptionnel. Il ressemble à toutes les provinces russes, désespérantes de médiocrité. Sa seule originalité est sa judaïté auto-proclamée dont les potentats locaux entendent faire un produit d'appel. Mais ce label est purement factice. La population juive, qui atteignit au maximum 30 000 individus à la fin des années 40 n'en compte plus guère que 10 000 et ne représente aujourd'hui que 2 à 3 % des habitants de la région autonome. Le yiddish est certes enseigné à l'université ; mais les élèves ne sont pas juifs. Le rabbin missionné par Tel Aviv a bien du mal à évangéliser une population de « juifs sur le papier » (p. 306) qui miment des pratiques culturelles vidées de leur substrat religieux.

Le projet stalinien s'avère être « un conte de fées mort-né » (p. 338). Il a fait long feu, même si les habitants du Birobidjan vivent dans sa nostalgie. Le Birobidjan - comme l'Ouganda - n'a jamais fait rêver les Juifs comme le constatait amèrement Alexandre Soljénistyne dans l'étude qu'il a consacrée aux Juifs de Russie. Il n'existe qu'une seule terre promise : Eretz Israel où se reconstitue en 1948 un Etat juif dont la création sonnera le glas de la construction identitaire du Birobidjan, déjà mise à mal par les purges staliniennes de 1936-1938 avant celles provoquées par le soi-disant complot des « blouses blanches ».
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Islamistes : Comment ils nous voient



Islamistes, le mot est ambigu. Pour nous il est plus ou moins synonyme de terroristes. Alors qu’il désigne l’adepte d’un islam à la fois religieux et temporel.





Anne Nivat est correspondante de guerre. Elle a couvert celles d'Afghanistan, d’Irak et de Tchétchénie.

Son but est de rapporter sans jugement les opinions des personnes interviewées dans trois pays, le pakistan, l'Afghanistan, l’Irak en 2006. Je rappelle qu’en janvier de cette année-là un journal danois avait publié des “caricatures du Prophète”.



Au Pakistan elle rencontre un religieux, vice-directeur d'une medressah, un chauffeur au service essentiellement des journalistes occidentaux, un professeur de religion comparée et un étudiant en religion, un Taleb. Il ressort de leurs déclarations que s’ils sont attirés par la technologie occidentale, ils ne veulent pas de nos valeurs qu’ils jugent basées sur l’individualisme tandis que la famille est au cœur de leur style de vie. Le jugement se fait à partir des films et séries vus à la télévision. Ils sont par ailleurs choqués que des ONG se mêlent de leur vie sesuelle en prônant l’usage du préservatif.



En Afghanistan, son passage correspond aux élections législatives. La discussion la plus marquante est celle avec un ancien mécanicien devenu Taliban qui veut aller en Irak “pour apprendre les techniques les plus meurtrières et revenir les utiliser sur place” et parlant des Talibans “Qui dans ces régions, résout les problèmes des gens ? Qui se préoccupe vraiment de faire régner l'ordre ? Eh bien, c'est nous, grâce à la charia, bien sûr, que l'Occident récuse, alors qu'ici la population accepte la loi islamique. Ils ont raison c’est la clé de leur bonheur.”

Taliban qui ira quand même voter bien qu’il rejette la démocratie venue de l’Occident mais parce qu’il espère au parlement des députés partageant sa vision.



En Irak, la situation est complexe du fait de la coexistence d’Arabes sunnites et chiites, de Kurdes et Turcomans, tandis que la présence des Américains provoque la colère.

Anne Nivat discute avec un chiite, un dominicain, un peintre, un haut responsable de parti politique...

Là encore une vision de l'Occident biaisée car basée sur la télévision, confondue avec la vie réelle de la plupart des habitants.

Ici enfin la journaliste rencontre deux femmes. L’une turcomane professeur de collège qui, entre autres, déclare qu’il faut faire la différence entre “les véritables terroristes, peu importe leur nationalité, qui tuent des innocents, ce qui est abominable, les islamistes qui tuent des Américains, ce qui est bien”. Interrogée sur les relations hommes-femmes dans les pays musulmans celle-ci affirme “ Pour moi, l'Occident ne respecte pas les femmes, et ça me pose un vrai problème. En Occident, la femme n'a pas d'honneur, alors qu'ici notre dignité est reconnue, et nous sommes respectées. Tout est dit dans le Coran : si nul homme autre que mon mari ne doit apercevoir mon corps, c'est avant toute chose par respect pour ma personne.” Ou encore “ C’est comme le féminisme à outrance, voilà encore un phénomène que je ne comprends pas : Allah nous a créés différents, alors l'homme et la femme devraient respecter cette différence ! Bref, chez vous, c'est vraiment le chaos ! ” La journaliste rencontre aussi Leila, victime d'un attentat et choisie par une émission de télévision mensuelle qui prend en charge les soins médicaux et la reconstruction de logement contre le droit de filmer. La télé réalité version moyen orient.



L’incompréhension est donc réciproque et semble d’autant plus difficile à surmonter qu'il n'y a pas apparemment ni d’un côté, ni de l’autre, volonté largement partagée d’y arriver.



Je ne regrette vraiment pas d’avoir tenté cette lecture. Je vois un peu mieux, selon le titre comment les islamistes ou tout simplement les musulmans nous voient. Mais il est évident que beaucoup de choses m’échappent.







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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

De Jacques Attali à Voltaire en passant par Denis Diderot, Bernard Pivot, Katherine Pancol, ce recueil regroupe les écrits de soixante auteurs sur les évènements de janvier 2015. Ceux-ci ont le plus souvent été composés à chaud, avec les tripes. Cet engagement se ressent de manière variable mais avec une intensité plutôt étonnante.



En elles-mêmes les compositions sont variées : fictions, lettres, citations, articles de presse mais elles véhiculent le même message, sans pour autant verser dans des répétitions ou un pathos malvenus. Il est toutefois recommandé d'éviter la lecture "d'une seule traite" qui laissera un sentiment de lassitude. Le recueil doit être compris dans la même perspective que le célèbre Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. Il s'agit ici d'un éloge de la République, des valeurs qui lui sont attachées, des idées des Lumières, de l'esprit français. Chacun à sa manière tente d'apporter sa pierre à l'édifice mais la philosophie est la même : être fier de nos valeurs et les défendre.



Certains textes sont de véritables pépites. A cet égard, la fiction humoristique de Romain Puértolas est une véritable bombe de table. Ce fruit d'une imagination fertile est immédiatement suivi par un hommage à un autre Charlie composé par Serge Raffy. Au titre des découvertes intéressantes, l'analyse faite par Maxime Chattam doit être signalée, car il nous apprend au passage une nouvelle qui attristera ses fans.



Écrire est une forme d'engagement... mais qu'en est-il des actes ? S'il est impératif de saluer cette initiative littéraire (profits reversés au journal, délais de parution très courts) il est difficile de donner un avis sur la suite. A lire les quelques pages de ce corpus, tout le monde est d'accord sur la nécessité d'agir. Mais concrètement, nos chers penseurs ne nous livrent pas forcément leur manière d'agir. Écrire et participer aux rassemblements républicaines, certes... mais encore ? Cette impression de manque (aisément compréhensible) porte toutefois un grand préjudice à cette initiative, pourtant emplie d'une bonne dose d'émotion.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce recueil est parut suite aux attentats du journal "Charlie Hebdo" . Je ne reviendrai pas sur ce dramatique événement, nul ne peut ignorer ce qu'il c'est passé, vu le soulèvement populaire national et international.



Les bénéfices de ce roman vont directement au journal, alors oui on sait que depuis ils ont ramassé suffisamment d'argent pour tenir plusieurs années donc je n'insisterai pas sur ce point. Par contre la lecture de ce roman est un combat pour la liberté d’expression. Liberté qui nous est chère. Liberté qui m'est essentielle. Liberté qui me permet de me sentir moi-même et de dire ce qu'il me passe par là tête, même si ce sont des inepties.



Donc ce recueil regroupe les textes de 60 auteurs. Dont, parsemés, des extraits de Beaumarchais, Diderot, Hugo et voltaire qui se sont battus aussi, autre époque et combat égal.



Tous les autres ont réagit et fait parler leurs plumes, leurs armes, leurs cœurs. Pour certains ce sont des courriers ou un constat, des réactions car nul ne pouvait rester muet sinon tout était perdu (pourquoi d'ailleurs mettre cette phrase au passé !) . Pour d'autres c'est ce qu'ils savent faire de mieux, un conte une histoire (j'ai une préférence pour cette forme de manifestation).

Alors j'ai des auteurs de prédilection bien évidement. L'histoire Fabrice Humbert me touche particulièrement ( en même temps j'ai un attachement pour cet auteur.) Une grande tendresse pour le texte de Ian Manook car je vois ma grand-mère dans les traits de sa mère. Sans oublier Romain Puertolas qui me fait sourire malgré l'horreur et ça chapeau Monsieur !



Et malgré les 3 mois de passés je peux vous garantir que l'émotion reste la même en lisant ces lignes. Les larmes ne sont pas loin.





Je terminerai cette chronique par une citation de la réaction de Frédéric Beigdeger car elle me fait penser à la dernière boucherie au Kenya qui vient de perdre ses étudiants .

"A ce violent malaise que cette sensation procure, aux larmes du chagrin, à la culpabilité d'être plus troublé par ces morts si proches que par les milliers de victimes à deux heures de chez nous. Si, ne soyons pas hypocrites, c'est une règles journalistique bien connue, les massacres géographiquement éloignés nous perturbent moins que deux ou trois morts dans notre ville, notre pays. Pourtant, une certaine souffrance est là. A des degrés divers selon sa sensibilité, son empathie, son fatalisme."
Lien : http://lesciblesdunelectrice..
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La France de face

Un grand merci à mon libraire qui m'a conseillé la lecture de ce livre.

Merci à Anne Rivat pour ce très beau livre.



Tous les dirigeants de notre pays devait lire ce livre.

Anne Rivat va faire parlé ceux que l'on attend pas ou très peu.

Grâce ce livre, on peut comprendre pourquoi l'extrême droite est aussi présente dans le pays.

On rencontre des personnes bien différentes, qui nous apporte leur point de vu.



On parle de la pauvreté, des petits salaires qui son presque au niveau des aides, du manque de transports en commun de leurs prix qui enclave des villes, la drogues dans certains quartiers, le manque de médecins dans les zones rurales, les agriculteurs et le bio ce que certains peuvent faire à d'autres, le rapports des uns face autres, les vocations d'élus qui peuvent avoir envie d'arrêter, le sentiment de déclassement de population, pourquoi pour les libéraux cela devient difficile financièrement est..



Dans l'ouvrage, on trouve uniquement des témoignages de personnes que les médias de masse oublie de nous mettre en lumière car ils sont le visage de la France.



Il y a des réalités que j'ai découverte dans ce livre.



A faire partager,
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Suite aux terribles événements qui ont endeuillé notre pays en janvier 2015, "Le livre de poche" a pris l'initiative de publier plusieurs textes d'auteurs et de reverser le bénéfice de la vente à Charlie Hebdo.



60 textes d'auteurs contemporains et d'auteurs des siècles passés composent ce recueil.



Autant d'auteurs, autant de points de vue, autant de manières de réagir face à la barbarie.



Certains textes apportent des pistes de réflexions, d'autres écrits à chaud sont davantage empreints d'émotion. Les textes d'auteurs des siècles passés nous apprennent que certaines problématiques ont la vie dure, que la liberté de pensée est un combat.



Autant d'auteurs, autant de points de vue, écrivais-je plus haut. Donc difficile d'adhérer à toutes les opinions publiées, question de sensibilité, de vécu, de personnalité. Mais je ne peux que louer l'élan de solidarité suscité par cette belle initiative.
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Correspondante de Guerre

Daphné Collignon, alors jeune illustratrice et fascinée par la reporter Anne Nivat, organise des rendez-vous pour ensuite créer une bande dessinée sur son parcours.



Anne Nivat apparait comme une femme dynamique et coquette, en contradiction avec sa profession de reporter en pays en guerre. D'ailleurs, Anne Nivat est régulièrement agacée par ce portrait que les journalistes font d'elle, au grand dam de Daphné Collignon.

Cet album se construit autour du cheminement personnel de l'autrice et les souvenirs de guerre de la reporter issus de ses propres livres, alternant illustrations et textes sous formes d'esquisses et cases organisées.

Honnêtement, j'ai eu du mal à discerner, surtout au début, cette alternance, et donc à comprendre qui était, à chaque fois, la narratrice.

La difficulté de Daphné à capter la personnalité d'Anne, distante, évasive, m'a laissée sur ma faim, mais les interrogations de Daphné face à ce personnage ne m'ont pas touchée. Bref, je suis passée à côté de cet album que j'ai trouvé certes professionnel mais un peu trop fouillis et cérébral (bien que ce ne soit pas toujours un défaut pour moi).

C'est dommage car Anne Nivat semble avoir eu une enfance prédéterminée à rencontrer les autres sans aucun parti pris, et a, dans son métier, rencontré autant de "gentils" que de "méchants" qu'elle a écouté de manière totalement objective.

Cet album ne m'a pas convaincue, les témoignages trop brefs des victimes de guerre m'ont semblé mal abordés, et je reste clairement sur ma faim, en manque d'infos sur ces pays traversés par la reporter qui sont à peine esquissés.
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Par les monts et les plaines d'Asie centrale

Asie centrale. Entre 2001 et 2005. Au croisement des civilisations



Anne Nivat avec laquelle j'ai eu la chance de pouvoir échanger quelques mots à l'occasion d'un salon il y a quelques années, la fille de Georges Nivat, un des plus grands spécialistes de littérature russe, nous emmène à ses côtés en Asie centrale, avec courage, à une période charnière de l'histoire récente. Oui, mais c'est où? me direz vous…



L'Asie centrale est un bloc aussi grand que l'Europe occidentale, logé entre la Russie, la Chine, l'Afghanistan et l'Iran, avec seulement 60 millions d'habitants en 2005. Elle est constituée de cinq pays, forts méconnus, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkmenistan. Ces pays sont des ex-républiques de l'union soviétique, à majorité musulmane, et dirigés, en 2005, par des autocrates ex communistes. Cela n'a pas beaucoup changé depuis d'ailleurs… le russe, que maitrise bien entendu Anne Nivat, est la lingua franca de la région, héritage de 70 ans de domination soviétique.



Anne Nivat nous montre au travers de son immersion dans des populations très diverses, ventilées entre les cinq pays par l'arbitraire de Staline, avec une logique implacable, diviser pour régner, la complexité de ce monde où les autorités, on ne peut plus dures, prônent un islam modéré là où, par réaction, se crée un islamisme politique qui deviendra le creuset du terrorisme que nous connaissons aujourd'hui.



Un livre passionnant, un jalon à mi-chemin de la chute de l'empire soviétique et d'aujourd'hui, qui permet d'éclairer un des grands enjeux de notre époque.
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Dans quelle France on vit

En principe, je me fais un devoir de lire jusqu'au bout le livre que je m'apprête à critiquer … Là, j'avoue avoir eu bien du mal à terminer cette enquête dans la France des villes périphériques, malgré la qualité de son auteur : une courageuse reporter de guerre, spécialiste de la Russie, épouse par ailleurs d'un ultra-célèbre chroniqueur matinal – c'est elle qui en parle dès les premières pages.

Voilà donc l'intrépide Anne Nivat partie en 2015 à la recherche des témoignages de vrais gens : à Evreux, Laon, Laval, Montluçon, Lons-le-Saunier et Ajaccio, elle a vécu chez l'habitant, rencontré des animateurs sociaux, des immigrés désabusés, des chefs d'entreprises efficaces, des femmes leaders d'opinion, des responsables religieux dépassés.

Le tableau d'ensemble est particulièrement pessimiste : à l'heure où elle écrit l'angoisse est avant tout celle d'une victoire de Marine le Pen. Et on cherche à savoir comment on en est arrivé là. En vrac donc, une série de lieux communs dignes du café du commerce : les immigrés non intégrés, la désertification des centre-ville, les handicaps, les femmes chefs d'entreprises ostracisées par leurs homologues masculins et privées de réseaux, l'échec de la politique de l'emploi.

J'ai noté la référence constante à la résurgence du fait religieux – et un hommage appuyé au protestantisme - et à la spiritualité d'où qu'elle émane, la confusion entre identité et religion, la méfiance générale envers les politiques, l'inadaptation des structures étatiques en soutien des initiatives entrepreneuriales, la faiblesse du lien social. Et une foule d'enfoncements de portes ouvertes : par exemple le constat que 20% des personnes inscrites auprès des structures d'insertion sociale ne retrouveront jamais de travail. Bref, un pays où la perte d'exemplarité des hommes politiques a grandement contribué au sentiment de désillusion de la population. En tous cas, pour un auteur qui se défend d'avoir écrit un énième livre misérabiliste, c'est raté.

Mais ça, c'était avant !

Car aujourd'hui, 50% de la population française se montre à nouveau optimiste … Les problèmes structurels de notre vieux pays demeurent, mais un vent de réforme trouve un large écho auprès de nos concitoyens. Allez comprendre … Il aura fallu l'irruption, dans notre paysage médiatique et politique d'un homme nouveau, jeune et entreprenant, convainquant, et la capilotade d'une dirigeante de parti très au-dessous du niveau requis pour diriger notre vieux pays.

Donc, vous pouvez vous dispenser de lire ce livre décourageant, certes lucide mais dorénavant dépassé, qui n'apporte aucune piste de solution au débat.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Dans quelle France on vit

En lisant ce livre-enquête d'une journalisme en immersion, je me disais que j'allais en apprendre un peu plus sur le pays dans lequel je vis, par la voix des gens que je côtoie tous les jours, dont je suis moi-même partie intégrante.

Ces gens de la campagne, ces français de la gentrification, des banlieues, de la "France périphérique" (selon l'appellation consacrée par de récentes études sociologiques), les petits et moyens entrepreneurs, fonctionnaires, les agriculteurs, les petites mains anonymes des associations qui font bouger les choses dans notre pays. Ceux que l'on appelle les "sans-voix" mais grâce auxquels un pays come le nôtre avance malgré tout.



Quelle n'est pas ma surprise de voir surgir, dès les pages d'introduction, des arguments surgis du fond des âges de la conversation de comptoir ! J'ai eu l'impression d'entendre mes deux grands-pères qui ont participé à la Seconde guerre : "les jeunes d'aujourd'hui, dans ce pays, il leur faudrait une bonne guerre pour qu'ils se rendent compte de la chance qu'ils ont de pas avoir à bouffer des cailloux" (j'exagère à peine, voyez p. 17, les propos mêmes de l'auteur n'en sont finalement pas si éloignés).



Quelques pages plus loin (p. 33), on lit comme autre argumentaire éclairé la chose suivante : "La propreté est telle qu'on pourrait manger à même le sol, cela ne me surprend guère, les intérieurs tchétchènes sont toujours impeccables. Je tiens à préciser cela à tous ceux persuadés que, parce que l'on vit dans une ZUS, on est pauvre donc sale. Mon expérience m'a plutôt prouvé l'inverse. Durant les deux premières nuits, j'ai séjourné chez un intellectuel aisé, pénétré d'idées stéréotypées sur la population musulmane des "quartiers", alors que lui-même vivait dans un intérieur crasseux, inconscient de l'état déplorable de son propre appartement...".

On appréciera la puissance et la pertinence d'une telle argumentation...

On dirait que l'auteur a des comptes à régler avec ses détracteurs ou anticipe l'inévitable volée de critiques à laquelle elle s'expose fatalement avec un tel sujet, dévoilant à mon sens une frilosité contradictoire, comme si son propos ne se suffisait pas en lui-même.



Si j'ai envie d'entendre ou de lire ce genre d'inepties, je vais sur des blogs ou visionner des vidėo de quidams quelconques ; je ne me farcis pas la lecture d'une enquête journalistique de terrain de 400 pages.

Sur un sujet similaire, Florence Aubenas dans son "Quai de Ouistreham" ou Pierre Bourdieu dans "La misère du monde" ne se sont pas rabaissés à une telle indigence rhétorique pour étayer leurs propos.

J'ai personnellement trouvé que l'on est ici plus proches de la conversation de rue que d'une étude journalistique et sociologique digne de ce nom.



Il ne s'agit pas, bien sûr, de ramener l'intégralité de cet ouvrage à ces seules "scories" dialectiques, ni de nier la véracité des propos rapportés par la journaliste, mais de la part d'un auteur de son rang, on est droit d'attendre un sens de la déontologie plus appuyé.

J'ai donc lu le reste du livre avec circonspection, sans réelle conviction et pas dans son intégralité.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Il s'agit d'un recueil de textes de 60 écrivains classiques et surtout contemporains unis pour défendre la liberté d'expression suite aux attentats de janvier.

Certains textes sont ecrits à chaud et se situent plutôt dans le registre de l'émotion, d'autres se situent plus dans la réflexion.

Si tous sont intéressants, ils sont de styles et de longueurs variables , et il y a sans doute moins d'unité et de cohérence que dans la BD car les événements sont abordés sous des angles très différents. L'initiative n'en reste pas moins à encourager.

Pour ma part, j'ai été plus particulièrement sensible aux textes d'Eric-Emmanuel Schmitt, Bernard Pivot, Gérard Mordillat et Julien Blanc-Gras pour ne citer qu'eux.
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