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Critiques de Antoni Casas Ros (54)
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Enigma

Waouh quel choc littéraire ! Un nouveau coup de maître pour Monsieur Antoni Casas Ros !



J’ai touché les étoiles avec «Le Théorème d’Almodovar» du même auteur, mais j’étais loin d’imaginer que c’était le nirvana qui m’attendait !



Antoni Casas Ros frappe encore plus fort avec ce roman qui m’a bouleversé corps et âme et je veux bien la vendre au diable, Antoni, pour qu’un autre roman sorte tout droit de vos entrailles. Parce que l’auteur va chercher plus loin au plus profond de son être pour faire de ce livre, mon livre, et vous comprendrez Ô combien je ne suis pas si loin de la vérité. Je n’ai pas le souvenir d’avoir ressenti quelque chose d’aussi fort, à tel point que j’en suis à me demander comment, après une telle signature, un futur roman pourra me transporter aussi loin. Peur de trouver mes prochaines lectures vides et dénudées de sensations si délicieuses et exaltantes. Vous est-il déjà arrivé d’écouter une musique si intense qu’elle vous tient en suspend ? Au moment où la dernière note se meurt, c’est la chute fatale, un vide étrange presque douloureux. C’est ce vertige que j’ai connu en lisant ces mots. L’histoire nous happe dès la première page, on ne peut plus lâcher ce roman, comme accro à une drogue qui coule dans nos veines.



Il y a dans ces 266 pages ou plutôt 240, les 26 qui manquent, soyez patient j’y reviendrais, un condensé de sacré qui demande un lâcher-prise intense et contrôlé pour en apprécier l’ascension qui va crescendo au fil des pages, pour atteindre son point culminant.



Les quatre personnages principaux sont atteint du syndrome Enigma, un mal étrange qui les asphyxie et les envenime de l’intérieur. Ils vont à tour de rôle prendre la parole : Ricardo, affamé de poésie et tueur à gage, Naoki, mi ange mi démon venue tout droit de l’Empire du soleil levant, Zoé, à la beauté tortueuse, étudiante en littérature et son professeur Joaquim, au corps atrophié et au cœur mutilé. Ce quatuor troublant délivre ce qu’il y a de plus beaux et de plus effroyables en eux : Une passion à la fois libératrice et destructrice. L’amour qu’ils vouent à la littérature les mènera à se croiser, se dévorer, s’aimer se désaimer et jouir de leurs corps pleinement. Ils uniront leurs blessures les plus profondes pour réécrire la fin de certaines œuvres littéraires, jugés décevantes et impardonnables.



Mais Antoni, je n’ai pas voulu tomber dans le tourbillon scabreux de votre piège. Je la vois venir cette fin cruelle pour mon cœur. Un roman comme le vôtre ne peut finir par « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Alors vous savez quoi, je ne déchirerai pas comme vos profanes la fin de ce roman, geste mesquin et bien trop lâche à mes yeux, mais en revanche j’ai fait un choix incroyable : je me prends ce droit et ce luxe unique de ne pas lire vos 26 dernières pages, ainsi je ne saurai jamais quelle destiné vous leurs avez réservée. Désormais la fin est mienne et m’appartient. Joaquim, Zoé, Naoki et Ricardo sont à moi à tout jamais. C’est ainsi que je le désire au plus profond de moi. Vos 26 pages sont là, me narguent, me défient avec insolence et mépris, mais quelle jouissance car « Je suis le maître de leur destin et le capitaine de leur âme ».



N’est ce pas un coup de maître ?



Pour lire ce livre il faut être prêt, le mériter, s’ouvrir à lui et s’abandonner car l’écriture de l’auteur est tout simplement orgasmique.



Mettez de côté vos règles et vos préjugés. Attention, Enigma est un virus contagieux, si vous le lisez, vous en aurez rapidement le syndrome !



Antoni si tu me lis, si tu me devines…


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Lento

Qui est Lento ? Un autiste, un imposteur, un fou, un illuminé ou tout simplement un être différent parce que lent, mais alors extrêmement lent ?

Dès sa naissance, il met soixante-douze jours pour quitter le ventre maternel. Il prend sacrément son temps le bougre, mais " voir le monde sans éprouver ni la faim ni le sentiment d'abandon est un privilège " et surtout cela lui permet d'observer le monde dans lequel il arrive, sans peur, ni frustration, à son rythme. Une chance, il suffisait d'y penser !



Voilà donc le postulat de départ original de ce conte moderne qui impose progressivement son credo : ralentir, ralentir, ou au moins réfléchir à la possibilité de ralentir et profiter de tous les bienfaits d'une telle vie en s'ouvrant à des perceptions sensorielles accrues et inédites. En effet, c'est la conséquence majeure de sa lenteur : "Lento possède des capacités auxquelles nous n'avons pas accès, sa lenteur l'ouvre à d'autres perceptions. Il est un artiste qui se cherche."

Malgré des difficultés évidentes d'adaptation à la vie en société, un séjour pénible en hôpital psychiatrique, Lento se fait le chantre de la lenteur, "le représentant de l'innocence fondamentale" où tout devient possible.

Ses expériences de vie douloureuses ou agréables convergent toutes vers l'éloge de la lenteur et de la différence ; sa sensibilité exacerbée à l'écoute des autres, du monde qui l'entoure et de lui-même, le rend sympathique et l'on éprouve pour cet anti-héros une véritable tendresse, à l'instar des femmes qui l'entourent de leur amour, sa mère, sa psy et son amie.



J'ajoute que le récit prend pour moi toute sa saveur grâce à une belle écriture poétique, à la réelle qualité des réflexions qui jalonnent le récit, sans oublier les références à d'autres écrivains, musiciens ou peintres touchés par la lenteur, tels Rimbaud, Hardellet pour ne citer que mes préférés.

Séduite donc par ce court récit qui, sous la forme d'un conte, invite à ouvrir une parenthèse dans nos vies souvent bousculées, car ne l'oublions pas : le temps est un vrai luxe.
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Le théorème d'Almodovar

Il m’arrive de prendre un bouquin sans raison particulière, juste parce que j’aime le titre du bouquin, juste parce que je ne connais pas l’auteur catalan, juste parce que Pedro Almodovar est un grand réalisateur ou que j’ai envie d’un verre de Chardonnay. Des critères totalement subjectives orchestrés par le cœur et non pas par la raison. Et si suivre le cœur n’était pas la plus belle des raisons. De façon presque impulsive et totalement égocentrique, je plonge dans ce bouquin les yeux fermés, comme dans une bonne bouteille de single malt ou pourquoi pas de cognac. Il est à moi ce bouquin, comme la bouteille. Il devient en moi, comme ce liquide brulant qui s’écoule à l’intérieur de mon corps.



Bon pour ce soir, cela sera un Chardonnay.



Voilà un gars, Antoni Casas Ros, que je ne connais pas et pourtant qui sait si bien me parler ! Il a su comprendre mes émotions, mes peurs et mes solitudes. Deux êtres, nocturnes et déchirés. Un homme défiguré qui a vu sa femme mourir et ne se promène plus que la nuit pour éviter le regard des autres – le monstre, un transsexuel qui arpente le bitume chaque soir pour donner du plaisir aux autres – autre monstre de la Nature. Ces deux êtres étaient faits pour se rencontrer, se trouver et s’aimer. Deux noctambules, solitaires par défaut.



Je n’ai pas envie de t’en dire plus, parce que ce roman se vit, pleinement, intensivement. Il te proposera une ballade onirique, dans la nuit. Tu vois ce cerf, tu te demandes ce qu’il fait au milieu de la route, il te fixe, ce qu’il fait dans la fontaine, il te fixe toujours, ce qu’il fait sur ton canapé. Le cerf l’autre héros de ce petit roman si talentueux. Tu ne sais plus si tu navigues dans un rêve, si tu as abusé de la bouteille de cognac, si une fièvre de cheval te fait délirer. Tu hallucines, mais c’est tellement beau, tellement surréaliste, tellement poignant.



Étrange. Émouvant. Et Pedro Almodovar dans cette histoire, me diras-tu ? Il filme cette histoire, il écrit le scénario, il observe. Comme toi, il est ému. Comme toi, il perçoit cette profonde tristesse qui se transforme en profond optimisme. L’amour guérit certains maux, même les plus profonds. AMOUR.



« Le Théorème d’Almodovar », la belle, la bête et le cerf.
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Le théorème d'Almodovar

« La seule chose qui m’apporte un frémissement continu est l’écriture. Le sexe est puissant, il apporte l’invasion, l’oubli, les sensations extrêmes, le silence enfin retrouvé. Je ne crois pas que je pourrais m’en passer. »



24 décembre 2013. J’ouvre ma boite à lettres, je vois une grosse enveloppe blanche. Le cachet de la poste ne me laisse pas voir la provenance du paquet. Je décachette précautionneusement et je découvre un livre. Le titre m’est inconnu mais il me dénonce sans équivoque le nom de l’expéditeur. Je souris touchée par ce cadeau. Une lettre signée « Père Noël » est glissée entre les pages et la poigne, la verve des lignes, ne laissent aucun doute sur l’identité de cette missive :



« […] Un choc, un grand moment,

le poids des mots, le choc onirique […] »



Me voilà infidèle et ce livre se retrouve dans ma couche durant cinq nuits. Cinq nuits de passion, d’émotion, de jouissance parce que les mots sont puissants et ont éveillé tout ce qu’il y a de plus masculin et de viril en moi.

Le théorème d’Almodovar rien que le titre interpelle. Un raisonnement mathématique conjugué au maître de l’ambiguïté sexuelle, un excellent paradoxe qui me laisse présager un choc littéraire.



La beauté physique emprisonne l’individu dans un conformisme social et lui ouvre plus facilement les portes de ce qu’il croit être la félicité et une fin en soi. Mais quand celle-ci s’envole en éclat et que le miroir ne reflète que l’horreur, la peur et le dégout, Antoni doit réapprendre à vivre et faire le deuil de son visage. Il autopsie les abîmes de son inextricable solitude, du besoin de séduire qui ne l’a pas quitté, du regard d’autrui, de l’abstinence, de la mise à l’écart et de sa douleur qui l’ont conduit à un isolement total.



Un Être Magnifique et pénétrant, Lisa, va bouleverser son existence et l’aider à comprendre : « comment une autre fête peut se trouver au centre de l’espace vide ». Une prise de conscience sur les valeurs, le désir, l’identité, le lâcher-prise et l’abandon de soi. Cette biographie de l’auteur est bouleversante de justesse, de respect et de tolérance. Le personnage ne tombe jamais dans le pathos. C’est d’un total dénuement entre fantasme et voyage onirique.



L’écriture met nos cinq sens en éveil, un plaisir littéraire furtif mais intense. Pas de pornographie, pas d’éjaculation dans la veine d’un Bukowski. Je parle de jouissance des mots, d’intensité d’écriture. Putain, quel pied ce livre ! Chaque page nous laisse dans le chaos. C’est fort, C’est beau !



Quand deux personnages Almodovarien croisent le chemin d’une Andalouse l’attraction ne peut qu’être fatale.



Le théorème d’Almodovar, quand équation ne rime ni avec « géométrie » ni avec « harmonie »…



« Une larme suffit à faire monter le niveau de la mer. Ce n’est pas mesurable mais c’est réel »


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L'arpenteur des ténèbres

Sur son Olivetti rouge mécanique, Antoni décrit son monde. Sa prose s’articule sur la beauté de l’univers, sur son chaos. L’esthétisme du Chaos, premier critère de ses écrits. Embauché par un étrange « Cabinet des Investigations Littéraires », il file sur New-York, la première étape de son parcours initiatique au sein du chaos et de l’esthétisme. Déambulations nocturnes de la ville et rencontre de deux âmes pour ce même goût de l’esthétisme sensuel. Antoni découvre l’Art de Anca, street-grapheuse qui peint sa chatte à la peinture rouge sur tous les murs de la ville. J’imagine déjà le plaisir à voir la reproduction de sa vulve au détour d’un coin de rue, illuminé par le néon d’un bar, la lumière vive d’un lampadaire, l’éclat d’une lune…



Les draps froissés d’une chambre de motel, plaisir enivrant des sens, fantasmagorie divine du vin et de la pine. Se frotter corps trop corps, sentir l’épine frémir. Déambuler telles deux âmes noctambules, s’installer au volant d’une vieille guimbarde et partir à la recherche d’un écrivain inaccessible. Baiser. Forniquer. S’abreuver de ce doux nectar qui coule entre nos cuisses. L’amour est esthétisme, la vie devient esthétique, la baise se fait chaos, la vie est un chaos inextricable. Je lis un ver de Baudelaire, un verre à la main, je feuillète un livre, j’imagine t’effeuiller dans une chambre de motel vers minuit. Dans la chambre d’à-côté les murs vibrent, baise d’un soir. Bruyant. Féroce. Sauvage. Eau sauvage qui s’écoule de nos cuisses. De l’autre côté, la jouissance d’une trompette, l’orgasme d’un piano. Je reconnais Thelonious Monk, Bill Evans ou Chet Baker. Minuit, une heure vers laquelle les corps plongent, où tu te penches sur mon sexe pour l’avaler, le désir donne soif, aller jusqu’à la dernière goutte. Minuit, la lune se découvre, enlève son voile de nuages, se montre à nue, impudique et irrévérencieuse. Le corps en sueur, l’âme rêveuse encore parfumée de stupre, Antoni glisse une nouvelle page blanche dans son Olivetti rouge mécanique, je glisse mon majeur dans ton rouge pourpre.



Je ne me laisse pas dérouter par l’esthétisme de ce chaos. Bien au contraire, je plonge mon âme dans les ténèbres et arpente les pages de ce roman comme d’autres arpentent les trottoirs nauséabonds vers minuit. L’écrivain catalan n’est pas à son premier essai, il enchaîne les coups de maître comme d’autres enchaînent les passes de nuit. Je reste toujours subjugué par le charme de sa plume, par sa vision fantasmée de la vie, je me sens comme investi d’une mission secrète, celle de promouvoir le sexe et la plume, chatouilles divines de la vie, de ce grand auteur de l’esthétisme. Si le « Cabinet des Investigations Littéraires » cherche un nouveau pigiste pour arpenter les rues sombres et les ténèbres, j’achèterai avec mon premier cachet cette Olivetti d’un rouge métallique comme le sang coulant entre tes cuisses…
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Médusa

Un texte qui demande plusieurs lectures ou plutôt de s’y ouvrir lentement pour progressivement se laisser envahir et absorber par les mots, leurs couleurs et leur musique et comme le dit Antoni Casa Ros, à propos de l’écriture, se laisser «aspiré, prêt à être avalé, dissous, à n’être plus rien que de l’espace dans le ciel des mots.».

Se laisser emmener, écarteler pour atteindre une « surréalité », pour ne plus faire partie de « tous ces êtres qui se promènent avec leur fauteuil, comme s’il faisait partie de leurs corps.(…)

Médusa leur ordonne de venir déposer leurs fauteuils comme on demanderait à des guérilleros de l’absurde de déposer les armes. (…)

Les mains habituées à mourir sur les coussins douillets des salons retrouvent la capacité de toucher, de caresser, d’effleurer, de sentir.» p 29-30



Quittez fauteuil et coussins pour suivre Médusa-Yemanja et Antoni Casas Ros écrivain qui profite « des instants vides pour remplir une bouteille de lune à l’intention d’un naufragé » qui peut se confondre avec l’écrivain ou l’un de ses lecteurs.



J’ai bien souvent pensé à Antonin Artaud en le lisant, en particulier le Pèse-nerfs, l'ombilic des limbes et ce beau poème intitulé "Silence" :



Belle place aux pierres gelées

Dont la lune s’est emparée

Le silence sec et secret

Y recompose son palais

Or l’orchestre qui paît ses notes

Sur les berges de ton lait blanc

Capte les pierres et le silence.



C’est comme un ventre que l’amour

Ébranle dans ses fondements

Cette musique sans accent

Dont nul vent ne perce l’aimant

La lumière trempe au milieu

De l’orchestre dont chaque jour

Perd un ange, avance le jour.



Rien qu’un chien auprès du vieillard

Ils auscultent l’orgue en cadence

Tous les deux. Bel orgue grinçant

Tu donnes la lune à des gens

Qui s’imaginent ne devoir

Leurs mirages qu’à leur science.



(Antonin Artaud, Silence [1925], dans Œuvres complètes, tome I, Gallimard, 1976, p. 253.)
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Le théorème d'Almodovar

Lorsque l'on connaît un peu l'histoire d'Antoni Casas Ros, difficile de résister à l'envie de découvrir celle qu'il couche sur papier. Une découverte, c'est tout à fait le mot.



L'auteur nous propose de pénétrer son univers qui se veut atypique puisque bouleversé depuis l'accident qui le défigura, depuis le cerf. Il s'agit d'un monde qui gravite autour de lui, des murs de pensées et des avenues d'émotions.



Les lois de cet univers sont taillées sur mesure, elles sont physiques pour n'être que plus ésotériques, et si c'est en cela que l'ouvrage s'avère être prenant (envoûtant, même), c'est paradoxalement ce qui l'éloigne de nous. Le désarroi que provoquent certaines phrases par leur authenticité porte en lui un sentiment d'absence, d'inachevé. Il n'est pas aisé de faire la distinction entre réalité et fantasme ce qui peut troubler, parfois, la lecture psychologique du protagoniste, celle de l'auteur, toujours. Cette ambivalence (volontaire ou non, d'ailleurs) nous invite néanmoins à regarder de plus près celui qui ne se l'autorise plus, la dissection d'une solitude maquillée qui n'attend que la caresse d'un bout de coton.



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Lento

« Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.



Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences.

Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, - et le suprême Savant ! - Car il arrive à l'inconnu ! Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innommables : viendront d'autres horribles travailleurs; ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé ! »



La lettre du voyant, écrite par Rimbaud à Paul Demeny le 18 mai 1871, est au coeur de ce conte de Antoni Casas Ros, un conte où la poésie est reine et exige « le dérèglement de tous les sens »



Comment notre société où règne la vitesse et la performance pourrait-elle accepter sa remise en cause par un être comme Lento qui met au coeur de la vie la lenteur qui seule permet une attention extrême une connaissance intime de tout le vivant.



Lento va atteindre la fine pointe de la perception et parvenir à ne faire qu’un avec ce qui l’entoure. Il pourra ainsi s’extraire du carcan dans lequel veulent l’enfermer ceux qu’il dérange.

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Enigma

« Je la pris par la main et, en silence, nous marchâmes jusque chez moi. Elle n’avait pas peur, ne manifestait pas la moindre réticence. Son silence intérieur se lisait comme un poème.

Je ne voyais rien, je n’entendais rien, je flottais dans le courant qui nous poussait toutes les deux à travers la ville. […] »



Jusqu’où vais-je aller ? A quoi m’attendre avec cette lecture, avec cet auteur, Antoni Casas Ros. J’avais adoré tellement « le théorème d’Almodovar » que je ne pouvais décemment me faire embarquer une seconde fois. Inimaginable. Impossible. Même pas envisageable. Je me laisse donc guider par cette force du Sud et partir à la compréhension du syndrome Enigma.



« […]Je la fis entrer. Elle se déshabilla, laissant ses vêtements légers tomber sur le sol, et, quelques secondes plus tard, je me retrouvai nue face à elle. Je sentis ses lèvres contre les miennes, sa langue si douce, et je plongeai dans ses yeux ouverts.

Je la couchai doucement sur le lit, j’embrassai son cou, ses aisselles où couraient trois ou quatre poils délicats. J’enfouis ma tête dans son ventre souple qui ne m’opposait pas la moindre résistance et enfin je m’approchai de son sexe et m’en abreuvai tandis qu’il jouait avec ma langue comme une fontaine de jasmin. »



Je ne sais pas où cette lecture m’entraînera lorsque je découvre les premiers passages. Je laisse parfois dériver mon imagination, les phrases si sensuelles si empreintes d’amour si riches en émotion. De la passion. A chaque mot, je perçois cette passion. Il n’y a pas d’âge pour ressentir la passion. Et forcément la passion vient du Sud, de cet esprit latin. Certainement ce vent chaud qui souffle dans les cœurs et les esprits. Je ne connais pas encore d’autre auteur que ce catalan capable de me distiller en si peu de mots une passion si intense, débordante, enivrante. Oui seul Antoni Casas Ros a su me bouleverser autant à travers la passion, chaude, sensuelle, énigmatique.



Mais là je sens que je t’égare à parler de passion à chaque page, dans chaque mot. Il y a aussi du sexe, cru mais passionnel. Je ne pouvais passer à côté de ce passage, tu m’en aurais voulu. Question déontologie et la ligne éditoriale :



« Je le rejoignis, nue de peau et de cœur. Son sexe était dressé. Je le pris dans la bouche et commençai à le sucer. Je sentais son gland palpiter sur ma langue. Je tenais son sexe à pleine main, luttant contre son expansion, avec rage alors que ma langue et mes lèvres exprimaient la plus grande douceur. Joaquim criait. Je sentais sa jouissance monter progressivement, sauvagement jusqu’au moment où son sperme fit entrer une blancheur laiteuse dans mon âme. »



Dans son âme… Une lecture orgasmique.

[...]
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Le théorème d'Almodovar

Une autofiction étonnante et énigmatique, de magnifiques pages empreintes de poésie et d'onirisme. De la sensualité, du désir, de la passion.

Une jolie surprise car j'ai hésité à commencer ce livre.

Je vous invite à vous reporter vers les très belles critiques rédigées par certains lecteurs, je ne ferai pas mieux.



Le théorème d'Almodovar : "il suffit de regarder assez longtemps pour transformer l'horreur en beauté".
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Lento

La vitesse et le temps. Quelle est leur ascendance sur nos vie ? Et si il existait des êtres qui entretenaient un autre rapport avec le temps ? La matière et le temps, par exemple. Voici une autre approche. La vitesse engendre le mouvement. Qu’arriverait-il si nous décomposions nos mouvements, si, naturellement, nous ralentissions ? Pourrions nous atteindre une autre dimension sur l’échelle de la réalité que nos traversons ? Lento, l’homme ralenti. Soixante-douze jours pour venir au monde. Hors norme ? Sans doute. Mais dans le monde du vivant, dans le monde qui nous entoure d’autre échelle de temps, de mouvement, coexistent. Temps géologique, astral, temps biologique. Lenteur...mais par rapport à quel mouvement, par rapport à quelle échelle ? Rendement ? Efficacité ? Compétitivité ? Injonction d’un élan général d’un monde qui le plus souvent ne sait plus pourquoi il va, ni même vers quoi. Un monde qui semble perpétuellement en fuite. Prisonnier d’un éternel mouvement devenu de plus en plus hypnotique.

Lento, personnage étonnant. Être fantastique, poétique, philosophique.

Prendre le temps, simplement.



Astrid Shriqui Garain

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Enigma

Quatre personnages énigmatiques, deux hommes, deux femmes réunis par le goût de la littérature, et des mots : un universitaire, son élève, une japonaise muette et un tueur à gages poète vont se croiser, s'aimer, s'éviter.

Avec leurs traumatismes dont ils tentent de se libérer, ces personnages sont attachants, troublants et n'échapperont pas à leur destin.

Attirance des corps et des esprits, sensualité, désir charnel, homosexualité, bisexualité, tout dans cette histoire à un côté étrange et mystérieux.

Un bon livre qui rejoint "le théorème d'Almodovar", que j ai beaucoup apprécié également.
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Enigma

Ce livre est plein de passion, de poésie, de magie.

Les premières pages nous présentent un quatuor : Joaquim, Naoki, Ricardo, Zoé.

Il ne se connaissent pas mais le lecteur apprend aussitôt qu’ils sont tous reliés par le mot qui donne son titre au roman «Enigma»



Joaquim : «Je suis atteint d’un mal étrange, non répertorié par la psychiatrie, un mal dont je connais la source avec précision...... j’ai donné un nom à ce mal. Après une longue hésitation, faute de mieux, je l’ai appelé : syndrome Enigma»



Naoki : «Malgré mon goût pour la musique, j’ai cessé de la pratiquer mais je me souviens du jour de mes quinze ans où Mishawa, une amie qui étudiait la clarinette et embrassait merveilleusement, m’offrit un disque dont le titre me charma immédiatement : Enigma Variations d’Edward Elgar, un compositeur anglais du XXème siècle. Je l’avais téléchargé sur mon iPod et je l’écoutais chaque jour. C’était devenu un rituel.



Ricardo : « La vie d’un poète est déraisonnable. Il est très difficile de publier et impossible de gagner de l’argent.
... Mon premier recueil de poèmes, Enigma Variations, n’a pas encore trouvé d’éditeur.



Zoé : 
« Un jour j’écrirai mon premier roman et je crois que j’en ai déjà trouvé le titre : Enigma... Je tente de capter ce que les autres ne voient pas, je reste de longues heures à sentir la banalité du monde jusqu’au moment où il se met à exhaler un parfum, une fraîcheur qui se métamorphose en mots»



Chaque membre du quatuor va prendre la parole tour en tour. Entrelaçant leurs voix, ils vont progressivement se rejoindre au sein de la ville de Barcelone attirante et mystérieuse comme ils le sont tous.
Ils se réuniront autour de leur passion des livres mais aussi dans un lien fusionnel formant un seul être à quatre après une initiation douloureuse. Ils entrelaceront aussi leurs corps.

Mais un lien aussi intense ne peut se maintenir ...... Et je n’irai pas plus loin car il faut préserver l’étonnement , la jubilation, l’émotion que provoque ce livre.



La littérature est omniprésente dans ce roman avec des variations autour de La fille aux yeux d’or de Balzac, l’apparition de Enrique Vila Matas et de l’auteur lui-même au sein du récit. Ce roman baigne dans un climat de mystère, de violence froide et de sensualité rendu dans une langue pleine de poésie.

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Enigma

C’est un récit polyphonique doté d’une histoire originale. L’auteur creuse l’âme humaine et emmène ses personnages aux frontières de la folie. Il crée une ambiance particulière teintée de sadomasochisme. Casas Ros n’a pas réussi à m’entraîner dans son monde, trop de mélange des genres.
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Chronique de la dernière révolution

J’ai achevé la lecture de ce livre il y a plusieurs jours et je n’arrête pas d’y penser. Il m’a bouleversée et a ouvert une brèche qui a entraîné un flot de questions.

C’est un livre d’une poésie violente, intense, la lave d’un volcan en éruption, qui progressivement gagne du terrain, alliée au bleu infini du ciel que l’on voudrait rejoindre dans un vol, comme le tentent les adolescents membres du Flying Freedom qui se rassemblent spontanément pour sauter dans le vide. Ils désirent par là retrouver pendant quelques instants la légèreté, la liberté que les dérives totalitaires des gouvernements qui continuent à se réclamer de la démocratie leur ont enlevé, avant que la pesanteur ne les rattrape en les écrasant au sol.



«Nous touchons à une légèreté inexplicable alors que la pesanteur des systèmes commence à se dissoudre dans l'infini.» p72



Par leur geste, il veulent provoquer une réaction au sein de la société dans laquelle ils n’ont pas leur place, témoigner de son horreur, faire prendre conscience.



Tous sont à la recherche de Y qui pourrait être l’hypothétique coordonnateur de ce mouvement déstabilisant mais dont aucun indice dans le cours du récit ne permet de confirmer l’existence.

Toutefois l’auteur nous donne une clef que je vais interpréter à ma façon. L’ensemble des romans de Antoni Casas Ros est un jeu aux règles ouvertes comme le chaos n’est pas vraiment le chaos mais un état passager qui permet tous les possibles et engendre et fait naître une harmonie nouvelle à chaque instant, par l’intermédiaire de chacun.

En note il nous indique dès le début que la structure de la «suite de Fibonacci» dans laquelle chaque terme de cette suite est la somme des deux précédents : 1.2.3.5.8.13.21.34.55.89, transparaît dans celle de «Chronique de la dernière révolution».

Je ne crois pas qu’il nous dise cela pour nous faire remarquer qu’effectivement les chapitres sont numérotés en suivant cette suite. Si chaque terme s’additionne cela veut aussi dire, que la pensée, les désirs, les actes de chacun des protagonistes de ce récit vont s’additionner indépendamment d’eux pour entraîner effectivement une dernière révolution, une révolution que personne n’aura vu venir et dont personne ne pourra interrompre le développement, la révolution du silence.

Et je voudrais citer l’auteur qui parle de la littérature à travers un commentaire sur Cortazar (voir site Fluctuat.net) dont il avalerait, s’il devenait bibliophage, « Marelle» ce livre inoubliable qui «a ébloui ses 15 ans»

« Il (Cortazar) veut nettoyer non seulement le langage mais le cerveau lui-même dont le fonctionnement lui semble emprunter toujours les mêmes voies tracées par le jeu des conventions et c’est là que se situe la révolution la plus profonde. Ouvrir à la machette de nouveaux sentiers dans la jungle des mots.

Entrer dans le Jeu, que Cortazar considérait comme l’essence du sacré, abandonner les formes existantes est la révolution de l’écriture. C’est ce qui nous touche encore aujourd’hui dans l’œuvre de Cortazar : un combat sans fin qui considère le langage comme une manifestation de l’infini et dont l’usage conduit à la découverte de soi.»

Antoni Casas Ros, fidèle à l’éblouissement de ses 15 ans, réussit à nous le transmettre à travers tous ses livres.

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Le théorème d'Almodovar

Premier roman d'un écrivain catalan français, et jolie surprise pour moi qui aime les romans (mais en est-ce bien un ?) avec une touche de poésie...



En deux mots, le narrateur y raconte son parcours (du combattant) suite à un accident de la route (occasionné par un cerf) au cours duquel il perd sa fiancée, mais aussi son visage... En vrai pigeon voyageur, il déménage régulièrement, vivant reclus en donnant des cours de mathématiques via internet, ne sortant que le soir (pour fuir le regard des gens dits normaux), et vivant surtout la nuit.

Il fera des rencontres décisives, comme un transsexuel prostitué au grand coeur, le cinéaste Almodovar , mais aussi le fameux cerf... Tous trois lui en apprendront un peu plus sur ses peurs et ses doutes.



Les thèmes abordés et les réflexions à méditer dans ce court roman sont légion, comme la guerre civile espagnole et le fachisme, la beauté du corps et des arts, le besoin pour tout personne d'être aimée, le regard des autres, la nécessité de vivre SA vie comme on l'entend, ...Tout cela baigné dans un éther de théorèmes mathématiques, de poésie et de surréalisme nous donne - comme vous l'aurez compris - un roman atypique, voire inclassable sortant du lot, comme on aimerait en lire plus. Chapeau donc à l'auteur pour un premier roman de cette verve!



Il va sans dire que son livre 'Enigma' (sortant en juin en poche) compte déjà un lecteur impatient de voir sa sortie en librairie..

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Lento

Paru en août 2014 chez Christophe Lucquin éditeur, ce cinquième livre d’Antoni Casas Ros se lit au rythme de son héros Lento, comme une danse lente, une incursion dans le noyau des mots. Lento, enfant différent dès son entrée dans le monde, puisqu’il met soixante-douze jours à naître, et grandit, contemplatif et non conforme, en immersion ralentie et profonde dans ses perceptions, soutenu par une mère aimante et intuitive. Et la succession des phrases, simples et lumineuses, mettent le lecteur au diapason du métabolisme de Lento.



«Il aime que sa mère lui lise «Moby Dick». Lento est la baleine blanche. Il éprouve toutes les sensations de l’océan.»



Après avoir provoqué une fascination fanatique, du fait de sa naissance d’une durée inouïe, Lento est considéré comme anormal, et enfermé dans une institution psychiatrique pour y être «soigné». Là, il est sanglé, maltraité, contraint à la violence, car sa différence effraie la plupart des adultes.



«Lorsqu’il est seul la nuit, lorsque les cris cessent, il se rééduque. Il bouge les bras et les mains, les jambes et le buste le plus lentement possible. Il danse. Ce qui lui était naturel demande aujourd’hui du travail, une ascèse inverse, un retour à l’origine. Dès qu’il se sent observé, il reprend ses gestes saccadés, donne le change, il imagine alors la lenteur, survit dans l’invisible.»



Dénonçant une normalité trop étroite et souvent pathologique, et une vie effrénée et superficielle, cette fable politique aux accents mystérieux marque le lecteur de son empreinte poétique, comme Ascanio Celestini avait pu le faire dans «La brebis galeuse» de façon plus politique et percutante.



«Le monde est un immense asile psychiatrique où chacun se croit normal. Le plus lent d’entre les lents n’arrête jamais sa course.»

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Lettres à Sade

L'idée de cet ouvrage est excellente, étrange voire fantastique :A l'occasion des 200 ans de la mort de Sade (+18.12.1814), 17 écrivains (mais aussi philosophes, universitaires, peintre, scénographe ou cinéastes) ont été conviés à lui adresser une lettre à leur convenance,à la première personne ou non.

Si presque tous ouvrent leurs missives par de respectueux ou de polis Cher Marquis, Cher Marquis de Sade, Cher Sade, Cher Monsieur de Sade, Comte, Cher Donatien-Alphonse-Francois, un ose un Votre Énormité et une autre un Mon cher amour.

Classées en trois thèmes (Libertés, Modernités et Éternités), ces lettres d'amour, de reproche, d'adieu ou de remerciement saluent toutefois presque unanimement l'homme acharné à vivre libre malgré l'emprisonnement, l'embastillement, l'internement.

Un de nos contemporains tient à le remercier pour nous avoir appris le caractère obsessionnel du désir, un autre salue le véritable écrivain, le provocateur ultime, un autre encore relate le choc ressenti à la découverte de son oeuvre et son emprise sur sa vie personnelle et ses rencontres. Une cinéaste, femme d'images, l'imagine sur un plateau télé interviewé par un journaliste avide de scoops bien scabreux.....

La grande intelligence de cet ouvrage est de n'être pas tombé dans l'écueil qui aurait été d'empiler des louanges et rien que des louanges afin de lui tresser une couronne mortuaire faite de lauriers alors que l'épine sied mieux à ce cher Sade !

Ainsi, reçoit-il une lettre d'adieu de celle qui, fatiguée du chaos et des cahots de l'existence, lui annonce qu'elle ne le lira plus, qu'il sera désormais le fantôme de sa bibliothèque mais qui, ultime fidélité, le remercie de l'avoir peut-être aidée à se libérer de ses chaînes.Une autre lettre d'adieu lui parvient d'une autre lectrice qui avoue vouloir jeter l'éponge afin de sauvegarder son âme et son esprit.

Ainsi Sade reçoit-il aussi une missive s'interrogeant sur la récupération faite de son personnage et sur la reconnaissance qui en dit long sur la misère des temps que nous traversons....

.. pauvre Monsieur de Sade ! Finalement reçoit-il une longue lettre d'amour enflammée !

Merci à Babelio (via la Masse Critique) et à la maison d'édition Thierry Marchaisse pour m'avoir fait découvrir cet ouvrage fin, intelligent (belle couverture ) que je recommande vivement!
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Le théorème d'Almodovar

Le narrateur, un certain Antoni Casas Ros, vit en quasi reclus dans son appartement. Voilà 15 ans, à la suite d'un accident, il fut défiguré et sa compagne fut tuée. Depuis, il erre de port en port, rêvant de départ, entre l'Espagne, la France et l'Italie.

Il trouvera la force de s'en sortir grâce à un transsexuel, sa rencontre avec Pedro Almodovar, l'écriture d'un roman et un cerf, naturellement.

Un roman sur la solitude, le regard des autres (réel ou imaginé) et les mathématiques Mais aussi la reconstruction de soi, en passant par des chemins peu courants : tomber amoureux d'un transsexuel non opéré.

Cela laisse facilement penser à une réunion de freaks. Il n'en est rien : il s'agit d'apprivoiser sa différence, l'accepter et autoriser les autres à la regarder. Sa longue solitude et son don des mathématiques lui a permis de développer une conscience aigüe du monde, et du fait qu'il est plus productif d'explorer l'inconnu et le connu (évidence trop souvent oubliée).

Un premier roman étrange, qui donne envie de découvrir les suivants.
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Le théorème d'Almodovar

Antoni Casas Ros est un personnage torturé ( et créé de toutes pièces ? ) qui nous explique très vite qu'il n'a plus de visage, à la suite d'un accident de voiture dans lequel sa petite amie de l'époque a perdu la vie. Ils avaient 20 ans, ils avaient bu, ils étaient heureux et invincibles jusqu'à l'apparition d'un cerf aux naseaux fumants au milieu de la route, de leur route.



Depuis de nombreuses années, personne n'a vu son visage. Il donne des cours de Mathématiques sur internet, il écrit, et passe ses journées à boire sur sa terrasse, avec vue sur un port d'une jolie ville italienne.



Seul(e) Lisa, travesti non opéré lui assure un lien avec le monde, bien qu'on ne sache jamais vraiment si cette dernière appartient à la réalité ou à une forme d'ésotérisme.



L'écriture est forcément sombre, comment ne pas l'être avec un tel destin ? C'est souvent brillant, voire destabilisant, mais parfois, les sentiments manquent de nuances, et ceux-ci nous laissent penser que cette histoire est un pur fantasme, un coup d'écrivain pour faire parler et susciter le mystère. Or, ce roman a besoin de raconter une histoire vraie, sinon il perd son essence même. Son intérêt.
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