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Critiques de Antonio Iturbe (159)
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La Bibliothécaire d'Auschwitz



Auschwitz !?! Encore ? Et oui, un ouvrage écrit par un auteur espagnol sur la toute jeune juive tchèque, Dita Polachova, qui, à 14 ans, a réussi l'incroyable exploit de faire circuler 8 (huit) livres à un endroit où les livres étaient rigoureusement et absolument interdits.



Antonio Iturbe, l'auteur populaire auprès de la jeunesse avec les aventures de son fameux Inspecteur Petit et son assistant chinois Chan San Peur, est un journaliste, né à Saragosse en 1967, qui a publié d'autres ouvrages pas spécialement destinés à nos tout petits. Il est l'auteur de "La bibliothécaire d'Auschwitz" qui constitue un récit particulièrement émouvant et véridique et qui illustre, à sa manière extrême, comment des livres peuvent signifier un secours à des moments horribles et atroces.



Le livre est sorti en Espagne en 2012 et a été traduit en plusieurs langues, mais pas encore en Français. Peut-être que la maison d'édition Hachette s'en chargera, qui a publié les enquêtes des inspecteurs Petit et Shan ?



Dita Polachova, dans le livre appelée Edita Adlerova ou Dita Dorachova, est née à Prague en 1929. Neuf ans après sa naissance la Tchécoslovaquie a été occupée par l'Allemagne nazie. À 12 ans, notre petite Dita a été envoyée, avec ses parents, au camp de concentration de Theresienstadt, l'actuelle petite ville de Terezin à une bonne soixantaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale tchèque.



Sur la vie au camp "modèle" SS existe un témoignage absolument unique écrit par l'historienne américaine, Ruth Schwertfeger, qui a visité ce sinistre endroit en 1987 et a été si choquée de l'absence d'un véritable mémorial, qu'une fois rentrée à son université du Wisconsin aux États-Unis, elle a publié, l'année suivante, un ouvrage "Women of Theresienstadt" comme son propre hommage aux prisonnières du camp. Il s'agit d'un exquis petit recueil de poésies et extraits de journal intime écrits par des pauvres victimes.



Longtemps la petite Dita n'y est pas restée, car en 1943, les fritz l'ont déménagé à Auschwitz, encore pire. L'année après, elle a été à nouveau déménagée, cette fois-ci au camp de Bergen-Belsen, où le 15 avril 1945, comme Simone Veil, elle a été libérée par les troupes britanniques.



À Auschwitz il y avait un jeune homme de 27 ans Alfred "Fredy" Hirsch, né à Aix-la-Chapelle en 1916, qui a joué sa vie en ouvrant à l'intérieur du bloc 31, où étaient enfermés à peu près 500 enfants, une école clandestine. C'est lui qui a demandé à notre petite Dita d'assumer la responsabilité des 8 livres qu'il gardait caché sous une planche du sol, tout en indiquant le danger de passer directement à la chambre à gaz si elle fut découverte. La gamine, à partir de ce jour, ne devient pas seulement bibliothécaire mais aussi réparatrice des 8 bouquins fort abîmés et aux pages manquantes.



Mais quels peuvent bien être ces livres pour laquelle notre petite héroïne a risqué sa vie ? Je ne vais pas mettre votre patience de grands lecteurs plus longtemps à l'épreuve. Il y avait : 1) un atlas très endommagé, 2) un ouvrage de géométrie élémentaire, 3) une grammaire russe (avec des drôles de lettres, elle trouvait), 4) "Une brève histoire du monde " de H.G.Wells, 5) "Introduction à la psychanalyse" de Sigmund Freud, 6) un roman français dont elle ne comprend pas le titre, 7) un roman russe sans page de couverture et 8) "Le brave soldat Chvéïk" de Jaroslav Hašek.



Elle est très fière lorsque le vieil original Morgenstern, un des enseignants clandestins, s'adresse à elle, en inclinant respectueusement la tête, et en l'appelant "Mademoiselle la bibliothécaire" , en spécifiant que les livres savent tout. Son collègue, le grincheux Lichtenstein, estime que toute cette idée de bibliothèque là-bas est de la folie, mais s'interroge à haute voix : "que n'est pas folie ici ? "



Dita est toujours très contente de récupérer en fin de matinée ou de journée ses bouquins et les inspecte attentivement pour, le cas échéant, réparer de nouveaux dommages. Son assistant le jeune intellectuel Ota Keller trouve qu'elle ne peut présenter les livres de Wells et Freud l'un à côté de l'autre, parce qu'ils sont trop différents.



Dans l'école clandestine du bloc 31, il y a quelques prisonniers qui peuvent citer de mémoire pratiquement des livres entiers, comme mademoiselle Magda l'oeuvre de Selma Lagerlöf "Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède", que même le petit Gabriel qui ne tient normalement pas une seconde en place, écoute patiemment, la bouche ouverte.



Madame Lubbervel s'énerve, lorsque à cause du grand bruit qu'entraîne l'arrivée d'une nouvelle cargaison de malheureux à Auschwitz et l'envoi d'un bon nombre d'entre eux directement du train aux "douches", elle n'arrive pas à expliquer à ces petites élèves, qui commencent à chuchoter entre elles, la différence entre un climat continental et océanique.



Je ne vais pas multiplier les incidences de la mini-bibliothèque de Fredy et Dita sur la vie des résidents de cet univers concentrationnaire, que je vous laisse découvrir.



Je vous signale juste que Fredy a été brûlé au crématorium de Birkenau, le 8 mars 1944. Il avait 28 ans !

Dans son film "Shoah" de 1985, Jacques Lanzmann mentionne cet incroyable héros et plus récemment, en 2016, il a fait l'objet d'un documentaire "Heaven (paradis, ciel) in Auschwitz".



Dita s'est mariée en 1947 avec l'écrivain tchèque Ota Kraus (1921-2000), rencontré à Auschwitz, et vit actuellement, à 90 ans, à Netanya en Israël, entourée de ses fils Peter-Martin et Ronny et de sa fille Michaela.



En fin de volume, il y a une petite liste des personnages principaux, parmi lesquels figurent Rudolf Höss, chef et Josef Mengele, médecin du camp.



L'ouvrage d'Antonio Iturbe m'a énormément plu et j'ai été fasciné de lire ce que des livres peuvent représenter à des gens, certains touts petits, qui n'ont plus rien, même pas de lendemains assurés. C'est une épatante histoire de courage et d'humanité dans un des pires endroits que notre monde a jamais connu. Ou comme Sandrine, "Biblioroz" sur Babelio, l'a si merveilleusement formulé : "Heureusement qu'au plus profond de la noirceur des lueurs humaines scintillent".

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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Dans un monde idéal, ce roman ne serait qu'une terrifiante dystopie. Rien de ce qu'il raconte n'aurait existé. le lecteur tremblerait seulement d'effroi en se disant qu'heureusement, la vie est belle…



La vie est belle. Comme ce film que j'aime tant et qu'on retrouve un peu dans ce roman dans sa façon de mettre un peu de lumière dans un ignoble chaos.



L'inhumanité est bel et bien là. Elle a existé, elle peut surgir à tout moment de notre bêtise collective… Si nous ne prenons pas garde.



Au beau milieu de l'horreur, une petite fille se bat, avec toute la force de son innocence et de son insolence pour faire vivre les livres. Huit livres qui ont échappé à la destruction. La jeune Dita se bat, sans même le savoir, pour un monde meilleur. Son histoire, c'est celle du courage, de la ténacité, du feu sacré d'une enfant qui n'en est plus vraiment une.



Elle se fait passeuse de livres, protectrice de l'espoir et il faut savoir que Dita, Dita Polachova de son vrai nom, est encore en vie et l'auteur s'est longtemps entretenu avec elle pour écrire ce roman. Cela donne à son récit un véritable souffle de vérité. Entre sourires sincères et larmes horrifiées.



Il est question d'humanité, oui, qui derrière un sujet difficile, raconte des destins extraordinaires. Il est question de livres qui « sauvent » et offrent comme une porte de sortie.



Cette histoire mérite un peu de lumière tant elle offre une vision, un regard sur ce qu'on n'ose pas regarder en face. Loin des prix littéraires et des modes, forcément bouleversant, il offre aussi de sa belle lumière et montre à quel point l'homme reste Homme, même dans les pires conditions.

On ne se lance pas au hasard dans une telle lecture et pourtant, elle reste un devoir de mémoire, pour ne jamais, jamais fermer les yeux ou oublier que nous avons pu en arriver là.



Car cette étoile jaune, ce triangle rose, ces marquage infernaux, auraient pu être épinglés à notre veste.


Lien : https://labibliothequedejuju..
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

L'écriture d'Antonio Iturbe est magique car elle impose des lentilles au lecteur, le plaçant face à un miroir déformant qui parfois le fait converger très près des descriptions insupportables de la réalité du camp d'Auschwitz-Birkenau et qui d'autres fois l'éloignent volontairement.



La bibliothécaire d'Auschwitz est en résonnance avec nos vies car l'auteur espagnol se sert de sa sensibilité de conteur pour incarner les portraits de ses personnages.



Des pages, des mots, des métaphores, des digressions sur des oeuvres-clés de la littérature pour raconter l'irracontable, une poignée de pages pour raconter l'opération criminelle la plus abjecte de l'Histoire.

Des jeux de mots, de l'ironie, de la compassion, pour faire connaître le destin de ces héros sans cape, de ces êtres humains qui ont eu la force et la chance de réchapper de l'Enfer.



Et pour taper fort, Antonio Iturbe tape fort. le lecteur se retrouve parfois au bord de l'asphyxie, avec l'envie de sortir dans la rue pour hurler de douleur face à tant d'horreur.

La bibliothécaire d'Auschwitz a risqué sa vie pour faire perdurer la magie des mots pendant l'Holocauste, l'auteur nous livre une oeuvre d'une grande humanité.



Pour ne jamais oublier !





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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Si d'habitude lorsqu'un livre traîne en longueur, il perd pour moi de son intérêt, ici ce n'est pas le cas. le fait d'avoir eu une semaine de travail chargée m'a empêché de terminer rapidement ce roman mais cela a contribué à m'imprégner de façon durable dans l'atmosphère d'Auschwitz. J'ai vraiment eu le sentiment de "vivre" auprès de Dita, la jeune bibliothécaire, et des autres prisonniers.

Ce livre m'a profondément marquée, j'en ai fait des cauchemars. J'ai ressenti un relâchement, mais pas forcément un apaisement, lors de la libération des camps.

Ce livre est en partie romancé mais Dita Kraus, la jeune bibliothécaire clandestine du bloc 31, ainsi que Freddy Hirsh, enseignant et les autres personnages présents dans ce livre, ont réellement existé.

Leur courage est tout simplement digne d'admiration.

Dita va réussir à survivre grâce aux livres ( huit) qui vont l'aider à se sortir du quotidien. Les livres vont être la petite lumière dans cet enfer.

Le livre d'Antonio G. Iturbe, mélange entre fiction et réalité est tout à fait passionnant et bouleversant. La postface est touchante, très intéressante et surtout nous apprend que Dita est toujours en vie !...
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Comme souvent quand une lecture m'a particulièrement touchée, il m'a fallu prendre un peu de recul avant de tenter d'exprimer mon ressenti à la suite de celle-ci. "La bibliothécaire d'Auschwitz" n'est pas un roman, une histoire, dont on ressort intact et pareil qu'avant. Ce n'est pas ma première incursion dans l'univers terrible d'Auschwitz et de la période qui s'y rattache, mais elle avait ceci de particulier que Dita, l'héroïne, n'est pas un simple personnage : elle a bel et bien existé, traversé les épreuves relatées, et vit toujours entre Israël et Prague, sa ville d'origine où elle continue d'effectuer des pèlerinages réguliers.



Il s'agit davantage d'un récit de vie un peu romancé, celui d'une adolescence à l'heure où les bottes nazies commencent à piétiner l'Europe et où les familles juives sont peu à peu contraintes à déménager dans des quartiers précis, puis comme c'est le cas à Prague dans des ghettos où la liberté sera de plus en plus restreinte. La jeune Dita va vivre cette dégringolade sociale en quelques mois, passant d'un bel appartement lumineux et moderne au ghetto de Terezin, qui n'est pourtant que l'antichambre d'un enfer bien plus redoutable : le tristement célèbre camp d'Auschwitz-Birkenau, où elle sera déportée avec sa famille en décembre 1943. Et encore, dans leur malheur ils auront la "chance" d'être affectés au camp familial, ce leurre mis en place pour berner la Croix-Rouge lorsqu'elle viendra inspecter les lieux, ne soupçonnant pas qu'à quelques mètres à peine aucun enfant ne survit plus de quelques heures...



Et c'est là, au sein du camp, dans le bloc 31 précisément, que la vie de Dita va prendre un tournant grâce à Fredy Hirsch (héros bien réel lui aussi) qui va lui confier la tâche prestigieuse mais aussi terriblement périlleuse de gérer la "bibliothèque" clandestine constituée de huit livres introduits ici au prix du danger, les livres étant absolument bannis par les SS, puisque la connaissance est infiniment plus dangereuse que bien des armes.

Le bloc 31 est en apparence une simple garderie destinée à occuper les enfants par des chants et des pantomines inoffensives, mais en réalité il abrite une école secrète dont les adultes responsables ne perdent pas une occasion d'instruire les jeunes. Et ces quelques pauvres recueils, un atlas, un manuel de géométrie, une grammaire russe, un traité de psychanalyse de freud et 2-3 romans sont un véritable trésor que Dita va s'employer à préserver et à maintenir en état à tout prix, alors même qu'elle se sait surveillée par l'ogre Mengele.



J'ai tremblé pour elle à maintes reprises, je l'ai suivie émerveillée dans sa lecture de "Le brave soldat Chvéïk" de Jaroslav Hašek, un livre jugé "subversif" qu'elle découvrira cachée dans des latrines puantes. J'ai fait connaissance avec les autres figures du camp, parfois amies, parfois disposées à trahir les leurs pour quelques morceaux de pain, j'ai découvert les tractations incessantes pour des crayons, une place sur une paillasse, un peu de couture, ou d'autres "faveurs" plus ou moins avouables. L'angoisse, aussi, sachant qu'au bout de six mois, l'avenir des habitants du camp familial va basculer on ne sait vers quoi... J'ai vécu des moments lumineux, parce que même quand tout paraît sombre, certains gardent comme Dita la capacité à emmagasiner des petits bonheurs, ou de faire ressurgir un "album photo", intime et immatériel, rempli de souvenirs des jours heureux.

Et puis, j'ai réalisé qu'il y avait encore pire après Auschwitz, jusqu'à l'arrivée des alliés...



Je ressors bien entendue bouleversée de ma lecture, mais surtout admirative de la résilience dont les survivants ont fait preuve (j'en ai d'ailleurs été témoin direct, avec ce que mon grand-père m'a raconté de ces années-là, et aussi au travers d'une rencontre avec Ginette Kolinka il y a quelques années). Il faut absolument que les générations d'après la mienne continuent à être informées de ce qui s'est passé dans les camps, même si cela va devenir bien plus difficile très prochainement, puisque les survivants ne sont maintenant plus qu'une poignée. Nous constatons actuellement la "faculté" d'oubli de l'humain, avec les conflits en cours, c'est comme si l'histoire n'avait apporté aucune leçon. Je l'avoue humblement, j'ai peur de la décennie à venir, je me sens de plus en plus pessimiste quant à la capacité de nos dirigeants à éviter de retomber dans l'escalade et les erreurs déjà commises par le passé. Je veux croire en la jeunesse cependant, et j'espère qu'elle sera en capacité de rectifier le tir quand elle parviendra aux manettes, parce qu'il y a du pain sur la planche... En attendant, nous pouvons toujours lire et relire des ouvrages comme "La bibliothécaire d'Auschwitz", tant qu'ils ne seront pas censurés.
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Un ouvrage qui a emporté littéralement la lectrice boulimique que je suis… Un einième texte qui nous parle du Courage et des Livres, outil magique de rebellion et de résilience… au milieu de toute barbarie, quelle que soit son nom !



« Ces engins, tellement dangereux que leur possession justifie la peine maximale, ne tirent pas de projectile et ne sont pas non plus des objets pointus, coupants ou contodants. Ce que les implacables soldats du Reich redoutent tant, ce ne sont que des livres: de vieux ouvrages sans les reliure, aux pages arrachées et presque en lambeaux. Mais les nazis les traquent, les chassent et les bannissent d'une façon qui tourne à l'obsession. Au cours de l'histoire, tous les dictateurs, tyrans et répresseurs, qu'ils soient aryens, noirs, orientaux, arabes, slaves ou de n'importe quelle autre couleur de peau, qu'ils défendent la révolution du peuple, les privilèges des classes patriciennes, le mandat de Dieu ou la discipline sommaire des militaires, quelle que soit leur idéologie, tous ont eu un point commun : ils ont toujours traqué les livres avec acharnement. Les livres sont très dangereux , ils font réfléchir. “(p.14)



Une curiosité vivement “titillée”par cette “Bibliothécaire d'Auschwitz », Tina Kraus, qui a réellement existé, et avec laquelle le journaliste-romancier, Antonio G. Iturbe s'est entretenu longuement….



Une couverture sobre , fortement explicite…Ce sont, bien sûr, en apercevant ce vieux livre tenu par les mains d'une petite fille, assise sagement, on l'imagine très captivée par sa lecture, lui faisant oublier l'étoile « infamante »… (dont on ne voit pas le visage… mais on aperçoit un bout de l'étoile jaune) qui ont attiré en premier mon regard, pendant une flânerie dans une de mes librairies attitrées [ « Caractères « / Issy-les- Moulineaux ] !...



Une très belle oeuvre émouvante et grandement inspirante, au style fluide et poétique. ..

« Fredy Hirsch l'observait en silence, réjoui par son regard fasciné et sa bouche ouverte tandis qu'elle feuilletait l'atlas. s'il avait eu encore un doute quant à la responsabilité qu'il confiait à cette petite Tchèque, il s'était dissipé en cet instant. Il avait su qu'Edita s'occuperait soigneusement de la bibliothèque. Elle avait ce lien qui unit certaines personnes aux livres. Une complicité que lui-même ne possédait pas, trop actif pour se laisser absorber par les lignes imprimées sur du papier. Freddy préférait l'action, l'exercice, les chansons, les discours...Mais il avait compris que Dita avait cette empathie qui fait que, pour certaines personnes, et pour elles seules, une poignée de pages se transforme en un monde entier. « (p. 45)



Dita, toute petite, est arrachée à une vie de famille aimante, vivant à Prague… d'exclusions en exclusions de plus en plus violentes envers les juifs, Dita vivra avec ses parents au ghetto de Terezin, à Prague, pour être emportée , ensuite, dans l'horreur du camp d'Auschwitz…en 1942 !



Dans ce dernier, il y a , curieusement, un espace réservé aux enfants [ avec aussi omniprésent, le redoutable médecin Mengele] sollicité et induit par Fredy Hirsch, un éducateur juif. Ce dernier la remarquera, et demandera à l'adolescente de prendre soin de la très modeste bibliothèque, constitué de huit livres, sauvés de la destruction, que les prisonniers ont réussi à dissimuler aux gardiens du camp. Dita, même terrifiée, s'acquittera de cette responsabilité avec beaucoup de sérieux et de courage…



Le récit nous fait nous attacher irrésistiblement à cette très jeune fille, forte d'une détermination peu banale , au quotidien du camp, avec moult personnages attachants, qui résistent chacun à leur façon… et puis , ceux pour qui la survie a des visages honteux , simplent lâches [comme ceux qui dénonceraient, pour une soupe! ]





Livre d'autant plus incroyable qu'il a été rédigé par un écrivain-journaliste espagnol …offrant en détails l'histoire allemande, ainsi que la grande Histoire et celle des individus, broyés, massacrés par le régime nazi…



En passant, un sentiment de reconnaissance pour la traductrice… même si je ne connais pas l'espagnol, nous lisons ce texte, sans imaginer qu'il a fallu un travail supplémentaire sur une autre langue pour que ce roman fort documenté, arrive jusqu'à nous…Le style, la forme , fluides, semblent aller de soi…



Cet ouvrage m'aura fait connaître cette très jeune « bibliothécaire », Tina, qui restera aussi courageuse toute son existence, et à travers sa jeunesse massacrée, sa passion et son extrême volonté à protéger et transmettre les livres, dans le bloc des enfants d'Auschwitz , sa rencontre unique, exceptionnelle avec le chef du camp des enfants, Freddy Hirsch, personnalité extraordinaire , sur lequel j'ai été faire quelques recherches complémentaires...



Personne ayant existé, au parcours aussi flamboyant, courageux que tragiquement court !

Merci à Antonio Iturbe d'avoir mis en lumière cet homme… et sa vaillante et précoce bibliothécaire, Dita…belles personnes que nous suivons avec autant d'admiration, de tendresse que de frayeur… tant leur vie quotidienne au camp, peut basculer d'une seconde à l'autre !

@Soazic Boucard @



***[Voir lien ***https://fr.qwe.wiki/wiki/Fredy_Hirsch ]



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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Quel livre!! Je vais éviter le résumé, il a été fait et très bien fait par beaucoup. En le commençant je pensais juste à la petite histoire de cette gamine gardienne des livres au péril dexsavie, mais ça va bien au delà. Le camp y est décrit dans ses moindres détails, les personnages ont tous un rôle primordial et une personnalité hors norme. Les problématiques sont nombreuses et complexes ( trahison, homosexualité, culpabilité....) . La description de ce camp familial y est si vraie que l'on y vit avec Dira. L'amitié, l'amour , la peur, la spiritualité....tout est y pour faire un grand livre. On le devore, il est difficile de le refermer et de passer a autre chose . Grandiose !!
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Dita Polachova est une survivante du régime nazi et son histoire est étonnante.



Dans le livre, elle s'appelle Edita (appelée souvent Dita) Adlerova. C'est une petite fille Tchécolosvaque. Sa famille comme tant d'autres va connaître une lente et terrible descente aux Enfers. D'abord elle est parquée au camp de concentration de Theresienstadt, l'actuelle ville de Terezin. Dita n'a que 12 ans. Puis, elle est envoyée à Auschwitz.



Là-bas, il y a un hangar, le bloc 31, où 500 enfants juifs y survivent (non Les SS n'étaient pas généreux. Il s agissait de tromper la croix rouge alors que d'habitude les enfants étaient directement envoyés dans les chambres à gaz).



En cachette, plusieurs adultes menés par Fredy Hirsch, un jeune homme charismatique de 27 ans, tentent de redonner à ces enfants un peu de normalité en instaurant une école.



Fredy va demander à Dita de devenir la bibliothécaire d'Auschwitz. Dita n'a que 14 ans quand elle assume cette responsabilité. Elle est chargée de cacher, de réparer et de faire circuler 8 livres. Dita va risquer sa vie pour ces livres qui sont un acte de rebellion envers le régime nazi, et aussi une lueur d'espoir pour ceux qui ont tout perdu. Un atlas, un ouvrage de géométrie, une grammaire russe , une brève histoire du monde " de H.G.Wells, "l'Introduction à la psychanalyse de Sigmund Freud, un roman français , un roman russe et le "Le brave soldat Chvéïk" de Jaroslav Hašek.

8 livres qui n'ont pas été détruits.



Certains adultes sont également des livres vivants. Ils transmettent des histoires aux enfants: celle du voyage extraordinaire de Nils Holgerson à travers la Suède ou encore du comte de Monte Cristo. Histoires qui permettent aux enfants de s'évader quelques heures du camp.



Enfin, Dita a été à nouveau transférée avec sa mère, au camp de Bergen-Belsen où elle sera libérée par les troupes britanniques le 15 avril 1945.



Ce camp est encore pire que les autres. Les conditions de détention y sont horribles. La fin de la guerre approchant, les nazis ne nourrissent plus les détenus. Beaucoup meurent de faim ou de maladie. Dita assiste aux dernières heures de la petite Anne Franck.



Dita a perdu ses parents. Libérée, elle se réfugie chez une amie. Par hasard, elle recroisera un compagnon d' Auschwitz, Ota Kraus (il est devenu écrivain) et l'épousera en 1947. Ils finiront par s'installer en Israël.



C'est un livre fort, émouvant sur ces années de haine terrible et de folie.

Ce n'est pas une lecture facile mais il est important de ne pas oublier.











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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Un ouvrage qui vous marque à tout jamais.



Une unité de lieu : le camp d'Auschwitz-Birkenau. Dita, quatorze ans, est responsable de 8 livres et devient la bibliothécaire du camp. Sa vie atroce au côté des autres prisonniers est décrite par l'auteur avec le plus grand des respects. La force intérieure qui se dégage de cette adolescente est solaire.



Mes mains ont tremblé tout au long de ma lecture. L'émotion était continue et d'une force sans pareil.



Il y a plusieurs années, nous sommes allés nous recueillir dans les camps suivants : Auschwitz-Birkenau, Bergen-Belsen, Oranienbourg-Sachsenhausen et Buchenwald.
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The Prince of the Skies

+++++++ LE PRINCE DES CIEUX +++++++



Antonio Iturbe, l’auteur du mémorable ouvrage "La Bibliothécaire d’Auschwitz" a récidivé. Après la petite Dita Polachova, place au créateur du monument littéraire français "Le Petit Prince" : le pilote et poète Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944).



L’ouvrage "A cielo abierto" (à ciel ouvert) est sorti en Espagne en 2017, j’ai attendu une traduction française, hélas en vain, aussi bien que je me suis commandé la splendide version anglaise parue chez Macmillan à Londres en octobre 2021.

Inimaginable qu’un hommage par un écrivain talentueux espagnol à un héros littéraire français n’a apparemment convaincu aucun éditeur français !



Ils ont tort, car cette biographie de Saint-Ex est de la même rare qualité que celle de la petite bibliothécaire des camps de la mort. Il est vrai que cet ouvrage m’a inspiré en juin 2019 peut-être un de mes meilleurs billets sur Babelio, tellement que j’ai été ému par son courage et son sort, raconté de façon magistrale par Iturbe.



Le récit démarre à l’aérodrome du Bourget, en 1922, où le sous-lieutenant Saint-Exupéry monte dans les cieux à bord d’un "pathétiquement fragile" Caudron C.59 de 700 kilos de bois, vis, rivets et soudures...



Il se termine par le dernier vol du commandant Antoine de Saint-Exupéry à bord d’un avion F5 Lightning, parti de Bastia en Corse, le 31 juillet 1944, et probablement descendu par un chasseur allemand en Méditerranée au large de Marseille.



Je ne vais pas résumer ce magnifique hommage au géant qu’a été Antoine de Saint-Exupéry, ni la vie de ce dernier que vous connaissez de toute façon toutes et tous.



J’ai lu, il y a 20 ans, sa biographie pleine de nostalgie publiée par son épouse, Consuelo Suncin Sandoval (1901-1979) "Mémoires de la rose" - la "Rose" du "Petit Prince" - et je dois dire que j’ai été émerveillé, si possible, encore davantage par cet hommage-ci d’Antonio Iturbe.



C’est peut-être un peu dommage que ce gros livre extraordinaire de 535 pages ne contient qu’une seule photo de Saint-Ex, où l’on voit le grand homme en civil à côté de son avion en 1933.



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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Comment une telle histoire ne puisse-t-elle pas bousculer, émouvoir chaque lecteur de Babelio ? Impossible, un livre est un tel trésor !

Alors pour la jeune Dita, il est encore bien plus que cela, il est un soutien sans faille à l’espoir, un rempart pour la dignité, un écho à la Liberté.

Dans le camp d’Auschwitz, elle est responsable de la bibliothèque. Huit livres cachés et sauvés de la destruction. Huit livres pour continuer l’enseignement dispensé aux enfants, eux-mêmes épargnés momentanément par les crocs des loups nazis.

Car dans le camp d’Auschwitz existe un baraquement familial (BIIb) dans lequel certaines familles ont le droit de vivre, de survivre dans des conditions précaires et soumises au bon vouloir de leurs geôliers. Un endroit qui sert de miroir aux alouettes pour les visites des institutions internationales soucieuses du droit des prisonniers.

Un endroit où par la volonté et le courage de certains (dont Fredy Hirsch, éducateur sportif), une école (bloc 31) a été créée dans laquelle les enfants ont continué d’apprendre, de chanter, de dessiner, de vivre... un peu.

« Cette école a une mission au-delà de sa visée purement pédagogique : transmettre aux enfants une certaine sensation de normalité, éviter qu’ils ne tombent dans le désespoir, leur montrer que la vie suit son cours. »



Mais au-delà de cette émouvante histoire et du récit très didactique des conditions de survie dans ce camp de concentration, ce sont les souvenirs mêmes de Dita Kraus qui sont relatés ici. Rescapée du camp d’Auschwitz et aujourd’hui âgée de quatre-vingt-douze ans, Dita vit toujours en Israël et continue de témoigner de son vécu.



Une belle leçon de vie et un pied-de-nez aux forces du mal !

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La Bibliothécaire d'Auschwitz

On est en janvier 1944 dans le camp d'Auschwitz-Birkenau. Quand règne l'Enfer, l'horreur et la folie alors la fiction invente des rêves. C'est ce que fait le roman d'Antonio G. Iturbe en guise de témoignage sur l'Holocauste. L'histoire se déroule dans le camp de la mort dont on a tous entendu parler, endroit où les livres sont des clandestins que l'on traque car ils sont des vecteurs du savoir et ça c'est dangereux pour les nazis, comme dans toutes les dictatures.

Dita ou Edita 14 ans, jeune fille juive, est recrutée par l'énigmatique éducateur nommé Fredy Hirsh, chef du bloc 31 dans le camp de la mort. Elle endosse alors le rôle de passeuse de livres, elle symbolise la transmission du savoir et de la culture. Elle véhicule le connaissance et l'espoir dans L'Enfer que représente le camp d'Auschwitz. Elle porte la lumière et se dresse contre l'obscurantisme. Elle ouvre l'appétit des enfants et sauve les professeurs de l'anéantissement de la pensée. Dita c'est une bibliothèque ambulante ; elle court, elle transporte, elle participe à l'ouverture des consciences, au rétablissement de la justice et de la logique humaine. Armée d'un courage hors norme, elle échappe à la vigilance des nazis et l'anéantissement de l'être humain. Edita fait de la Résistance, elle entraine du monde dans son sillage.

La petite bibliothécaire d'Auschwitz brave tous les salopards du camp nazi, tels que le « Docteur Mengele » qui fait toutes sortes d'expériences génétiques afin de multiplier la race aryenne et anéantir les juifs. Elle échappe à la vigilance des SS violents et au Curé ainsi qu'à tous les autres gardiens du nouvel ordre nazi, ceci pour transporter 8 livres blessés eux aussi, métaphores du savoir mais aussi de la condition du peuple juif, parmi ceux-ci on trouve des romans, une grammaire russe, un traité de géométrie, d'histoire, de psychanalyse, de géographie. Ces objets qui malgré leur état de délabrement constituent un véritable trésor. La bibliothécaire cache les livres dans les poches de son vêtement qu'elle fait coudre par la couturière d'Auschwitz en échange de quelques bouts de pain et de margarine. Elle est à la fois le sujet, la fille gardienne des livres mais aussi l'objet.

Au camp d'Auschwitz, la violence des officiers allemand et l'horreur règnent. En toile de fond on voit la grisaille, le dénuement, la faim, la mort, la maladie, le froid, la promiscuité, l'insalubrité. Les fours crématoires sont là, ces douches à gaz où les victimes sont assassinées et meurent dans d'atroces souffrances. Des visions de l'Enfer sont décrites ; cadavres entassés, sang poisseux, arrachage de dents mis à profit par les nazis tels des charognards.

Alors pour conjurer le mauvais sort, la bibliothécaire agit avec ses livres mais s'évade en rêve aussi, lorsqu'elle n'entrevoit plus l'avenir, elle revoit les moments du bonheur passé, le temps d'avant la guerre à Prague, l'école, les jeux, la nourriture, un cadeau d'anniversaire, un livre, ses parents, la vie ! tout simplement.

Ce roman est aussi beau qu'instructif. Il contient des scènes vraiment émouvantes qui développent le pathos et la compassion pour les victimes. La sympathie pour la bibliothécaire et la résilience de tous les résistants et de toutes les victimes. Il est oppressant aussi lors des scènes de mort et de violences. Il est à mettre entre de nombreuses mains en devoir de mémoire, pour que l'on n'oublie pas la noirceur dans lequel l'humain peut s'engouffrer et dans laquelle il peut plonger ses semblables, pour que L Histoire ne se répète pas et ne devienne pas une anecdote…

On peut approfondir la lecture par l'excellent documentaire de Lanzmann, ou le film -le fils de Saul- mais pour ce dernier, âmes sensibles attention.

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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Les histoires de bibliothèques m'intriguent toujours. Je me dis qu'un livre qui parle de livres ne peut être que plaisant et à chaque fois, je me fais avoir.



En l'occurrence, le mot plaisant est inapproprié. La Bibliothécaire d'Auschwitz est avant tout un livre sur Auschwitz, et plus précisément sur l'un des camps de l'immense complexe d'Auschwitz-Birkenau, celui qu'on appelle le camp familial, parce qu'y sont détenues des familles ; des Tchèques, femmes, hommes, enfants, juifs pour la plupart. L'un de ces détenus, un jeune éducateur sportif nommé Fredy Hirsch, convainc le haut commandement allemand de consacrer un baraquement, le bloc 31, à des activités pour enfants, afin d'améliorer la productivité du travail des parents. Qu'on soit clair ! Officiellement, pas question pour les nazis d'instruire des enfants juifs sans futur. Pourtant, les animations ludiques se transforment secrètement en sessions scolaires. Une jeune fille, Dita, prend même la responsabilité risquée de gérer clandestinement une pauvre et disparate bibliothèque de huit livres.



Sur cette histoire vraie, le journaliste et écrivain espagnol Antonio Iturbe a élaboré un récit plus ou moins romancé, inspiré de personnages authentiques. Il rend hommage à deux d'entre eux, Dita et Fredy Hirsch. L'ouvrage détaille sur près de cinq cents pages l'actualité quotidienne de Dita, bibliothécaire à Auschwitz. le récit s'élargit à son enfance à Prague avant l'arrivée des nazis et à la construction de sa vie d'adulte après la guerre.



On comprendra qu'un tel livre comporte deux dimensions. L'une, littéraire, découlant de qualités romanesques et d'écriture. L'autre, historique, s'appuyant sur la rigueur documentaire et sa valeur de témoignage.



Pour être franc, il ne faut pas attendre de finesse littéraire dans la lecture de la Bibliothécaire d'Auschwitz. On peut même considérer que l'absence de fluidité, la rudesse du style, les redondances, les longueurs narratives sont en cohérence avec les règles, les brutalités, les privations, les angoisses supportées par les personnages et répétées jour après jour, indéfiniment.



Sous sa forme de roman, La Bibliothécaire d'Auschwitz est une enquête très documentée et détaillée sur les conditions concrètes de vie des Juifs déportés en camp de concentration et d'extermination. Au fil des chapitres, des milliers de détenus déferlent jour après jour sur Auschwitz ou en repartent pour d'autres camps. Des milliers de femmes, de vieillards et d'enfants sont orientés chaque jour vers les chambres à gaz. Des chiffres effrayants par leur ampleur, par leur monstruosité.



Mais les chiffres n'expriment que des faits secs, situés au-delà de l'émotion du lecteur. Celle-ci ne peut être atteinte que par la narration de cas particuliers. Quelques belles démonstrations d'humanité personnelle. de rares pertes d'humanité, mais qui ne sont que des preuves supplémentaires d'humanité ; qui pourrait se permettre de les juger ? Et surtout, chaque jour, pour chaque femme, pour chaque enfant, pour chaque homme, la crainte que ce ne soit le dernier, pour soi et pour ceux qu'on aime ; la lutte sur soi-même, pour que cela ne le soit pas, jusqu'à…



Les adolescents pourraient être les premiers touchés par les pauvres joies et les dérisoires déceptions quotidiennes de la jeune bibliothécaire. Avec en prime une leçon : pour espérer vivre ou survivre, il faut un projet, une tâche concrète qui oblige à se préparer pour le jour suivant.



La Bibliothèque d'Auschwitz n'est pas un livre qu'on aime ou qu'on n'aime pas. Je ne lui donne donc pas de note. C'est le genre de livre que l'on doit s'astreindre à lire de temps en temps, pour perpétuer la Mémoire, quand elle existe ; ou pour la régénérer chez celles et ceux qui ignorent, qui oublient, qui relativisent.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Traduit de l'espagnol par Myriam Chirouse



Après trois lectures décevantes, "Les chiens de Pasvik" d'Olivier Truc, "La femme aux fleurs de papier" de Donato Carrisi, "Les spectateurs" de Nathalie Azoulai que je n'ai même pas eu envie de commenter tellement j'avais l'impression d'être seulement une spectatrice, je tombe enfin sur une lecture intéressante.

Ce roman est tiré de la vie de Dita Kraus, la véritable bibliothécaire d'Auschwitz, que l'auteur a rencontrée et fréquentée, ce qu'il nous explique en fin d'ouvrage.

C'est à Auschwitz-Birkenau, où « la mort est devenue une industrie qui n'est rentable que si l'on travaille à grande échelle » que se cache, dans le bloc 31 un trésor : huit livres. Trésor qu'il faut évidemment cacher aux SS car « les livres sont très dangereux, ils font réfléchir ». Le directeur de ce bloc, Fredy Hirsch, sportif et meneur d'hommes, a confié à Dita Adler , une jeune fille de quatorze ans, la difficile tâche de protéger ces livres.

Dans la crasse, la promiscuité, l'odeur de chair brûlée, la fumée des fours crématoires, "les flocons de cendre", "l'éclat rougeâtre" des cheminées, une poignée d'êtres humains tente de survivre et d'éduquer les enfants.

Pourquoi les nazis ont-ils autorisé ce camp familial alors qu'ils exterminent les enfants par milliers ? C'est "l'expérience du bloc 31". Je ne vous en dirai pas plus.

Ce fut une lecture éprouvante mais nécessaire.
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Ce roman construit autour de l'histoire vraie de Dita Kraus nous fait revivre un épisode douloureux de l'histoire mondiale à travers le destin de ces milliers de personnes déportées dans le camp d'extermination d'Auschwitz. Au milieu de toute l'horreur que ne manque pas de nous rappeler l'auteur espagnol Antonio G. Iturbe, il ne faudrait pouvoir en retenir que la petite lumière qu'incarna la jeune Dita.



Transférée avec les siens dans cette antichambre de la mort, elle va découvrir le bloc 31 où dans la journée sont réunis les enfants, sous la responsabilité de Fredy Hirsch, un juif allemand. Entre deux inspections des SS, une école clandestine y est même organisée. Alors que la détention de livres est punie de mort, la responsabilité des huit ouvrages qui en constituent la bibliothèque secrète est confiée à Dita, 14 ans. Seul moyen de s'évader au-delà des barbelés, ils constituent un véritable trésor dont elle va prendre soin, parfois au péril de sa vie.

Le lecteur va suivre l'histoire de cette jeune fille courageuse jusqu'à la libération des camps par les alliés. Pour terminer, l'auteur nous parle du destin des autres personnages réels du livre et de sa rencontre avec celle qui fut nommée la bibliothécaire d'Auschwitz et à laquelle il rend hommage pour sa force de résilience.



On en apprendra jamais assez sur l'horreur que fut le quotidien des prisonniers dans ces camps. Incontestablement, l'auteur a participé au devoir de mémoire avec ce nouveau témoignage. Mais alors que cette histoire avait tout pour m'émouvoir, j'ai été totalement déstabilisée par sa construction pendant plus de la moitié du récit. Après une scène d'inspection par les SS dans l'école, d'une intensité dramatique, l'histoire piétine. L'auteur évoque brièvement les actions de la résistance à l'intérieur du camp, ainsi que celles de personnages secondaires. La lecture manque de liant : fréquents allers-retours dans le passé, passage brutal d'un personnage à l'autre, extraits de livres au milieu du récit. Elle gagne cependant en fluidité au 2/3 du livre.



A l'image des livres qu'elle protégeait, Dita fut un interlude lumineux au milieu de cette noirceur, un exemple de courage et de détermination. Un nouveau témoignage sur l'Holocauste auquel j'accorde un 12/20 car si j'en ai admiré le fond, véritable leçon d'histoire à ne pas oublier, sa forme plutôt laborieuse ne m'a pas totalement convaincue.
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Auschwitz, c’est l’horreur, une atrocité inhumaine, mais l’héroïne a la chance d’être placée dans le « camp familial », une partie d’Auschwitz où on laissait vivre des enfants, pour servir de vitrine du régime pour d’éventuels observateurs étrangers. Une grande chance, car les enfants étaient habituellement sélectionnés pour aller directement aux douches… à moins qu’ils ne servent aux expériences du docteur Mengele.



L’adolescente tchèque a aussi la chance que ce camp familial soit animé par Fredy Hirsch, un infatigable optimiste, qui lui donne la responsabilité de s’occuper des livres, de les distribuer, et surtout de les cacher, car ils sont interdits par les nazis. En fait de bibliothèque, c’est seulement huit livres, dont l’un est en russe, un autre en français. Elle ne peut pas les lire, mais la manipulation de ces livres lui rappelle que le monde civilisé existe.



L’histoire de la bibliothécaire est inspirée du réel et racontée à partir du point de vue de la jeune fille qui oscille entre la peur et la bravoure, la misère du camp, mais aussi le plaisir de jouer à la marelle avec ses amies, ce qui donne un peu de légèreté à ce sujet si grave par ailleurs.



Auschwitz, c’est pas jojo, mais ça permet peut-être de relativiser ce grand malheur d’être un moment confinés dans nos maisons confortables, en ayant à manger, et avec tous ces livres qui nous permettent de nous évader.
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Difficile de parler de cette lecture forte, bouleversante, percutante. Et pourtant, c'est un livre choc à mettre entre toutes les mains, une oeuvre indispensable.



Je suis allée sur les différents sites composant ce que l'on appelle Auschwitz-Birkenau. Impossible d'imaginer ce qui s'y est réellement déroulé malgré les nombreux témoignages. On ne pourra jamais s'imaginer... Comment se mettre dans la peau de ceux qui ont vécu l'impensable ?

Mais ce livre très bien documenté m'a pourtant permis de faire vibrer ces lieux visités. Ayant éprouvé une grande émotion à déambuler dans ces vestiges de l'Histoire, j'ai vu grâce à ce livre les rails qui apportent tous ces malheureux, les baraquements nus et glacés, les châlits sur lesquels on s'entasse et on s'éteint, le mur des fusillés, la chambre à gaz maintenant en ruine, les latrines sans intimité et pestilentielles... J'y ai placé les personnages de cette fiction qui s'appuie très largement sur des faits vrais. Les hommes et femmes qui peuplent ces pages ont existé et ont subi les horreurs de ce génocide gigantesque.



Dita en est le coeur. Cette jeune fille frêle est pourtant un roc, un volcan, une rebelle qui aime passionnément la vie. Elle devient la responsable de cette minuscule bibliothèque clandestine du camp. Quelques livres en piteux état que l'on cache mais aussi des « livres vivants » grâce à ces « professeurs » qui narrent leurs histoires. Fait méconnu de l'Histoire, il était important de mettre aussi un peu de lumière dans des événements si sombres. On ne cache rien des atrocités, de la froideur glaciale de Mengele, de l'inhumanité des SS, de la sélection implacable, des expériences innommables, de la faim qui tord les entrailles, des cris déchirants, des pleurs désespérés, de la mort...mais La Bibliothécaire d'Auschwitz donne également la part belle à l'espoir, à l'amour, au partage, à l'humanité, à la lumière.



Et les livres y sont des portails. Dita se surprend même à rêver, à s'évader, à rire malgré tout le malheur et toute l'obscurité qui l'entourent. La lecture est un refuge, un voyage pour se détourner du cauchemar. Les enfants du Bloc 31 ont eu un peu de réconfort grâce à leurs « professeurs » qui les emmenaient ailleurs.



Ce livre est dur mais il est aussi très beau. Il permet de découvrir un fait méconnu de l'histoire d'Auschwitz et d'y puiser de la force.
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

« Ce récit est construit à partir de matériaux réels, qui ont été unis dans ces pages grâce au mortier de la fiction » nous précise Antonio G. Iturbe, l'auteur de la bibliothécaire d'Auschwitz, en note de fin dans un chapitre qu'il a intitulé « étape finale » et dans lequel il nous relate la genèse de son ouvrage.



Rappelons, s'il en est encore besoin, que cet ouvrage relate l'histoire vraie de la sauvegarde clandestine dans le camp d'Auschwitz Birkenau de quelques livres aussi disparates en thèmes qu'en langues, sous la responsabilité d'une jeune adolescente juive pragoise. Entreprise clandestine qui aurait été bien entendu punie de mort immédiate en cas de découverte par les autorités du camp.



Ce « mortier » qu'évoque l'auteur est donc la part imaginaire de son cru avec laquelle il a construit son ouvrage. Ce dernier n'est pas un témoignage, mais presque, puisqu'il a été largement approuvé par la protagoniste principale, prénommée Dita et retrouvée fortuitement en Israël par Antonio G. Iturbe, laquelle la complimenté pour la qualité de son travail de recherche et de restitution.



On ne connaît que trop les horreurs perpétrées par cette monstrueuse industrie de mort mise en oeuvre par les nazis. L'ouvrage ne peut pas faire l'économie de la description de certaines scènes insoutenables. Aussi faut-il bien admettre que faire un roman traitant de cette abomination est un exercice périlleux. Celui-ci s'appuie certes sur une structure de faits réels mais il y avait grand risque en les reliant avec ce fameux « mortier de la fiction » à sombrer dans l'exploitation de la commisération. Ecueil que l'auteur a évité avec succès. Son sujet était autre.



Au-delà du sort des victimes de la Shoah, de l'instinct de survie qui pouvait les tenir éveillées au-dessus du cloaque de l'abjection, il s'agissait d'évoquer celui de la survie des cultures entretenues tant par la mémoire des vivants que par les livres. Il y avait cette volonté des adultes de concourir vaille que vaille à la transmission de leur savoir aux enfants, fussent-ils promis à la mort. Elle était pour eux à la fois le fol espoir de voir certains d'entre eux échapper au funeste sort qui les menaçait et une manière aussi de divertir l'esprit de cette perspective à la fois de ceux qui avaient accepté de devenir des professeurs de circonstance et de leurs jeunes élèves à l'innocence piétinée. Les livres et les compétences de chacun entretenaient l'ouverture au monde, l'accès à la lumière de la connaissance, la perpétuation de la culture de chaque communauté. L'antithèse de l'entreprise macabre mise en oeuvre par ce régime assassin.



La bibliothécaire d'Auschwitz est un ouvrage d'une grande rigueur. A l'exactitude qu'il s'impose de la relation des faits et des sentiments s'ajoute la crédibilité de cette part d'imaginaire qui les agglomère. Sa loyauté à l'histoire en fait un ouvrage qui a sa part dans le devoir de mémoire dû aux victimes du nazisme. La meilleure juge de tout ceci étant bien entendu celle qui a vécu cette détestable épreuve. En accompagnant l'auteur dans sa visite des lieux du supplice elle a accordé son blanc-seing à ce roman historique lui conférant ainsi statut de témoignage.

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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Antonio Gonzales ITURBE. La bibliothécaire d’Auschwitz.



Les larmes aux yeux, je referme ce roman biographique, narrant la vie dans un des camps de la mort, mis en place par le régime nazi quasiment dans toute l’Europe. Nous découvrons avec stupeur l’organisation, le fonctionnement, les victimes de cet univers carcéral bien rodé. Edita dite Dita Adlerova, une jeune adolescente tchèque, née en 1929, avec ses père et mère est déportée de la capitale et transplantée dans le ghetto de Terezin. Fin 1943, Elle est conduite au camp d’Auschwitz- Birkenau. Non séparée de sa mère, elle est affectée au block BIIb. Dans cette sous-unité, les enfants, environ 500, bénéficient d’un régime spécial. Les règles diffèrent un peu de celles de l’immense camp dont dépend cette structure. Freddy Hirsch, jeune juif allemand, érudit, est responsable de ce block : il a crée une école clandestine. Les enfants suivent des cours dispensés par des instituteurs, des professeurs, des lettrés, jouent dans la cour à la marelle, entonnent « Alouette, gentille alouette » et participent à des petits spectacles tel la mise en scène de « Blanche-Neige ». Tous les dirigeants du camp dont le docteur MENGELE. assistent à ces après midi récréatives.



Chaque prisonnier doit cependant accomplir des tâches : vider les latrines, empierrer les rues du camp, porter les maigres repas, distribuer la nourriture, etc.. Dita a gagné la confiance de Freddy et celui-ci lui confie la garde des huit précieux livres de la bibliothèque. Il faut les conserver précieusement, les faire circuler et surtout les soustraire aux regards inquisiteurs des kapos. C’est avec une volonté de fer, un savoir-faire exceptionnel que Dita va exécuter cette lourde et dangereuse tache. Chaque jour, munie de ses sésames, elle distribue : l,atlas, un ouvrage de géométrie élémentaire, un livre de grammaire russe écrit en caractères cyrilliques, « Une brève histoire du monde » de H.G. WELLS, « Introduction à la psychanalyse » de FREUD, un roman français «Le comte de Monte-Cristo » d’Alexandre DUMAS, un roman russe, dépourvu de sa couverture et «  Le brave soldat Chveik » du romancier Jaroslav HASEK. Ces livres constituent une lueur d’espoir pour tous ces enfants enfermés dans cet univers concentrationnaire. Dita les scrute au quotidien les répare, recolle les dos des couvertures, défroisse scrupuleusement les pages cornées. Ce sont ses trésors : aujourd’hui, nous les comparerions à ses « doudous ». Il lui faut faire preuve d’un immense courage. Si elle est interceptée, portant ces livres, strictement interdits dans tout le camp, elle sera directement conduite et passera comme tant d’autres par l’immense cheminée qui brûle jour et nuit et répand des cendres humaines…



Antonio Gonzales ITURBE a rencontré Dita KRAUS, née Edita Polochova ; la véritable bibliothécaire d’Auschwitz. J’ai consulté internet : apparemment, elle est encore parmi nous. C’est une dame très âgée et qui a pu se reconstruire, a épousé Otto KRAUS, un compagnon de galère, lui aussi un survivant du génocide, a fondé une famille, s’est installée sur la terre d’Israël. Je suis subjuguée par la personnalité de cette jeune fille, par sa force de caractère, par sa volonté. Il n’y avait pas de résistance organisée au sein de ces camps, me direz-vous ? Si bien sûr… Mais que peuvent bien faire une poignée d’hommes, de femmes, complètement désarmés face à leurs bourreaux, pointant leurs fusils, leurs revolvers sur ces êtres misérables, complètement dénutris. Suite à l’évasion de deux prisonniers, qui en avril 1944 ont témoigné des sévices subis, nul n’a entendu ou voulu entendre ces accusations. Il nous a fallu attendre la libéralisation des divers camps, faite dès janvier 1945 par les armées alliées, russes, américaines, les anglaises, etc... , au fur et à mesure de leurs progressions. Combien de victimes de toutes ces exactions…. Et aujourd’hui, mon coeur pleure encore. Des femmes, des enfants, des hommes sont encore victimes de tels sévices. L’homme est un loup pour l‘homme. Quand sera-t-il en mesure de tirer des leçons du passé !



Je félicite Antonio pour ce puissant témoignage. Une page peu connue de l’histoire. Je me revois encore en activité, accompagnant une ancienne déportée lors de ses interventions auprès des scolaires, qui, comme Dita a vécu cet enfer : arrêtée à 18 ans, elle a vécu 17 mois dans le camp de Ravensbrück. Ces femmes, ces hommes et ces enfants se sont reconstruits tant bien que mal, ne dévoilant leur parcours que des années après leur miraculeux retour. Je vous conseille la lecture de ce récit, que ce soit sous la forme de BD ou l’original. Je vous souhaite une bonne lecture malgré le thème de ce livre. De l’amour, de la fraternité, de l’humilité et beaucoup d’espoir s’affrontent. Je me permets, l’actualité est présente de vous souhaiter de belles fêtes de fin d’année et une très bonne année 2024.

( 19/12/2023).


Lien : https://lucette.dutour@orang..
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La Bibliothécaire d'Auschwitz

Un livre splendide ! Les descriptions sont excellentes, on a l'impression d'être avec Dira et sa famille, on y côtoie l'horreur, les trahisons mais aussi la solidarité et l'espoir souvent déçu. Les personnages sont tous très attachants. L'histoire est rythmée par les différentes problématiques exposées dans ce livre qui est très bien documenté. On ne ressort pas indemne de cette lecture. En bref ... Un roman plein d'émotion qu'on a beaucoup de mal à lâcher.
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